lundi 31 décembre 2012

JOHN ZORN - Filmworks XVI (Workingman's death)


Poursuite rétrospective de la serie des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette serie dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XVI date de 2005, et couvre la bande son d'un autre documentaire choc de Michael Glawogger qui s'intitule "Workingman's death".
 
Un documentaire réellement impressionnant de par son graphisme, sa réalisation et de son contenu global : mettre en lumière les métiers physiques et dangereux dans certains pays, alors que tous ont disparus dans les sociétés occidentales. Composé en six chapitres, le film nous emmène en Ukraine dans le quotidien des mineurs, en Indonésie, au Pakistan, en Chine, et sur le marché aux viande de Port Harcourt au Nigeria (certainement le plus visuellement effarant, la video est en ligne sur le tube). La variété des lieux renforce la difficulté de faire une bonne bande son.
 
Quand le réalisateur contacta John Zorn, il montra très peu d'enthousiasme : en train d'écrire une nouvelle pièce classique, finissant les 300 morceaux du book of angels, il ne voulait pas se disperser de ces objectifs. Ni une, ni deux, Glawogger prend le premier avion Vienne-New York afin de convaincre le gourou de l'east village en personne ; il est reçus courtoisement mais brièvement, une discussion, un bon repas indonésien, et le voila repartis le lendemain sans avoir vraiment eu de réponse. Puis Zorn se repenche sur la question les semaines suivantes, regardant le film plusieurs fois, admiratif du montage et du contenu choc du documentaire. Une bande son se dessine : étant donné le poids considérable des images, les mélodies semblent inappropriés, les percussions sont donc adoptés (variant et adaptées selon les pays en question), ainsi que l'ajout d'éléments électroniques pour compléter le coté moderne du film.
L'appel des musiciens est assez logique : Cyro Baptista aux percus (qui est présent sur quasi toutes les bandes sons), Ikue Mori pour le laptop, Zorn à l'orgue et percus, Jamie Saft à l'enregistrement et au piano. La dernière plage (avec guitare et basse) fut rajouté à la demande du réalisateur qui voulait un générique de fin plus rythmé. Au final, une bande qui tranche radicalement avec les filmworks easy-listening dont John Zorn nous a habitué : Percussions tribales se mélange avec les "Zorn chords" sombre à l'orgue, tandis que Mori livre des plages ambiantes inquiétantes. L'ensemble fonctionne bien, autant musicalement parlant qu'incorporer dans les images du documentaire. Peut être pas le meilleur chapitre de la série, mais un bel épisode de réflexion de Zorn pour son talent de compositeur de films...
 

vendredi 28 décembre 2012

JOHN ZORN - Rimbaud


101eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Packaging new era de Tzadik, Superbe une fois de plus et dans la même veine que "Mount analogue", l'impression d'un livre relié façon vieux manuscrit, avec des portraits de Rimbaud à l'intérieur et les descriptifs d'usage. Je ne surprendrai personne en dévoilant que ce disque est un hommage au poète français du même nom, et plus particulièrement à quatre de ces poèmes marquants qui correspond aux quatre compositions du disques qui dépassent toutes la dizaine de minutes.
 
On connait l'amour de John Zorn pour la littérature française et ses protagonistes (les multiples pièces classiques avec des titres en français), c'est en 2012 avec un disque complet que le maître new yorkais revient, hommage appuyé à Arthur Rimbaud. "Bateau ivre", composition classique contemporaine conduite par Brad Lubman (le chef d'orchestre quasi attitré de Zorn) interprété par 7 musiciens et enregistré en live au Miller theater en décembre 2011 à NY lors d'une résidence de Zorn à la Columbia university. Excellente dans le genre, on est dans l'esprit zornien de la composer serie. "A season in hell", pièce électronique avec Ikue Mori au laptop et Zorn lui même au sampler (assez étonnant), noisy et cathartique, je ne suis pas super client de l'esprit de Mori et trouve cette composition un peu plate. "Illuminations" renferme une pièce également enregistré en décembre 2011 au Miller theater, avec un trio virtuose qui officie dans le jazz à la base feutré par la composition, mais qui dérive de manière surprenante dans un feeling plus sauvage. Trevor Dunn y est monstrueux à la basse, Kenny Wollesen ferait presque la nique à Joey Baron à la batterie, et Stephen Gossling s'adapte parfaitement au piano. Mais evidemment, on retiendra surtout la dernière pièce improbable du disque, "conneries", ou Zorn y joue tous les instruments (sax, piano, orgue, guitare, batterie), alternant passages bruitistes, plages ambiantes oppressantes, accalmies latentes et schizophrénie musicale. Pour l'accompagner, Mathieu Amalric, acteur/réalisateur assez connu pour nous les français, mais que les étrangers découvriront avec surprise : il récite ici un extrait de "l'album Zutique" de Rimbaud avec une verve et une gouache inspirée qui fait plaisir à entendre, tels un acteur de théâtre d'époque, complètement immergée dans le tourbillon de Zorn et vivant son texte comme Rimbaud aurait pu le faire. Une vrai bonne surprise.
 
Une oeuvre singulière et unique, mais tout à fait dans l'esprit Zornienne, un hommage dont son auteur peut être fier, et que lui seul pourrait conjurer comme le dit avec humour la tranche Tzadik. Pour fêter sa 100eme référence, la série des archives ne pouvait espérer mieux...

JOHN ZORN - A dreamers christmas


93eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Packaging new era de Tzadik, avec toujours une trés forte implication de Heung Heung Chin au design, comme elle l'avait fait sur "O'o" par exemple. Artwork original pour le cd, et version deluxe pour le LP avec un picture disc trés classe (qui a du être un cauchemar à fabriquer en usine), et même pour le coup le premier 7" du label Tzadik avec deux titres repris de l'album, je possède toutes les versions.
 
J'ai un an de retard sur la kronik de ce disque, mais on est de nouveau dans la période de Noël, ce qui tombe à pic. John Zorn n'est pas un très grand fan de la période fin décembre (il déclarait à Alex Dulith que cette période était creuse pour lui, tout ses musiciens passant les fêtes avec leurs familles), mais il aime apparemment les chants traditionnels de Santa, la preuve avec cet oeuvre singulière et unique dans sa discographie. C'est certainement après son masada marathon à l'opéra de NY en 2011 (j'y étais, un report est en ligne), et profitant de la présence de Mike Patton à Manhattan, pour aller enregistrer avec sept de ses camarades les plus proches quelques chansons traditionnelles de noël. Sept reprises plus ou moins connus, et deux compositions originales signé Zorn, dans le pur esprit easy listening de The dreamers. Aucun faux pas dans le jeu magnifique de sextet, la cohésion s'est d'autant plus formé que le groupe enregistrait ici son 4eme disque ensemble. Mike Patton clôture le disque en croonant comme un fanfaron et sur un "merry christmas everybody !" sympathique. Difficile d'être déçus par cette vision de Zorn, je suis personnellement conquis par l'oeuvre qu'on écoutera avec plaisir chaque mois de décembre...

mardi 11 décembre 2012

MASADA - Live in Middelheim (1999)


Même si j'aime beaucoup Masada, je dois avouer que j'aurais mis un moment à me procurer toute la série de disques live qui encadre le groupe : en posséder un ou deux me suffisait amplement, car Masada, pour avoir vu la formation plusieurs fois en concert, ne donne jamais de mauvais concerts. Mais force de constater aussi que les lives de Tzadik sont tous unique en soit, de par leurs set-list, leurs productions, et leurs lieux qui ont plus ou moins d'importance dans l'histoire du quatuor. Profitant d'un énième voyage à NY, je me suis donc procuré les volumes qui me manquait dans cette collec'. Aprés une petite présentation assez marrante, place à ce concert impressionnant de Masada dans un festival et enregistré par la radio belge. La fameuse tranche Tzadik insiste aussi sur le fait que les membres n'avaient pas joué ensemble depuis plus de 6 mois, et repartaient chacun de leur coté juste aprés cette date : le résultat n'en est que plus ahurissant. Sauvagerie, improvisation, télépathie et onze classiques du premier masada songbook balancé à bout portant. Un grand moment de jazz...

lundi 5 novembre 2012

JOHN ZORN - The hermetic organ


99eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Packaging new era de Tzadik, Digipack standard niveau graphisme, mais une sobriété assez classe et mystique, ainsi que quelques notes de l'auteur sur le pourquoi du comment de ce disque.
 
L'orgue a été le premier pas de John Zorn dans la musique à l'âge de huit ou neuf ans en 1961 : son affection pour les films d'horreur (particulièrement "le fantôme de l'opéra" de Lon Chaney) le poussera à découvrir de nombreuses découvertes musicales qui serviront d'influences dans ses compositions futures. Ses parents ayant refusé de lui acheter un orgue, il se rendait fréquemment chez des amis qui en avait un chez eux afin de se familiariser avec l'instrument, et un joueur d'orgue de l'église de ses parents dans le queens le laissait parfois improviser sur ce dernier : un instrument d'une puissance incroyable selon Zorn, ou psychédélisme, imagination, magie et mysticisme se couple avec une atmosphère gothique. L'envie de pratiquer l'instrument était belle et bien présente, les occasions un peu moins. Moins de 50 ans plus tard, Zorn reçut un e-mail d'un promoteur qui décida de donner l'opportunité à des artistes non-organiste d'utiliser et d'expérimenter l'orgue de la Christ church à Philadelphie le 24 février 2011. A la surprise générale de ses fans hardcore et et de ses amis proches, le mot s'est vite répandu sur cette nouvelle approche de John Zorn, un autre set eu lieu le 6 mars dans la même église, puis une série de performances eut lieu dans le monde (Paris, Milan, Dublin, Minneapolis, Gent). Sur cette impulsion, le compositeur demanda à rajouter un récital solo d'improvisation d'orgue pour son portrait de compositeur qui eu lieu en décembre au Miller theater. Le 9 décembre un soir de pleine lune eu lieu cette improvisation à la St paul's chapel de New York, enregistré pour Tzadik qui devrait en faire a priori une série. J'ai aimé ce disque pour ce qu'il est : une quête quasi-spirituelle et une nouvelle approche de Zorn qui confirme son formidable talent d'improvisateur...

lundi 22 octobre 2012

JOHN ZORN - Abraxas book of angels 19


En premier lieu, l’artwork de ce skeud’ est sublime : un digipack de toute beauté avec étoile gravé sur le front et tout…la grande classe ! Ensuite, Après la série sur radical jewish culture qui voyais à l’honneur des disques hommage pour les 10 ans de Masada, voici une nouvelle série d’album hommage ou des groupes reprennent des standards du groupe de Zorn à leurs sauces, puisant dans le répertoire des 300 chansons écrites par Zorn en 2004 ("book of angels") mais que Masada ne garda pas.

Aprés avoir repris le premier Masada songbook avec le groupe Rashanim de Jon Madof, ou bien officié sur le book of angels 17 avec le banquet of the spirits de Cyro Baptista, Shanir ezra Blumenkrantz s'attaque cette fois çi en solo aux riches arrangements du Book of angels. Lui même étant au Guembri, ce sera cependant l'unique sonorité d'influence orientale (marocaine pour le coup), car pour le reste, la tournure prise par le quatuor sera résolument rock, avec pas mal de dissonances noisy. Les deux guitaristes ne sont pas en reste (dont un Aram Bajakian tout en solos, sauvagerie et décibels), Eyal Maoz assure la rythmique tandis que le batteur metalleux (il en le look du moins) assure méchamment derrière. 10 titres sont donc repris à bout portant, avec quelques rares moments d'accalmies, offrant donc un "jewish rock" assez unique en son genre. Certes, ce volume ne surprend pas vraiment, mais on passe tout de même un agréable moment grâce au talent de Shanir. Et cette sensation perdure en live, puisque j'ai vu le groupe en concert à Marciac cette année. Vous pouvez d'ailleurs regarder le concert sur le site d'Arte.

dimanche 21 octobre 2012

JOHN ZORN - Pruflas book of angels 18


En premier lieu, l’artwork de ce skeud’ est sublime : un digipack de toute beauté avec étoile gravé sur le front et tout…la grande classe ! Ensuite, Après la série sur radical jewish culture qui voyais à l’honneur des disques hommage pour les 10 ans de Masada, voici une nouvelle série d’album hommage ou des groupes reprennent des standards du groupe de Zorn à leurs sauces, puisant dans le répertoire des 300 chansons écrites par Zorn en 2004 ("book of angels") mais que Masada ne garda pas.

Nouveau volume de 2012 avec cette venue aussi annoncée qu'attendu pour le démon "Pruflas" : David Krakauer, clarinettiste de renom, musicien pilier du Klezmer, ami de longue date de John Zorn : n'oublions que c'est lui qui a sortis le tout premier volume de la radical jewish serie et qu'il jouait dans la première incarnation du Bar kokhba et sur "Kristallnacht" du maître de L'east village. La confiance entre les deux hommes étant solide, Krakauer s'est occupé de tous les arrangements du disque : c'est une brillante réussite, sa vision sauvage et ouverte sied parfaitement à l'univers Zornien. 8 titres sont présent, tous excellents pour le coup. Krakauer n'en fait pas trop avec sa clarinette (ce qu'on pouvait redouter), se met au service des compositions, tout en la jouant beaucoup plus wild et freestyle que Ben Goldberg (qui nous avait un peu endormis avec "Baal", volume 15). Jerome Harris à la basse, Michael Sarin à la batterie (au jeu vif et mortel), un gars au laptop, et une guitariste Sheryl Bailey à la guitare (à priori, aucun rapport avec Derek Bailey) qui fait plaisir à entendre avec ses dissonances outrancières. Jazzy klezmer avec une touche indéniablement moderne (les samples y sont pour beaucoup), on en ressort facilement conquis, et ce disque doit être jouissif à voir en concert (les prochains masada marathon de 2013 !). A noter un guest de John Zorn au sax sur "Tandal", mentionné strictement nulle part, ce qui prouve que le compositeur ne veut plus du tout se mettre en avant sur la série book of angels (rappelez vous de "Stolas", etc...)

lundi 15 octobre 2012

JOHN ZORN - Templars in sacred blood


98eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Packaging new era de Tzadik, Digipack standard niveau graphisme, mais avec un livret avec, surprise, des paroles à l'intérieur, chose peu commune dans l'univers zornien.
 
Si aucun des albums de Moonchild ne se ressemble, tous possèdent un similaire esprit fondeur, une rare liberté de ton qui peut déconcerter. Il n'y avait, à priori, aucune raison que Templars-In Sacred Blood, 6ème levée d'une formation à géométrie variable, enfreigne cette règle.
Templi Secretum, premier titre, sorte de heavy prog'n'core possédé montre une étonnante facette, plus orientée vers le format chanson, qui est définitivement une nouveauté bientôt confirmée par le rampant et flippant Evocation of Baphomet où Mike Patton (voix murmurée, glaciale) excelle. Et ça continue comme sur tout l'album ! Certes, l'académisme n'est pas exactement ce qu'ont à l'esprit Zorn (auteur, compositeur et arrangeur), son trio (Baron, Patton et Dunn) et l'invité de la galette, l'organiste John Medeski, et si l'écriture, cette fois, peut paraître plus conventionnelle, plus cadrée, c'est peut-être simplement parce que Moonchild a produit son album le plus mélodique ce qui ne va pas sans conséquence. En effet, souvent, par le passé, le rôle de Patton se limitait à des exercices de gorge plus destinés à vriller les tympans qu'à modeler un récit, véhiculer une émotion, et ça avait son effet (parce que Patton sait faire ce genre de chose) et collait parfaitement à l'univers de chacun des albums. Là, avec un nouveau panorama, Patton retrouve la pleine amplitude de son registre, quelque chose qu'on avait plus entendu depuis l'Anonymous de Tomahawk voire depuis que Mr. Bungle et Faith No More avaient plié les gaules, c'est dire si c'est une bonne nouvelle et si sa contribution permet d'enrichir notablement l'étendue émotionnelle de la galette. La seconde « star » de l'album est indéniablement Medeski et son orgue qui créent des climats, des ambiances habillant à la perfection chacune des montées de sève, chacune des accalmies... Il fait peut-être même ici sa plus notable performance en collaboration avec John Zorn. Et il ne faut, bien entendu, pas oublier la formidablement adaptable section rythmique composée du vieux compagnon de route qu'est Joey Baron (batterie) et du bassiste Trevor Dunn qui, du fait de l'absence de guitariste, assume ponctuellement le rôle, avec brio, comme il se doit. Pour expliquer à quel point ce Templars est étrange, si on devait le décrire avec quelques autres références musicales on citerait, pêle-mêle, Soft Machine, Procol Harum, Ruins, Black Flag, King Crimson, SunO))) ou Black Sabbath... Rien que ça ! Le miracle, en l'occurrence, est la cohérence de ce concept album (sur les Templiers), oeuvre vénéneuse, attirante et si étonnamment peu difficile qu'on la conseillera volontiers à tous ceux qui veulent entendre Zorn versant rock et ne savent par où commencer avec l'assurance de récolter quelques remerciements.
 
Chronique repiqué sur le net (sur l'excellent blog "l'année du dragon", ou vous pouvez le d/l), je suis assez d'accord avec cet avis...

dimanche 16 septembre 2012

DAVID SHEA - Hsi-yu chi


5eme référence de Tzadik sortis en 1995, et une nouvelle une sortie complètement hallucinante remis dans le contexte de l'époque (pas d'internet et lancement d'un label). Inspiré par Tsui Hark, John Woo, King Hu et Bruce Lee, nous avons affaire ici à la bande son d'un film imaginaire, un western d'action mythologique se déroulant à Hong kong. Tout un concept ! David Shea s'est entouré d'un superbe casting de la downtown pour donner à cette riche oeuvre : Sim Cain et Jim Pugliese à la batterie et percus, Hideki Kato à la basse, Zeena Parkins à la harpe/piano, Alex Tobias à l'harmonica, Marc Ribot à la guitare, John Zorn au sax et lui même à tous les samplers et platines. Le disque est découpé en onze sections, elles même sous découpés en 23 sections nominatives qui nous ramène à une scène du film. Musicalement, difficile de résumer un opus aussi dense et riche en ambiances diverses. Chaque passages laissent libre cours à notre imagination, des centaines de petits détails se cachent et se découvrent au fur et à mesure des écoutes, l'ensemble laisse la place à une trame sonore cohérente et surprenante. Le coté "western/hong kong/action" prend véritablement son sens lors de certains passages, mais je vous laisse le soin de découvrir la chose. "Hsi yu chi" se classe parmi les disques phares de Tzadik, on pourra faire un parallèle avec la composition "Spillane" de Zorn...

jeudi 13 septembre 2012

NED ROTHENBERG - Quintet for clarinet and strings


Second disque de Ned Rothenberg sur la composer serie aprés un "ghost stories" ambitieux et aventureux à souhait. Ce second volume explore donc une veine classique contemporaine plus traditionnelle de cette série Tzadik. Pochette mystère et titre bateau qui annonce clairement la couleur : oui, Ned sera accompagné pour le coup par un string quartet venant de NY (mivos quartet), qui appuieront ces compositions au saxophone. Intelligemment écrites, magistralement interprétés, ces cinq trames de plus de 8 minutes (avec un point culminant de 17 minutes avec "terrace and fold" en ouverture) nous transporte dans un univers partagé entre l'improvisation, les travaux de Zorn période "cartoon S/M") et une réminiscence de Carl Stalling. Romantisme, atmosphère cinématographique et lyrisme s'entremêle avec aisance, qui est d'ailleurs autant présente que la technique de Rothenberg avec son instrument (souffle circulaire, polyphonie, etc...). Un chapitre Tzadik classique mais intéréssant pour tous les amateurs du genre...

lundi 10 septembre 2012

SAMECH - Quachatta


Nouveau venu sur la radical jewish culture de Tzadik, Samech est un quatuor qui nous arrive droit de Pologne, dans le direct héritage du Cracow klezmer band (ou plus récemment du Bester quartet) et du passé très riche de la culture juive dans le pays de Bruno Schultz. Violon, violoncelle, double contrebasse et percussions sont les instruments qui développe toutes les mélodies des dix chansons impeccables proposées par Samech. Une section rythmique aux abois qui donne la répartie au lyrisme des cordes et plusieurs chansons traditionnelles arrangé avec brio par les musiciens. On remarquera aussi avec étonnement une reprise du groupe Davka (les kroniks sont dispo sur cette même section), auteur de plusieurs disques sur Tzadik et qui officie dans la même veine. Zorn fait un lien aussi avec le masada string trio, ce qui n'est pas usurpé, même si la section rythmique est beaucoup plus prononcé. Le groupe sera à l'affiche prochainement du festival Tzadik à Poznan, décidément un véritable vivier de groupe talentueux pour John Zorn et son hommage à ses origines, afin d'insuffler un nouvel essor à la musique juive de nos jours...

vendredi 24 août 2012

MARK DRESSER - Banquet


Ami de John Zorn (il a participé au disque "spy vs spy"), c'est sur sa demande que Mark Dresser nous propose ses premiers travaux d'inspiration classique pour le label new yorkais en 1997 (soit deux après sa création seulement). Superbe pochette d'une peinture de Nora Ligorano et Marshall Reese, deux artistes conceptuels de Brooklyn. "Banquet" est un double concerto superposé ou on retrouve d'un coté un string quartet traditionnel (présence de Friedlander et Feldman), et de l'autre Mark Dresser à la contrebasse et un jeune artiste suisse Mathias Ziegler, qui officie sur de nombreux instruments. 4 mouvements divise la pièce, pour une durée de 25 minutes environ. Composition expérimentale classique, bonne dans son ensemble mais si la construction sonne assez convenue. On se rapproche de certains de Zorn sur cette même série. A juste titre, la seconde pièce s'avère beaucoup plus étonnante : intitulé "loss of the innocents", elle est dédié à toutes les victimes du crash aérien du vol 800 TWA qui choqua l'Amérique en 1996 (un avion explosa au dessus de NY juste après avoir décollé de l'aéroport JFK, l'avion se brisa en deux et s'échoua dans la mer prés de la côte : 250 victimes). Dramatique et sombre, les musiciens donnent leur lettre de noblesse à cette trame sonore avec une association différente : Erik Friedlander au violon, Marcus Rojas au tuba et Chris Speed à la clarinette. 10 minutes captivantes dans le genre. 27eme oeuvre de la composer serie.

vendredi 17 août 2012

NED ROTHENBERG - World of odd harmonies

Ned Rothenberg, compositeur reconnus du circuit Tzadik, nous revient en 2012 avec une oeuvre solo balancé à bout portant sur la composer série. C'est après une session riche et intéressante d'enregistrement à l'académie des arts et des lettres de New York le 14 et 15 août 2010 que Ned eut l'idée de sortir un nouveau disque solo, le choix fut vite trié par John Zorn lui même qui décida de ne retenir que les prestations à la clarinette. Démarrant son apprentissage à l'âge de neuf ans, Rothenberg abandonne vite son entraînement pour mieux se concentrer sur le saxophone durant l'adolescence ("plus attractif") ; Il se replonge à la basse clarinette vers la vingtaine, avant de lâcher l'affaire durant plus d'une quinzaine d'années, en profitant pour apprendre le Shakuhachi et connaître la carrière qu'on lui connaît. La clarinette est donc le dernier instrument dans lequel il trouvera sa voix, et la maturité des compositions se ressent grandement. Respiration circulaire, mélodies angulaires et un caractère polyphonique surprenant. Un disque hypnotique et tourbillonnant, l'un des plus singuliers du compositeur. La pochette est également une peinture de son auteur...

mercredi 15 août 2012

MASADA - 50th birthday celebration (7)


La série Celebration birthday rend hommage à l’historique performance de John Zorn qui a joué tous les soirs pendant le mois de septembre 2003 (au Tonic à NY) pour célébrer ses 50 ans. Le programme y est impressionnant, tous ces projets de l'époque étant représenté (mis à part Naked city). Je ne posséde pas encore tous les volumes de cette série et la remplit dont petit à petit. 18 septembre 2003, Masada répond présent pour l'anniv' du boss, chose logique puisque il s'agit certainement de la formation de Zorn la plus importante en matière de créativité et de longévité. 6 sets seront d'ailleurs programmés sur trois jours, celui çi est le premier. Le groupe n'a pas besoin de "répéter" pour que l'alchimie fonctionne parfaitement, c'est certainement ce qui fait la force et la beauté du quartet, l'un des plus important dans le jazz moderne. 8 titres classique du premier masada songbook pour une heure de set, des solos, de l'impro, de la folie, de l'accalmie, de la passion, de la technique, et une classe incroyable à tout moments. Masada quoi !


samedi 11 août 2012

JOHN ZORN - Cobra (1985)


"Cobra" est le 20eme Game piece composé par John Zorn depuis qu'il s'est attelé à la musique improvisée dés 1974 avec "Klarina". "Cobra" fut la plus populaire des pièces de ces 20 dernières années, tout simplement parce une première version est parut en 1984 chez Hat hut records (et sera réédité en 2002) la ou les autres trames sonores sont resté dans les cartons du grenier. A l'époque, Zorn, inspiré par les travaux de Cage sur l'improvisation, s'est mis dans l'idée de révolutionner la théorie de l'approche musicale en proposant des improvisations, basées non seulement sur des règles de jeu strictes (harmonie, vitesse, temps de jeu, etc…), mais aussi sur l'interaction des conditions sociales des musiciens dans le but de former une entité abstraite illustrant les comportements intuitifs spirituels et intellectuels de ces mêmes musiciens (ouf !). Les règles sont énoncés via des prompteurs, des flash, des gestes de mains, respectant un timing précis. La première version de "Cobra" avait inclus tous les collaborateurs et proches de Zorn de l'époque. Puis l'oeuvre fit le tour du monde, à tel point qu'elle fut la composition la plus jouée en matière de musique "nouvelle et avant gardiste".

Compléter le 9 octobre 1984, voici donc la réédition de la première version de Cobra sortis sur Hat hut en 2002 (la pochette est différente, l'originale ci dessus étant plus sympa et à l'origine du Filmworks VII). Tous les collaborateurs de l'époque sont présent (en vrac : Bill Frisell, Elliott Sharp, Zeena Parkins, Anthony Coleman, Arto Lindsay, etc...) pour un grand moment de décadence improvisée. J'avais piquer un bout de kronik de "Cobra" (Vol 2) sur Guts of darkness, je recommence donc pour le volume 1
"Ne cherchez pas une accroche, ni une mélodie, ni un rythme, encore moins un sentiment. Cobra parle à la tête, et encore, notre aire de Wernick risque d'être mise à mal tant ce langage musical nous parait incompréhensible. Néanmoins, au détour d'un bordel, on pourrait presque apercevoir une lueur de fun dans les impros, comme ce morceau "Fantasia" (ou même "Violento") où l'ami Sharp y va de ses contorsions vocales poilantes… C'est sûr, les mecs ont du s'éclater à faire ce Cobra, mais quand on est pas de la partie, c'est tout de suite plus chiant… Une œuvre pour les fans du conservatoire, ou à mettre dans une soirée, où, complètement bourré, vous essaierez de faire croire à vos amis que vous connaissez tout le disque en gesticulant dans tout les sens avant de vomir sur la donzelle tant convoitée (et au passage vous passerez pour le psychopathe de service)."


vendredi 10 août 2012

JOHN ZORN'S BOOKS OF ANGELS (Marciac, France, 6/08/2012)

Si je peux certes donner mon modeste avis sur quelques disques glaner par çi, par la, je déteste faire les lives reports, je me sens tout simplement mauvais dans cet exercice. De plus, ne vous étonnez pas de commentaires idiots et futiles de ma part, ainsi que du manque de détails ou de ne pas enjoliver le récit, tout ceci est NORMAL ! (don't like it, don't read it !).

Sachant que je suis allé le voir bien plus loin (Verona, Milan, NY, Paris, entre autre), il était assez logique de se déplacer au festival de jazz de Marciac dans le Gers pour aller voir une sympathique affiche de l'incarnation du Book of angels de John Zorn : une première pour ma part, et un chouette cadre de festoche (en vrac : petit village, des bars, des animations partout,des stands de bouffe partout, du foie gras, des groupes de jazz jouant à tout heure, et une ambiance feria du sud ouest mortel).

Abraxas : après une looonngue première partie d'Avishai Cohen, jazz chiant et poussif, c'est aux alentours de 23 heures que les "petits jeunes" qui interprètent le book of angels 19 montent sur scène. Je n'ai jamais écouté encore ce volume (il vient de sortir il y a peu sur Tzadik) donc pleine surprise pour ma part. Un set de rock noisy d'une quarantaine de minutes qui sera bien cool pour les oreilles très initiés de l'univers Zornien : le chapiteau de Marciac doit bien compter environ 5000 personnes, 1/3 du public s'est barré au bout de 3 minutes (majoritairement agé), on est passé du rang 38 au rang n°4, ce qui est plutôt chouette. Shanir bidule à l'air de diriger un peu le business, il regarde beaucoup les autres musiciens avec un instrument cosmique qui s'appelle du Gimbri, une espèce de basse à trois cordes du Ghana. Le batteur metalleux Kenny Grohowsky est en mode énervé, Eyal maoz est assis et attentif (limite attentiste), et laisse Aram Bajakian s'éclater avec l'autre guitare : ce mec est un sacré guitariste, il aura fait un festival de dissonance noisy, de solos sauvages, de riffs bourrins, avec une énergie rock bien cool. Un super set et j'ai hâte d'entendre ce fameux volume en studio...

Aleph trio : J'avais déjà vu l'incarnation de ce trio à Paris il y a deux ans (avec Baron et Trevor Dunn, pour un set sauvage et déchaîné, proche de Painkiller), ce second set de l'Aleph trio n'avait strictement rien à voir. Cette prestation sentait surtout le "bouche trou" pour John Zorn qui était un peu en rade de musiciens :  Shanir est donc présent à la contrebasse, Zorn au saxo, et Ches Smith à la batterie, en total roue libre pour le coup, ce qui nous prouve que ce mec est un monstre dérrière les fûts. Hélas, les improvisations n'était pas toute incontournables (un bon moment pur jazz au début, ça s'est un peu enlisé par la suite). Puis le set s'est un peu énervé, un autre tiers de la salle s'est barré, on bascule au rang n°2, c'est cool. Des titres de masada ont été joué (dont un "Shilim" tonitruant), mais force de constater que l'ensemble était moins cohérent qu'avec les musiciens de Masada (Shanir et Ches était un peu largué parfois). Une prestation en demi teinte mais on aura eu le plaisir de voir John Zorn et de l'entendre couiner, et ça, ça n'a pas de prix...

Secret chiefs 3 : je les ai déjà vu 3 fois, puis une fois interprété trois titres de "Xaphan" lors du Masada marathon de NY. Ils auront joué tous le disque pour le coup, lors d'une prestation tellement impériale qu'elle valait le déplacement à elle seule, il reste moins d'un tiers de la salle, on est au premier rang désormais. Sans leur grimmrobes (dommage), ils auront survoler le débat d'interpréter le volume 9 du bouquin des anges : Matt Lebofsky impec' aux claviers, April Centrone convenue aux percus, Timb Harris élément important au violoncelle, Ches Smith encore plus à l'aise derrière sa batterie, Gyan Riley très présent avec sa gratte, plus parfois que Trey Spruance, assez discret avec sa barbiche et ses bottes en cuir, mais en bonne tête pensante de sa formation. La surprise viendra aussi de la présence de Toby Driver, leader de Kayo dot, et à l'aise dans le rôle de bassiste de luxe (c'était trevor Dunn la dernière fois que je les ai vus, Secret chiefs ne semble plus avoir de bassiste attitré). Le public, bien que peu nombreux (environ 500 personnes je pense) dans ce grand chapiteau, est chaud bouillant, se lève et forme une fosse. Surprise, tous les musiciens se retrouvent sur scène pour interpréter un titre explosif de l'Electric masada (vous me rappellerez lequel, je ne me souviens plus de son nom) dans un délire improvisé bien cool. Départ. Puis le public hurle comme des dingues, on est au milieu d'un champs dans le Gers, on peut foutre le bordel, et les gars viennent de NY. Alors ils reviennent pour faire un game piece digne de Cobra avec John Zorn en chef d'orchestre : une ligne de guitaristes ultra high energy (4 gratteux si vous suivez, dont un Aram Bajakian en transe et ravis d'être la), deux bassistes (dont un Toby Driver qui toise amusé John Zorn qui s'agite), trois percussionnistes/batteurs, puis le clavier/violon. Tous le monde s'éclate, c'est une explosion sonique, un capharnaum sonore dirigé par Zorn, mais c'est vraiment trippant à voir. Salutations, clap de fin, il doit être deux plombes du mat', on est assommé par l'alcool, le foie gras, et la déferlante de son, mais on est heureux. Un super concert qu'il ne fallait pas rater.
Cheers !

Edit : j'ai fait quelques photos cool, mais il y a déjà des vidéos pros qui circule sur le tube, regardez les liens dans le blog du Zornographe (lien ci contre)

John Zorn + Ryuichi Sakamoto (The Stone, NYC, 25/04/2012)

Si je peux certes donner mon modeste avis sur quelques disques glaner par çi, par la, je déteste faire les lives reports, je me sens tout simplement mauvais dans cet exercice. De plus, ne vous étonnez pas de commentaires idiots et futiles de ma part, ainsi que du manque de détails ou de ne pas enjoliver le récit, tout ceci est NORMAL ! (don't like it, don't read it !).

Petit retour rapide sur mon excursion 2012 à New York (je m'y rend chaque année, meilleur ville au monde oblige), j'ai eu la chance d'aller voir la reformation de Refused en concert, et aussi (malgré que ce soit purement tombé au pif) d'aller voir un set au Stone, et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agissait de la rencontre entre Ryuichi Sakamoto (curateur du stone durant une partie du mois) et John Zorn, créateur et directeur artistique du club. Nous avons bien cru ne jamais rentré car il y avait déjà pas mal de monde devant l'entrée lors de notre arrivée, mais c'est sans compter sur la débrouillardise de Zorn qui a tassé le club lui même comme un sapeur pompier, faisant asseoir les gens par terre à même la scène (on devait être environ une petite centaine). Je me suis retrouvé assis à deux mètres de lui, fun !

Sinon, un piano sur lequel Sakamoto restera très évasif, tapant et bidouillant les cordes la tête directement dans l'instrument et jouant de manière très éparse et vague, ce qui donnait l'impression que c'est Zorn qui faisait tout le boulot au saxo. Au jeu de l'improvisation, c'est le maître de l'East village en la matière, alors ça reste du solide, il nous fera un festival. Quelques passages ambiant très agréable se dégageront du set, mais l'association aura du mal à décoller, la symbiose entre les musiciens n'étant pas des meilleures. Chaque set du stone dure normalement deux heures, 40 minutes plus tard, c'est déjà le final, même si Zorn aura joué sans s'interrompre, chapeau bas...


lundi 30 juillet 2012

MAMORU FUJIEDA - The night chant

3eme référence historique de Tzadik, qui ouvrait donc la section dédié aux compositeurs expérimentaux qui avait une vision trop peu conventionelle pour signer sur des labels normaux. Nous sommes donc en 1995, John Zorn, après avoir signé Alvin Curran et Chris Brown (vous pouvez retrouver ses deux disques dans la section composer serie), nous offre en troisième offrande un disque complètement marginal et hautement expérimental. Mamoru Fujieda, dont j'ai déjà kroniké le premier "pattern of plants", est un compositeur japonais issus du courant post-minimaliste qui a étudié la composition sous l'égide de Morton Feldman entre autres. Il est professeur à l'université Kyushu, après avoir reçus un diplôme de musicologie en Californie en 1988. "The night chant" est une oeuvre minimaliste qui frôle souvent avec des touches ambiantes : le première partie offre un chant bouddhiste et du shomyo comme unique instrument, pièce hypnotique et apaisante de 22 minutes. La seconde voit la présence de plusieurs instruments traditionnel, du chant bouddhiste, des choeurs navaho, et un artiste dont on entend les bruits de sculpture durant toute la trame sonore : 34 minutes encore plus cathartique et hypnotique, avec un coté traditionnel japonais séduisant. On hallucinera surtout de constater le partis pris et la prise de risque de Zorn de sortir ce disque hermétique d'un compositeur qu'il a certainement du rencontrer au japon. "The night chant" est une réussite dans sa catégorie trés précise qui renvois au post-minimalisme dans toute sa splendeur...

dimanche 29 juillet 2012

JOHN ZORN - Nosferatu


97eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Packaging new era de Tzadik, un digisleeve à l'artwork minimaliste qui aurait pu être plus attrayant étant donné la thématique je pense, un livret de la pièce de théâtre dont ce disque est la bande et les crédits du disque, on a vu mieux dans le genre. C'est pour le spectacle d'une troupe polonaise que ce score a été composé. Et, pour la petite histoire, on se doit de préciser qu'il est sorti le jour des 100 ans de la mort de Bram Stoker (auteur de Dracula), le 20 avril 1912 donc...

Ce disque de John Zorn aurait pu évidemment faire partie de la série des filmworks de par son contenu : hommage non dissimulé au film de Murnau "Nosferatu", l'un des premiers films d'horreurs reconnus, sortis en 1922 sur les écrans (film muet en noir et blanc, il est assez souvent diffusé en France sur arte), qui s'inspirait largement du roman de Bram Stoker paru en 1897. A la grande satisfaction de son public fidèle, John Zorn a changé son cercle de collaborateurs ce coup çi, nous dévoilant ainsi de nouvelles sonorités. Kevin Norton aux percussions et batterie, Rob Burger impeccable au piano et à l'orgue, et le grand retour de Bill Laswell à la basse, ça faisait un moment qu'il n'était plus apparus sur un disque de son comparse dans Painkiller. Ces sonorités de basse sont absolument saisissantes, l'association de Zorn au piano ou orgue couplé à Burger fait clairement son effet, et quand le sax s'invite sur quelques titres, c'est du grand art. "Nosferatu" visite pas mal de facettes zornienne, de la ballade au jazz, de l'ambiant à l'expérimental bruitiste, du dub au hardcore façon Painkiller (sur "the battle of good and evil" ou encore "the slalking"). L'ensemble est assez cohérent, du moins jouissif et surprenant pour les zornologues. On se réjouira donc de cette nouvelle oeuvre incroyable, et on aurait aimé voir l'utilisation de la musique dans la pièce polonaise (qui ne doit utilisé que les titres les plus calmes je pense). La remarque idiote du jour viendra entre une eventuelle affiliation entre John Zorn et Tom Waits : ils utilisent regulièrement les mêmes musiciens (Ribot, Cohen entre autres...), Zorn nous offre donc ce disque ayant pour inspiration l'univers de Bram Stoker, Waits à joué le rôle de Reinfield dans le film de Françis ford Coppola "Dracula"...A quand une collaboration ?

samedi 21 juillet 2012

JOHN ZORN - Mount analogue


94eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Énorme packaging pour la sortie de ce disque, un poil plus cher qu'à l'accoutumée d'ailleurs. Relié dans une couverture paraissant vieillis, symbole gravé à l'arrière, peinture de Remedios Varo sur la pochette, représentant la fameuse ascension du "Mont analogue", et un brillant hommage à Georges Ivanovitch Gurdjieff.

Avec « Mount Analogue », le nouvel opus de sa prolifique discographie, John Zorn est allé puiser son inspiration dans la vie et l’œuvre du philosophe mystique Georges Ivanovitch Gurdjieff. D’autres ont repris ses compositions orchestrales ou, comme Keith Jarrett, leurs transcriptions pour piano réalisées par de Hartmann. Zorn a préféré composer une suite de près de 40 minutes prenant la forme d’un voyage initiatique glissant avec fluidité d’un paysage à l’autre comme au détour d’un col de montagne ou d’un tunnel reliant des vallées enchantées. Un film sonore…
La composition ressort de sa série des file cards : une série de fiches minutieusement préparées qu’il s’agit ensuite d’agencer dans le bon ordre et dans la fièvre du studio… La direction d’orchestre y est donc aussi importante que la composition. La formation choisie par Zorn est le quartet Banquet of the Spirits de Cyro Baptista, augmenté du vibraphone de Kenny Wollesen. Dans le livret de l’album, John Zorn confie avoir découvert Gurdjieff à 15 ans à la lecture de « Rencontres avec des hommes remarquables » alors qu’il fréquentait la librairie Weiser au bas de Broadway. D’autres œuvres mystiques allaient suivre, de Gurdjieff ou de ses disciples, toutes marquantes pour l’adolescent : c’est aussi par cette librairie qu’il découvrit In Search of the Miraculous ou Crowley qui allait également inspirer plusieurs de ses œuvres mystiques de ces dernières années. Mais sans jamais adhérer à l’un de ces groupes philosophiques, Zorn considère qu’il y a puisé une philosophie et une exigence qui constituent son axe de vie d’artiste et de créateur. Mais le surréalisme et Dada le fascinaient tout autant (Zorn évoque sa rencontre avec Salvador Dali en 1969 !) et c’est l’œuvre de René Daumal qui a concilié les deux mondes. Et notamment éclairé par ses dessins sa vision du Mount Analogue, cette île invisible reliant le Paradis et la Terre vers laquelle vogue le navire « Impossible »…
Zorn a passé trois semaines à écrire l’ensemble des 61 séquences, entouré des livres de Gurdjieff et se repassant en boucle le film que Peter Brook a consacré aux Rencontres avec des hommes remarquables. À sa grande surprise, le compositeur constata que l’ordre d’écriture des séquences s’imposait miraculeusement comme une évidence et qu’il s’agissait bel et bien d’une Suite. Restait à l’enregistrer : 3 journées marathon du 13 au 15 juin 2011, les musiciens travaillant entre 12 et 16 heures par jour, finissant même à 5 heures du matin en une occasion, John Zorn ne s’octroyant que 2 heures de sommeil entre temps et ne mangeant quasiment rien… Après coup, Zorn s’est aperçu que la pleine lune tombait pile ces jours-là, avec même une éclipse totale le dernier jour ! Trois passages furent supprimés en studio, le tout début et la toute fin de l’œuvre durent être retravaillées, mais l’essentiel de l’enregistrement s’appuie scrupuleusement sur la composition dont les fragments enregistrés l’un après l’autre s’emboîtent comme un puzzle dont la cohérence saute aux yeux en bout de course.

Extrait de la chronique d'Alex Dulith, zornologue convaincus, dont je n'aurais pas dit mieux sur le processus de création de ce chapitre Zornien. Reste mon modeste avis : une oeuvre captivante de bout en bout, et un nouvel édifice de renom dans la carrière du maître new yorkais. L'utilisation du banquet of the spirits apporte une authentique nouvelle coloration dans les sonorités exotiques, et satisfait mon envie de voir John Zorn utilisé des nouveaux collaborateurs au lieu de son cercle habituel. Un opus incontournable est a vu le jour en 2012...

jeudi 5 juillet 2012

JOHN ZORN - The gnostic preludes


95eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Digipack classique de la "new era" tzadik, minimaliste à souhait pour le coup, dans la même veine que "dictée/liber novus". Suite de l'exploration mystique de John Zorn, entamé il y a déja deux ans avec "In search", et suivis d'un certains nombres de chapitres certes touchant et agréable, mais ayant tous de grosses similitudes ("The goddess", "Nova express", "At the gates")

Je reprendrai pour le coup la tranche Tzadik qui nous avoue donc que Zorn renoue avec de la musique de chambre avec "simplicité", inspiré par Debussy, le courant minimaliste et ses principaux auteurs (Reich, Riley, et Glass) ainsi que les traditions ésotériques spirituelles. La musique présente se veut donc "lyrique et hypnotique, parfaite pour la méditation du matin, les aprés midi solitaires et les contemplations de minuits". On pourra toujours sourire des fameux descriptifs du label new yorkais mais ils ont le mérite d'aiguiller l'auditeur néophyte, qui ne confondra ainsi pas un disque d'Easy listening zornien avec du Painkiller. Sinon, les connaisseurs seront autant ravis et étonné de voir le retour de Bill Frisell à la guitare dans la giron de Zorn, ces dernières collaborations restant Naked city et "New east traditions..." qui avait vu le jour en 1997 (on passera l'incursion du 10th masada anniversary en 2003). Associé à Carol Emanuel à la harpe et Kenny Wollesen au vibraphone, voici enfin un trio de musiciens un petit innovant et qui change du cercle habituel de musiciens new yorkais. La musique s'en ressent, car sans changer vraiment de registre, le lyrisme du disque s'en retrouve décuplé, avec une composition magnifiquement orchestré de toute manière. 8 préludes splendides, véritable havre de paix qui pousse effectivement à la méditation très facilement. Brillante idée de faire revenir un vieil ami guitariste. Et superbe chapitre de la quête mystique, certainement la meilleure du genre...

mercredi 27 juin 2012

JOHN ZORN - At the gates of paradise


92eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Digipack classique de la "new era" tzadik, et magnifique de surcroit par ses artworks, directement issus des peintures de William Blake (qu'on retrouvait aussi en couverture du dernier Moonchild), par ailleurs quasi fils conducteur de ce nouveau chapitre de l'oeuvre Zornienne, qui explore donc la facette "mystique" de son imagination.

En résonance des textes visionnaires des grands Romantiques (WILLIAM BLAKE donc...) comme de la gnose distillée par les manuscrits coptes découverts après-guerre près de Nag Hammadi en Haute-Egypte, Zorn s'est donc une nouvelle fois appuyé sur ses précieux collaborateurs pour donner vie à ce disque. Nous voila donc de nouveau en mode "pilotage automatique" puisqu'on retrouve le même line-up que le disque "Nova express" sortis lui même 6 mois plus tôt par Tzadik (Dunn/Baron/Wollesen/Medeski). Donc oui, en toute logique, un sentiment redondant et répétitif nous envahis, malgrés un disque impeccable. En tant que pseudo-connaisseur de l'oeuvre globale de Zorn, et ayant un peu de recul sur celle çi, "At the gates of paradise" ne nous étonnera guère, et se place dans la droite lignée (déja bien exploré) de "In search", The goddess" et "nova express". Il reste donc huit titres plus lyrique et posé que l'hommage à Burrough. Medeski et Wollesen sont les éléments majeurs, le squelette des compositions, la section rythmique se connait plus que bien (et demeure plus exploité au sein de Moonchild), et l'ensemble demeure toujours à priori de "la composition improvisée" magistralement interprété par de trés grands musiciens New yorkais. Mais des oeuvres récentes de Zorn m'ont plus étonné et séduit ("Femina", "Dictée/liber novus", "Interzone") que cette phase mystique certes séduisante, mais assez convenue...

dimanche 10 juin 2012

MASADA - Live in Jerusalem (1994)


Même si j'aime beaucoup Masada, je dois avouer que j'aurais mis un moment à me procurer toute la série de disques live qui encadre le groupe : en posséder un ou deux me suffisait amplement, car Masada, pour avoir vu la formation plusieurs fois en concert, ne donne jamais de mauvais concerts. Mais force de constater aussi que les lives de Tzadik sont tous unique en soit, de par leurs set-list, leurs productions, et leurs lieux qui ont plus ou moins d'importance dans l'histoire du quatuor. Profitant d'un énième voyage à NY, je me suis donc procuré les volumes qui me manquait dans cette collec'. Masada en live à Jerusalem, tout un symbole évidemment. La présence des New yorkais au festival de jazz de la ville donna plusieurs soirées assez mythiques, deux soirs furent captés et enregistrés pour la sortie de ce double album au son nettement meilleur que celui de Tapei l'année suivante. Track list complètement différent pour les deux soirs, de la nervosité parfois (furieux "Lachish" et "shilhim"), et le meilleur du jazz jewish à son apogée ("abidan", "piram" etc...)

dimanche 20 mai 2012

HEMOPHILIAC - John Zorn/Mike Patton/Ikue Mori


J'aurais donc mis plusieurs années avant de me procurer ce disque convoité d'Hemophiliac. Je connais John Zorn depuis 2001, mais n'est pas percuté la sortie de ce disque en 2002, sortis en version très limité, soit 2500 exemplaires dans le monde, dédicacé par John Zorn, Mike Patton et Ikue mori eux même. Comme Patton est suivi par une armée de fans attentif, l'objet a vite été sold out, certainement aux dépends des fans de Zorn d'ailleurs. Bref, il a fallu qu'un particulier le revende et que je sorte les sous de ma poche pour enfin acquérir le précieux sésame. L'objet est très beau, magnifique double digipack design et graphique qui mérite l'achat. L'association Hemophiliac a eu lieu en live aux alentours de 2000, date ou les morceaux de ce disque ont été enregistré et leur dernière apparition discographique a été le volume 6 du 50th birthday party initié par Zorn en 2003. Un disque en improvisation totale et freestyle, mais vraiment intéressant à découvrir, il se passe quelque chose et l'interaction entre les trois personnalités ravira les amateurs de games pieces et autre noiseries du genre. L'objet rare a avoir pour les amateurs de Tzadik. Sinon, difficile de prédire un quelconque avenir a la formation, Zorn semble plus attaché à Moonchild (dans sa collaboration "hardcore" avec Patton) qu'à Hemophiliac. Mais on en a vu d'autre avec Zorn...


JOHN ZORN - Elegy (20th anniversary edition)


En premier lieu, vous trouverez en lien ci dessous la chronique originelle de l'oeuvre "Elegy" que j'avais faites à l'époque...Pas besoin de la refaire pour cette réédition car les titres et le contenu musical ne change pas, seul la forme du disque subit un léger re-lifting pour célébrer les 20 ans de l'opus. Tzadik a estampillé que le disque était sold out, ce qui demeure une demi vérité, étant donné que Zorn a (à priori) récupérer les droits de son oeuvre auprés de Evva (le label d'origine) et aurait pu donc le rééditer dans sa version regular. Mais fervent de beaux objets, le compositeur new yorkais a donc entrepris de le rééditer, comme il l'avait fait pour les 15 ans de "The big Gundown", les 10 ans de "music for children" ou le disque "Chimeras" sur la composer serie. Si ces trois exemples précédents avaient bénéficié de titres supplémentaires, "Elegy" ressort donc uniquement dans un beau digipack, avec un artwork plus soigné et un livret plus fournis, avec des témoignages plus ou moins intéressant de Mike Patton, William Winant et David Slusser. Une oeuvre obligatoire pour ceux qui ne la posséde pas, et pour Zornologues uniquement pour ceux qui possède déjà la première version.

vendredi 4 mai 2012

JOHN ZORN - Spy vs spy


Avant l'arrivée prochaine des dernières oeuvres de John Zorn sur le blog (oui, j'ai accumulé un peu de retard ces derniers mois, petit sevrage zornesque de rigueur), retour expeditif sur cette oeuvre singulière du maitre new yorkais, que je possédais depuis un moment mais dont j'avais complétement omis l'existence. Un disque sortis sur Elektra, non sur Tzadik donc, mais bel et bien estampillé par le compositeur, en pleine période Hardcore à l'époque. Il n'y a qu'à consulter la liste des remerciements dans le livret pour s'en rendre compte. Jouer la musique d'Ornette Coleman, pére fondateur du Free jazz, retrospectivement une évidence lorsqu'on gravite autour de la planète jazz mais que l'on a envie de se la jouer brutal as fuck. John Zorn s'évertuera donc à monter un quintet resté jusqu'ici inédit, une basse, double batterie et double sax alto. L'agression sonore qui émane du disque en est encore plus assourdissante que prévu, avec notamment un enregistrement en stéréo comme le veut la tradition free. 17 titres et une demi heure plus tard, on ressort assomé et chancelant de la rencontre. Oeuvre aussi subversive que géniale et dangereuse, voila de quoi botter le cul des jazzeux et des rockeurs simultanément, une tour de force pas forcément facile pour tous le monde. Nous sommes en 1988, Zorn a 35 ans, Naked city sera créer l'année suivante...

lundi 16 avril 2012

ANDY LASTER - Riptide

Andy Laster nous livre en cette fin d'année 2011 son premier volume sur Tzadik, tourné résolument vers la musique de chambre comme thématique, ce qui tranche un peu avec le reste de sa discographie. Diverses pièces sonores composé entre 2001 et 2011, la dernière en date étant "Riptide", piéce pour piano solo. On est sinon dans la grande tradition du string trio, du string quartet, du quartet à formation variable ou du quintet. Les musiciens exécutent de manière impeccable les pièces et donnent ainsi vie à la vision assez sombre de Laster. Lyrique, inquiétante, envoutante, la trame sonore du disque est bonne, la classique contemporain résonne ici de mille éclats, le but avouée de cette section de Tzadik. Pochette superbe, comme d'habitude...

NED ROTHENBERG - Ghost stories

Premier volume de Ned Rothenberg sur la composer serie, datant de 2000. Une pochette sympathique résume à elle seule les hautes teneurs asiatiques qui sont présentes tout au long du disque. Quatres compositions relativement différentes mais complémentaire dans la vision et les compétences du compositeur lorsqu'on connait son parcours. "Arbor vitae" aborde la rencontre de la clarinette (jouée par Rothenberg) et du Shakuhachi (flûte japonaise traditionnelle), joué ici par Riley Lee, référence dans le genre. "Ghost stories", la pièce majeure du disque, marque la rencontre de Satoshi Takeishi aux percussions, d'Erik Friedlander au violon et de Min Xiao Fen à la Pipa (deux musiciens qu'on retrouve dans le giron de John Zorn dans sa discographie) : magnifique pièce d'une vingtaine de minutes, rencontre parfaite entre l'exotisme de la Pipa et le lyricisme du violon, la composition est admirable, un grand moment nous prouvant tous le talent du compositeur de Brooklyn. Enchainement avec un duel alto saxophone de Rothenberg avec les percussions de Takeishi : improvisation de 18 minutes intéressante, prouvant la facilité des deux musiciens à parler leur propre langage et créer ainsi leur tourbillon sonore. Conclusion avec "Kagami", pièce solo pour Shakuhachi jouée par Ned, 6 minutes prouvant ses compétences pour egalement s'imposer dans une performance nous renvoyant directement au Japon quelques siècles auparavant. Un chapitre captivant de la serie...

mardi 20 mars 2012

MEREDITH MONK - Beginnings

Longtemps indissociée de l'histoire de la Kitchen à New York, l'œuvre de MEREDITH MONK mêle des éléments de danse, de théâtre, de film et de musique, et se situe bien sûr au confluent de toutes ces disciplines contemporaines. Principalement connue comme chanteuse pour l'emploi de techniques vocales étendues (chuchotements, cris, grognements, sanglots, chant diphonique, etc...), cette admiratrice de HENRY COWELL et de LA MONTE YOUNG - une représentation de The Tortoise, His Dreams and Journeys la marqua de façon indélébile en 1966 - se vit rattachée au courant minimaliste dont elle fut néanmoins la première à remettre l'appelation en cause. Sélectionnée par elle-même à partir de ses archives personnelles, cette compilation couvre une grosse première moitié d'une carrière éblouissante, depuis ses performances solo du milieu des années 60 jusqu'aux travaux plus prestigieux sur ECM qui la firent connaître lors des deux décennies suivantes. Best of d'une subjugante pionnière des nouvelles musiques.

Résumé de la toile. Et superbe disque que nous propose Tzadik, on sent une forme de consécration pour John Zorn de sortir une oeuvre de Meredith sur son label, les notes du livret l'atteste et ce dernier n'hésite pas à écrire qu'elle est une renaissance et la mére spirituelle de tous les musiciens talentueux de la downtown scene. Les notes du livret se poursuive ensuite avec la compositrice elle même qui relate chaque processus et anecdotes des titres. Des travaux assez vieux donc, s'étalant entre 1966 et 1976. Je ne suis pas énorme fan des travaux à haute teneur vocal de ce genre, mais force de constater que Meredith Monk était effectivement une précurseur dans l'approche expérimentale couplé à du chant. A découvrir pour ceux qui aime...

LESLI DALABA - Timelines

Lesli Dalaba, trompettiste de la downtown scene, ayant joué entre autre avec les ensembles de Wayne Horvitz, d'Elliott Sharp ou de LaMonte Young. Son unique disque pour la série Oracles est vraiment ambitieux pour le coup : synthétiser toute l'histoire de la planète Terre en 48 minutes de musique. Vous n'y aviez pas pensé ? Lesli l'a fait, et avec brio j'ai envie d'ajouter. Oeuvre absolument indescriptible dans l'absolu, elle est composé en trois grande parties de 15 minutes qui correspondent a différente parties de l'humanité, entrecoupé d'interlude au Berimbau. Line up imparable sinon : Dalaba a la trompette, Carla Kihlstedt au violon, Zeena Parkins à la harpe, et Ikue Mori au laptop. Expérimental, mais aussi avec un touché ambiant et progressif indéniable, le quatuor emprunte l'improvisation du jazz pour le couplé avec l'approche de composition de la musique de chambre. Joué avec du coeur, "Timelines" est un superbe volume de série Oracles à découvrir d'humeur résolument baroudeuse...

STEVEN BERNSTEIN - Diaspora suite

John Zorn, grand gourou de la downtown scene, avait prévenu Steven Bernstein, responsable de la série Diaspora sur la radical jewish culture : "si il doit y avoir un prochain volume, je veux que ce soit que des compositions originales". Certes il y avait quelques arrangements traditionnels sur les autres volumes, mais voila l'art et la manière de mettre un coup de pression direct, Zorn croyant surtout à l'énorme potentiel de compositeur du trompettiste. C'est lors d'un concert de 2007 en hommage au réalisateur Robert Altman que l'idée de ce disque a germé, les compositions précédentes avaient été largement arrangé et structuré, place à la liberté absolu pour cette fois. Si il avait enregistré chaque volume dans des villes différentes auparavant, Berstein a cette fois décidé de rester chez lui, dans la ville de Oakland (Californie) afin de donner vie aux 12 titres qui composent ce "diaspora suite". Appel de ces plus camarades musiciens de la west coast (dont les reconnus Ben Goldberg, Peter Apfelbaum, ou John Schott) et enregistrement express dans une même pièce durant une unique journée, de 12h à 6h du soir avec une pause déjeuner au milieu (!). Du trés trés lourd. Dans la tradition musicale Hébraïque satiné de Miles Davis/Gil Evans, c'est du jazz absolument magnifique auxquel on a le droit. Virtuosité, improvisation, ambiance sombre, c'est un trés grand moment de musique. Volume important de la radical jewish !

samedi 17 mars 2012

JESSE HARRIS - Cosmo

Encore une délicieuse anomalie que cette arrivée de Jesse Harris dans les rangs de Tzadik, comme l'incursion récente d'Anthony Braxton ou de Terry Riley. Gagnant d'un grammy award, compositeur de Norah Jones ou de Solomon Burke (entre autres), compositeur d'un film de Ethan Hawke, Jesse Harris n'est pas à priori issus de la scène expérimentale pure souche, mais demeure un élément de la downtown scene à part entière (Il participe d'ailleurs au concert parisien de John Zorn en Mars 2013). Aprés neuf disques en solo, voici donc son premier album entièrement instrumental, brillant de surcroit, ce qui ne gache rien à l'affaire. L'affiliation avec Tzadik ne choquera cependant pas les fervents du giron de NY, puisqu'on y retrouve pas mal d'habitués, qui sont tout naturellement des amis de Harris : Kenny Wollesen aux percus, batterie, Rob Burger à l'orgue, piano, Tony Scherr à la guitare, Doug Wieselman au tambourin, etc...12 compositions magnifiques et trés variés, pasant du jazz à la folk, de la musique brésilienne au rock, bref, comme le dit Zorn, la pop instrumentale dans la tradition de Burt Bacharach. Un opus frais, léger, facile à écouter et ceux à tous moments de la journée comme un disque de The dreamers. Chouette volume...

dimanche 19 février 2012

BASYA SCHECHTER - Songs of wonder

Aprés des mois passés en studio et pas mal de concerts ou les titres ont été joués, voici donc le nouveau projet de Basya Schechter, tête pensante de Pharaoh daughters, chanteuse au sein de Mycale et âme bienveillante et généreuse d'une nouvelle scène musicale juive. Son second disque "solo" pour Tzadik se nomme donc "songs of wonder" et dévoile un sacré line-up de musiciens de la downtown scene comme Uri Sharlin au piano, Frank London à la trompette ou encore kes musiciens de Banquet of the spirits. 10 titres d'influence yiddish avec une magnifique instrumentation, riche de nombreux instruments et d'arrangements brillants ou se mêle exotisme et tradition. On y retrouve evidemment des reminiscences de son groupe, mais aussi tous les vibrations et superbes mélodies de son second disque "queen's dominion". La ligne directrice des ligne de chants de la superbe voix de Basya (chanté en hébreu) sont des textes du rabbin Abraham joshua Heschel, théologien et grand penseur juif du XXeme siècle (plus d'infos sur le net). Au final, un brillant disque offert par la compositrice, riche et coloré musicalement, sincére et réfléchis sur les paroles. L'adéquation parfaite en somme...

samedi 28 janvier 2012

NORMAN YAMADA - Being and time

Seul et unique disque de Norman Yamada, compositeur trés discret venant de New York, et qui n'a plus donner signe de vie depuis cet opus datant de 1998 (il avait cependant sortis cinq disques auparavant, dont un sur Avant). Pochette arty, pour un disque hautement expérimental. Au programme : une exploration sonique du rock décortiqué, de l'ambiant et de la noise, dans un feeling reflétant le "malaise post-moderne". Cela parait abstrait au premier abord, mais c'est le vérité, "being and time" traduit bien un malaise relativement citadin et oppressant. Un joli parterre de musiciens vient prêter main forte à Yamada : Marc Ribot à la guitare, Jim Pugliese aux percus, Christine Bard à la batterie, Tim Smith à la clarinette, parmis beaucoup d'autre. Toujours organisé de manière orchestrale, les compositions oscille entre coup de semonce, ambiance tendu et toujours cette contre impression d'improvisation sauvage. Un disque parfaitement en phase avec la composer serie et une chapitre quasi "classique" du label new yorkais...