Poursuite retrospective de la serie des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette serie dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XIV date de 2003, et couvre la bande son d'un documentaire d'Oren Rudavsky qui s'intitule "hiding and seeking".
Zorn fut approché pour ce film durant une période trés active. Mais comme il en avait plein le dos de composer son string quartet "necronomicon" (qu'on retrouvera plus tard sur le disque "magick"), il s'offra un break en composant cette bande son. Le 5eme documentaire juif en 15 ans, celui çi, dirigé par Oren Rudavsky, raconte l'épopée d'un père juif orthodox qui emméne ses deux fils en pologne à la recherche de leurs racines. Un documentaire pas forcément tourné vers le dramatique comme l'explique Zorn, notamment via les commentaires assez cocasse des deux fils, ce qui lui donna l'idée d'écrire une musique légére. Ecrite en deux heures (!!), enregistré en un jour, mixé le jour suivant. D'obédience juive, cette bande son exotique et délicieuse rapproche assez facilement le lyricisme du Bar kokhba. La guest etonnante, c'est la chanteuse de Cibo matto qui vient pousser la chansonnette sur 4 titres, apportant evidemment encore plus de douceur par sa voix assez cristalline. Le line up est classique : Wollesen au vibraphone, Baptista au percus, Trevor Dunn à la basse acoustique a priori, Puis Marc ribot, qui tient la bande son à bout de bras. C'est effectivement son incroyable feeling et son jeu d'une virtuosité sans égal qui transparait essentiellement tout au long des 12 titres.
Pour la petite histoire, une loi juive orthodoxe interdit le chant des femmes en public, et les chansons à partie vocale ne furent pas incluse dans le documentaire (ce qui demeure un beau gachis). Le fameux documentaire fut diffusé sur une chaine du cable américain, et vous pouvez le trouver en vente en ligne en dvd, avec une pochette assez évocatrice. Je ne l'ai pas acheté personnellement, mais j'aimerai bien le voir. La bande son est quand a elle achat obligatoire...
jeudi 30 décembre 2010
mardi 28 décembre 2010
GABRIELE COEN "JEWISH EXPERIENCE" - Awakening
Premier opus du compositeur italien Gabriele Coen pour le label Tzadik, dont il est visiblement plus que fier d'intégrer la radical jewish culture. C'est à ce juste titre que ce dernier délaisse un peu le jazz traditionnel pour nous plonger dans une « jewish experience » riche et luxuriante à souhait. Aucun des dix titres présents ne passe en dessous de la barre des 6 minutes, preuve indéniable de compositions complexes et inventives ou se méle l'art d'écriture de Coen et le talent d'improvisation des musiciens (5 en tout, plus quelques guests). Qu'il ne s'agisse du guitariste, du pianiste ou de Gabriele Coen avec son saxophone (ou clarinette), tous connaisse leur quart d'heure de folie dans des solos endiablés absolument jouissif. L'atmosphère se veut tantôt klezmer traditionel, tantôt jazz posé, ou parfois plus exotique avec la présence de percussions, congas, bongo, etc....Comme nous l'indique John Zorn, il s'agit d'un des meilleurs chapitres de jazz juif que le label a pu sortir, et force de constater qu'il a raison, ce disque est un must-have de la section qui devrait ravir tous les lecteurs de ce blog, moi le premier...
JOHN ZORN - Filmworks XIII (Invitation to a suicide)
Poursuite retrospective de la serie des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette serie dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XIII date de 2002, et demeure le dernier chapitre de la trilogie couvrant un seul et unique film.
« Invitation to a suicide » est une comédie noire de Loren Marsh, dont nous n'avont jamais vraiment entendu parler de par chez nous, contrairement à des classiques du genre comme « Fargo » des fréres Cohen. L'histoire raconte comment un jeune immigrant polonais très pauvre vendra des tickets pour le show de son suicide programmé (une pendaison) afin de sauver son pére dont la tête est mise à prix 10 000 $ par un mafieux russe. Un film qu'il faudra que je visionne prochainement, si l'un d'entre vous l'a vu, qu'il nous donne son impression.
John Zorn nous fait son méa culpa dans le livret en avouant qu'il est de moins en moins tenté de jouer du saxophone, car il pratique depuis longtemps et que la surprise est de moins en moins présente, soit tout l'inverse de la phase de composition, qui continue à le passionner de manière croissante avec les années.
Un coup de téléphone du realisateur qui souhaite travailler avec Zorn. La particularité, c'est qu'il souhaite avoir la musique avant le montage, pour parfaitement adapter la musique aux images, dans la tradition Morricone/Leone entre autre. L'idée ravis le compositeur new yorkais, mais la vision des rushes ne le convint guère : il n'est pas familier du genre comédie et ne capte pas l'essence du film pour en faire une bonne bande son. Il commence à réfléchir, écouter certains de ses travaux avec Marsh, puis délaisse le projet pour d'autre occupations. Quelques semaines passent, Zorn a quelques remords et doutes, les images du film reste dans sa tête. Il commence à re-travailler les compositions, change quelques notes par çi par la, modifie quelques harmonies et rythmiques, puis tout s'éclaire, il pense enfin tenir les bonnes partitions. Appel aux musiciens, coup de bol, tous le monde est dispo, rendez vous pris au studio de Jamie Saft le lendemain. Zorn est un travailleur acharné, apparement même assez stricte et laborieux avec les musiciens en leur demandant une concentration de tous les instants et une loyauté « inconditionnelle ». On notera cependant que le cercle des musiciens de Zorn revient toujours aussi, prouvant ainsi sa loyauté et soutien envers ses collaborateurs et amis. L'intensité et l'alchimie musicale fut apparemment au dela de toute espérance sur ce filmworks : le groupe joua comme si il l'avait fait durant des années. Trevor Dunn est parfait à la basse, Erik Friedlander apporte un lyrisme mortel au violoncelle, Kenny Wollesen apporte une facétie superbe au marimba et percussions, Ribot est un génie comme d'hab'. L'intégration pour la première fois de Rob Burger à un filmworks est brillante, son accordéon apporte une touche unique à cette bande son (on le retrouvera assez souvent par la suite d'ailleurs). Au final, dix huit titres absolument géniaux d'un lyrisme bouleversant, le final du disque est quand à lui...surprenant (disons que Trevor Dunn n'a pas du être dépaysé (lol). Bref, un classique Zornien comme on a coutume de dire...
Le mot de la fin pour John Zorn
« Conduire cette musique fut un enthousiasme spécial réservé à ce qu'on appelle un moment « clé ». Ils ont été peu nombreux dans ma vie : finir « Lacrosse » mon premier game piece, la longue semaine d'enregistrement de « Spillane », ecrire les premières Harcore pieces de Naked city, en studio en enregistrant « Kristallnacht », le premier concert de Masada, ou composer mon concerto pour violons « contes de fées ». Ces beaux moments semblent magique, peut être inspirer divinement. Quand nous avons quitté le studio cette nuit la, chacun savait que quelque chose de très spécial s'était déroulé. Cette musique n'est pas seulement l'une de mes meilleures bandes sons, c'était un de ses « moments ». »
« Invitation to a suicide » est une comédie noire de Loren Marsh, dont nous n'avont jamais vraiment entendu parler de par chez nous, contrairement à des classiques du genre comme « Fargo » des fréres Cohen. L'histoire raconte comment un jeune immigrant polonais très pauvre vendra des tickets pour le show de son suicide programmé (une pendaison) afin de sauver son pére dont la tête est mise à prix 10 000 $ par un mafieux russe. Un film qu'il faudra que je visionne prochainement, si l'un d'entre vous l'a vu, qu'il nous donne son impression.
John Zorn nous fait son méa culpa dans le livret en avouant qu'il est de moins en moins tenté de jouer du saxophone, car il pratique depuis longtemps et que la surprise est de moins en moins présente, soit tout l'inverse de la phase de composition, qui continue à le passionner de manière croissante avec les années.
Un coup de téléphone du realisateur qui souhaite travailler avec Zorn. La particularité, c'est qu'il souhaite avoir la musique avant le montage, pour parfaitement adapter la musique aux images, dans la tradition Morricone/Leone entre autre. L'idée ravis le compositeur new yorkais, mais la vision des rushes ne le convint guère : il n'est pas familier du genre comédie et ne capte pas l'essence du film pour en faire une bonne bande son. Il commence à réfléchir, écouter certains de ses travaux avec Marsh, puis délaisse le projet pour d'autre occupations. Quelques semaines passent, Zorn a quelques remords et doutes, les images du film reste dans sa tête. Il commence à re-travailler les compositions, change quelques notes par çi par la, modifie quelques harmonies et rythmiques, puis tout s'éclaire, il pense enfin tenir les bonnes partitions. Appel aux musiciens, coup de bol, tous le monde est dispo, rendez vous pris au studio de Jamie Saft le lendemain. Zorn est un travailleur acharné, apparement même assez stricte et laborieux avec les musiciens en leur demandant une concentration de tous les instants et une loyauté « inconditionnelle ». On notera cependant que le cercle des musiciens de Zorn revient toujours aussi, prouvant ainsi sa loyauté et soutien envers ses collaborateurs et amis. L'intensité et l'alchimie musicale fut apparemment au dela de toute espérance sur ce filmworks : le groupe joua comme si il l'avait fait durant des années. Trevor Dunn est parfait à la basse, Erik Friedlander apporte un lyrisme mortel au violoncelle, Kenny Wollesen apporte une facétie superbe au marimba et percussions, Ribot est un génie comme d'hab'. L'intégration pour la première fois de Rob Burger à un filmworks est brillante, son accordéon apporte une touche unique à cette bande son (on le retrouvera assez souvent par la suite d'ailleurs). Au final, dix huit titres absolument géniaux d'un lyrisme bouleversant, le final du disque est quand à lui...surprenant (disons que Trevor Dunn n'a pas du être dépaysé (lol). Bref, un classique Zornien comme on a coutume de dire...
Le mot de la fin pour John Zorn
« Conduire cette musique fut un enthousiasme spécial réservé à ce qu'on appelle un moment « clé ». Ils ont été peu nombreux dans ma vie : finir « Lacrosse » mon premier game piece, la longue semaine d'enregistrement de « Spillane », ecrire les premières Harcore pieces de Naked city, en studio en enregistrant « Kristallnacht », le premier concert de Masada, ou composer mon concerto pour violons « contes de fées ». Ces beaux moments semblent magique, peut être inspirer divinement. Quand nous avons quitté le studio cette nuit la, chacun savait que quelque chose de très spécial s'était déroulé. Cette musique n'est pas seulement l'une de mes meilleures bandes sons, c'était un de ses « moments ». »
vendredi 10 décembre 2010
JOHN ZORN - Filmworks XII (Three documentaries)
Poursuite retrospective de la serie des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette serie dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XII date de 2002, et couvre trois documentaires différents d'ou l'appelation "three documentaries" (Second volume d'une serie de 3 filmworks sortis à la suite en 2002)
Le premier documentaire est réalisé par Charles Dennis et fête les vingt ans d'un club du East village de Manhattan, le ps 122 ("performance space"), spécialisé dans la danse. Un club que Zorn a apparement pas mal fréquenter dans ses jeunes années pour ses travaux avec des danseurs, des festivals d'improvisation, et même la première de son game piece « darts » qui eut lieu en 1983. Le staff du club a toujours apprécier sa musique, et c'est donc en tout bien, tout honneur que Zorn réalisa la bande son de « Homecoming ». Différentes rythmiques, atmosphères et textures furent créer pour tout coller à l'univers de la danse. Une pointe de minimalisme perdure sur « the well tuned... » même si le compositeur déclare avoir été à contre courant de ce mouvement en offrant tout au long de sa carrière une approche plutôt maximaliste et un mélange volontaire des styles. Zorn reconnaît cependant avoir été influencé dans les galeries de Soho et Oddball par les cadors du genre (Phillip Glass, Steve Reich, LaMonte Young et Terry Riley) et qu'on peut reconnaître des touches minimalistes et répétitives dans certaines de ses oeuvres. Magnifique titre d'ouverture avec Jennifer Charles qui nous gratifie de son unique et magnifique voix (ça ressemble à du Reich effectivement). Puis quatre titres typés danse effectivement, avec Mark Feldman au violon, Zorn à l'orgue et au piano, et un featuring de Jamie saft au piano sur un titre. Pas incontournable, mais une bande son qui doit parfaitement collé au sujet...
A l'inverse de « Homecoming », John Zorn paraît un peu évasif et douteux sur le documentaire « Shaolin Ulysses », dirigé par Martha Burr et Mei-juin Chen (avec qui il a déjà bosser sur « Hollywood hotel » (1994, filmworks III)). Le compositeur n'arrivait pas à se faire un avis positif sur le documentaire : raconter l'insertion et la nouvelle vie de moines Shaolin venus immigrer aux USA, ça aurait pu être une belle histoire. Mais ces derniers vivent désormais à Brooklyn, au Texas ou à Las Vegas, le documentaire tombe apparement dans le stéréotype et la caricature. De plus, le montage final ajoutera beaucoup d'autres musiques (issus du nouveau mode de vie des moines, on y retrouve donc de la salsa, du hip hop, de la musique traditionnelle chinoise ou du jazz), ce qui ne plait pas vraiment à Zorn qui trouve le documentaire un peu gaché. A titre personnel, le compositeur est cependant très satisfait de son boulot : les riminiscences asiatiques du Filmworks VIII ayant été réussis, on appréciera le retour de Min Xiao-Fen avec sa pipa, qui se livre sur 23 titres à un grand duel avec la guitare de Marc Ribot, magistral une fois de plus. Roberto Rodriguez et Cyro Baptista aux percussions et la première incursion de Trevor Dunn à la basse sur un filmwork, qui mine de rien fait un boulot colossal sur ce documentaire. « Shaolin Ulysses » est d'ailleurs un brillant exemple du génie de Zorn de manier différents styles : sur une base asiatique (le fabuleux titre d'ouverture digne d'un Morricone), les titres évoluent vers des contrées lointaines, tantôt hispanique ou brésilienne (« shaolin mambo » »shaolin bossa »), et n'oublie jamais d'être au service de l'émotion quand il le faut (« temple song » « nostalgia »). Une bande son sublime dans le genre, une vraie réussite pour le 7eme art qui aurait pu d'ailleurs s'adapter à beaucoup d'autres films...
Morton Bartlett est un photographe underground new yorkais marginal, toujours plus ou moins dans l'ombre de Henry Darger, et ceux malgrés des travaux uniques et personnels. Son dada ? La conception et fabrication de poupées avec des vêtements cousus mains, mise en situation, puis photographiées avec des jeux de lumières pour rendre une vertue dramatique à un objet à priori innocent (cf : artwork de ce filmworks entre autre). Orphelin, il ne se serait jamais marié, et aurait vécus seul durant quasiment toute sa vie; Décédé en 1992, ses oeuvres furent découvert aprés sa mort. John Zorn découvre ses travaux dans une galerie d'art new yorkaise au milieu des années 90, et devient rapidement ami avec Marion Harris, une femme qui s'occupe de vendre et manager l'héritage de Bartlett (une des poupées se serait vendus 110 000 $ en 2008). Lorsque cette dernière lui apprend que sa fille prépare un court documentaire sur Morton Bartlett, il propose rapidement ses services pour en faire la musique. Peu d'informations sur ce « Family found », on peut en déduire la durée étant donné la bande son fournie par John Zorn, un seul et unique titre décliné en quatre variantes : la première voix et violoncelle su-bli-me (avec de nouveau Jennifer Charles, elle était en studio, Zorn l'a exploité à fond à priori), puis trois variantes superbes au violoncelle proposé par le coutumier Erik Friedlander, eternellement bon dans son registre...
Trois documentaires, trois univers, trois bandes sons différentes, Zorn se montre eclectique et inspiré sur un volume brillant de la série des filmworks...
Le premier documentaire est réalisé par Charles Dennis et fête les vingt ans d'un club du East village de Manhattan, le ps 122 ("performance space"), spécialisé dans la danse. Un club que Zorn a apparement pas mal fréquenter dans ses jeunes années pour ses travaux avec des danseurs, des festivals d'improvisation, et même la première de son game piece « darts » qui eut lieu en 1983. Le staff du club a toujours apprécier sa musique, et c'est donc en tout bien, tout honneur que Zorn réalisa la bande son de « Homecoming ». Différentes rythmiques, atmosphères et textures furent créer pour tout coller à l'univers de la danse. Une pointe de minimalisme perdure sur « the well tuned... » même si le compositeur déclare avoir été à contre courant de ce mouvement en offrant tout au long de sa carrière une approche plutôt maximaliste et un mélange volontaire des styles. Zorn reconnaît cependant avoir été influencé dans les galeries de Soho et Oddball par les cadors du genre (Phillip Glass, Steve Reich, LaMonte Young et Terry Riley) et qu'on peut reconnaître des touches minimalistes et répétitives dans certaines de ses oeuvres. Magnifique titre d'ouverture avec Jennifer Charles qui nous gratifie de son unique et magnifique voix (ça ressemble à du Reich effectivement). Puis quatre titres typés danse effectivement, avec Mark Feldman au violon, Zorn à l'orgue et au piano, et un featuring de Jamie saft au piano sur un titre. Pas incontournable, mais une bande son qui doit parfaitement collé au sujet...
A l'inverse de « Homecoming », John Zorn paraît un peu évasif et douteux sur le documentaire « Shaolin Ulysses », dirigé par Martha Burr et Mei-juin Chen (avec qui il a déjà bosser sur « Hollywood hotel » (1994, filmworks III)). Le compositeur n'arrivait pas à se faire un avis positif sur le documentaire : raconter l'insertion et la nouvelle vie de moines Shaolin venus immigrer aux USA, ça aurait pu être une belle histoire. Mais ces derniers vivent désormais à Brooklyn, au Texas ou à Las Vegas, le documentaire tombe apparement dans le stéréotype et la caricature. De plus, le montage final ajoutera beaucoup d'autres musiques (issus du nouveau mode de vie des moines, on y retrouve donc de la salsa, du hip hop, de la musique traditionnelle chinoise ou du jazz), ce qui ne plait pas vraiment à Zorn qui trouve le documentaire un peu gaché. A titre personnel, le compositeur est cependant très satisfait de son boulot : les riminiscences asiatiques du Filmworks VIII ayant été réussis, on appréciera le retour de Min Xiao-Fen avec sa pipa, qui se livre sur 23 titres à un grand duel avec la guitare de Marc Ribot, magistral une fois de plus. Roberto Rodriguez et Cyro Baptista aux percussions et la première incursion de Trevor Dunn à la basse sur un filmwork, qui mine de rien fait un boulot colossal sur ce documentaire. « Shaolin Ulysses » est d'ailleurs un brillant exemple du génie de Zorn de manier différents styles : sur une base asiatique (le fabuleux titre d'ouverture digne d'un Morricone), les titres évoluent vers des contrées lointaines, tantôt hispanique ou brésilienne (« shaolin mambo » »shaolin bossa »), et n'oublie jamais d'être au service de l'émotion quand il le faut (« temple song » « nostalgia »). Une bande son sublime dans le genre, une vraie réussite pour le 7eme art qui aurait pu d'ailleurs s'adapter à beaucoup d'autres films...
Morton Bartlett est un photographe underground new yorkais marginal, toujours plus ou moins dans l'ombre de Henry Darger, et ceux malgrés des travaux uniques et personnels. Son dada ? La conception et fabrication de poupées avec des vêtements cousus mains, mise en situation, puis photographiées avec des jeux de lumières pour rendre une vertue dramatique à un objet à priori innocent (cf : artwork de ce filmworks entre autre). Orphelin, il ne se serait jamais marié, et aurait vécus seul durant quasiment toute sa vie; Décédé en 1992, ses oeuvres furent découvert aprés sa mort. John Zorn découvre ses travaux dans une galerie d'art new yorkaise au milieu des années 90, et devient rapidement ami avec Marion Harris, une femme qui s'occupe de vendre et manager l'héritage de Bartlett (une des poupées se serait vendus 110 000 $ en 2008). Lorsque cette dernière lui apprend que sa fille prépare un court documentaire sur Morton Bartlett, il propose rapidement ses services pour en faire la musique. Peu d'informations sur ce « Family found », on peut en déduire la durée étant donné la bande son fournie par John Zorn, un seul et unique titre décliné en quatre variantes : la première voix et violoncelle su-bli-me (avec de nouveau Jennifer Charles, elle était en studio, Zorn l'a exploité à fond à priori), puis trois variantes superbes au violoncelle proposé par le coutumier Erik Friedlander, eternellement bon dans son registre...
Trois documentaires, trois univers, trois bandes sons différentes, Zorn se montre eclectique et inspiré sur un volume brillant de la série des filmworks...
jeudi 9 décembre 2010
JOHN ZORN - What thou wilt
14eme volume des chamber works proposé par John Zorn, placé dans les rangs de la composer serie, au même titre que tous les compositeurs Tzadik. Pas vraiment de nouveautés, mais 3 pièces plus ou moins datés dont les partitions trainées dans les cartons, et furent toute enregistrés en 2009/2010 afin de les rendre enfin disponible au grand public.
On démarre par « contes de fées », pièce d'opéra composé en 1999, et enregistré dix ans aprés sa création aprés que celle çi fût interprété de nombreuses fois dans le monde entier. L'une de ses meilleures versions selon John Zorn, qui avoue l'avoir retravaillé de nombreuses fois avant d'en conclure une version définitive. Une des rares pièces qui fût commissioner (écrire des travaux sur demande moyennant rénumération), car John Zorn n'apprecie pas particulièrement ce procédé, et préfére écrire selon ses propres termes et envies. Le compositeur avoue qu'il s'agit d'une de ses compositions les plus rigoureuses, dramatique et complexe en même temps. On peut accentuer le coté dramatique, car « contes de fées » sera composé juste aprés le décés de sa mère, tout comme la pièce « aporias » (qui regroupait aussi un très large orchestre, voir kronik correspondante) fût elle composé juste aprés le décés de son père. Les passages tristes d'une vie inspire Zorn à écrire ses travaux les plus émotionnels sous la forme de musique classique, et « contes de fées » est une vraie réussite dans le genre.
La seconde composition de 22 minutes a pour titre trois points disposé en triangle afin de se référer au mysticisme de Crowley et Masonic, et le sous titre « fay çe que vouldras » est une traduction française du « do what thou wilt » issus aussi d'Aleister Crowley (et repris comme titre du disque donc)(La phrase « fay çe que vouldras » est tirée à l'origine du Gargantua de Rabelais ; elle y est le précepte de l'Abbaye de Thélème). Seconde pièce exclusivement au piano aprés « carny » en 1989, egalemment inteprété par Stephen Drury, qui est vraiment un grand pianiste moderne. Véritable tour de force, la pièce se révèle autant technique qu'émotionnelle, on se laisse facilement emporter par le tourbillon intense et rituelle d'une telle performance.
Dernière composition de 6 minutes « 777 » (nothing is true, everything is permitted), qui nous montre une fois de plus l'affection de Zorn pour la numérologie, qu'on retrouve en terme technique içi (le temps et rythme), puis une allusion non voilé au fameux « 666 », hommage une nouvelle fois à Crowley (décidément). Le sous titre est l'aphorisme connu d'Hassan I sabbah (voir wiki, par ailleurs un excellent groupe obsur de hardcore sauvage des 90's). Une composition pour un trio de violoncelles qui vire à la démonstration, et qui est un peu épuisante à mon goût...
On démarre par « contes de fées », pièce d'opéra composé en 1999, et enregistré dix ans aprés sa création aprés que celle çi fût interprété de nombreuses fois dans le monde entier. L'une de ses meilleures versions selon John Zorn, qui avoue l'avoir retravaillé de nombreuses fois avant d'en conclure une version définitive. Une des rares pièces qui fût commissioner (écrire des travaux sur demande moyennant rénumération), car John Zorn n'apprecie pas particulièrement ce procédé, et préfére écrire selon ses propres termes et envies. Le compositeur avoue qu'il s'agit d'une de ses compositions les plus rigoureuses, dramatique et complexe en même temps. On peut accentuer le coté dramatique, car « contes de fées » sera composé juste aprés le décés de sa mère, tout comme la pièce « aporias » (qui regroupait aussi un très large orchestre, voir kronik correspondante) fût elle composé juste aprés le décés de son père. Les passages tristes d'une vie inspire Zorn à écrire ses travaux les plus émotionnels sous la forme de musique classique, et « contes de fées » est une vraie réussite dans le genre.
La seconde composition de 22 minutes a pour titre trois points disposé en triangle afin de se référer au mysticisme de Crowley et Masonic, et le sous titre « fay çe que vouldras » est une traduction française du « do what thou wilt » issus aussi d'Aleister Crowley (et repris comme titre du disque donc)(La phrase « fay çe que vouldras » est tirée à l'origine du Gargantua de Rabelais ; elle y est le précepte de l'Abbaye de Thélème). Seconde pièce exclusivement au piano aprés « carny » en 1989, egalemment inteprété par Stephen Drury, qui est vraiment un grand pianiste moderne. Véritable tour de force, la pièce se révèle autant technique qu'émotionnelle, on se laisse facilement emporter par le tourbillon intense et rituelle d'une telle performance.
Dernière composition de 6 minutes « 777 » (nothing is true, everything is permitted), qui nous montre une fois de plus l'affection de Zorn pour la numérologie, qu'on retrouve en terme technique içi (le temps et rythme), puis une allusion non voilé au fameux « 666 », hommage une nouvelle fois à Crowley (décidément). Le sous titre est l'aphorisme connu d'Hassan I sabbah (voir wiki, par ailleurs un excellent groupe obsur de hardcore sauvage des 90's). Une composition pour un trio de violoncelles qui vire à la démonstration, et qui est un peu épuisante à mon goût...
MARTY EHRLICH - Fables
Marty Ehrlich nous offre son second disque pour le label Tzadik, aprés « Sojourn » que je ne possède pas encore, donc je me garderai bien de faire un comparatif entre les deux. Figure new yorkaise importante du jazz, multi insrumentaliste reconnu, Marty célébre ce disque en appelant son ami de longue date Hankus Netsky (fondateur du conservatory klezmer band, et professeur au Hampshire college) afin de mélanger les racines du jazz et la tradition juive. Un concept qui a déjà certes été exploité sur la radical jewish culture, mais le duo formé par les deux hommes est un véritable plaisir à entendre. Les deux compères y alterne les instruments (clarinette, flûte et saxophone pour Ehrlich, piano et accordéon pour Netsky), Marcus Rojas apparaît au tuba sur quelques morceaux, ainsi qu'un bassiste sur un morceau. Outre ces talents de compositeur, on admettra aussi que c'est Marty Ehrlich qui dirige la barque, car selon qu'il empoigne sa clarinette ou son saxo, le morceau sonne soit plutôt klezmer, soit plutôt jazz. « Fables » est un sympathique album, assez classique pour la radical jewish culture de Tzadik.
dimanche 5 décembre 2010
JOHN ZORN - Filmworks XI (Secret lives)
Poursuite retrospective de la serie des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette serie dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XI date de 2002, et couvre un documentaire émouvant qui s'intitule "secret lives" (Premier volume d'une serie de 3 filmworks sortis à la suite en 2002)
Le documentaire "secret lives" couvre donc le sujet hautement grave et important historiquement des enfants juifs qui furent cachés par des familles non juives lors de la seconde guerre mondiale et de l'occupation nazi. Un fait certes assez rare, mais qui eu bien lieu dans les differents pays d'Europe sous l'occupation allemande, ces familles altruistes risquant totalement leur vie afin d'en protéger une complétement innocente des horreurs de la guerre. Un lien émotionnellement trés fort lie donc ces enfants à leurs familles de protection, qu'ils considérent pour la plupart comme une famille d'adoption, la plupart des parents juifs étant décédés dans les camps de concentration. Beaucoups de sentiments devaient être ressentis dans le documentaire (peur, angoisse, soulagement, tension, tristesse, gaieté, etc...) donc la musique avait un rôle capital. Son réalisateur pensa à John Zorn, compositeur en plein developpement de ses racines juives avec Masada et ses dérivés, et qui composa le documentaire du filmworks VIII, qui était dans une même veine.
Les premières discussions entre Zorn et Aviva Slesin et ses collaborateurs ne se déroulèrent pas trés bien : beaucoup de provocations, les producteurs avaient des idées en tête, une bande son avec du piano, etc, ce qui agaca le compositeur New Yorkais qui faillit décliner l'offre. Mais ce dernier aimait beaucoup le documentaire, il leur demanda le service de lui laisser carte blanche et d'avoir confiance en lui. Ils acceptérent, non sans masquer une certaine appréhension. Zorn avait en tête des cordes dans sa tête, il convoque sans tarder Jamie saft pour enregistrer (ce dernier est aussi au piano sur un titre assez jazzy), puis le masada string trio pour interpréter les 21 titres de l'opus. Dés ce "Yesoma" d'ouverture, comment ne pas frissonner d'émotions ? Les violons magnifique, et la voix de Vanessa Saft qui entonne cette espèce de berceuse aussi triste que desespérée, élément indéniable puisque on traite içi d'un passage marquant de l'enfance. Un des titres les plus magnifiques extrait de filmworks. Le reste oscille entre tension, drame, lyrisme et espoir. Plusieurs morceaux sont déclinés en plusieurs variantes selon les passages du documentaire, le couple Saft apporte donc quelques petites variantes sur trois titres, et la cohésion absolu du masada string trio donne vie aux morceaux imaginés par John Zorn, qui remercie d'ailleurs les producteurs de l'avoir laissé suivre ses instincts.
Tous les protagonistes furent comblé de ce volume trés réussis. Avec ses légères intonations juives, la musique présente n'en reste pas moins profonde et mémorable. Un volume donc pleinement réussis, débutant l'année 2002 dans une veine filmographique splendide...
Le documentaire "secret lives" couvre donc le sujet hautement grave et important historiquement des enfants juifs qui furent cachés par des familles non juives lors de la seconde guerre mondiale et de l'occupation nazi. Un fait certes assez rare, mais qui eu bien lieu dans les differents pays d'Europe sous l'occupation allemande, ces familles altruistes risquant totalement leur vie afin d'en protéger une complétement innocente des horreurs de la guerre. Un lien émotionnellement trés fort lie donc ces enfants à leurs familles de protection, qu'ils considérent pour la plupart comme une famille d'adoption, la plupart des parents juifs étant décédés dans les camps de concentration. Beaucoups de sentiments devaient être ressentis dans le documentaire (peur, angoisse, soulagement, tension, tristesse, gaieté, etc...) donc la musique avait un rôle capital. Son réalisateur pensa à John Zorn, compositeur en plein developpement de ses racines juives avec Masada et ses dérivés, et qui composa le documentaire du filmworks VIII, qui était dans une même veine.
Les premières discussions entre Zorn et Aviva Slesin et ses collaborateurs ne se déroulèrent pas trés bien : beaucoup de provocations, les producteurs avaient des idées en tête, une bande son avec du piano, etc, ce qui agaca le compositeur New Yorkais qui faillit décliner l'offre. Mais ce dernier aimait beaucoup le documentaire, il leur demanda le service de lui laisser carte blanche et d'avoir confiance en lui. Ils acceptérent, non sans masquer une certaine appréhension. Zorn avait en tête des cordes dans sa tête, il convoque sans tarder Jamie saft pour enregistrer (ce dernier est aussi au piano sur un titre assez jazzy), puis le masada string trio pour interpréter les 21 titres de l'opus. Dés ce "Yesoma" d'ouverture, comment ne pas frissonner d'émotions ? Les violons magnifique, et la voix de Vanessa Saft qui entonne cette espèce de berceuse aussi triste que desespérée, élément indéniable puisque on traite içi d'un passage marquant de l'enfance. Un des titres les plus magnifiques extrait de filmworks. Le reste oscille entre tension, drame, lyrisme et espoir. Plusieurs morceaux sont déclinés en plusieurs variantes selon les passages du documentaire, le couple Saft apporte donc quelques petites variantes sur trois titres, et la cohésion absolu du masada string trio donne vie aux morceaux imaginés par John Zorn, qui remercie d'ailleurs les producteurs de l'avoir laissé suivre ses instincts.
Tous les protagonistes furent comblé de ce volume trés réussis. Avec ses légères intonations juives, la musique présente n'en reste pas moins profonde et mémorable. Un volume donc pleinement réussis, débutant l'année 2002 dans une veine filmographique splendide...
mercredi 1 décembre 2010
NAKED CITY - Black Box (Torture garden/Leng tch'e) (20th anniversary edition)
On a donc pu remarquer le mois dernier voir apparaitre la réédition de la black box de Naked city, 20 ans aprés sa sortie originelle (le même artwork, avec seulement mentionné en dessous "20th anniversary edition"). La version d'origine était à priori sold out via Tzadik, et avait pour principal différence d'être un double album : cette nouvelle édition est un simple disque remplis à ras bord, avec exactement le même tracklisting.
Je ne vais pas détailler particulièrement "Torture garden", car la plupart des lecteurs de ce blog le connaisse d'une part, puis il y a les kroniks respectives dans la section du groupe.
"Leng tch'e" et sa réputation sulfureuse doit egalement parler à tous le monde : inverser la tendance des Hardcore pieces, et jouer un unique morceau agonisant, lourd et malsain de 32 minutes, quasi précurseur des notions de sludge et de doom, ayant pour inspiration le lingchi, ancienne torture chinoise, surnommé aussi " mort des mille coupures », soit entailler et retirer successivement des parties et des membres du condamné avant de lui trancher la tête. L'utilisation d'opium permettait aux bourreaux de maintenir en vie le supplicié plus longtemps. Une notion de douleur que le groupe essaira de retranscrire avec brio sur bande, Zorn ayant été marqué par "les larmes d'Eros" de Bataille, qui lui même avait été traumatisé par les dernières photos en date de lingchi avant son abolition en 1905.
Je posséde la box studio de Naked city, mais ne possédait pas la première version de cette black box (qui avait été surnommé ainsi face à un artwork trés sobre pour compenser les attaques incessantes dont était victime le groupe sur les artworks d'origine jugé choquants). On y apprend beaucoup de choses interessantes et inédites dans les notes de Zorn datant de 2010, dont voici furtivement quelques points (le livret est assez fournit et demeure à lire pour les fans)
1. "Torture garden" est un des grands moments marquants de la carrière du compositeur
2. "Leng tch'e" a peu été joué en live. Le groupe l'a pourtant fait en 1990 au festival de jazz de Montreux, et les amplis et lights seront coupés par l'organisation au milieu de la pièce, pour calmer l'audience grondante et indigné...
3. Les licenses de Torture garden pour shimmy disc et Earache n'ont rapporter aucune royalties à Zorn, il voulait avant tout faire connaitre Naked city au plus grand nombres de fervents de musique extrême...
4. les artworks d'origines des deux oeuvres (bondage japonais et photos de torture par lingchi) furent largement censuré (féministe, communauté asiatique, douanes à l'export), d'ou la necéssité de créer une boite noire d'extérieur pour eviter de choquer.
5. Zorn a voulu rééditer les artworks d'origines pour cette edition, et les imprimeurs américains ont tous refusé (!!). C'est assez consternant, et le boss de Tzadik est trés peu satisfait de l'aspect graphique du disque. Heug heug Chin a donc composé entre quelques images du premier disque, et des photos bondage/torture camouflé, etc...Pas une catastrophe graphique (c'est plutôt beau en fait), mais l'impact visuelle n'est pas forcément en adéquation avec le choc frontale de la musique de Naked city.
6. Un recit un peu détaillé des inspirations de Zorn pour ces deux oeuvres respectives du point de vue des artworks...
Puis d'autres choses, vous vous en doutez...Un classique a posséder de toute façon. "Every 15 years, Naked city make other bands sound fat and lazy" clamait ce bon vieux Patton. Il a pas vraiment tord quand t'ecoutes cet opus...
Je ne vais pas détailler particulièrement "Torture garden", car la plupart des lecteurs de ce blog le connaisse d'une part, puis il y a les kroniks respectives dans la section du groupe.
"Leng tch'e" et sa réputation sulfureuse doit egalement parler à tous le monde : inverser la tendance des Hardcore pieces, et jouer un unique morceau agonisant, lourd et malsain de 32 minutes, quasi précurseur des notions de sludge et de doom, ayant pour inspiration le lingchi, ancienne torture chinoise, surnommé aussi " mort des mille coupures », soit entailler et retirer successivement des parties et des membres du condamné avant de lui trancher la tête. L'utilisation d'opium permettait aux bourreaux de maintenir en vie le supplicié plus longtemps. Une notion de douleur que le groupe essaira de retranscrire avec brio sur bande, Zorn ayant été marqué par "les larmes d'Eros" de Bataille, qui lui même avait été traumatisé par les dernières photos en date de lingchi avant son abolition en 1905.
Je posséde la box studio de Naked city, mais ne possédait pas la première version de cette black box (qui avait été surnommé ainsi face à un artwork trés sobre pour compenser les attaques incessantes dont était victime le groupe sur les artworks d'origine jugé choquants). On y apprend beaucoup de choses interessantes et inédites dans les notes de Zorn datant de 2010, dont voici furtivement quelques points (le livret est assez fournit et demeure à lire pour les fans)
1. "Torture garden" est un des grands moments marquants de la carrière du compositeur
2. "Leng tch'e" a peu été joué en live. Le groupe l'a pourtant fait en 1990 au festival de jazz de Montreux, et les amplis et lights seront coupés par l'organisation au milieu de la pièce, pour calmer l'audience grondante et indigné...
3. Les licenses de Torture garden pour shimmy disc et Earache n'ont rapporter aucune royalties à Zorn, il voulait avant tout faire connaitre Naked city au plus grand nombres de fervents de musique extrême...
4. les artworks d'origines des deux oeuvres (bondage japonais et photos de torture par lingchi) furent largement censuré (féministe, communauté asiatique, douanes à l'export), d'ou la necéssité de créer une boite noire d'extérieur pour eviter de choquer.
5. Zorn a voulu rééditer les artworks d'origines pour cette edition, et les imprimeurs américains ont tous refusé (!!). C'est assez consternant, et le boss de Tzadik est trés peu satisfait de l'aspect graphique du disque. Heug heug Chin a donc composé entre quelques images du premier disque, et des photos bondage/torture camouflé, etc...Pas une catastrophe graphique (c'est plutôt beau en fait), mais l'impact visuelle n'est pas forcément en adéquation avec le choc frontale de la musique de Naked city.
6. Un recit un peu détaillé des inspirations de Zorn pour ces deux oeuvres respectives du point de vue des artworks...
Puis d'autres choses, vous vous en doutez...Un classique a posséder de toute façon. "Every 15 years, Naked city make other bands sound fat and lazy" clamait ce bon vieux Patton. Il a pas vraiment tord quand t'ecoutes cet opus...
Tzadik artists advices...
Sur le site de Tzadik, vous trouverez une nouvelle section ou des artistes du label vous conseille sur tel ou telles oeuvres du massif catalogue. Instructif et sympa !
dimanche 28 novembre 2010
JOHN ZORN - Filmworks X (In the mirror of Maya Deren)
La section Archival series est, comme son nom l'indique, une sous division de Tzadik crée à l'époque pour rééditer tous les travaux de Zorn diffcile à trouver dans leur première édition (aujourd'hui, Zorn y publie l'intégralité de son oeuvre, et pas seulement des archives). Le filmworks X est la musique d'un documentaire couvrant la vie de la réalisatrice d'origine russe Maya Deren, sortis en 2001.
Fille d'un psychiatre juif émigrant aux États-Unis en 1922, elle fait ses études en Suisse et à New York. Licenciée en arts, elle débute dans le journalisme et s'occupe de danse, de poésie puis d'anthropologie. Elle fait la rencontre du cinéaste Alexander Hammid avec qui elle réalise Meshes of the Afternoon en 1943, marquant un avant-gardiste américain proche de Cocteau. Ses films de chambre qui suivirent incorporent de plus en plus la danse ou l'expression corporelle. Grâce à une première bourse décernée par la fondation Guggenheim, elle fait des recherches sur des rituels vaudous en Haïti, qui en résultera un livre Divine Horsemen (1953) et un film de 5 heures, que la mort l'empêchera de monter. Elle est l'auteur d'un recueil de texte sur l'art, la forme et le film. Avec Amos Vogel, elle crée la Creative Film Foundation puis en 1953, elle participa à l'existence éphémère de l'indépendant Film-makers Association, première tentative de regroupement des cinéastes expérimentaux américains. elle décédera en 1961 à New York.
lorsque Martina Kudlacek décide de réaliser un documentaire sur cette personnalité importante de l'underground new-yorkaise, elle avoue être trés nerveuse car elle sait l'importance d'une bonne bande son au sein d'un film, qui peut changer le rythme, la perception du spectateur ou la qualité emotionnelle de la narration filmique. Elle possède un exemplaire de "taboo and exile", dont l'artwork se rapproche assez facilement de l'univers de Maya Deren. Le choix de John Zorn s'avère être une evidence : Il est new yorkais (comme elle même), ami avec Henry Hills (qu'elle connait bien aussi) et demeure fan de l'univers de Maya Deren.
De son coté, John Zorn a de suite été emballé par la proposition, et s'attela à proposer des travaux émotionnellement fort. La base de travail fût simple à trouver : exploiter les racines juive de la réalisatrice (née en Russie, parents immigré juif), sa fascination pour les rituelles et la danse (particulièrement les rituels vaudou en Haïti) et son amour pour la musique classique. Zorn decida de conserver le line up du filmworks précédent, à l'exception de Chris Speed qui fut remplacer par Erik Friedlander. Jamie Saft au piano et orgue, Cyro Baptista aux percussions et Zorn lui même aux percussions et piano sur quelques titres, qui avouera que créer ce disque sera un véritable plaisir pour lui.
15 titres absolument magnifique ressortiront de cette session, naviguant entre musique classique, easy listening, percussions haïtiennes, gamelan indonésien et atmosphère rituelle vaudou collant parfaitement avec les films de Maya Deren, que John Zorn connaissait sur le bout des doigts de toute façon.
L'un des filmworks les plus populaires des Zornologues, et certainement l'un des plus beau lyriquement parlant, c'est un véritable chef d'oeuvre qui n'a aucune emprise sur le temps, et que Maya Deren aurait elle même apprécier, on peut en être quasiment sur...
Fille d'un psychiatre juif émigrant aux États-Unis en 1922, elle fait ses études en Suisse et à New York. Licenciée en arts, elle débute dans le journalisme et s'occupe de danse, de poésie puis d'anthropologie. Elle fait la rencontre du cinéaste Alexander Hammid avec qui elle réalise Meshes of the Afternoon en 1943, marquant un avant-gardiste américain proche de Cocteau. Ses films de chambre qui suivirent incorporent de plus en plus la danse ou l'expression corporelle. Grâce à une première bourse décernée par la fondation Guggenheim, elle fait des recherches sur des rituels vaudous en Haïti, qui en résultera un livre Divine Horsemen (1953) et un film de 5 heures, que la mort l'empêchera de monter. Elle est l'auteur d'un recueil de texte sur l'art, la forme et le film. Avec Amos Vogel, elle crée la Creative Film Foundation puis en 1953, elle participa à l'existence éphémère de l'indépendant Film-makers Association, première tentative de regroupement des cinéastes expérimentaux américains. elle décédera en 1961 à New York.
lorsque Martina Kudlacek décide de réaliser un documentaire sur cette personnalité importante de l'underground new-yorkaise, elle avoue être trés nerveuse car elle sait l'importance d'une bonne bande son au sein d'un film, qui peut changer le rythme, la perception du spectateur ou la qualité emotionnelle de la narration filmique. Elle possède un exemplaire de "taboo and exile", dont l'artwork se rapproche assez facilement de l'univers de Maya Deren. Le choix de John Zorn s'avère être une evidence : Il est new yorkais (comme elle même), ami avec Henry Hills (qu'elle connait bien aussi) et demeure fan de l'univers de Maya Deren.
De son coté, John Zorn a de suite été emballé par la proposition, et s'attela à proposer des travaux émotionnellement fort. La base de travail fût simple à trouver : exploiter les racines juive de la réalisatrice (née en Russie, parents immigré juif), sa fascination pour les rituelles et la danse (particulièrement les rituels vaudou en Haïti) et son amour pour la musique classique. Zorn decida de conserver le line up du filmworks précédent, à l'exception de Chris Speed qui fut remplacer par Erik Friedlander. Jamie Saft au piano et orgue, Cyro Baptista aux percussions et Zorn lui même aux percussions et piano sur quelques titres, qui avouera que créer ce disque sera un véritable plaisir pour lui.
15 titres absolument magnifique ressortiront de cette session, naviguant entre musique classique, easy listening, percussions haïtiennes, gamelan indonésien et atmosphère rituelle vaudou collant parfaitement avec les films de Maya Deren, que John Zorn connaissait sur le bout des doigts de toute façon.
L'un des filmworks les plus populaires des Zornologues, et certainement l'un des plus beau lyriquement parlant, c'est un véritable chef d'oeuvre qui n'a aucune emprise sur le temps, et que Maya Deren aurait elle même apprécier, on peut en être quasiment sur...
samedi 13 novembre 2010
MASADA MARATHON - Teatro Manzoni, Milano, Italy (08/11/10)
Si je peux certes donner mon modeste avis sur quelques disques glaner par çi, par la, je deteste faire les lives reports, je me sens tout simplement mauvais dans cet exercice. De plus, ne vous étonnez pas de commentaires idiots et futiles de ma part, ainsi que du manque de détails ou de ne pas enjoliver le recit, tout ceci est NORMAL ! (don't like it, don't read it !)
Sinon, en tans qu'habitant du sud de la France, j'ai eu la chance d'aller au Masada marathon donner en première européenne à Milan, Italie. Arrivé dans un quartier bien huppé (Gucci, Versace, Dior, etc...), On rencontre des français dans le resto en face du theâtre qui se sont déplacé de Paris. Un solide apéro et une magnifique herbe nous mettra du baume au coeur à l'entrée (en gros, on était au taquet) : Le teatro Manzoni est un magnifique endroit à l'italienne (faites travaillez votre imagination), et l'acoustique fut parfaite pour toutes les formations. A noter que je ne suis plus tout à fait sure des ordres de passage, la réponse à ce fait trois lignes au dessus...
Masada quartet : John Zorn en treillis qui présente ses potes, Dave Douglas en béret, 20 premières minutes qui nous font direct rentrer dans le bain, la magie masada se met en branle. Des stop and go de fou, Zorn qui s'agite à faire des signes, un Baron plus que monstrueux, le summum du jazz moderne à son sommet. Standing ovation dés la fin des 3 premiers titres. Mes potes étaient bouches bées, je me sentais comme un totem érotique...Ca démarre fort !
Sylvie Courvoisier et Mark Feldman : Je les ai vu il y a pas longtemps en première partie de l'Aleph trio à Paris en mai dernier, donc pas de grosse surprise. Quatre titres de Malphas joués (les 4 premiers il me semble), leur cohésion musicale (quasi sexuelle en fait...) est impressionnante. J'aime beaucoup quand Sylvie donne des coups de poings sur le piano, ça résonne à mort, c'est presque heavy.
Banquet of the spirits : une vrai surprise pour tous le monde puisque leur book of angels n'est pas sortis pour le moment. Le quatuor ne s'est pas laissé démonter, sous l'égide d'un Cyro Baptista presque hystérique par moment : il nous a sortis des percussions de dingue que même Macgyver n'oserait fabriquer. Shanir bidule est incroyable, que ce soit avec sa basse ou son oud (quel solo d'intro !). Un combo avec une cohésion passionnante, pour plusieurs titres de World music digne de ces disques sortis sur la key series de Tzadik. Une des meilleures prestations milanaise, assurément...
Mycale : Zorn vient lui même leur installer leur micro, en papa-compositeur qu'il est. Les demoiselles arrivent avec des robes pastels qui piquent au yeux. Le premier titre fut celui ou Malika Zarra lance des "je tourbillone" (me demandez pas le titre, je ne m'en souviens plus...). Leur prestation était plus intéréssante que sur disque, même si les 3 titres m'ont amplement suffis pour me faire une idée. Ayalet Rose est la plus canon des quatres, et demeure étrangement mise en avant dans la composition (des solos, lancement des rythmiques...). A l'inverse, Baysa Schecter est prodigieusement écarté, on la remarquait à peine dans le flow des trois autres...
Medeski, Martin & Wood : Présenté furtivement par Zorn. Billy Martin est un bon batteur, qui pourrait faire un malheur dans un groupe rock à tendance progressif. Malheuresement, il est accompagné par Chris Wood, l'homme qui se dandine comme un ver de terre homo avec sa basse, et John Medeski qui nous a sortis des solos insupportables et criards au possible. Je deteste "Zeabos" et je deteste ce trio. La fin du set de trois titres sonna comme la libération de 1945 pour moi, mais ne soyons pas trop injuste, leur présence nous permit d'aller acheter quelques bières au bar sans faire la queue...
Masada string trio : Le trio en face de Zorn, assis à terre face à eux. C'est beau. Il se passe vraiment quelque chose quand ces trois la se réunissent. Ils avaient de quoi faire puisque ils sont les auteurs de deux book of angels, je n'ai aucune idées des titres qu'ils ont joués, mais ça l'a terriblement effectué. Zorn dirigé le tout, donnant le signe pour d'eventuels solos, et accompagnant les compositions que les musiciens lisent de toute façon à la partition. Mais il apporte un support presque moral pour ses potes, puis peut provoquer d'éventuels débordements (surtout lors de la conclusion) au sein d'une gestuelle codifiée et theâtrale qui apporte un indéniable plus en concert.
10 minutes d'entracte. C'était un peu mesquin, mais le concert a duré de 21 h à quasiment 1 heure du mat', donc on le comprendra. Les gars du bar, eux, ont rien compris à ce qu'ils leur arrivaient en revanche...
The dreamers : Enfin je réalise un vieux fantasme en voyant enfin cette formation que j'affectionne tant. Que dire de plus ? que c'etais magique, beau, émouvant ? Eh bien, ça l'était ! Ce sont les 3 premiers titres d'"Ipos" qui furent joués. Par contre, l'expérience est donc purement déceptive à ce niveau la, j'aurais aimé un set complet, celui çi n'a pas duré plus de 3 minutes dans ma tête. Marc Ribot est un monstre. Kenny Wollesen fait un peu le spectacle car son vibraphone est au centre et proche du public. Trevor Dunn avait une chemise horrible (mais le revoir nous a rappelé ce moment historique de Fantômas jouant au ATP). Zorn dirige aussi, même si c'est un petit peu plus inutile que pour les trois autres sets "directifs".
Bester quartet : Les mecs sont venus de Pologne, on a quand même été gaté au niveau de la programmation de ce marathon. Le set dans mon souvenir fut rapide niveau tempo, et bien exécuté. 4 titres, surement issus de "Balan" j'imagine. On ne voit pas trop le changement par rapport au Cracow Klezmer band, hormis quelques musiciens différents.
Erik Friedlander : qui s'attela à jouer quelques titres de "Volac". Ce fût excellent aussi, et le mec ne se démonte pas puisque c'étais la seule prestation solo de la soirée. Erik sait la jouer fine et émotionnelle. Mais quand il s'énerve, c'est une prestation autant visuelle qu'auditive. C'est passé super vite pour moi, et le public semble avoir bien apprécié aussi...
Bar Kokhba : avec les dreamers, certainement le plus beau set de la soirée. "Lucifer" est à l'honneur, ce qui tombe bien puisque c'est le meilleur volume de la série. Tout simplement renversant. Pas plus de détails à donner malheuresement, un concert de cette trempe se vit et ne se décrit pas. Zorn a un impact considérable dans l'art de conduire les morceaux de cette formation, surtout la section à cordes. Quelle classe atomique, bordel !
New Klezmer trio : Peut être parce que j'accusais un peu le coup à cause de la fatigue et de l'alcool ingurgité, mais leur set m'a paru mou et un poil longuet. Wollesen est un bon batteur, pas de doute la dessus, Greg Cohen a plus fait acte de présence qu'autre chose à l'inverse du masada string trio ou il demeure un élément plus qu'important. Et Ben Goldberg est certes bon dans son registre, mais aprés toute ses prestations brillantes et énergique, sa pauvre clarinette a eu du mal à passionner l'assistance. Sa place dans la programmation ne fut peut être pas des plus judicieuses...
Electric Masada : Le big band s'installa assez vite, ils devaient pas être spécialement en avance. Comme pour The dreamers, est ce que j'ai besoin de vous vanter les mérites du truc ? La double batterie, et la masse sonore fût la plus puissante de la soirée, en toute logique. Ikue Mori fera donc sa bréve apparition pour trois titres (tous présent sur "at the mountains...") et une vingtaine de minutes. Zorn est présent, dos au public, dirige et s'époumone dans son saxo comme pour nous achever. Le set est fini, standing ovation, tout le monde est debout. Tous les musiciens débarque sur scène, ils sont une chiée, c'est la que tu te rend compte de la logistique monstrueuse de ce marathon (et ne parlons même pas du cachet, alors que les places valaient 20 euros et qu'il y avait 1500/2000 personnes a tout casser, comme fait le theâtre ?). Le public hurlera pour un rappel, Zorn vient et hurle un truc du genre "on peut pas, désolé..." entre les applaudissements et les cris. Ce sera le final d'une méchante soirée, avouons le tendrement.
Cheers !
Sinon, en tans qu'habitant du sud de la France, j'ai eu la chance d'aller au Masada marathon donner en première européenne à Milan, Italie. Arrivé dans un quartier bien huppé (Gucci, Versace, Dior, etc...), On rencontre des français dans le resto en face du theâtre qui se sont déplacé de Paris. Un solide apéro et une magnifique herbe nous mettra du baume au coeur à l'entrée (en gros, on était au taquet) : Le teatro Manzoni est un magnifique endroit à l'italienne (faites travaillez votre imagination), et l'acoustique fut parfaite pour toutes les formations. A noter que je ne suis plus tout à fait sure des ordres de passage, la réponse à ce fait trois lignes au dessus...
Masada quartet : John Zorn en treillis qui présente ses potes, Dave Douglas en béret, 20 premières minutes qui nous font direct rentrer dans le bain, la magie masada se met en branle. Des stop and go de fou, Zorn qui s'agite à faire des signes, un Baron plus que monstrueux, le summum du jazz moderne à son sommet. Standing ovation dés la fin des 3 premiers titres. Mes potes étaient bouches bées, je me sentais comme un totem érotique...Ca démarre fort !
Sylvie Courvoisier et Mark Feldman : Je les ai vu il y a pas longtemps en première partie de l'Aleph trio à Paris en mai dernier, donc pas de grosse surprise. Quatre titres de Malphas joués (les 4 premiers il me semble), leur cohésion musicale (quasi sexuelle en fait...) est impressionnante. J'aime beaucoup quand Sylvie donne des coups de poings sur le piano, ça résonne à mort, c'est presque heavy.
Banquet of the spirits : une vrai surprise pour tous le monde puisque leur book of angels n'est pas sortis pour le moment. Le quatuor ne s'est pas laissé démonter, sous l'égide d'un Cyro Baptista presque hystérique par moment : il nous a sortis des percussions de dingue que même Macgyver n'oserait fabriquer. Shanir bidule est incroyable, que ce soit avec sa basse ou son oud (quel solo d'intro !). Un combo avec une cohésion passionnante, pour plusieurs titres de World music digne de ces disques sortis sur la key series de Tzadik. Une des meilleures prestations milanaise, assurément...
Mycale : Zorn vient lui même leur installer leur micro, en papa-compositeur qu'il est. Les demoiselles arrivent avec des robes pastels qui piquent au yeux. Le premier titre fut celui ou Malika Zarra lance des "je tourbillone" (me demandez pas le titre, je ne m'en souviens plus...). Leur prestation était plus intéréssante que sur disque, même si les 3 titres m'ont amplement suffis pour me faire une idée. Ayalet Rose est la plus canon des quatres, et demeure étrangement mise en avant dans la composition (des solos, lancement des rythmiques...). A l'inverse, Baysa Schecter est prodigieusement écarté, on la remarquait à peine dans le flow des trois autres...
Medeski, Martin & Wood : Présenté furtivement par Zorn. Billy Martin est un bon batteur, qui pourrait faire un malheur dans un groupe rock à tendance progressif. Malheuresement, il est accompagné par Chris Wood, l'homme qui se dandine comme un ver de terre homo avec sa basse, et John Medeski qui nous a sortis des solos insupportables et criards au possible. Je deteste "Zeabos" et je deteste ce trio. La fin du set de trois titres sonna comme la libération de 1945 pour moi, mais ne soyons pas trop injuste, leur présence nous permit d'aller acheter quelques bières au bar sans faire la queue...
Masada string trio : Le trio en face de Zorn, assis à terre face à eux. C'est beau. Il se passe vraiment quelque chose quand ces trois la se réunissent. Ils avaient de quoi faire puisque ils sont les auteurs de deux book of angels, je n'ai aucune idées des titres qu'ils ont joués, mais ça l'a terriblement effectué. Zorn dirigé le tout, donnant le signe pour d'eventuels solos, et accompagnant les compositions que les musiciens lisent de toute façon à la partition. Mais il apporte un support presque moral pour ses potes, puis peut provoquer d'éventuels débordements (surtout lors de la conclusion) au sein d'une gestuelle codifiée et theâtrale qui apporte un indéniable plus en concert.
10 minutes d'entracte. C'était un peu mesquin, mais le concert a duré de 21 h à quasiment 1 heure du mat', donc on le comprendra. Les gars du bar, eux, ont rien compris à ce qu'ils leur arrivaient en revanche...
The dreamers : Enfin je réalise un vieux fantasme en voyant enfin cette formation que j'affectionne tant. Que dire de plus ? que c'etais magique, beau, émouvant ? Eh bien, ça l'était ! Ce sont les 3 premiers titres d'"Ipos" qui furent joués. Par contre, l'expérience est donc purement déceptive à ce niveau la, j'aurais aimé un set complet, celui çi n'a pas duré plus de 3 minutes dans ma tête. Marc Ribot est un monstre. Kenny Wollesen fait un peu le spectacle car son vibraphone est au centre et proche du public. Trevor Dunn avait une chemise horrible (mais le revoir nous a rappelé ce moment historique de Fantômas jouant au ATP). Zorn dirige aussi, même si c'est un petit peu plus inutile que pour les trois autres sets "directifs".
Bester quartet : Les mecs sont venus de Pologne, on a quand même été gaté au niveau de la programmation de ce marathon. Le set dans mon souvenir fut rapide niveau tempo, et bien exécuté. 4 titres, surement issus de "Balan" j'imagine. On ne voit pas trop le changement par rapport au Cracow Klezmer band, hormis quelques musiciens différents.
Erik Friedlander : qui s'attela à jouer quelques titres de "Volac". Ce fût excellent aussi, et le mec ne se démonte pas puisque c'étais la seule prestation solo de la soirée. Erik sait la jouer fine et émotionnelle. Mais quand il s'énerve, c'est une prestation autant visuelle qu'auditive. C'est passé super vite pour moi, et le public semble avoir bien apprécié aussi...
Bar Kokhba : avec les dreamers, certainement le plus beau set de la soirée. "Lucifer" est à l'honneur, ce qui tombe bien puisque c'est le meilleur volume de la série. Tout simplement renversant. Pas plus de détails à donner malheuresement, un concert de cette trempe se vit et ne se décrit pas. Zorn a un impact considérable dans l'art de conduire les morceaux de cette formation, surtout la section à cordes. Quelle classe atomique, bordel !
New Klezmer trio : Peut être parce que j'accusais un peu le coup à cause de la fatigue et de l'alcool ingurgité, mais leur set m'a paru mou et un poil longuet. Wollesen est un bon batteur, pas de doute la dessus, Greg Cohen a plus fait acte de présence qu'autre chose à l'inverse du masada string trio ou il demeure un élément plus qu'important. Et Ben Goldberg est certes bon dans son registre, mais aprés toute ses prestations brillantes et énergique, sa pauvre clarinette a eu du mal à passionner l'assistance. Sa place dans la programmation ne fut peut être pas des plus judicieuses...
Electric Masada : Le big band s'installa assez vite, ils devaient pas être spécialement en avance. Comme pour The dreamers, est ce que j'ai besoin de vous vanter les mérites du truc ? La double batterie, et la masse sonore fût la plus puissante de la soirée, en toute logique. Ikue Mori fera donc sa bréve apparition pour trois titres (tous présent sur "at the mountains...") et une vingtaine de minutes. Zorn est présent, dos au public, dirige et s'époumone dans son saxo comme pour nous achever. Le set est fini, standing ovation, tout le monde est debout. Tous les musiciens débarque sur scène, ils sont une chiée, c'est la que tu te rend compte de la logistique monstrueuse de ce marathon (et ne parlons même pas du cachet, alors que les places valaient 20 euros et qu'il y avait 1500/2000 personnes a tout casser, comme fait le theâtre ?). Le public hurlera pour un rappel, Zorn vient et hurle un truc du genre "on peut pas, désolé..." entre les applaudissements et les cris. Ce sera le final d'une méchante soirée, avouons le tendrement.
Cheers !
jeudi 28 octobre 2010
JEREMIAH CYMERMAN - In memory of the labyrinth system
Résidant de Brooklyn, Jeremiah Cymerman est un jeune artiste qui a décidé de créer et developper son propre language sonique à la clarinette, notamment en matière de technique de jeu, de placements des micros et de l'édition et manipulation de Pro tools. Sa vision musical s'interdit beaucoup de choses d'ailleurs, de l'enregistrement qui se passe par réverbération ou compression incongrus, ou l'interdiction d'utiliser un son traditionel à la clarinette (uniquement des techniques d'extension pour aboutir à des sons non traditionnels). Le résultat lui permit de faire quelques prestations dans les lieux expérimantaux new yorkais (roulette, Issue project room) et bien entendu au Stone de Manhattan, antre de John Zorn qui assista à une prestation et qui s'empressa de signer le kid. Guère étonnant dans le fond : l'art de developper un language précis avec un instrument, John Zorn l'a fait quinze ans avant au saxophone avec son "classic guide to strategy". L'univers de Cymerman est cependant plus noisy (des sonorités limite agressives parfois) et moins talentueux (des techniques basés sur les éléments extérieurs et non la dextérité). Si le disque démarre correct avec un aura sombre, il casse vite les couilles et tourne finalement en rond dans la surenchère de grésillements. Pour les amateurs hardcore de clarinette barré...
dimanche 24 octobre 2010
MORTON FELDMAN - Patterns in a chromatic field
Morton Feldman, compositeur néo-classique avant gardiste américain né en 1926 et décédé en 1987. La pièce "patterns in a chromatic field" est déstiné à deux musiciens : un pianiste et un violoncelliste. Je précise ce fait car il existe apparement une autre version de cette pièce via un autre disque qui contient deux autres interprètes. Celle de Tzadik est apparement la définitive, et à priori la meilleure à lire la fameuse tranche noire qui en devient comique tellement il exagere un peu les faits parfois.
Feldman était un spécialiste des pièces souvent longue : celle çi dure 80 minutes sur une seule et unique plage. Sachez que ce n'est pas le record du gaillard qui en a écrit une de 4 heures et une 5 heures. Le compositeur était aussi passioné de tapis orientaux (d'ou l'artwork) : le principe de retrouver toujours la même trame et les même motifs, mais jamais exactement identique car fabriqué à la main. C'est dans le fond un peu pareil pour ce disque : la longueur de lapièce ainsi que les faibles changements de tonalité, rythme et tempo font qu'une oreille peu habitué aurait parfois l'impression d'entendre la même chose. Etant donné la richesse de cette composition, ce serait pourtant une grave erreur. Ce disque est magistral dans son genre : il nous emporte dans un tourbillon néo classique hypnotique, le temps se fige, on a l'impression que la pièce pourrait durer trois jours non-stop. L'accalmie cumulé développe petit à petit une ambiance sombre, mystérieuse, voir glauque, on peut facilement commencer à se faire des films dans sa tête. A ce juste titre, "patterns..." est une vrai prestation incroyable, et j'en recommande grandement l'écoute...
Feldman était un spécialiste des pièces souvent longue : celle çi dure 80 minutes sur une seule et unique plage. Sachez que ce n'est pas le record du gaillard qui en a écrit une de 4 heures et une 5 heures. Le compositeur était aussi passioné de tapis orientaux (d'ou l'artwork) : le principe de retrouver toujours la même trame et les même motifs, mais jamais exactement identique car fabriqué à la main. C'est dans le fond un peu pareil pour ce disque : la longueur de lapièce ainsi que les faibles changements de tonalité, rythme et tempo font qu'une oreille peu habitué aurait parfois l'impression d'entendre la même chose. Etant donné la richesse de cette composition, ce serait pourtant une grave erreur. Ce disque est magistral dans son genre : il nous emporte dans un tourbillon néo classique hypnotique, le temps se fige, on a l'impression que la pièce pourrait durer trois jours non-stop. L'accalmie cumulé développe petit à petit une ambiance sombre, mystérieuse, voir glauque, on peut facilement commencer à se faire des films dans sa tête. A ce juste titre, "patterns..." est une vrai prestation incroyable, et j'en recommande grandement l'écoute...
samedi 23 octobre 2010
OTOMO YOSHIHIDE - Anode
Zorn a l'air assez fier de sortir les deux disques les plus intenses de Otomo Yoshihide, versatile compositeur japonais assez reconnu dans les milieux expérimentaux japonais autorisé (ground zero, etc...). Sauf que cette fois, c'est rééllement intense as fuck, de quoi de mettre la tête grosse comme une citrouille. 12 musiciens, un table de mix, deux guitares, un koto préparé, et tout le reste de percussions et batteries. Sinon, les grands axes sont assez simples : improvisation totale, interprétation sauvage, temps limité, et trois règles imposés par le compositeur :
1. Ne pas répondre aux sonorités des autres
2. Ne former aucun trame de l'introduction jusqu'à la conclusion
3. Eviter toute notion de mélodies, rythmes populaires, clichés, etc...
Ces instructions prêtent à sourire, mais elle font aussi peut être la faiblesse de ce disque : un énorme magma sonore bouillonant bruitiste à souhait (pour la pièce "anode 1" et sa variation), ou de la musique expérimentale sans queue, ni tête abstraite à souhait (les pièces "anode 2/3"). Voila une prestation qui devait être visuelle, qui peut faire un certain effet en live (te démolir les neurones en deux sets), mais qui a du mal à prendre sur disque, peut être trop extrême pour moi. Les fervents d'impro pure et des parachutes years zornienne apprécieront cependant...
1. Ne pas répondre aux sonorités des autres
2. Ne former aucun trame de l'introduction jusqu'à la conclusion
3. Eviter toute notion de mélodies, rythmes populaires, clichés, etc...
Ces instructions prêtent à sourire, mais elle font aussi peut être la faiblesse de ce disque : un énorme magma sonore bouillonant bruitiste à souhait (pour la pièce "anode 1" et sa variation), ou de la musique expérimentale sans queue, ni tête abstraite à souhait (les pièces "anode 2/3"). Voila une prestation qui devait être visuelle, qui peut faire un certain effet en live (te démolir les neurones en deux sets), mais qui a du mal à prendre sur disque, peut être trop extrême pour moi. Les fervents d'impro pure et des parachutes years zornienne apprécieront cependant...
vendredi 22 octobre 2010
JOHN ZORN - The goddess (music for the ancient of days)
83eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Sixième disque du marathon Zornien puisque 12 nouvelles oeuvres sont attendus en 2010 (on annonce même le chiffre de 15, car il est vrai que plusieurs rééditions sont à paraitre, ainsi qu'une première parution vynil). Superbe digipack dans la même veine que "Six litanies...", avec des oeuvres de la jeune artiste japonaise Akino Kondoh, qui soutient une vision sombre et introspective de la féminité, et qui demeure exposé à la plums bossoms gallery de New york.
Toujours dans le registre du mysticisme, Zorn nous offre donc sept nouvelles odes dédié aux femmes au sein de l'univers de la magie, du rituel ou de la mythologie. Le sujet parait assez vaste, et on n'a pas trop de précisions sur ce qui a eventuellement inspiré le compositeur précisement. Voici cependant un disque typique de John Zorn (era 2010). Le line up est d'un classique absolu dans le genre ; l'alhambra trio se dissout peu à peu et The dreamers envahit peu à peu la place. Rob Burger et Ben Perowsky (piano/batterie) se couple avec Marc Ribot, Kenny Wollesen et Trevor Dunn (guitare, vibraphone et basse) tandis que Carol Emanuel arbitre le tout avec sa harpe. Sans aucune surprise sur le contenu, voici sept bons morceaux composé d'une main de maitre et interprété encore une fois par un cercle de musiciens avec des niveaux individuels techniques tout simplement ahurissant. Les blasés diront que Zorn se répéte un peu dans son registre. Je préfére voir le coté positif, sachant que ce disque est un vrai plaisir d'écoute, spirituel et lyrique à souhait. Le principal problème demeure qu'à mes yeux, il enterre sur place "in search..." qui était un disque beaucoup moins riche harmoniquement parlant, étant donné qu'il y avait moins d'instruments. De plus, au vue de leur écart de date de sortie, on ne manquera pas de comparer "the goddess" à "in search" (en bien à priori), voir aux oeuvres de the dreamers, puisque on est dans la même veine easy listening dans le fond (et que de plus en plus de musiciens gravitent dans ce projet). Peu importe, voila un nouveau chapitre envoutant de l'oeuvre Zornienne, et je recommande grandement son acquisition...
edit : voici les influences de ce disque (courtesy of 777, thanx to him and his great knowledge)
- "Ishtar". Rappellez-vous que Femina commence avec un hommage à En Hedu'Anna.
- "Haptameron" (Heptaméron en français) est un livre du XVIè de Marguerite de Navarre.
- "Drawing Down the Moon" est un rituel magique de la Wicca, créée par Gardner (qui était déjà à la base du morceau "Book of Shadows").
- "Ode to Delphi" fait bien sûr référence à La Pythie de Delphes chez les anciens grecs.
- Et "In the Search of the Miraculous" est le titre d'un livre d'Oupensky, ancien disciple de Gurdieff, où il relate l'enseignement de son maître (traduit en français sous le titre "Fragment d'un Enseignement Inconnu").
Toujours dans le registre du mysticisme, Zorn nous offre donc sept nouvelles odes dédié aux femmes au sein de l'univers de la magie, du rituel ou de la mythologie. Le sujet parait assez vaste, et on n'a pas trop de précisions sur ce qui a eventuellement inspiré le compositeur précisement. Voici cependant un disque typique de John Zorn (era 2010). Le line up est d'un classique absolu dans le genre ; l'alhambra trio se dissout peu à peu et The dreamers envahit peu à peu la place. Rob Burger et Ben Perowsky (piano/batterie) se couple avec Marc Ribot, Kenny Wollesen et Trevor Dunn (guitare, vibraphone et basse) tandis que Carol Emanuel arbitre le tout avec sa harpe. Sans aucune surprise sur le contenu, voici sept bons morceaux composé d'une main de maitre et interprété encore une fois par un cercle de musiciens avec des niveaux individuels techniques tout simplement ahurissant. Les blasés diront que Zorn se répéte un peu dans son registre. Je préfére voir le coté positif, sachant que ce disque est un vrai plaisir d'écoute, spirituel et lyrique à souhait. Le principal problème demeure qu'à mes yeux, il enterre sur place "in search..." qui était un disque beaucoup moins riche harmoniquement parlant, étant donné qu'il y avait moins d'instruments. De plus, au vue de leur écart de date de sortie, on ne manquera pas de comparer "the goddess" à "in search" (en bien à priori), voir aux oeuvres de the dreamers, puisque on est dans la même veine easy listening dans le fond (et que de plus en plus de musiciens gravitent dans ce projet). Peu importe, voila un nouveau chapitre envoutant de l'oeuvre Zornienne, et je recommande grandement son acquisition...
edit : voici les influences de ce disque (courtesy of 777, thanx to him and his great knowledge)
- "Ishtar". Rappellez-vous que Femina commence avec un hommage à En Hedu'Anna.
- "Haptameron" (Heptaméron en français) est un livre du XVIè de Marguerite de Navarre.
- "Drawing Down the Moon" est un rituel magique de la Wicca, créée par Gardner (qui était déjà à la base du morceau "Book of Shadows").
- "Ode to Delphi" fait bien sûr référence à La Pythie de Delphes chez les anciens grecs.
- Et "In the Search of the Miraculous" est le titre d'un livre d'Oupensky, ancien disciple de Gurdieff, où il relate l'enseignement de son maître (traduit en français sous le titre "Fragment d'un Enseignement Inconnu").
samedi 16 octobre 2010
MATTHEW WELCH - Dream tigers
Jeune compositeur résidant à New York et ayant étudié sous l'égide d'Alvin Lucier et D'anthony Braxton entre autres. L'instrument de prédilection de Matthew, c'est la cornemuse traditionnelle (il en existe des centaines différentes en fait quand on se renseigne) d'origine écossaise, un instrument trés peu exploiter dans le sillage de Tzadik. "Dream tigers" ne démarre cependant pas d'entrée de jeu avec Welch en musicien, mais plutôt en compositeur. On retrouve en premier lieu "Siubhal turnlar", un string quartet de 25 minutes brillant dans sa conception. Le début est assez virulent, frôlant avec une sphère expérimentale indéniable ; la suite se calme et tend vers une atmosphère cinématographique séduisante. La seconde pièce est une exploration sonique de la clarinette en solo, dans son jeu le plus bas et sombre, qui nous ouvre de belles perspectives. La dernière pièce "the self and the other" est la plus incroyable. On y retrouve tout un ensemble unique composé de Welch à la cornemuse, d'un piano, et de huits percussionistes. Superposition de deux univers différents, les gamelan traditionels de Java ou Bali (voir mon autre blog, section sublime frequencies pour plus d'infos) et la tradition occidentale avec les deux instruments. Lyrique, émotionnelle et envoutante, cette pièce est vraiment magnifique et mérite grandement l'écoute. Matthew Welch frappe fort avec ce premier disque pour Tzadik et on attend son retour avec impatience sous l'égide du label New yorkais...
lundi 11 octobre 2010
JOHN ZORN - From silence to sorcery
13eme disque sortis par John Zorn sur la composer series, destiné avant tout à ressortir ses archives de chamber music, montrant ainsi ses talents de compositeur contemporain. On est ici aussi pleinement dans la notion d'archives, puisque les compositions commencent à avoir plus d'une décénnie d'ancienneté.
Pour une fois, je vais déroger à la règle de détailler les influences de John Zorn quand à la création d'une oeuvre. Elles sont de toute manière assez récurrentes sur la composer serie, y compris sur "from silence..." (les invocations spirituelles démoniaques, le chamanisme coréen, le vaudou haitien, etc...). Je n'ai pas spécialement envie de m'y attarder car je n'ai pas accrocher ce disque. Dire que le compositeur sombre dans la facilité serait bien evidemment une forme de sacrilège étant donné la complexité intellectuelle et technique des 3 pièces présentes. Mais encenser ces dernières sous pretexte qu'il s'agit de John Zorn, je ne m'y résoudrais pas non plus malgré toute ma profonde affection envers lui. "Goetia" n'arrive pas à la cheville de "Volac" dans le registre violon solo, "gris-gris" est une pièce aussi technique qu'ennuyeuse malgré toute la bonne volonté de William Winant. Quand à "Shibboleth", que Zorn décrit fièrement comme un de ses chamber works les plus silencieux, son minimalisme n'est pas foncièrement désagréable, mais comporte un effet secondaire soporifique assez prodigieux. Tous ses éléments réunis font de "from silence to sorcery" un disque relativement anecdotique de la composer serie (seul l'artwork global releve un peu le niveau). C'est evidemment un avis trés personnel, qui prouve cependant encore un peu d'objectivité malgré ma grande admiration pour la carrière globale de Zorn.
Pour une fois, je vais déroger à la règle de détailler les influences de John Zorn quand à la création d'une oeuvre. Elles sont de toute manière assez récurrentes sur la composer serie, y compris sur "from silence..." (les invocations spirituelles démoniaques, le chamanisme coréen, le vaudou haitien, etc...). Je n'ai pas spécialement envie de m'y attarder car je n'ai pas accrocher ce disque. Dire que le compositeur sombre dans la facilité serait bien evidemment une forme de sacrilège étant donné la complexité intellectuelle et technique des 3 pièces présentes. Mais encenser ces dernières sous pretexte qu'il s'agit de John Zorn, je ne m'y résoudrais pas non plus malgré toute ma profonde affection envers lui. "Goetia" n'arrive pas à la cheville de "Volac" dans le registre violon solo, "gris-gris" est une pièce aussi technique qu'ennuyeuse malgré toute la bonne volonté de William Winant. Quand à "Shibboleth", que Zorn décrit fièrement comme un de ses chamber works les plus silencieux, son minimalisme n'est pas foncièrement désagréable, mais comporte un effet secondaire soporifique assez prodigieux. Tous ses éléments réunis font de "from silence to sorcery" un disque relativement anecdotique de la composer serie (seul l'artwork global releve un peu le niveau). C'est evidemment un avis trés personnel, qui prouve cependant encore un peu d'objectivité malgré ma grande admiration pour la carrière globale de Zorn.
dimanche 10 octobre 2010
JOHN ZORN - Dictée/Liber Novus
82eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Cinquiéme disque du marathon Zornien puisque 12 nouvelles oeuvres sont attendus en 2010 (on annonce même le chiffre de 15, car il est vrai que plusieurs rééditions sont à paraitre, ainsi qu'une première parution vynil)
Si la pochette frontale n'est pas la plus belle oeuvre de Chippy (c'est peu de le dire...), l'ensemble du digipack est plutôt bien foutu, une belle photo énigmatique de Marcel Duchamp et un artwork correct forme un ensemble artistique agréable. Je suis personellement trés heureux que John Zorn se soit remis aux "file cards" compositions, car je pense que dans le cadre de sa composition pure (hors groupes, filmworks, etc...), il nous a offert ses plus belles oeuvres mythiques ("elegy", "spillane") et "Femina" en restait un exemple récent vraiment réussis. Deux compositions majeures constituent ce disque, on s'en serait douté...
"Dictée", composée en 2009, 23 minutes au compteur. Dédié donc à Thérésa Hak-Kyung Cha, jeune romancière d'origine coréenne qui migra aux USA dans le cadre de ses études. Elle écrivit un seul roman "Dictée" qui apparement a atteint son statut d'oeuvre post-moderne culte. D'autant que son auteur mouru assassinée à NY par un inconnu une semaine seulement aprés la sortie du livre, ça fait désordre...Zorn fut inspiré par le livre, c'est indéniable. On se retrouve de nouveau dans un film imaginaire avec une narration (en français, par Sylvie Courvoisier, cocorico !) exactement comme le processus de "Godard/Spillane". Des passages lyriques (la piano de Courvoisier, le violoncelle de Lee), des reminiscences asiatiques (le Shakuhachi de Rothenberg), Des ambiances étranges (Wollesen et Zorn aux percussions et samples), une certaine forme de suspense, bref, une trés belle composition réfléchie et inspirée, et certainement une future oeuvre majeure du maitre Zorn.
On peut quasiment en dire autant de "Liber novus", composé en 2010, et couvrant 16 minutes. . Inspiré par le "red book" (nommé pourtant "liber novus" à l'origine) du psychiatre et psychologue Carl Gustav Jung (voir sur wikipedia pour plus de détails). Un livre trés imaginatif apparement, destinée à developper l'imagerie mythique à travers l'inconscient collectif. Son auteur y rencontre des protagonistes accompagné d'animaux. C'est pourquoi la composition de John Zorn renferme elle aussi énormement de sons d'animaux (chiens, lions, serpents, cochons, oiseaux), couplé avec de superbes instrumentaux mélodiques ou des instants bruyants abruptes et vifs. On décéle facilement un trés gros boulot de mise en place des structures, alors qu'il n'y a dans le fond seulement que quatre musiciens (Zorn n'effectuant qu'une trés courte narration allemande). Hormis Wollesen toujours impeccable avec ses percussions de sa propre fabrication, on remarquera des collaborateurs un peu inhabituels du cercle Zornien : John Medeski à l'orgue, Stephen Gosling au piano, et David Slusser aux effets sonores (trés nombreux d'ailleurs).
Le faible nombre de musiciens n'empêche cependant pas la richesse spirituelle (obligatoire étant donné le sujet) de la composition d'agir, et de se completer merveilleusement bien avec "Dictée". Ce disque demeure donc un chapitre important dans l'"archival serie", et sera à coup sur un futur classique.
Si la pochette frontale n'est pas la plus belle oeuvre de Chippy (c'est peu de le dire...), l'ensemble du digipack est plutôt bien foutu, une belle photo énigmatique de Marcel Duchamp et un artwork correct forme un ensemble artistique agréable. Je suis personellement trés heureux que John Zorn se soit remis aux "file cards" compositions, car je pense que dans le cadre de sa composition pure (hors groupes, filmworks, etc...), il nous a offert ses plus belles oeuvres mythiques ("elegy", "spillane") et "Femina" en restait un exemple récent vraiment réussis. Deux compositions majeures constituent ce disque, on s'en serait douté...
"Dictée", composée en 2009, 23 minutes au compteur. Dédié donc à Thérésa Hak-Kyung Cha, jeune romancière d'origine coréenne qui migra aux USA dans le cadre de ses études. Elle écrivit un seul roman "Dictée" qui apparement a atteint son statut d'oeuvre post-moderne culte. D'autant que son auteur mouru assassinée à NY par un inconnu une semaine seulement aprés la sortie du livre, ça fait désordre...Zorn fut inspiré par le livre, c'est indéniable. On se retrouve de nouveau dans un film imaginaire avec une narration (en français, par Sylvie Courvoisier, cocorico !) exactement comme le processus de "Godard/Spillane". Des passages lyriques (la piano de Courvoisier, le violoncelle de Lee), des reminiscences asiatiques (le Shakuhachi de Rothenberg), Des ambiances étranges (Wollesen et Zorn aux percussions et samples), une certaine forme de suspense, bref, une trés belle composition réfléchie et inspirée, et certainement une future oeuvre majeure du maitre Zorn.
On peut quasiment en dire autant de "Liber novus", composé en 2010, et couvrant 16 minutes. . Inspiré par le "red book" (nommé pourtant "liber novus" à l'origine) du psychiatre et psychologue Carl Gustav Jung (voir sur wikipedia pour plus de détails). Un livre trés imaginatif apparement, destinée à developper l'imagerie mythique à travers l'inconscient collectif. Son auteur y rencontre des protagonistes accompagné d'animaux. C'est pourquoi la composition de John Zorn renferme elle aussi énormement de sons d'animaux (chiens, lions, serpents, cochons, oiseaux), couplé avec de superbes instrumentaux mélodiques ou des instants bruyants abruptes et vifs. On décéle facilement un trés gros boulot de mise en place des structures, alors qu'il n'y a dans le fond seulement que quatre musiciens (Zorn n'effectuant qu'une trés courte narration allemande). Hormis Wollesen toujours impeccable avec ses percussions de sa propre fabrication, on remarquera des collaborateurs un peu inhabituels du cercle Zornien : John Medeski à l'orgue, Stephen Gosling au piano, et David Slusser aux effets sonores (trés nombreux d'ailleurs).
Le faible nombre de musiciens n'empêche cependant pas la richesse spirituelle (obligatoire étant donné le sujet) de la composition d'agir, et de se completer merveilleusement bien avec "Dictée". Ce disque demeure donc un chapitre important dans l'"archival serie", et sera à coup sur un futur classique.
dimanche 3 octobre 2010
JOHN ZORN - Ipsissimus
86eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Neuvième disque du marathon Zornien puisque 12 nouvelles oeuvres sont attendus en 2010 (on annonce même le chiffre de 15, car il est vrai que plusieurs rééditions sont à paraitre, ainsi qu'une première parution vynil)
Chouette digipack une nouvelle fois, bien mieux foutu que "the crucible", avec des peintures de William Blake à l'intérieur, et un coté arty comme nous a habitué Tzadik au fils des années.
Nouvelle livraison de Moonchild donc, dont je préssentais l'arrêt au dernier opus de 2008, et dont vous apprécierez l'erreur de pronostic une nouvelle fois (moralité : plus de pronostic). La nouveauté 2010, histoire que la formation ne tourne pas en rond, demeure une configuration qui se veut soit minimaliste (le duo rythmique Dunn-Baron dans son plus simple appareil), soit normale, soit maximaliste (le trio originel, accompagné de Zorn au sax et de Ribot à la guitare). Le premier titre en quatuor est trés bon, même si déja entendu dans le genre. La vrai découverte s'installe dés le second titre "the book of Los", ou Ribot débarque tranquillement et s'immisce dans la formidable paire rythmique pour un morceau incantatoire au possible, une montée ultra progressive ou le quintet explose de fureur sur le final. Même configuration pour le superbe "warlock", tout en contraste, avec la guitare qui apporte une vrai énergie en plus. Le reste des morceaux reste correct, mais malheuresement n'apporte pas de vraies innovations : Si Dunn (qui claque moins les cordes et enchainent plus les notes) et Baron reste un solide pilier, Ribot se lâche parfois dans des délires noisy et dissonants digne d"Asmodeus" dont je ne suis pas super fan, Patton s'essoufle dans son propre registre à force de crier et gonfler la gorge, et Zorn est relativement discret. Mais que devions nous attendre de plus de Moonchild ? Deux titres énormes, et un album correct dans son ensemble, on s'en tire plutôt pas mal. Avec la densité de l'oeuvre Zornienne durant cette année 2010, on ne blamera donc pas le saxophoniste de jammer avec ses potes de temps en temps...
Chouette digipack une nouvelle fois, bien mieux foutu que "the crucible", avec des peintures de William Blake à l'intérieur, et un coté arty comme nous a habitué Tzadik au fils des années.
Nouvelle livraison de Moonchild donc, dont je préssentais l'arrêt au dernier opus de 2008, et dont vous apprécierez l'erreur de pronostic une nouvelle fois (moralité : plus de pronostic). La nouveauté 2010, histoire que la formation ne tourne pas en rond, demeure une configuration qui se veut soit minimaliste (le duo rythmique Dunn-Baron dans son plus simple appareil), soit normale, soit maximaliste (le trio originel, accompagné de Zorn au sax et de Ribot à la guitare). Le premier titre en quatuor est trés bon, même si déja entendu dans le genre. La vrai découverte s'installe dés le second titre "the book of Los", ou Ribot débarque tranquillement et s'immisce dans la formidable paire rythmique pour un morceau incantatoire au possible, une montée ultra progressive ou le quintet explose de fureur sur le final. Même configuration pour le superbe "warlock", tout en contraste, avec la guitare qui apporte une vrai énergie en plus. Le reste des morceaux reste correct, mais malheuresement n'apporte pas de vraies innovations : Si Dunn (qui claque moins les cordes et enchainent plus les notes) et Baron reste un solide pilier, Ribot se lâche parfois dans des délires noisy et dissonants digne d"Asmodeus" dont je ne suis pas super fan, Patton s'essoufle dans son propre registre à force de crier et gonfler la gorge, et Zorn est relativement discret. Mais que devions nous attendre de plus de Moonchild ? Deux titres énormes, et un album correct dans son ensemble, on s'en tire plutôt pas mal. Avec la densité de l'oeuvre Zornienne durant cette année 2010, on ne blamera donc pas le saxophoniste de jammer avec ses potes de temps en temps...
ZEENA PARKINS - Pan-acousticon
Je ne vais pas m'étendre des heures sur cette oeuvre de Zeena Parkins : je ne l'ai vraiment pas apprécié. Cela peut sembler bizarre, car nous avons affaire ici à un disque expérimental pur souche, dans la même veine que beaucoup d'autre volumes de la section. L'approche de composition de la harpiste m'a passablement exaspéré : sans queue, ni tête, les morceaux se perdent dans des méandres bruitistes usants, des clichés instrumentaux fatiguants, et un concept complétement raté. Trés vite, on se prend à zapper beaucoup de passages particuliérement stressant, dans le mauvais sens du terme. Parkins s'offre donc le luxe de nous offrir la vision la plus corrompue de la musique expérimentale : du croquage de cerveau quasiment gratuit, avec des instrumentaux bien chiant. J'espere pour la harpiste que ces autres disques sur Tzadik sont meilleurs que celui çi...
ANTHONY COLEMAN - Freakish
Pas grand chose à dire sur cette nouvelle livraison d'Anthony Coleman pour le label de son pote saxophoniste. S'attaquant au répertoire de Ferdinand "Jelly roll" Morton, l'un des inventeurs estampillé du jazz dans les années 1920, Anthony Coleman aura mis quelques années avant de se décider d'apprendre les 13 titres qui composent ce "Freakish". Trés agréable à l'écoute, le piano de Coleman swingue et demeure plein de fantaisie, on est trés vite transposé dans une maison close au coeur de l'Amérique, les endroits de prédilection ou Morton jouait. Voir le wikipedia du gaillard pour plus d'infos intéréssantes. Une chose est sure, l'hommage de Coleman est sincère et dévoué, et vos oreilles le ressentiront...
mardi 28 septembre 2010
BILL LASWELL - Invisible design
Est ce que un seul des lecteurs de ce blog aurait t'il le cran de critiquer Bill Laswell ? Ne comptez pas sur moi pour le faire en tous cas. Pourtant, pour tout avouer, je ne suis pas un die hard fan du lascar, et Hormis Painkiller, Massacre et Praxis, je suis un peu novice dans la connaissance de son oeuvre massive et variée. Alors certes, ce terroriste musical (comme se plait à l'appeler son copain Zorn) a une incroyable carrière de producteur. Mais il n'en demeure pas moins un extraordinaire joueur de basse, et un prolifique faiseur de sons et d'ambiances, ce disque en est la parfaite preuve. Une parfaite exploration solo de sa basse et de ses multiples pédales et effets, et Laswell nous attire dans un magma mouvant et cottoneux, à la croisée du dub et de l'ambiant, pour un résultat hypnotique et attirant. On sent dans les croquis du livret (une récurrente sur les disques de la composer serie d'ailleurs, ou vous pouvez en apercevoir sur tous les volumes) que c'est surtout l'envie de se faire plaisir qui prédomine, une petite branlette digitale en somme. Mais loin de nous pondre un disque insipide, l'immense talent du lascar suffit à nous captiver du début à la fin avec des sonorités véritablement jouissives par leurs grooves démentiels (le créneau favori de Laswell de toute façon). Artwork plus que minimaliste, mais il fallait oser...
mercredi 22 septembre 2010
RAFI MALKIEL - Water
Rafi Malkiel, tromboniste de la downtown scene ayant joué avec Ray Anderson entre autre, natif d'Israel et résident aujourd'hui à New York. Quand on vit dans la grosse pomme et qu'on fait de la musique d'influence juive, on a de grande chance de finir dans les rangs de Tzadik, ce qui demeure une chouette récompense, le label étant distribué mondialement et bénéficiant d'une excellente image de marque.
Artwork sobre et classieux pour un opus qui tourne autour du concept de l'eau dans toutes ses formes. On ne s'étonnera donc pas d'entendre pas mal de bruits de flotte tout au longs des riches 12 titres composé par le tromboniste. Entouré d'un line-up assez conséquent de 14 musiciens, dont pas mal de cuivres et de percussions, les morceaux en gagnent en instrumentations et en richesse, et ça fait plaisir à entendre. On tape dans un registre entre musique de l'Europe de l'est et jazz, ça swingue dans tous les sens et donne envie de taper du pied. Ca me rappelle Daphna Sadeh ou Paul Shapiro dans cette même section, et c'est du bon matos une fois de plus...
Artwork sobre et classieux pour un opus qui tourne autour du concept de l'eau dans toutes ses formes. On ne s'étonnera donc pas d'entendre pas mal de bruits de flotte tout au longs des riches 12 titres composé par le tromboniste. Entouré d'un line-up assez conséquent de 14 musiciens, dont pas mal de cuivres et de percussions, les morceaux en gagnent en instrumentations et en richesse, et ça fait plaisir à entendre. On tape dans un registre entre musique de l'Europe de l'est et jazz, ça swingue dans tous les sens et donne envie de taper du pied. Ca me rappelle Daphna Sadeh ou Paul Shapiro dans cette même section, et c'est du bon matos une fois de plus...
dimanche 12 septembre 2010
MAMORU FUJIEDA - Pattern of plants
Mamoru Fujieda est un des compositeurs japonais les plus discrets du label New Yorkais. Affilié depuis les débuts de Tzadik, voici son second disque sortis en 1997 sur la composer serie intitulé "Pattern of plants".
Le concept est assez complexe d'aprés ce que j'ai pu comprendre des notes du livret. Fasciné par la corrélation entre l'environnement et la musique, le compositeur a branché des électrodes sur des plantes. Avec leur évolution, ces dernières développent de la photosynthèse qui produit des micro-sources éléctriques qu'un ordinateur capte, enregistre et analyse via un logiciel. Mamoru Fujieda retranscrit ensuite les données dans un language musical, que des musiciens interprétent par la suite avec des instruments traditionnels japonais comme le Koto et le Sho (entre autres). Nous sommes donc en présence d'une vrai intellectualisation de la musique, et d'une véritable recherche quasi scientifique (j'ai vraiment simplifier les explications du livret) ce qui force le respect. Pour joindre l'utile à l'agréable, le disque sonne vraiment bien : 75 minutes (il est vraiment trés long effectivement) de différentes variantes d'instruments ensemble, qui donne un coté ambiant traditionnel ultra reposant, qui rappelle fortement le minimalisme. Un magnifique épisode Tzadik qui se veut être l'un des plus calme et apaisant. A noter que le second volume de ce concept est sortis il y a peu sur cette même section en 2008 par le même auteur....
Le concept est assez complexe d'aprés ce que j'ai pu comprendre des notes du livret. Fasciné par la corrélation entre l'environnement et la musique, le compositeur a branché des électrodes sur des plantes. Avec leur évolution, ces dernières développent de la photosynthèse qui produit des micro-sources éléctriques qu'un ordinateur capte, enregistre et analyse via un logiciel. Mamoru Fujieda retranscrit ensuite les données dans un language musical, que des musiciens interprétent par la suite avec des instruments traditionnels japonais comme le Koto et le Sho (entre autres). Nous sommes donc en présence d'une vrai intellectualisation de la musique, et d'une véritable recherche quasi scientifique (j'ai vraiment simplifier les explications du livret) ce qui force le respect. Pour joindre l'utile à l'agréable, le disque sonne vraiment bien : 75 minutes (il est vraiment trés long effectivement) de différentes variantes d'instruments ensemble, qui donne un coté ambiant traditionnel ultra reposant, qui rappelle fortement le minimalisme. Un magnifique épisode Tzadik qui se veut être l'un des plus calme et apaisant. A noter que le second volume de ce concept est sortis il y a peu sur cette même section en 2008 par le même auteur....
vendredi 10 septembre 2010
SCOTT JOHNSON - Patty Hearst
L’enlèvement de Patty Hearst est l’un des événements les plus marquants des années 70 aux USA. Il fît connaître l’armée de libération symbionaise, à laquelle l’otage fille de bonne famille, se rallia à la stupeur générale. Plus de 30 ans après, le constat est sans appel. L’ALS qui luttait pour la symbiose des races et des classes et dénonçait le système judiciaire américain est devenue un symbole de l’inégalité de traitement qu’elle combattait. L’histoire de ce groupement suscite en outre de nombreuses questions, sur lesquelles plane l’ombre des taupes du FBI dans les mouvements étudiants des années 70.
Ce fait divers assez incroyable (dont je vous recommande de lire l'historique sur internet) inspirera un film en 1988 réalisé par Paul Schrader, qui confia la bande son à Scott Johnson, compositeur d'avant garde issus du courant minimaliste n'ayant strictement aucune expérience dans la composition de films et dont "Patty Hearst" demeure la seule incursion dans le genre. Au départ, je me suis demandé pourquoi ce disque ne figurait pas dans la section Film music de Tzadik, dédié à la catégorie du 7eme art. A l'écoute du disque, on comprend assez vite pourquoi : malgré beaucoup de passage basé sur l'émotion, l'ensemble sonne trop expérimental pour se rattacher à une veine de bande son classique de cinéma. Scott Johnson y pose peu son phrasé de guitare qu'on retrouvait sur "John somebody" (en fait sur seulement deux titres). Place à beaucoup de constructions à base de synthétiseurs, percussions, et un string quartet reunis pour l'occasion, interprétant beaucoup de passages avec justesse et sensibilité, faisant de "Patty Hearst" une trés belle oeuvre d'avant garde indépendante. Out of print depuis plusieurs années sur Nonesuch, Tzadik effectuera un trés beau travail de réédition, rendant cette bande son de nouveau accessible à tous, pour notre plus grand plaisir...
Ce fait divers assez incroyable (dont je vous recommande de lire l'historique sur internet) inspirera un film en 1988 réalisé par Paul Schrader, qui confia la bande son à Scott Johnson, compositeur d'avant garde issus du courant minimaliste n'ayant strictement aucune expérience dans la composition de films et dont "Patty Hearst" demeure la seule incursion dans le genre. Au départ, je me suis demandé pourquoi ce disque ne figurait pas dans la section Film music de Tzadik, dédié à la catégorie du 7eme art. A l'écoute du disque, on comprend assez vite pourquoi : malgré beaucoup de passage basé sur l'émotion, l'ensemble sonne trop expérimental pour se rattacher à une veine de bande son classique de cinéma. Scott Johnson y pose peu son phrasé de guitare qu'on retrouvait sur "John somebody" (en fait sur seulement deux titres). Place à beaucoup de constructions à base de synthétiseurs, percussions, et un string quartet reunis pour l'occasion, interprétant beaucoup de passages avec justesse et sensibilité, faisant de "Patty Hearst" une trés belle oeuvre d'avant garde indépendante. Out of print depuis plusieurs années sur Nonesuch, Tzadik effectuera un trés beau travail de réédition, rendant cette bande son de nouveau accessible à tous, pour notre plus grand plaisir...
jeudi 9 septembre 2010
LUKAS LIGETI - Afrikan machinery
Lukas Ligeti est un jeune compositeur née en Hongrie, qui a beaucoup voyagé en Afrique (influençant ainsi son approche musicale) et qui maintenant s’est établis à New York, d'ou son affiliation avec Tzadik (comme la plupart des artistes du label de toute façon). Son précédent effort "Mystery system" exploitait une veine hautement expérimentale à base de percussions en autre, mais avec de nombreux musiciens à la clé. C'est toute la différence avec ce "Afrikan machinery" qui lui développe le sens de la composition de Ligeti par ses propres moyens, il est donc tout seul à s'éxecuter sur ce disque. La thématique est assez simple : l'exploitation des sons africains (Il a passé beaucoup de temps au Burkina faso et en côte d'Ivoire) couplé à des éléments électroniques. Il a donc composé sur un instrument assez étrange : un marimba lumina, soit un marimba hybride couplé avec de l'électronique. Ajouté des effluves de violon, de balafon (un xylophone africain) et d'autres percussions diverses, et vous obtenez un disque indescriptible basé sur la polyrythmie, la répétition et parfois un coté hypnotique assez unique. La vision de Luka est assez géniale et unique en son genre, le jeune compositeur n'hésitant pas a parfois faire preuve d'un certain humour dans son oeuvre (je vous laisse découvrir). S'étant re-axé sur lui même et sur une phase musicale trés précise de son processus de création, Lukas Ligeti nous offre de nouveau un disque original, qui nous offre une autre vision de la musique et des percussions d'origine africaine...
mardi 7 septembre 2010
LEE HYLA - Wilson's ivory-bill
Lee Hyla est un compositeur américain née en 1952, a travaillé avec une pléiade d’artistes et d’ensemble musicaux, travaille dans un conservatoire de musique prés de Boston, etc…Plus d'infos sur son site internet. Seconde collaboration avec Tzadik, et nouveau trés beau artwork, le compositeur ayant pas mal de références littéraires à son actif , via les notes du livret. Hélas, l'histoire s'arrétera la à priori pour moi, je n'ai guère trop apprécier ce disque. On démarre sur un string quartet classique d'une quinzaine de minutes, mais il n'y a rien à faire, j'encaisse mal ce genre de formation, surtout quand l'ensemble vire à la démonstration. Seul John Zorn arrive à m'interpeller sur ce terrain d'ailleurs. "Wilson's ivory bill", le seconde pièce, est quand à elle tout bonnement insupportable, avec un piano et une voix bariton super stressante qui chante des textes provenant d'un bouquin d'oiseaux. A oublier trés vite. Reste deux dernières pièces dans la configuration piano, violon, violoncelle et percussions : pas transcendante pour deux sous, ces travaux de composition ont pour mérite d'instaurer une ambiance un peu tendue et stressante, et une meilleure cohésion dans la construction et le rendu. Le premier disque de Lee Hyla sur la composer serie (voir archive) m'avait paru anecdotique, C'est malheuresement le cas pour le second aussi je pense, donc je n'accroche pas à priori avec la vision de ce compositeur qui demeure cependant talentueux, mais dans l'univers qu'il s'est construit, avec des configurations d'instruments que je n'apprécie pas...
vendredi 3 septembre 2010
ARNOLD DREYBLATT - Animal magnetism
4eme référence historique de Tzadik, sortis en 1995 sur le label de Manhattan fraichement fondé par John Zorn à l'époque. Je précise ce fait car evidemment, signé de tels OSNI (objets sonores non identifiés) en tant que première oeuvres relève autant de l'exploit que de l'inconciensce...15 ans aprés, le label fera prochainement péter sa 500eme référence. Qui l'eut cru ?
Arnold Dreyblatt, compositeur américain ayant migré depuis pas mal d'années sur Berlin, ville ou il réside toujours. Ayant étudié avec Alvin Lucier et LaMonte Young (soit des fers de lance du minimalisme), et dirigeant son propre groupe prénommé "the orchestra of excited strings" depuis 1979 (un nom bien fun, il faut l'avouer...). Et c'est avec cette formation qu'il composera ce disque improbable, certes assez court, mais qui pourtant fait preuve d'un avant gardisme sans faille tout en apportant son lot de surprises. Déja, il s'agit d'un des seul disque de chamber works ou j'ai pu lire la mention "This music is composed with a specific acoustic effect in mind. one should listen at maximum volume". La musique contemporaine joué ici lorgne en effet beaucoup sur l'énergie du rock. Beaucoup de cuivres composent le disque, en plus d'instruments traditionels et d'autres plus pittoresques (le cimbalom notamment, un instrument à corde frappée faisant partie de la famille des cithares). La rapidité est parfois présente, le changement de structures est récurrent, la répétition pointe parfois, et le tout dans une musique hybride mélangeant percussions, rythmiques ska ou d'europe de l'Est, et éléments pop. Ca m'a rappelé certains moments de la musique de Frank Zappa (dernière période), ça m'a surtout beaucoup étonné, mais finalement séduit. "Animal magnetism" est une oeuvre trés riche et dense qui mérite effectivement d'être écouter à volume bien élevé...
Arnold Dreyblatt, compositeur américain ayant migré depuis pas mal d'années sur Berlin, ville ou il réside toujours. Ayant étudié avec Alvin Lucier et LaMonte Young (soit des fers de lance du minimalisme), et dirigeant son propre groupe prénommé "the orchestra of excited strings" depuis 1979 (un nom bien fun, il faut l'avouer...). Et c'est avec cette formation qu'il composera ce disque improbable, certes assez court, mais qui pourtant fait preuve d'un avant gardisme sans faille tout en apportant son lot de surprises. Déja, il s'agit d'un des seul disque de chamber works ou j'ai pu lire la mention "This music is composed with a specific acoustic effect in mind. one should listen at maximum volume". La musique contemporaine joué ici lorgne en effet beaucoup sur l'énergie du rock. Beaucoup de cuivres composent le disque, en plus d'instruments traditionels et d'autres plus pittoresques (le cimbalom notamment, un instrument à corde frappée faisant partie de la famille des cithares). La rapidité est parfois présente, le changement de structures est récurrent, la répétition pointe parfois, et le tout dans une musique hybride mélangeant percussions, rythmiques ska ou d'europe de l'Est, et éléments pop. Ca m'a rappelé certains moments de la musique de Frank Zappa (dernière période), ça m'a surtout beaucoup étonné, mais finalement séduit. "Animal magnetism" est une oeuvre trés riche et dense qui mérite effectivement d'être écouter à volume bien élevé...
samedi 21 août 2010
JOHN ZORN - Aporias
4eme disque sortis par John Zorn sur la composer series, destiné avant tout à ressortir ses archives de chamber music, montrant ainsi ses talents de compositeur contemporain. On est ici aussi pleinement dans la notion d'archives, puisque les compositions commencent à avoir plus d'une décénnie d'ancienneté.
"Aporias" est un peu la quintessence du magnifique talent de Zorn à composer une musique de chambre de qualité, développant un talent visionnaire, associé à une rigueur et une créativité sans faille. Axé autour du piano de Stephen Drury, un orchestre de 75 musiciens (!) donne ensuite vie à toutes les atmosphères tendues et sombres au sein de 10 mouvements relativement indépendants les uns des autres. Mais l'ensemble donne une pièce cohérente, sublime de bout en bout, d'une grande force spirituelle. "Aporias" mériterait d'être repris par tous les opéras digne de ce nom, c'est une oeuvre contemporaine majeure, et certainement l'un de mes chapitres préférés de la composer serie.
"Aporias" est un peu la quintessence du magnifique talent de Zorn à composer une musique de chambre de qualité, développant un talent visionnaire, associé à une rigueur et une créativité sans faille. Axé autour du piano de Stephen Drury, un orchestre de 75 musiciens (!) donne ensuite vie à toutes les atmosphères tendues et sombres au sein de 10 mouvements relativement indépendants les uns des autres. Mais l'ensemble donne une pièce cohérente, sublime de bout en bout, d'une grande force spirituelle. "Aporias" mériterait d'être repris par tous les opéras digne de ce nom, c'est une oeuvre contemporaine majeure, et certainement l'un de mes chapitres préférés de la composer serie.
dimanche 15 août 2010
JOHN ZORN - Duras : Duchamp
3eme disque sortis par John Zorn sur la composer series, destiné avant tout à ressortir ses archives de chamber music, montrant ainsi ses talents de compositeur contemporain. On est ici aussi pleinement dans la notion d'archives, puisque les compositions commencent à avoir plus d'une décénnie d'ancienneté.
Marguerite Duras est une écrivaine et cinéaste française, née le 4 avril 1914 à Gia Dinh (autre nom de Saïgon), alors en Indochine, morte le 3 mars 1996 à Paris, terrasser par l'alcool. Son œuvre se distingue par sa diversité et sa modernité qui renouvelle le genre romanesque et bouscule les conventions théâtrales et cinématographiques, ce qui fait de Marguerite Duras une créatrice importante, mais parfois contestée, de la seconde moitié du XXe siècle.
C'est en ayant à l'esprit les écrits romantiques de Duras (ainsi que la musique mystique d'Olivier Messiaen) que John Zorn composa la pièce "Duras" soit 3 livres et un épilogue qui regroupe un peu plus d'une demi heure de musique. Composé en 1996, on y retrouve 6 musiciens habitués de Tzadik : Mark Feldman, Erik Friedlander, et Genovia Cummins au violon et violoncelle, Jim Pugliese et Christine Bard aux percussions, et Anthony Coleman/John Medeski respectivement au piano et à l'orgue. L'une des pièces les plus belles de la composer series, hypnotique, ambiant, rituelle, qui vous fait voyager dans un univers sombre et reposant.
Marcel Duchamp (1887-1968) est un peintre, plasticien, homme de lettres français, naturalisé américain en 1955. Inventeur des ready-made au début du XXe siècle, sa démarche artistique exerce une influence majeure sur les différents courants de l'art contemporain.
C'est en 1997 que John Zorn enregistre la composition alter-ego de "Duras" qui se nommera "étant donnés" qui a pour inspiration les travaux du peintre français. Beaucoup plus courte (13 minutes), seulement trois musiciens (Pugliese/Friedlander/Feldman), et une pièce beaucoup plus expérimentale avec des percussions trés variés (chaines, tambour, verres, etc...), beaucoup de bruits couplé au violon et donc un coté noisy qui contraste avec l'ensemble. Dans les deux cas, de magnifiques hommages à des figures culturelles françaises qui l'ont marqué, John Zorn offrait au début de Tzadik un magnifique chapitre de la composer serie.
edit (courtesy of 777, thanx to him...) : "Etant Donné" est une installation de Duchamp (ami et influence de John Cage, Man Ray et de Joseph Cornell, entre autres), et c'est surtout la dernière pièce qu'il réalise secrètement durant une vingtaine d'années, alors que tout le monde le croit retiré du monde de l'Art. Vous en trouverez une reproduction, mise en scène de façon particulièrement pertinente, derrière le cache noir du boitier CD. C'est aussi une photographie de lui qui illustre l'intérieur du boitier de "Dictée/Liber Novus".
Marguerite Duras est une écrivaine et cinéaste française, née le 4 avril 1914 à Gia Dinh (autre nom de Saïgon), alors en Indochine, morte le 3 mars 1996 à Paris, terrasser par l'alcool. Son œuvre se distingue par sa diversité et sa modernité qui renouvelle le genre romanesque et bouscule les conventions théâtrales et cinématographiques, ce qui fait de Marguerite Duras une créatrice importante, mais parfois contestée, de la seconde moitié du XXe siècle.
C'est en ayant à l'esprit les écrits romantiques de Duras (ainsi que la musique mystique d'Olivier Messiaen) que John Zorn composa la pièce "Duras" soit 3 livres et un épilogue qui regroupe un peu plus d'une demi heure de musique. Composé en 1996, on y retrouve 6 musiciens habitués de Tzadik : Mark Feldman, Erik Friedlander, et Genovia Cummins au violon et violoncelle, Jim Pugliese et Christine Bard aux percussions, et Anthony Coleman/John Medeski respectivement au piano et à l'orgue. L'une des pièces les plus belles de la composer series, hypnotique, ambiant, rituelle, qui vous fait voyager dans un univers sombre et reposant.
Marcel Duchamp (1887-1968) est un peintre, plasticien, homme de lettres français, naturalisé américain en 1955. Inventeur des ready-made au début du XXe siècle, sa démarche artistique exerce une influence majeure sur les différents courants de l'art contemporain.
C'est en 1997 que John Zorn enregistre la composition alter-ego de "Duras" qui se nommera "étant donnés" qui a pour inspiration les travaux du peintre français. Beaucoup plus courte (13 minutes), seulement trois musiciens (Pugliese/Friedlander/Feldman), et une pièce beaucoup plus expérimentale avec des percussions trés variés (chaines, tambour, verres, etc...), beaucoup de bruits couplé au violon et donc un coté noisy qui contraste avec l'ensemble. Dans les deux cas, de magnifiques hommages à des figures culturelles françaises qui l'ont marqué, John Zorn offrait au début de Tzadik un magnifique chapitre de la composer serie.
edit (courtesy of 777, thanx to him...) : "Etant Donné" est une installation de Duchamp (ami et influence de John Cage, Man Ray et de Joseph Cornell, entre autres), et c'est surtout la dernière pièce qu'il réalise secrètement durant une vingtaine d'années, alors que tout le monde le croit retiré du monde de l'Art. Vous en trouverez une reproduction, mise en scène de façon particulièrement pertinente, derrière le cache noir du boitier CD. C'est aussi une photographie de lui qui illustre l'intérieur du boitier de "Dictée/Liber Novus".
MASADA - Sanhedrin (1994-1997)
Paradoxalement, je n'ai pas grand chose à dire sur ce disque. Tous ceux qui connaissent ce blog aiment John Zorn, et donc apprécient l'un de ses groupes majeurs qu'est Masada (et qui contrairement à d'autre demeure toujours en activité de nos jours et s'est mué en de multitudes différentes formations). La sortie en 2005 de ce magnifique disque était une aubaine pour tous les fervents du Masada songbook premier du nom ; Enfin toutes les chansons inédites qu'on retrouvé sur les lives allaient être disponibles dans un magnifique double album en forme de livre, couvrant les périodes de 1994 à 1997. 29 titres, rien à jeter, c'est du grand art, la quintessence du jazz moderne. Obligatoire d'écoute. Le mot de la fin pour John Zorn
"De 1973 à 1993, mon univers de composition était à prédominance structurel et complexe. Le traditionel concept de mélodie n'était une part importante de mon langage créatif. Début 1993, comme un challenge envers mes compétences de compositeur, j'ai commencé un livre de chansons inspiré par de grands compositeurs comme Ornette Coleman, Burt Bacharach, Thelonious Monk, ou Kurt Weill. La challenge de coupler mon odyssée personnelle juive et mes compétence de saxophoniste ont donné naissance au monde de Masada..."
"De 1973 à 1993, mon univers de composition était à prédominance structurel et complexe. Le traditionel concept de mélodie n'était une part importante de mon langage créatif. Début 1993, comme un challenge envers mes compétences de compositeur, j'ai commencé un livre de chansons inspiré par de grands compositeurs comme Ornette Coleman, Burt Bacharach, Thelonious Monk, ou Kurt Weill. La challenge de coupler mon odyssée personnelle juive et mes compétence de saxophoniste ont donné naissance au monde de Masada..."
samedi 31 juillet 2010
JOHN ZORN - Mysterium
"Rester en contact avec une force créative qui donne à ma vie un sens peut parfois simplement signifier choisir de faire la bonne chose au bon moment. Je ne suis pas le genre de compositeur qui peut écrire sur demande, ainsi que d'avoir un rendement quotidien. Pour moi, composer est une croyance sacré, une journée dans l'inconnu, une expérience mystique (et non un boulot), et les pièces que je dévoile au monde ont toujours été conçus dans un flash hypnotique d'inspiration, précédé d'une recherche exhaustive et poursuivit d'un dur travail. Le temps est souvent long, mais la décision de mettre mes idées sur partition est souvent spontané et mystérieusement inexplicable..." (John Zorn, Paris, 2005)
C'est grosso modo dans cette thématique que John Zorn composa la trilogie de musique de chambre présenté aujourd'hui et parus sur la composer serie en 2005.
Dernier chapitre de la trilogie avec un "mysterium" composé en 2004 et qui demeure une magnifique conclusion. Superbe artwork d'une illustration de 1825 intitulé "on the edge of chaos", ça nous met dans l'ambiance direct, mais si cet opus est plus mystique que sombre et malsain. La dernière piéce est un string quartet classique assez basique qu'on oubliera assez dans les méandres de l'oeuvre massive Zornienne. En revanche, les deux autres pièces sont tout simplement incontournables.
"Frammenti del Sappho" est une pièce avec pour inspiration les écrits de la poétesse grecque Sappho (VIIeme siècle avant JC). Son homosexualité latente a inspiré Zorn de faire appel à un groupe de choristes féminins pour interpréter les 13 minutes d'une des pièces les plus belles harmoniquement parlant, et dont le compositeur se rapproche au plus de la tradition ancienne.
Avec "Orphée", dernière pièce et certainement la plus réussis de la trilogie, John Zorn tape dans le sublime et rentre certainement au panthéon des grands compositeurs contemporains avant même sa mort. Inspiré par Claude Debussy et la culture française en général, cette composition "miniature" (seulement 9 minutes) réussit pourtant à synthétiser toute la dimension dramatique et mystèrieuse du triptyque. Incontournable...
C'est grosso modo dans cette thématique que John Zorn composa la trilogie de musique de chambre présenté aujourd'hui et parus sur la composer serie en 2005.
Dernier chapitre de la trilogie avec un "mysterium" composé en 2004 et qui demeure une magnifique conclusion. Superbe artwork d'une illustration de 1825 intitulé "on the edge of chaos", ça nous met dans l'ambiance direct, mais si cet opus est plus mystique que sombre et malsain. La dernière piéce est un string quartet classique assez basique qu'on oubliera assez dans les méandres de l'oeuvre massive Zornienne. En revanche, les deux autres pièces sont tout simplement incontournables.
"Frammenti del Sappho" est une pièce avec pour inspiration les écrits de la poétesse grecque Sappho (VIIeme siècle avant JC). Son homosexualité latente a inspiré Zorn de faire appel à un groupe de choristes féminins pour interpréter les 13 minutes d'une des pièces les plus belles harmoniquement parlant, et dont le compositeur se rapproche au plus de la tradition ancienne.
Avec "Orphée", dernière pièce et certainement la plus réussis de la trilogie, John Zorn tape dans le sublime et rentre certainement au panthéon des grands compositeurs contemporains avant même sa mort. Inspiré par Claude Debussy et la culture française en général, cette composition "miniature" (seulement 9 minutes) réussit pourtant à synthétiser toute la dimension dramatique et mystèrieuse du triptyque. Incontournable...
JOHN ZORN - Rituals
"Rester en contact avec une force créative qui donne à ma vie un sens peut parfois simplement signifier choisir de faire la bonne chose au bon moment. Je ne suis pas le genre de compositeur qui peut écrire sur demande, ainsi que d'avoir un rendement quotidien. Pour moi, composer est une croyance sacré, une journée dans l'inconnu, une expérience mystique (et non un boulot), et les pièces que je dévoile au monde ont toujours été conçus dans un flash hypnotique d'inspiration, précédé d'une recherche exhaustive et poursuivit d'un dur travail. Le temps est souvent long, mais la décision de mettre mes idées sur partition est souvent spontané et mystérieusement inexplicable..." (John Zorn, Paris, 2005)
C'est grosso modo dans cette thématique que John Zorn composa la trilogie de musique de chambre présenté aujourd'hui et parus sur la composer serie en 2005.
Second chapitre avec "Rituals", pourtant plus vieille composition de la trilogie (1998) mais seulement enregistré en 2004. Toujours les mêmes influences récurrentes d'incantations, de rituels et de magie, mais nettement plus théatralisé, aussi bien sur le fond musical que sur la forme scènique. Conçus comme un "monodrame pour voix et dix instruments", "Rituals" a tout effectivement de l'opéra lyrique contemporain à la manière de l'oeuvre "Chimeras". John Zorn explique d'ailleurs sa vision scènique de l'oeuvre : un théatre ancien, des costumes, un jeu de lumière atmosphérique et dramatique, beaucoup de bougies, de la fumée qui s'échappe de dérrière la scène, des images ésotériques et des textes de languages mystiques projetés. Dommage que cette représentation n'ait jamais eu lieu d'ailleurs, ca serait quelque chose. Brad Lubman, réccurent chef d'orchestre des chamber works de Zorn qui dirige 10 musiciens géniaux, dont William Winant et Jim Pugliese qui, outre les percussions, sont en roue libre totale tout au long des 26 minutes avec une tonne d'objets (eau, vent, claquement, gravure, papier, etc...). Le seul bémol : on entend trop la choriste, elle gâche un peu certaine ambiance parfois. Mais "Rituals" reste un grand opéra contemporain, et une oeuvre incroyable, pierre angulaire de la trilogie, même si le meilleur volume reste à venir...
C'est grosso modo dans cette thématique que John Zorn composa la trilogie de musique de chambre présenté aujourd'hui et parus sur la composer serie en 2005.
Second chapitre avec "Rituals", pourtant plus vieille composition de la trilogie (1998) mais seulement enregistré en 2004. Toujours les mêmes influences récurrentes d'incantations, de rituels et de magie, mais nettement plus théatralisé, aussi bien sur le fond musical que sur la forme scènique. Conçus comme un "monodrame pour voix et dix instruments", "Rituals" a tout effectivement de l'opéra lyrique contemporain à la manière de l'oeuvre "Chimeras". John Zorn explique d'ailleurs sa vision scènique de l'oeuvre : un théatre ancien, des costumes, un jeu de lumière atmosphérique et dramatique, beaucoup de bougies, de la fumée qui s'échappe de dérrière la scène, des images ésotériques et des textes de languages mystiques projetés. Dommage que cette représentation n'ait jamais eu lieu d'ailleurs, ca serait quelque chose. Brad Lubman, réccurent chef d'orchestre des chamber works de Zorn qui dirige 10 musiciens géniaux, dont William Winant et Jim Pugliese qui, outre les percussions, sont en roue libre totale tout au long des 26 minutes avec une tonne d'objets (eau, vent, claquement, gravure, papier, etc...). Le seul bémol : on entend trop la choriste, elle gâche un peu certaine ambiance parfois. Mais "Rituals" reste un grand opéra contemporain, et une oeuvre incroyable, pierre angulaire de la trilogie, même si le meilleur volume reste à venir...
JOHN ZORN - Magick
"Rester en contact avec une force créative qui donne à ma vie un sens peut parfois simplement signifier choisir de faire la bonne chose au bon moment. Je ne suis pas le genre de compositeur qui peut écrire sur demande, ainsi que d'avoir un rendement quotidien. Pour moi, composer est une croyance sacré, une journée dans l'inconnu, une expérience mystique (et non un boulot), et les pièces que je dévoile au monde ont toujours été conçus dans un flash hypnotique d'inspiration, précédé d'une recherche exhaustive et poursuivit d'un dur travail. Le temps est souvent long, mais la décision de mettre mes idées sur partition est souvent spontané et mystérieusement inexplicable..." (John Zorn, Paris, 2005)
C'est grosso modo dans cette thématique que John Zorn composa la trilogie de musique de chambre présenté aujourd'hui et parus sur la composer serie en 2005.
Premier chapitre avec "Magick", disque dont les influences non-voilés se base sur les magies noires et blanches. On saluera la sublime pochette, qui est une illustration du mythique Gustave Doré (Zorn signe comme Dante son enfer personnel) et qui retranscrit bien cette atmosphère oppressante. Le disque s'ouvre sur un string quartet complexe et sombre qui s'intitule "Necronomicon" (le fameux livre des morts inventé par HP Lovecraft, rendu populaire par un certain film de Sam Raimi). Plusieurs mois de préparation, trois mois de composition à plein temps en 2003, et certainement le string quartet de Zorn le plus aboutis : divisé en 5 parties (trois virulentes, et deux basé sur les ambiances), le compositeur réussis son défis de nous balancer dans un univers mystique propice aux incantations et autres rituels de magies.
A l'inverse de "Necronomicon", la seconde pièce basé sur la sorcellerie intitulé "Sortilège" fut composé dans un flash d'inspiration en seulement une journée en 2001, et fût enregistré quelques jours aprés. Une pièce composé pour deux clarinettes basses, parmis les plus difficile à retranscrire si on en croit Zorn. Le résultat n'est cependant pas incontournable en terme d'univer sombre, ça casse même un peu l'ambiance froide instauré précédemment et c'est dommage. D'un point de vue général, je trouve que "Magick" est le plus faible des trois volumes...
C'est grosso modo dans cette thématique que John Zorn composa la trilogie de musique de chambre présenté aujourd'hui et parus sur la composer serie en 2005.
Premier chapitre avec "Magick", disque dont les influences non-voilés se base sur les magies noires et blanches. On saluera la sublime pochette, qui est une illustration du mythique Gustave Doré (Zorn signe comme Dante son enfer personnel) et qui retranscrit bien cette atmosphère oppressante. Le disque s'ouvre sur un string quartet complexe et sombre qui s'intitule "Necronomicon" (le fameux livre des morts inventé par HP Lovecraft, rendu populaire par un certain film de Sam Raimi). Plusieurs mois de préparation, trois mois de composition à plein temps en 2003, et certainement le string quartet de Zorn le plus aboutis : divisé en 5 parties (trois virulentes, et deux basé sur les ambiances), le compositeur réussis son défis de nous balancer dans un univers mystique propice aux incantations et autres rituels de magies.
A l'inverse de "Necronomicon", la seconde pièce basé sur la sorcellerie intitulé "Sortilège" fut composé dans un flash d'inspiration en seulement une journée en 2001, et fût enregistré quelques jours aprés. Une pièce composé pour deux clarinettes basses, parmis les plus difficile à retranscrire si on en croit Zorn. Le résultat n'est cependant pas incontournable en terme d'univer sombre, ça casse même un peu l'ambiance froide instauré précédemment et c'est dommage. D'un point de vue général, je trouve que "Magick" est le plus faible des trois volumes...
Inscription à :
Articles (Atom)