dimanche 14 novembre 2021

MERZBOW - 1930

 

Une évidence incroyable que l'association de Merzbow, le maître ultime de la noise extrême japonaise et du label expérimental new yorkais pour sa section japonaise. Il est encore plus incroyable de dire un mot sur ce "1930" sortis en 1998, et de savoir que Masami Akita continue inlassablement de sortir des disques années après années (discogs en ai pour l'instant à 536 enregistrements !) avec une régularité qui force l'admiration. J'aime le concept de Merzbow mais je suis comme l'auditeur moyen je pense : un petit peu à dose épisodique, j'en possède une vingtaine de disque et basta, on s'arrête la. Existe t'il sur cette terre une personne qui possède toute la discographie de Merzbow ? et qui donc en écoute tous les jours de l'année ? j'ai un doute la dessus mais j'en ressortirai épaté dans tous les cas. Il n'est nul besoin avec Merzbow de peser, d'intellectualiser, de conceptualiser la musique. L'expérience sonore doit se suffire à elle-même. Ici, on retrouve ce qui caractérise très souvent l'art de Masami Akita : accumulation de samples débités à toute vitesse, distorsion extrême des sons, fréquences hyper saturées et agressives, maintien sur presque toute la longueur du disque d'un même niveau d'intensité sonore très élevé... C'est-à-dire tout ce qui fait sa force (au niveau de l'impact physique du son, qui saisit et violente constamment l'auditeur, créant également un effet de transe), mais aussi, nécessairement, sa faiblesse (au niveau du manque de variation du volume sonore ainsi que de la texture d'ensemble, qui pousse à la saturation). 1930 est tout de même un bon cru : la gamme de sons et d'effets utilisés est variée, il a d'énormes montées d'adrénalines par moments, et l'on est rapidement entraîné dans l'ouragan, dans le déferlement bruitiste. C'est un furieux télescopage de bruits blancs, fracas de verre et de métal, assauts d'ondes courtes, qui vous mettra le cerveau en purée. Le titre de l'oeuvre fait sans doute référence à la grande crise économique qui frappa l'occident industrialisé durant cette décennie - et l'on peut donc voir dans cette heure de musique une métaphore de l'homme civilisé broyé par les machines qu'il s'est construit (mais en fait on s'en fout). Le meilleur de l'expérience arrive au dernier mouvement, là où précisément le Japonais ménage davantage ses effets, utilise des nuances, théâtralise sa composition - ce qui ne lui donne que plus de force.

Un petite anecdote finale : il pourrait y avoir de l'eau dans le gaz entre le compositeur et le label, car le disque est officiellement sold out via le site de Tzadik, or le label a toujours réédité tous ses enregistrements. Il est désormais un peu plus compliqué de se procurer 1930, mais il est encore assez facilement trouvable sur le marche de l'occaz...

YAMAMOTO SEIICHI - Nu frequency

Yamamoto Seiichi est une légende de la scène rock/noise d'Osaka. Il est une figure centrale de la scène underground japonaise, que ce soit en tant que créateur du label Ummo records, en tant que fondateur du club rock Bears en 1988 (renommé aujourd’hui Namba-bears et toujours en activité !) et surtout guitariste dans les groupes Omoide Hatoba, Rovo (dont on retrouve aussi une trace sur Tzadik) et surtout les mythiques Boredoms
John Zorn ayant traîné ses guêtres au Japon durant plusieurs mois dans les 80's, il a en toute logique rencontré tout les activistes de l'époque, et il a ressortis son calepin d'adresse au moment de signer divers artistes de la serie New japan, dédié au pays du soleil levant. Premier disque du guitariste sortis en 2003, relativement plus intéressant que celui chroniqué ci dessous. Yamamoto n'y joue pas uniquement de la guitare puisque il s'occupe aussi de la basse, synthetiseur, batterie et percussions, tandis qu'une copine à lui fait quelques percussions sur 3 titres. L'ensemble sonne comme du easy listening expérimental super bizarre, extrêmement difficile à décrire. Il y aussi de la dissonance, des sifflements stridents poussé à l’extrême, des passages ambiants un peu sombre. En total contraste avec un titre comme "No side" et son atmosphère exotica presque groovy. "Nu frequency" l'album porte bien son nom et c'est vraiment sympa de découvrir ses sonorités bien différentes de la masse populaire...  

lundi 8 novembre 2021

YAMAMOTO SEIICHI - Baptism

 

Yamamoto Seiichi est une légende de la scène rock/noise d'Osaka. Il est une figure centrale de la musique Underground japonaise, que ce soit en tant que créateur du label Ummo records, en tant que fondateur du club rock Bears en 1988 (renommé depuis Namba-bears, et toujours en activité !) et surtout guitariste dans les groupes Omoide Hatoba, Rovo et surtout les mythiques Boredoms. 

John Zorn ayant traîné ses guêtres au Japon durant plusieurs mois dans les 80's, il a en toute logique rencontré tous les activistes de l'époque, et il a ressortis son calepin d'adresse au moment de signer divers artistes de la serie New Japan, dédié au pays du soleil levant. Second disque de Seiichi sortis en 2008 pour le label New yorkais, on est en toute simplicité sur un disque de guitare solo pur et dur, mais avec un maximum de dissonance comme on peut s'en douter. La comparaison qui revient immédiatement, ce sont les deux influences de Yamamoto, à savoir les anglais Derek Bailey et Fred Frith. Leur approche de la guitare solo est assez identique et reconnaissable, assez dissonant et énigmatique, mais en revanche totalement improvisé. Une vrai performance du coup, expérimentale à souhait cela va de soi...