samedi 23 novembre 2013

DAVID GOULD - Feast of the passover

Après un excellent premier disque datant de 2001 "Adonai in dub", voici le retour en grande pompe de David Gould, soit quasiment l'unique compositeur de reggae du label Tzadik (hormis quelques dérives de Jamie Saft parfois). Fête de la Pâque juive, le Séder est composé de 15 étapes durant lesquelles les participants chantent des psaumes et récitent des louanges à Dieu. Les Juifs se remémorent à cette occasion le passage de leur condition d'esclaves à celle d'hommes libres. Ce passage est aussi le symbole de celui de l'ange de la mort planant au-dessus des maisons des enfants d'Israël (soit le passage de la mort à la vie), de la traversée de la Mer Rouge par le peuple hébreux, de la constitution d'Israël en une nation, du solstice de printemps, etc. Gould a réarrangé ces chants avec le style reggae-klezmer qui le caractérise et les a enregistrés à Boston, Ithaca et en Jamaïque en compagnie d'un all-stars groupe comprenant entre autres des membres des Silvertones et des Ethiopians. Connexion parfaite entre la tradition juive et l'esprit Rasta, "Feast of the passover" est un superbe opus planant et trippant, parfait pour faire le dopesmoker et chiller en balochant la tête au rythme de grosse vibration reggae-roots...

PETER GARLAND - Three strange angels

Peter Garland est un traveller, on s'en rend compte clairement en lisant sa biographie : il n'a jamais cessé de voyager entre 1973 et 2005, visitant des dizaines de pays, s'imprégnant sans cesse de multiples cultures, rencontrant de multiples personnes au grés de ses périples (il était proche entre autre de John Cage, Harry Partch, ou Colon Nancarrow). Si la Californie est son pays d'adoption (c'est l'endroit ou on était enregistré toutes les pièces du disque), il est tombé amoureux du Mexique plus particulièrement, s'y installant à plusieurs reprises, puisant ainsi son inspiration dans la musique amérindienne et la musique rituelle mexicaine. Après des dizaines d'années de voyages, il vit aujourd'hui une retraite paisible dans le Maine. Compositeur parmi les plus méconnus de la seconde génération des minimalistes de la West coast, il a cependant toujours eu le soutien indéfectible d'une personne qui adore sa musique : John Zorn. Après deux disques sur Avant, le label japonais pour qui Zorn fût le directeur artistique entre 1992 et 1995, Peter Garland a naturellement bifurqué sur Tzadik afin de sortir la suite de ces travaux. Dernier disque en date de 2008, "Three strange angels" est en fait la réédition de son tout premier disque intitulé "Border music" paru en 1992 sur le label What next ?. Une nouvelle pochette voit le jour est reflète bien l'esprit du disque : exotique et envoûtant. Des compositions datant de 1972 à 1992, ainsi que 30 minutes inédites d'un concert datant de 1989. Pour faire assez simple dans la description, l'œuvre oscille entre deux instruments principaux : la Harpe (dont certains titres sont tout simplement magnifiques "Cantares de la frontera") et les percussions (toujours sous l'influence de ces voyages). Une excellente réédition à découvrir, parfaite si on est d'humeur aventureuse sans vouloir bouger de chez soi...

dimanche 17 novembre 2013

BUN CHING LAM - The child god

Sortis en 1998, "The child god" est le second disque de Bun Ching Lam pour Tzadik, et pour le coup son dernier (elle reste pour le coup active dans la musique et a sortis quelques disques après son incursion pour le label new yorkais). On n'est pas très étonné d'entendre ce genre de volume parmi les balbutiements d'identité du label : John Zorn est encore pas mal imprégné de son va-et-vient entre NY et le Japon, il signera pas mal d'artistes asiatiques ou ayant des origines à la création de ce dernier. Née à Macao mais ayant grandis aux USA, la compositrice nous offre une œuvre singulière et aboutie pour le coup, soit une mise en scène musicale de "The creation of the gods", une nouvelle mystique de la dynastie Ming sur la notion de "l'enfant -dieu". Une rencontre organisé entre des musiciens chinois pour les instruments asiatiques (Pipa, Zheng, Xun) et des performers de NY, au violon, clarinette basse, et percussions. Une musique classique aventureuse et asiatique sur lequel une narration parlée par un récitant s'alterne avec un chant fait par un soprano. J'ai bien accroché musicalement sur certains passages, mais je suis resté complètement hermétique à l'histoire et son chant plaintif qui l'accompagne, malheureusement présent sur tous le disque. Reste une rencontre entre l'art musicale du grand ouest et la tradition des troubadours chinois qui reste intéressante si on est d'humeur. Je m'attendais à mieux avec ce concept et reste un peu déçus du rendu final

BARBEZ - Bella ciao

Dan Kaufman, déjà auteur d'un excellent volume sur la radical jewish culture ("Force of light, chronique disponible dans la section) revient en 2013 avec un nouveau disque, cette fois çi plus vraiment en solo puisque c'est son groupe Barbez qui nous offre "Bella ciao" dans sa composition (on retrouvait déjà tous les membres sur le précédent). C'est en été 2009 qu'ait venus l'idée de ce disque lors d'un voyage à Rome, notamment après être passé dans une petite rue romaine qui portait les stigmates d'un attentat des partisans italiens contre un troupe de soldat nazis (dont 33 trouvèrent la mort) le 23 novembre 1944. Tous les détails de l'histoire sont dans le livret du disque, les représailles qui suivirent, les détails historiques, les inspirations, etc...Malgré que les juifs roumains ont été particulièrement marqué par l'holocauste, leur identité est restée bien distincte des différentes cultures juives séfarades et ashkénazes, c'est l'inspiration principale pour les mélodies et compositions du disque. Plusieurs poèmes de deux auteurs italiens (Paolo Pasolini et Alfonso Gatto) ont aussi été insérés dans la musique et récités sur quelques titres par des récitantes n'officiant pas dans Barbez. La cohésion, la sensibilité et l'inspiration du combo de Kaufman fait mouche sur les 11 titres présents, avec une atmosphère plus sombre et négative qu'à l'accoutumée dans la musique traditionnelle juive, mais avec toujours cette lueur d'espoir qui en font un sympathique volume de la série...

mardi 5 novembre 2013

JON RASKIN & CARLA HARRYMAN - Open box

Carla Harryman est une poète, essayiste et auteur née à Orange en Californie. Elle enseigne l'écriture créative à l'université du Michigan. Jon Raskin est un des membres du Rova saxophone quartet, basé principalement à San Francisco. C'est à la lecture des poèmes de Carla que le saxophoniste eu l'idée de les mettre en musique. On n'en sait pas vraiment plus sur la rencontre et la conception du disque, hormis que le processus a duré plus de trois ans. Une jolie pochette arty qui peut plaire aux filles et qui renvois à un certain coté poésie, et sept titres développés. Le premier "Fish speech" détonne : pur titre de noise avec une grosse basse ronflante, et un riff acide et rentre dedans, on se dit que la rencontre va péter des flammes. Il s'agit hélas de la seule bonne incursion musicale, le reste naviguant entre improvisation redondante, noise inutile, et expérimental épuisant. Il reste ensuite l'interaction entre les deux protagonistes qui récitent donc des poèmes de Harryman tout au long du disque (enfin, quasiment, car "la reactive meme" ne s'encombre même pas de paroles puisque des onomatopées sont gloussés tout du long, le résultat n'est pas terrible, n'est pas Patton qui veut). La barrière de la langue met un frein a un éventuel engouement sur les lyrics, mais bon, les anglais s'y retrouveront peut être. Au final, une rencontre médiocre. Après le "Someck and Sharp" raté sur la radical jewish, on se rend compte en fait que poésie et musique ne font peut être pas bon ménage...

lundi 4 novembre 2013

DAVID ROSENBOOM - Life field

A l’instar de deux de ses compagnons, James Tenney et Richard Teitelbaum, David Rosenboom est un vétéran de l'avant-garde américaine depuis plus d'un demi-siècle. Il fut de toutes les grandes aventures, celle de l'Electric Circus en 1969 comme celle du Theatre of Eternal Music de La Monte Young. Il figurait sur la première version du In C de Terry Riley à la fin des années 60, sur le premier album de Jon Hassell (Vernal Equinox), comme sur le Five Compositions d'Anthony Braxton. Parfaite introduction à l'œuvre de ce compositeur prolixe, "Life Field" rassemble une sélection de travaux couvrant des champs sonores aussi divers que le minimalisme, l'outil électronique, les modes de jeux aléatoires, la relation improvisation-composition, le bio-feedback (un processus d'amplification des ondes électriques du
cerveau pilotant des synthétiseurs). Couvrant les périodes très larges de 1964 à 2004, cet rétrospective est une aubaine pour découvrir la vision hautement expérimentale du compositeur, le livret contenant beaucoup de notes et photos pour plus d'informations sur les différents processus.

samedi 2 novembre 2013

DAVID FULMER - On night

Ancien élève de Milton Babbitt, titulaire d'un doctorat à la Juilliard school, il intègre l'université de Columbia en 2009 et se fait remarqué mondialement lors de ses "violin concerto" au Lincoln center de NY en 2010. On a pu également le voir apparaître sur les deux derniers disques classiques de John Zorn sur la composer serie, et l'apercevoir lors des récents concerts que ce dernier a donné pour ses 60 ans lors des introductions de musique de chambre.
C'est un superbe artwork qui ponctue sa première œuvre pour Tzadik, certainement parus sous l'impulsion de ce diable de Zorn, chaleureusement remercié au sein du disque. "On night" est une pièce composé entre 2010 et 2012, principalement conçus pour un soprano saxophone en leader, accompagné de son ensemble de sept musiciens, et intégralement conduite par David Fulmer qui paradoxalement ne joue pas sur le disque donc. Entièrement en allemand, les cinq plages sont découpés selon les différentes trames sonores et assemblées pour ne former qu'un unique long titre typique de la chamber music de la composer serie. Tantôt dramatique, tantôt apaisante, les multiples moments ou l'ensemble se met en branle sont des grands moment de classique virulent dans le genre. Puis le saxo reprend sa tirade, comme pour nous raconter une histoire, en décalage de l'ensemble qui reste parfois muet. David Fulmer nous offre une très bonne première œuvre dans le même genre que Zorn dans cette même série, avec une atmosphère sombre et délicate en même temps. On attend la suite sans soucis...

NOAH CRESHEVSKY - The four seasons

Directeur d'un centre musical basé sur l'électronique, professeur au Brooklyn college, à l'image de l'art work du disque, Noah Creshevsky est un compositeur incontournable de NY. Cet élève de NADIA BOULANGER et LUCIANO BERIO est depuis 1971 une éminence de la composition électroacoustique. Son approche ressemble à celle de Luc Ferrari, Scott Johnson ou Mark de gli Antoni que vous avez pu croiser sur ce blog : les éléments electro-acoustiques, les charcutages des bandes magnétiques et le dépiotage de la musique sous toutes ces formes. Aprés quelques disques sortis en indé, et un deux disques sortis sur Tzadik auparavant, retour du compositeur avec "The four seasons" à l'artwork arty une nouvelle fois. D'une palette large incorporant dialogues et “chutes bruitistes”, il décompose ses œuvres (instrumentales ou chantées) pour les réassembler en de singuliers agrégats sonores. Voix et électronique subtile se retrouvent magnifiées par autant d'effets de loupe générant une sorte d'hyperréalisme sonore. Ses “quatre saisons” (il fallait l'oser) posent les jalons d'une œuvre initiée en 1992. On ne voit honnêtement pas trop la différence entre les saisons, l'ensemble du disque forme une nouvelle fois une histoire folle et cartoonesque, avec son lot de sonorités improbables, et un ensemble globale qui s'écoute d'une traite. On est pour le coup dans de la musique fondamentalement avant gardiste : peu de gens ont entendus cet assemblage sonore, c'est absolument certain. Peut être est ce l'avenir de la musique ? En attendant, Noah Creshevsky est un grand compositeur avec une vision aussi folle que géniale. Cette belle œuvre vous l'attestera une nouvelle fois

dimanche 27 octobre 2013

JOHN ZORN - Filmworks XXI

Poursuite rétrospective de la serie des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette série dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XXI date également de 2008, ce qui en fait la troisième bande son zornienne cette année la. Un documentaire et un film qui n'ont strictement rien à voir hormis leur relative courte durée, ce qui permit d'enquiller les deux sur un même volume.

John Zorn explique en introduction que même après 15 bandes sons de films déjà faites, les offres sont très aléatoires : il peut se passer plusieurs années sans un seul coup de fils de réalisateurs, puis soudain en recevoir plusieurs d'un seul coup. Ce fut le cas en 2008 puisque 4 offres intéressantes furent aboutis. Maria Beatty est la première à se manifester : la réalisatrice a déjà travaillé avec le compositeur sur deux précédents filmworks (IV et VI, au milieu des 90's), et son nouveau court métrage pour exprimer la sensualité féminine et le contact avec la nature (tourné en France d'ailleurs). Après avoir pensé à plusieurs sortes d'instrumentations (dont du Tabla, idée abandonner au bout d'une semaine, ne trouvant pas de musiciens adéquates), la combinaison se fera donc avec la harpe, la guitare, et le choix en tout dernier lieu de la basse, Shanir Ezra répondant présent le matin même de la session. Carol Emanuel et Marc Ribot complète le line-up, et signe 7 titres brillants et lyriques à souhait. Dans une veine purement easy listening, la musique est pour le coup en phase absolue avec les atmosphères du film, sensuelle, envoûtante, féminine et parfois mystérieuse. Une belle retenue et sensibilité dont fait preuve John Zorn durant ce court set, ayant parfaitement capturé l'esprit du film...


La seconde partie du disque couvre un documentaire sur la restauration du Rijksmuseum à Amsterdam. La production avait contacté Tzadik à la base pour obtenir certains titres en licence du Masada string trio pour pouvoir les utiliser en trame sonore, la réponse de Zorn est souvent la même face à ces requêtes : pour le même prix, il préfère composer une nouvelle bande son : plus stimulant pour la créativité, les musiciens sont payés, de la nouvelle musique est composée, les disques sortent. Un processus qui satisfait tout le monde, et Zorn pense qu'un film original doit posséder sa propre bande son. Le challenge était principalement de capturer une atmosphère du XVIIeme siècle pour renvoyer à un baroque minimaliste, pour obtenir un ensemble cohérent avec l'univers du musée. L'utilisation du clavecin est donc la principale nouveauté pour Zorn ; Il alterne ce rôle avec Uri Caine selon besoin, dont c'est la première incursion dans un filmwork. On retrouve aussi Cyro Baptista et Kenny Wollesen au vibraphone. Dix titres sympathiques avec effectivement une nouvelle sonorité et approche de par le clavecin, Cyro étant toujours au top avec ces percussions fantastiques, notamment sur "architecture"...

samedi 26 octobre 2013

DEVEYKUS - Pillar without mercy

Nouveau venus dans le giron de Tzadik, voici un groupe qui m'a vraiment interpellé avant même sa sortie car la vision proposé m'a franchement intrigué. Dan Blacksberg est la tête pensante du projet, il possède déjà à son initiative plusieurs groupes (Electric Simcha entre autres), mais celui çi risque de franchement marqué les esprits de par son audace et son originalité. Le jeune compositeur découvre la musique juive traditionnelle par le biais de Frank London, que tous les amateurs de Tzadik connaissent bien. Il a alors ensuite l'idée de mélanger le genre avec un autre genre musicale n'ayant pour le coup rien à voir : le Doom metal.
Je connais pour le coup assez bien ce genre, puisque je gravite plus à la base dans une sphère rock. les deux références cités sur la tranche Tzadik (Earth et Sunn O))) ne font pas vraiment de doom-metal (qui est nettement plus rythmique), ils sont les fers de lance de ce qu'on appelle le Drone, style pour initiés basé principalement sur la lourdeur et la vibration de riffs de guitare, utilisant la répétition et la puissance du son pour créer un magma sonore (parfois) destructeur. Dan Blacksberg a donc recruté une formation rock traditionnelle (deux guitares, une basse, une batterie), la touche juive hassidique se fera donc par son intermédiaire via le trombone, joué ici à pleine puissance et qui accompagne toutes les phases des 6 longs titres (hormis quelques passages bidouillages Noisy que ne renierait effectivement pas le duo O'Malley/Anderson). L'ensemble sonne t'il cohérent ? oui. Mille fois même. Jamais on a entendu pareil déluge sonore. La touche juive est noyé au milieu des riffs parfois écrasants proposé par le quatuor. Mais ce disque est un voyage incroyable dans une vision unique. Dan Blacksberg signe donc avec Deveykus (le nom de la formation) un grand disque pour le coup complètement en marge avec la Radical jewish culture (Jamie Saft s'y était essayé avec son "Black Shabbis"). J'ai adoré, et je trouve la pochette superbe et en parfaite adéquation avec la musique proposé, c'est dire !

samedi 21 septembre 2013

JAMIE SAFT - Breadcrumb sins

Second disque de Jamie Saft sortis sur Tzadik à l'époque, 2 ans après le premier "Sovlanut" qui était vraiment très bon dans son genre. Très honnêtement, il n'y aura pas besoin d'en faire des caisses quand au lien entre les deux albums, "breadcrumb sins" s'inscrit dans la parfaite continuité de son prédécesseurs, avec toujours ce mix improbable d'ambiance juive, chœurs quasi-religieux, dérives Noisy et base rythmiques Dub ou Drum n' bass. Décrit comme ça, on a évidemment beaucoup de mal à se l'imaginer en tête. Mais à l'écoute des 9 titres, tout semble cohérent, et d'une clarté absolu. On retiendra ce superbe "blood on the door" avec le chanteur Antony, les deux compositions avec sa femme, et surtout ce groove lancinant qui fait que sans nul doute le lascar doit fumer des joints taille bombardier ! Sortis en 2002, et toujours dispo un peu partout, notamment sur Tzadik qui met un point d'honneur à mettre à disposition tous les nombreuses références du label, même les plus vieilles, ce qui est vraiment une aubaine...

vendredi 13 septembre 2013

GARY LUCAS - Busy being born

J'avais kroniké le second disque de Gary Lucas il y a déjà quelques années (disponible dans cette même section) et me souvient avoir été complètement bluffé par ce guitariste incroyable, dans le giron de Captain Beefheart et prof de guitare de Jeff Buckley. Son premier disque pour Tzadik était pourtant sortis deux ans plus tôt, en 1998, soit trois ans seulement après la création du label. Le fait que Lucas vive à NY depuis les années 80's et qu'il soit ami avec John Zorn a du modifier la donne, on retrouve d'ailleurs ce dernier sur les deux disques. "Busy being born" (d'après une citation de Bob Dylan) est un tribute aux chansons pour enfants, reprise à la sauce juive et guitaristique. Car si il y a batteur sur quelques titres, Greg Cohen à la contrebasse de temps en temps, John Zorn sur deux titres qui couine, c'est avant tout la guitare magique de Gary Lucas qui nous fait frémir. Il faut bien comprendre que le lascar est un monstre de l'instrument, on se demande souvent si il n'a pas 12 doigts, sa rapidité d'exécution a pour égal sa virtuosité, et son jeu est absolument sublime. Pas moins de 17 titres ce bouscule sur ce disque, tout plus ou moins essentiels, qui font de ce volume un "old school" essentiel du label new yorkais...

lundi 19 août 2013

JOHN ZORN - Filmworks XX (Sholem Aleichem)

Poursuite rétrospective de la serie des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette série dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XX date de 2008, et couvre la bande son d'un documentaire sur la vie de l'écrivain Sholem Aleichem.

Sholem Aleichem, écrivain russe juif écrivit un grand nombre de romans, nouvelles et pièces de théâtre, principalement en langue Yiddish (langue couramment parlée mais méprisée en littérature), faisant ainsi de lui une figure de proue de la littérature Yiddish. Il connut ensuite de très dures étapes dans sa vie, en marge du succès d'estime de ses œuvres, une ruine personnelle du à une spéculation boursière, la mort tragique de son fils et une contraction à la tuberculose. Il mourut en 1916, et l'hommage de la communauté juive fut sans précédent : 100 000 personnes assistèrent à son enterrement dans le queens, et l'homme possède une place à son nom dans la 33eme rue de Manhattan, NY (et en sus, 2 monuments à Kiev et à Moscou)

Sur les bons conseils de Oren Rudovsky (réalisateur qui collaborera pour ses œuvres sur les filmworks XIV et XVIII entre autres), le réalisateur Joseph Dorman contacta Zorn afin qu'il écrive la musique de son documentaire sur l'écrivain juif. Le premier réflexe du compositeur fut de répondre "pourquoi moi ?", ce dernier connaissant l'écrivain Yiddish, et étant persuadé que la musique virerait Klezmer et clarinette (et effectivement, Frank London ou David Krakauer serait plus approprié). Mais le réalisateur expliqua qu'il voulait mettre en avant le coté plus sombre de la vie et des travaux de l'auteur russe. Si Zorn explique les rouages de la mécanique des musiques de documentaire (aider les transitions, ajouter de la tension, jouer sur le dramatique), il explique aussi que les fonctions musicales sont secondaire dans son procédé, et que l'utilisation de sa musique dans le cadre du film lui est indifférent, ce qui est surprenant. Mais de toute façon, il est de notoriété publique que John Zorn est le plus "punk" des compositeurs de films : il ne rencontre pas le directeur/réalisateur avant l'enregistrement, et n'écoute personne pour la composition (à moins d'allonger un solide tas de billet sur la table, et encore...). Il propose juste assez de musique pour couvrir les scènes, fournit l'enregistrement, et débrouille toi pour la suite...

John Zorn fera appel à des bons camarades à lui puisque qu'on retrouve le Masada string trio sur cette bande son, déjà responsable de plusieurs opus sur Tzadik, et Zorn les dirigeant très souvent au "bâton". Mais la clé de cette bande son unique a été d'inclure Carol Emmanuel à la harpe et Rob Burger à l'accordéon sur tous les morceaux, formation à 5 musiciens donc. Le tout sonne avec une rare cohésion et une ambiance splendide. les 12 titres regorge d'influence, de Bernard Hermann à Astor Piazzolla, avec des réminiscences de Tango. Mais on retiendra surtout l'atmosphère Yiddish qui se dégage de l'ensemble, rendant ainsi parfaitement une forme d'hommage à Sholem Aleichem. de "Shalom, Sholem !" et sa gaieté, jusqu'au plus sombre "mekubolim", on reste soufflé par tant de grâce, aussi bien au niveau de la composition que de l'interprétation impeccable des 5 membres. Les plus érudits d'entre vous auront reconnut un standard de jazz (interprété par Duke Ellington a priori) "caravan", qui s'est transformé en "portable homeland" dans une version Yiddish. Zorn est un peu gonflé de ne même pas l'avoir signalé, on en saura pas plus sur cette dérobade...

"Sholem Aleichem", on n'en saura pas plus sur ce documentaire au final, qui est malheureusement la aussi assez underground. Mais le filmworks XX s'inscrit dans la tradition Zornienne des grands disques de qualité, fait avec goût, distraction et passion. Et nul doute que l'auteur russe aurait été fier de l'héritage musical d'un grand contemporain juif qui rend hommage à la culture Yiddish...

JOHN ZORN - Filmworks XIX (The rain horse)

Poursuite rétrospective de la serie des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette série dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XIX date de 2008, et couvre la bande son d'un film d'animation du réalisateur russe Dimitri Geller et qui s'intitule "The rain horse". Peu d'informations sur la genèse du film, mais il est en ligne sur le tube, et a gagné apparemment quelques prix d'animations dans les pays de l'Est. Je n'ai perso pas trop aimé mais ce n'est pas trop le sujet...

Après une requête par mail du jeune russe pour obtenir une licence de plusieurs morceaux du book of angels, Zorn, curieux, demanda à voir son travail et fût séduit par sa vision unique, sa technique et son langage unique et hermétique de l'animation. Le compositeur suggéra, comme c'est déjà arrivé sur d'autre filmworks, d'enregistrer une session complète de nouveaux morceaux pour le même prix, ce qui remplis de joie Dimitri Geller, a priori amateur de l'œuvre Zornienne. Bossant à ce moment la sur le disque "The dreamers", gardant en tête les atmosphères des titres que souhaitait acquérir à la base le réalisateur, et potassant durant quelques semaines les compositions de ce volume, John Zorn voulu d'abord recruter le duo Feldman/Courvoisier, mais indisponible pour cause de tournée. Hésitant entre plusieurs instruments (le vibraphone de Kenny Wollesen ou les flûtes de Steve Gorn), Le maestro se reporta sur Greg Cohen (fraîchement revenu d'Europe), Rob Burger (un vrai improvisateur créatif dans un style folk/classique) et Erik Friedlander (le plus lyrique de son entourage).

Le trio arriva en studio le 15 octobre 2007 en avance et commença à parcourir les partitions. Mais l'accordéon de Rob Burger sonne faux dans ces compositions, Zorn lui demande de changer contre le piano, au désarroi du musicien qui déteste en jouer (lui rappelant les cours étant enfant). Et pourtant, il a effectivement un sacré touché, plus sensible et raffiné que d'autres musiciens de la downtown. Dans la tradition des sessions de Filmworks, l'enregistrement fut le fruit d'un travail acharné durant toute une journée, mais à 18h, les 11 compositions étaient en boite, juste à temps pour que Friedlander récupère sa fille et que Greg Cohen puisse se rendre au concert de jazz de Woody Allen ou il est contrebassiste (tous les lundi soir au Carlisle, un hôtel luxueux de l'upper east side). Le disque fut mixé avec Marc Urselli (autre collaborateur fidèle de Zorn mine de rien) dans la foulée et à 21h, l'affaire était bouclé : 40 minutes de musique pour un film d'animation de 12 minutes. Peut être que le réalisateur étendra son film questionne John Zorn, mais comme il le dit lui même, Ennio Morricone lui a dit il y a quelques années "pense aux compositions musicales, pas au film !". Appliqué ici avec brio par un trio qui nous change du fameux et récurrent Masada string trio. Un beau volume à (re)découvrir, une superbe musique de chambre lyrique et majestueuse...

mercredi 7 août 2013

JOHN ZORN - Filmworks XVIII (The treatment)

Poursuite rétrospective de la serie des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette série dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XVIII date de 2006, et couvre la bande son d'une comédie romantique d'Oren Rudavsky (qui a déjà travaillé avec Zorn auparavant) et qui s'intitule "The treatment". Il sera récompensé comme un des meilleurs films New Yorkais cette année la.

Rudavsky, le réalisateur contacte assez vite John Zorn pour son nouveau projet, une comédie romantique : A l'entente de ces deux seuls mots, le compositeur décline l'offre, ne pensant pas être l'homme de la situation, son interlocuteur pense le contraire, des objections montent de part et d'autre, un compromis est trouvé : visionner le film avant de prendre une décision finale. Le scénario plait finalement à Zorn, le réalisateur suggère une bande son avec pour base des éléments de Tango, ce qui achève de convaincre le musicien d'entamer son dix huitième filmworks. Le tango est une musique qui a toujours plus à John Zorn, et même si "The treatment" ne sonne pas exactement comme tel, l'esprit et le son des compositions font en sorte qu'on y retrouve une forte coloration.

A partir de ce moment la, le groupe de musiciens se dessine tout seul : le violon est un élément crucial pour le tango argentin et le romantisme, Mark Feldman est donc le premier à répondre présent, il est la pièce centrale des compositions du disque. Après son brillant travail sur le filmworks XIII, l'accordéon était tout désigné pour être Rob Burger, musicien que John Zorn utilisera tardivement mais assez intensivement ces dernières années ; le seul fait de retravailler avec lui était une raison suffisante pour Zorn d'accepter le boulot, c'est dire son estime pour le californien. Pour alléger le son, le piano sera remplacé par du vibraphone, Kenny Wollesen est son ouïe sensible fera parfaitement l'affaire. Enfin pour le bassiste, Le choix a du se faire entre Greg Cohen, Trevor Dunn et Shanir Ezra Blumenkranz, et c'est ce dernier qui fut choisis, solide sur les rythmiques, avec un son profond et généreux. Ce groupe inédit avait du mal à se trouver au début, les premières heures furent difficile, avec des compositions complexes. Marc Ribot fût donc appelé à la dernier minute, afin de structurer l'ensemble et de faire profiter de son expérience studio : Outre une petite apparitions sur deux courts titres, il permit au groupe de focaliser sa concentration, et les sessions commencèrent à décoller. Prise en une ou deux prises, les douze compositions furent assez vite plié par la suite, avec une cohésion et un feeling vraiment superbe. John Zorn sera très satisfait de leur boulot, ayant réussis à jouer l'un des filmworks les plus complexe et aventureux avec passion, style et élégance selon lui. Pas vraiment de thème du film désigné, chaque titres est unique en son genre. Mais le résultat sonne assurément comme un grand disque de John Zorn, prouvant de nouveau son incroyable talent de compositeur...

lundi 5 août 2013

ROBERTO RODRIGUEZ - El danzon de Moises

J'ai toujours beaucoup apprécié ces différentes œuvres sur Tzadik, je suis donc très content de compléter cette lacune du site en faisant la kronik du premier disque de Roberto Rodriguez sortis en 2005 en grande pompe sur la radical jewish culture. Natif de Cuba, immigrant très jeune aux USA, Roberto signe ici un vibrant hommage à la communauté juive qui est resté vivre au pays, aux racines de ses parents, et à toute une partie de son passé. John Zorn a du certainement lui pousser au cul pour sortir "la danse de Moise" (il lui en sera reconnaissant par la suite, ni quittant jamais Tzadik), Susie Ibarra, sa femme, a du l'encourager aussi, on la retrouve aux percussions. Un pléiade de musiciens de la downtown scene sont d'ailleurs présents (Brad Jones, Marcus Rojas, Ted Reichman, Mark Feldman, une section cuivre, et la clarinette magique de David Krakauer pour le crédit Klezmer garantie). Sans être pourtant un disque traditionnel à 100 %, le Klezmer s'entremêle ici avec des touches latines et cubaines pour créer un brillant mix d'une musique nouvelle, rencontre de deux identités culturelles fortes. Au final, un superbe premier chapitre qui préfigure le meilleur à venir, en plus de sa gentillesse (il m'a toujours soutenu a titre personnel), Roberto Rodriguez demeure un compositeur hors pair, il le prouve facilement tout au long des neufs titres présent ici...

samedi 3 août 2013

OREN AMBARCHI / Z'EV - Spirit transform me

Bien qu'il ait été techniquement collègue de labels sur Touch et Tzadik depuis de nombreuses années, la rencontre entre les deux hommes a eu lieu à Londres le 23 novembre 2006 et c'est Z'ev qui proposa une collaboration que l'on retrouvera deux ans après sur la radical jewish culture avec pochette ésotérique et sympathique proposé par ce dernier. J'aime beaucoup l'œuvre d'Oren Ambarchi dont je possède pas mal de disques, tapant souvent dans un ambiant classieux et recherché. Je suis en revanche beaucoup plus hermétique à l'œuvre de Z'ev, percussionniste chamanique pénible qui peut se vanter d'avoir sortis un des plus mauvais disque sur le label New Yorkais. La rencontre s'avère comme je l'attendais : pas aussi pénible que prévus, mais pas transcendantale pour autant. Trois grandes plages de vibrations dronesque proposé par le guitariste australien, et accompagné par la percussionite aiguë, martiale, industrielle et tribale de Z'ev. Le coté "bricole" du disque est par contre surprenant : les percussions ont été enregistré en 1982 (!!), la batterie en 1991 par Jon Wozencroft (illustrateur confirmé du label Touch), puis grâce à des transferts de fichiers par l'intermédiaire de Stephen O'Malley (oui, les deux gaillards sont aussi dans le giron de Southern lord), ils ont pu mettre au point "Spirit transform me". A l'instar du premier disque d'Ambarchi sur Tzadik, voici un disque vraiment radical qui plaira plus aux fervents de noise/drone pure et dure, mais mérite tout de même l'écoute si les vibrations sonores ne font pas peur...

OREN BLOEDOW / JENNIFER CHARLES - La mar enfortuna

Artiste présent dans la downtown scene depuis le début des 90's, le couple Jennifer Charles / Oren Bloedow (couple à l'époque, aujourd'hui séparé à la ville) a sortis à partir de 1995 une poignée de bons disques avec leur groupe Elysian fields, que je recommande sans aucun soucis. Évidemment, John Zorn devait les connaître depuis un bon moment, et les a branchés en 2001 pour créer un groupe alternatif qui pourrait explorer leurs racines juives en reprenant des chansons sépharades traditionnelles à leur sauce. Un classique dans le processus de la radical jewish culture, beaucoup de disques de la section ont vu le jour avec ce procédé. Pour le coup, une vrai bonne idée de la part du gourou new yorkais, tant ce premier disque est une réussite. 10 titres sont sélectionnés, deux composés par Oren Bloedow, les autres issus de répertoire underground dont il est difficile de retrouver l'origine. Un parquet de musiciens de la downtown aguicheur, puisque le duo semble avoir pas mal de copains dans le milieu, on retrouve donc en vrac Roberto Rodriguez aux percus, Steven Bernstein à la trompette, Ted Reichman à l'accordéon, Jamie Saft aux claviers, Kenny Wollesen et Ben Perowsky aux batteries (voila pour les tzadik regular), et d'autres. Puis il y a toujours la voix sensuelle et envoûtante de Jennifer Charles, et ça, ça n'a pas de prix...

lundi 29 juillet 2013

TIM SPARKS - At the rebbe's table

Après "Neshemah" et "Tanz", mais avant le dernier en date "little princess" (qui remonte déjà à 2009 cependant), Tim Sparks a sortis un troisième disque en 2002 avec une pochette complètement immergé dans la tradition. On retrouve donc son jeu au picking à la guitare assez incroyable, on se demande réellement si il n'a que dix doigts parfois. Sparks y reprend donc trois titres de Naftule Brandwein (déjà !), des chansons traditionnelles sépharades, hassidiques, yéménites, klezmer, et même une chanson de John Zorn issus du répertoire du premier masada songbook (et repris aussi sur le filmworks IX). Rendez vous pris le 21 janvier 2002 au studio avatar de NY avec Greg Cohen à la basse et Cyro Baptista aux percussions comme lors de "Tanz". Et surprise, john Zorn se pointe également avec Marc Ribot (qui a pris une guitare classique sèche) et Erik Friedlander au violoncelle, les invitant à la session d'enregistrement pour donner plus de corps aux compositions. Avec le toucher de Ribot (qui se distingue en discret mais efficace accompagnateur) et le violoncelle envoûtant et lyrique de Friedlander sur quelques titres, "At the rebbe's table" s'impose en seulement 11 titres comme un des meilleurs volumes proposé par Sparks sur la radical jewish serie, son absence manquait cruellement à ce blog (comme tant d'autres a coup sur, mais j'y travaille...)

lundi 22 juillet 2013

JON MADOF - Zion80

Après une rencontre avec John Zorn au tonic en 2002 (ou il était d'ailleurs très nerveux, il était fan du saxophoniste), Jon Madof s'est ensuite complètement épanouis dans le giron de Tzadik : Trois disques de son trio Rashanim (dont le dernier en acoustique qui était vraiment superbe), un album complet de reprise de Masada (voir la section du 10eme anniversaire), quelques apparitions dans le giron de son chef de label. Mais depuis quelques temps, Jon Madof mûrissait un projet plus ambitieux, dont le résultat est ce disque détonnant. Prenant pour base des chansons du rabbin Shlomo Carlebach (figure de la musique juive hassidique, composant plusieurs milliers de chansons durant les années 60), et au lieu de tomber dans la tradition pure en les reprenant au pied de la lettre, Jon Madof d'y inclure une autre de ses grandes inspirations : l'afro-beat de Fela Anikulapo-Kuti. Qui connaît les disques de cette légende de la musique africaine (j'en ai plusieurs vinyles) sait à quelle point sa musique est absolument géniale et envoutante. Et le jeune guitariste est parvenu à transcender donc 9 superbes chansons en des hymnes afro-beat groovy et dantesque. Il aura fallu d'ailleurs monter tout un groupe, Zion80 (la numérologie étant certainement un hommage supplémentaire à Fela qui l'utilisait aussi pour ces groupes), pour arriver à ces fins, et pas moins de 13 personnes, svp ! On retrouve donc la crème de la downtown scene : Trois guitaristes (Yoshie Fruchter et Aram Bajakian en plus de Madof, folie de riffs), Shanir Ezra à la basse, deux percussionnistes et un batteur excellent, le claviériste de Banquet of the spirits, une section cuivres de cinq musiciens dont Greg Wall et Frank London, et même un guest de Cyro Baptista sur plusieurs titres. Avec un tel line up, pas étonnant de découvrir d'aussi bonnes compositions, parfait mélange entre groove, instants de folie enflammés, improvisations inspirées et technique limpide. Voici donc l'un des premiers disques "d'afrobeat juif" et Jon Madof signe en 2013 un coup de maître impérial, et certainement l'un des disques de l'année sur Tzadik...

mercredi 10 juillet 2013

BESTER QUARTET - The golden land

Le Bester quartet n'aura pas chômé durant ces deux dernières années car après l'apparition de leur premier disque sur Tzadik l'année dernière (voir la kronik correspondante), un second volume pointe déjà le bout de son nez et s'intitule "The golden land". Pas de compositions pures cette fois çi, puisque le disque est intégralement composé de reprises de Mordechaj Gebirtig ; compositeur et poète polonais parmi les plus influent de son temps né le 4 mai 1877 à Cracovie, il représentera l'archétype du compositeur folk yiddish, revendiquant la langue yiddish en lieu et place de l'hébreu, et créant son œuvre principalement soit par révolte envers l'invasion du nazisme durant la seconde guerre mondiale, soit pour redonner de l'espoir face aux percussions que reçoivent les juifs polonais. Il meurt d'ailleurs assassiné dans le ghetto de Cracovie le 4 juin 1942 dans une action antisémite mené par les nazis. Son œuvre reste un immense patrimoine pour le peuple polonais, et c'est à ce titre que Jaroslaw Bester a voulu lui rentre hommage en reprenant 10 compositions d'époque signé de la créativité de Gebirtig (il ne savait pas retranscrire sur partitions ses idées, deux amis à lui s'en chargé). Mission hautement réussi pour le Bester quartet, qui s'agrémente pour le coup de trois musiciens supplémentaires (trompette, violon, et clarinette basse). Toute la tradition yiddish n'en ressort que plus forte, "the golden land" est une œuvre aussi lyrique qu'envoûtante ou les mélodies sont au centre de toutes les attentions. Encore une œuvre majeure de la radical jewish culture. "Le sage, quand il tient sa langue, en dit plus que l'imbécile quand il parle..." (Proverbe Yiddish)

URI GURVICH - Babel

"The storyteller", premier disque du jeune saxophoniste Uri Gurvich sortis sur Tzadik en 2009 est consultable dans la Radical Jewish culture : John Zorn avait accueillis ce jeune virtuose dans son roster et l'aura encouragé avec vigueur (comme il doit le faire avec quasi tous les musiciens d'ailleurs), le poussant ainsi à sortir ce nouveau chapitre intitulé "Babel", avec un très bel artwork mythique de Pieter Bruegel. A l'instar de la forteresse Masada que John Zorn mis en lumière, Gurvich s'est penché sur ce disque sur le mythe de la tour de Babel (signifiant "la porte de dieu"), évoquée dans la Genèse. Après le Déluge, les premiers hommes entreprennent sa construction pour atteindre le ciel, mais Dieu interrompt leur projet qu'il juge trop ambitieux, en brouillant leur langage et en les dispersant sur la terre. Voici donc la principale inspiration pour cet excellent album de jazz que nous offre le saxophoniste : de nouveau entouré par son quartet habituel (le compositeur au saxophone alto, accompagné d'un pianiste, bassiste, et batteur), on signalera aussi un guest récurrent sur les 8 longs titres en la présence de Brahim Fribgane au Oud et autres percussions, donnant une saveur parfois orientale au disque. "Babel" est un excellent album de Jazz. "Qui donne ne doit jamais s'en souvenir, qui reçoit ne doit jamais oublier..." (proverbe hébreu)

vendredi 5 juillet 2013

GABRIELE COEN - Yiddish melodies in jazz

Après un premier disque remarqué sur la Radical jewish culture, Gabriele Coen, saxophoniste de jazz de Rome retente son immersion dans la "jewish experience" suite aux récurrents encouragements de John Zorn de livrer un second disque. On peut d'ailleurs voir une photo du quintet à l'intérieur du livret devant le Stone, le club de Zorn dans l'East village. "Yiddish mélodies in jazz" laisse comme son nom l'indique la part belle aux diverses reprises traditionnelles de la culture Yiddish (avec leurs auteurs comme Mickey Katz, Jack Yellen, Con Conrad, etc...) avec cependant deux compositions de Coen lui même. L'ensemble est évidemment joué avec un énorme feeling jazz, à travers les travaux des combos de jazz Dixieland (Benny Goodman, Billie Holiday, etc...). Pas d'interprétation vocale cependant, uniquement 10 instrumentaux assez long, ou les cinq musiciens se régalent en studio, entre solos impromptus, improvisation contrôlées, technique irréprochable et feeling dans le grand respect de la tradition. Une très belle pochette conclus de nouveau l'ensemble, et nous voici de nouveau face à une superbe œuvre de jazz "made in NY" dont la légitimité sur Tzadik ne faisait pas un plis...

mardi 2 juillet 2013

BESTER QUARTET - Metamorphoses


The Cracow klezmer band a signé parmi les meilleurs disques de la Radical jewish culture de 1997 jusqu'a 2007, date de son split suite au départ de son bassiste. Mais après une petite période de flottement, les trois membres restant décide de remettre le couvert après avoir trouvé un bassiste capable de jouer de la double basse avec un niveau suffisant (ce qui n'a pas du être évident car le combo a une cohésion et une technique très solide). Rebaptisé le Bester quartet (du nom de son leader, qui signe toute la composition et les arrangements lui même depuis leurs débuts), c'est donc assez naturellement que le quartet est revenus dans le giron de Tzadik, Zorn les ayant toujours soutenu depuis le début (n'oublions pas qu'ils avaient signé aussi un volume du book of angels en 2006). Superbe pochette proposé, et une dizaine de titres vertueux et classieusement exécuté. Deux changements notables : l'apparition en guest d'un trompettiste sur quelques titres qui apporte une saveur supplémentaire à certaines compositions, et une approche parfois plus sombre et moins enjoués que le Klezmer classique et dansant des pays de l'est. Pour le reste, on reste dans le même cahier de charges, quoiqu'en dise le titre du disque (même si il y a changement de nom), et autant dire que les fans de Cracow klezmer band seront ravis de ce retour en force !

dimanche 30 juin 2013

LES RHINOCEROS - II


La série Spotlight s'étoffe assez rapidement au sein du label Tzadik, il est vrai que le coup de projecteur sur des petits groupes talentueux à en devenir, ce n'est pas ce qui manque dans l'absolu. Aprés Pet bottle ningen qui offrait récemment son second disque pour la série Spotlight, c'est au tour des Rhinocéros de revenir à la charge (normal, vu leur nom, hu hu hu) sur Tzadik avec un second album attendu, eux qui était la première référence historique de la dernière série créé par John Zorn. Pas d'énormes changements au programme, le trio s'exécute toujours sur une base batterie, basse, guitare, mais on notera beaucoup plus d'apparitions de musiciens extérieurs, dont une section cuivres, une violon, et même un pote à eux qui interprète un spoken-word bien sentis ("life in a battery"), enchaîné à un titre dub très agréable (certainement l'influence du studio de Bill Laswell ou ils ont enregistré). Pour le reste, toujours cette approche expérimentale sur une base rock, le combo ne s'encombrant d'absolument aucune limites : les structures non-orthodoxes s'entrechoquent , les plans ne se ressemblent jamais, mais les titres sont toujours inspirés. Ce deuxième chapitre proposé par les bêtes à cornes plaira donc aux amateurs du premier volume, et aux plus larges d'esprit d'entre vous. Les rhinocéros étaient récemment en tournée européenne (sans passer par la France malheureusement), et leurs concerts doivent valoir le détour...

dimanche 23 juin 2013

AARON NOVIK - Secrets of secrets


Même si il s'agit au moins du 7eme disque de Aaron Novik, voici donc sa première oeuvre sur le label Tzadik, signé dans la radical jewish culture. Clarinettiste et compositeur à part entière venant de San Francisco, Novik nous livre un "secrets of secrets" qui m'aura laissé complètement hermétique, ne voyant pas vraiment ou les titres voulaient en venir : en bref, ce disque n'a ni queue, ni tête à mes yeux. Exploration sonique à travers les racines du mysticisme juif, avec notamment une relecture de la Kabbale, le rendu musical en demeure déroutant, surtout pour un disque de cette section. Séparé en 5 livres distincts, on navigue sur un disque expérimental bizarre dans lequel il est difficile de rentrer. Enrichis pourtant d'un line up exemplaire de la Bay area (on retrouve entre autre Carla Kihlstedt au violon, William Winant aux percussions, Ben Goldberg à la clarinette et Fred Frith à la guitare) ainsi que divers quartet et autres musiciens, rien n'y aura fait malgré les écoutes répétés, j'ai trouvé ce disque terriblement chiant. A éviter...

samedi 8 juin 2013

BORAH BERGMAN - Meditations for piano


Premier album de Borah Bergman pour le label new yorkais sortis en 2003, à la pochette plus que sobre. La sobriété est peut être d'ailleurs le maître mot de l'oeuvre complète car après un "Luminescence" sortis quelques années après (sur cette même section) ou on retrouvait une section rythmique (ainsi qu'un guest fabuleux de John Zorn), "Meditations for piano" fait, comme son nom l'indique, place à un minimalisme affirmé puisqu'on retrouve Bergman en solo au piano sur tout le disque. Hypnotique et spirituel, le jeu de Bergman tout en feeling est captivant et ce disque est magnifique pour tout amateur de piano solo. Pure produit de la downtown scene né à Brooklyn et actif depuis les années 60, Zorn doit être fier d'avoir produit son dernier disque ("Luminescence" donc) car le compositeur s'est éteint le 18 octobre 2012 à l'âge de 85 ans. RIP

dimanche 2 juin 2013

SHIRIM KLEZMER ORCHESTRA - Pincus and the pig


Aprés trois disques absolument bluffant sur la Radical jewish serie, le groupe Naftule's dream s'est plus ou moins mis en stand-by, ils continuent de faire quelques trés rare concerts, mais n'ont plus rien sortis depuis 2002. Projet parallèle crée l'année suivante, le Shirim klezmer orchestra compte les même membres dans son line-up, et ne sortent plus grand chose sur disque mais sont toujours disponibles pour jouer à votre mariage ou à la Bar-mitzvah du petit dernier. 2004 voyait donc leur dernière collaboration sortir pour le label Tzadik, aprés des années de gestation complexe : l'adaption du conte "Pierre et le loup" à la sauce Klezmer. Intitulé "Pincus et le cochon", c'est un véritable conte musicale qui nous est offert, chaque instrument représentant un personnage de l'aventure. Pour couronner l'ensemble, l'histoire nous est raconté par Maurice Sendak, illustrateur américain d'origine juive-polonaise, connut pour son oeuvre "max et les maximonstres" de 1963. La ferveur et le charisme de Sendak couplé à l'exubérance musicale du Shirim détonne, et nous offre un grand moment de Klezmer débridé. Un jolis chapitre de la série juive. Maurice Sendak est décédé le 8 mai 2012. RIP.

samedi 18 mai 2013

ROB BURGER - Lost photograph


C'est en 2002 que Rob Burger offre son premier disque pour le label Tzadik, une rencontre certainement faites avec Zorn à San Francisco, dans le giron de son groupe le Tin Hat trio. La connexion entre l'accordéoniste et le maitre New yorkais se fera largement par la suite, puisque Burger participera à de nombreux disques sur l'Archival serie. Il sortira aussi en 2009 le magnifique "city of strangers" sur la section Film Music, que vous pouvez retrouver kroniké et que je recommande chaudement. D'ailleurs peut être plus que ce "Lost photograph" assez scolaire dans le genre, regroupant 14 titres assez court d'influence d'europe de l'est, puisqu'on retrouve principalement Rob Burger à l'accordéon (même si il joue parfois aussi du piano sur des ballades franchement agréables). Étant venu enregistrer à NY sous l'impulsion de Zorn, on ne s'étonnera pas de retrouver Greg Cohen à la basse et Kenny Wollesen à la batterie/percussion. Un chapitre plutôt sympathique, trés classique dans le style de la RJC, et donc peut être pas trés marquant dans le catalogue massif du label...

mardi 2 avril 2013

DANIEL ZAMIR - Satlah


Après avoir démarré le saxophone à l'âge de 12 ans en Israël, son pays natal, Daniel Zamir, dispensé de service militaire en rapport à son poids, part directement à NY après ses études afin de parfaire son éducation musicale en 1998. Il n'a que 17 ans. On ne sait pas trop comment il a été repéré par John Zorn l'année suivante, mais ce dernier lui propose un contrat de plusieurs disques sur Tzadik, croyant énormément au potentiel de ce tout jeune musicien. C'est en 2000 que voit donc le jour cet première oeuvre du trio "Satlah", nom générique du disque mais aussi du groupe par la suite. Kevin Zubek à la batterie, Shanir ezra Bumenkranz à la basse (pour une de ses premières incursions sur Tzadik, lui maintenant que l'on voit beaucoup dans le sillage de Zorn) et Daniel Zamir au saxophone alto, effectivement hyper-talentueux vu son jeune âge. Onze titres fournis de jazz d'influence juive, ou solos, improvisation, et fougue de la jeunesse se télescope dans le profond respect de la tradition. Comme pour épauler son jeune protégé et lui donner une légitimité dans la downtown scene, Zorn fait quelques apparitions au sax également, ce qui prend aujourd'hui tout son sens pour les fans Zornien. Même si je préfère les disques suivants, ce premier volume de Daniel Zamir est indispensable d'écoute...

samedi 30 mars 2013

SERGE GAINSBOURG - Great jewish music


Évidemment, je ne vais pas faire l'affront de présenter Gainsbourg aux auditeurs français qui écoutent Tzadik, ni même aux étrangers, à eux de découvrir l'un des plus grands compositeurs français du siècle dernier. Embrayons donc directement sur ce volume de la great jewish music, le seul qui manquait sur ce blog (les autres sont donc dispo sur la section RJC). Pourquoi ai-je mis autant de temps à le découvrir ? je ne sais pas trop, la peur d'être déçus peut être, puisque je connais relativement le répertoire de Serge. Mais ce volume demeure évidemment un essentiel du label de Zorn, je ne pouvais pas passer à coté éternellement. Donc le voici dans toute sa splendeur, surprenant, déroutant, captivant ou chiant. Faisons un peu le tour de la classe, il y a les élèves doués, talentueux : Wayne Horvitz qui adapte superbement "Bonnie and Clyde" avec sa femme, Kramer qui laisse fumer ses neurones sur "69 année érotique", Fred Frith qui nous propose la splendide ballade de Melody Nelson (il parle bougrement bien le français), Marc Ribot qui adapte deux titres extrêmement bien, ou Franz Treichler des Young gods qui offre un relecture electro-malsaine intéressante du "Requiem pour un con". Il y a les élèves scolaires, qui essaye de se la jouer irrévérencieux, mais qui ne transcende pas forcément les chansons originales (en vrac donc Cyro Baptista, Ikue Mori, Anthony Coleman, David Shea, Eyvind Kang, Steve Beresford, Blonde Redhead, Cibo Matto et MM&wood), même si les titres proposés sur ce tribute sont quand même intéressant, voir trippant. Parmi eux, on notera les petites déceptions proposé par Mike Patton et sa "ford mustang" (J'attendais peut être trop de cet artiste phare pour moi), et d'Elysian Fields avec "les amours perdues", ou Jennifer Charles s'empêtre dans un fran-glais pas folichon, comparé à leurs disques sensuels et noirs. Puis il y a les cancres, ceux qui font marrer autant qu'ils affligent, offrant un brouhaha et une relecture vraiment freestyle (peut être un peu trop) : Jon et "les sucettes" (Je...de...boarf, tu te demandes), Ruins qui massacre "l'homme à la tête de chou", Shelley Hirsch qui tente "comic strip" accapella vocal (on croirait qu'elle sort d'un pub toulousain) et même le maitre John Zorn en personne qui nous balance un "contact"...épuisant dirons nous poliment.
Verdict : un bon volume, des bonnes surprises, des trucs plus dispensables, et Gainsbourg qui reste un grand génie pour nous les français, public exigeant quand il s'agit de toucher à son oeuvre indétronable...

dimanche 24 mars 2013

HIGH DUCHESS - Wanderlust


Une sacré surprise que ce disque de High Duchess sortis sur la série "Oracles" (soit la part belle aux femmes dans la scène expérimentale mondiale). En effet, tout était fait pour brouiller les pistes et confondre l'auditeur, ceux qui ont creusé un peu auront découvert un disque absolument génial qui ne doit pas passer inaperçus (les gaziers de Noise ont mis un sérieux coup de lumière dessus, interview à l'appui il y a peu). High Duchess n'est donc pas vraiment un groupe, mais le projet d'Anna Wayland, musicienne chevronné de Brooklyn. Hormis l'artwork, il n'y a absolument rien de gothique dans le disque comme l'indique la tranche noire Tzadik, et les influences jazz et blues d'Anna ne transparaissent pas immédiatement sur "Wanderlust", car il s'agit d'une petite bombe Indie-rock/Stoner (on doit d'ailleurs le mix à Alain Johannes).
 
La compositrice sur son affiliation à Tzadik : "Je connais John Zorn depuis maintenant 20 ans. Il m'a vue grandir et m'a encouragé tout au long de mon apprentissage en tant que compositrice et lyriciste. Récemment, il m'a demandé de lui enregistrer un album pour sa série "Oracle" et quand je lui demandé s'il était d'accord pour que ce soit un disque hard-rock, il m'a répondu "fais ce que tu veux". C'est trés expérimental comme manière de fonctionner, il savait que je lui remettrais une musique sincère et créative, le genre lui importait peu..." (extrait de Noise)
 
On en sait un peu sur le pourquoi du comment, à nous de nous régaler les oreilles ensuite. "Wanderlust" aligne douze titres absolument parfait dans le genre, parfais mix maîtrisé entre mélodie pop, chant féminin envoûtant, riffs stoner groovy, et percussions tribales implacables. Le premier titre "infinite worlds" est un tube en puissance qui pourrait véritablement cartonner. Ça me rappelle pleins de bonnes choses, des Breeders en passant par Jucifer, en passant par les QOSTA et tous leurs liens affiliés. Un disque rock et sensible, puissant et mélodique en même temps, une véritable petite tornade au sein du label New Yorkais (et j'en connais un rayon). Évidemment, mon background rock fait que je suis plus touché par le projet d'Anna Wayland qu'un amateur d'expérimental pur et dur, mais saluons le véritable talent de la compositrice, qui signe, à mes yeux, le meilleur disque de la série "Oracles" qui m'est était donné d'entendre, pas plus, pas moins... 
 

GOLDBERG/SARIN/SCHOTT - What comes before


Une rencontre qui commence à dater (1998) entre Ben Goldberg, clarinettiste de renom, responsable de plusieurs disques du New klezmer trio sur Tzadik, ainsi que de quelques disques solos, Michael Sarin, batteur de session qui a joué avec pas mal de musiciens New Yorkais et John Schott, guitariste discret qui a signé son premier disque sur Tzadik pour cette même section. Un disque enregistré en une après midi après des sessions faites pour un disque de Goldberg, on se rend compte facilement à l'écoute du coté improvisé du disque, interaction entre trois musiciens qui font une étude sur des morceaux basé sur des variations précises de quatre notes. En ressort donc une espèce de free-klezmer qui renvois directement au jazz posé, car pas trés virulent dans sa mise en place. Six titres plus ou moins long, qui se découvre avec plaisir. Une fois le disque enregistré, les musiciens envoyèrent une copie à John Zorn qui apprécia, d'ou sa sortie sur la radical jewish culture. Vous pouvez retrouver une explication de Schott sur son site afin de savoir pourquoi "what comes before" est sortie sur cette section de Tzadik. Magnifique pochette, et un petit volume discret, mais existant, à découvrir...

mercredi 20 mars 2013

GREG WALL - Later prophets


Figure importante de la scène musicale juive depuis les 70's, Saxophoniste de renom qui fût l'un des premiers à faire le mélange jazz/influence juive, fondateur de la hassidic new wave dont je reparlerai prochainement, Greg Wall sortait en 2004 son premier disque pour Tzadik intitulé "later prophets". Je l'annonce de suite, j'ai adoré le disque, il s'agit d'un des volumes de la radical jewish parmi les plus trippant. Exit des influences jazz ou klezmer, certes sympathique, mais parfois redondantes. Accompagné du claviériste Shai Bachar, du batteur Aaron Alexander (auteur d'un volume sur Tzadik, du reste le tout premier disque de la rjc kroniké sur Tzadikology), et d'un guest de Gary Lucas à la guitare, Greg Wall au sax ou à la clarinette nous gratifie d'un disque qui sort assez facilement des sentiers battues et d'une vision traditionnelle de la musique juive. Si le premier titre démarre dans une veine free-jazz classique, on tombe vite dans la structure principale de l'opus : de l'ambiant un poil psyché sur fond de sax. Du moins, ça en serait ma définition, mais libre à chacun d'en avoir sa vision. Neuf titres absolument jouissif en tous cas, idéal pour s'allonger et se détendre. Greg Wall signe un des disques tzadik qui invite le plus au voyage psychédélique, et cela signifie beaucoup si vous êtes coutumier de la structure de Zorn...

lundi 18 mars 2013

PET BOTTLE NINGEN - Non-recyclable


La série Spotlight s'étoffe assez rapidement au sein du label Tzadik, il est vrai que le coup de projecteur sur des petits groupes talentueux à en devenir, ce n'est pas ce qui manque dans l'absolu. Après cinq premiers chapitres captivant, voici le power-trio Pet bottle ningen qui signe son deuxième disque pour le giron new yorkais, après une première oeuvre éponyme qui avait marqué pas mal de monde, moi le premier. "Non recyclable" surprend d'ailleurs un petit peu moins, la faute certainement à une formation en trio qui verrouille un petit peu l'étoffement des compositions. Pour le reste, la jeune formation a encore de nombreuses idées, les trois membres étant tous compositeur à tour de rôle (chacun s'est donc occupé du tiers de l'album). Leur défiguration du jazz est somme toute un bel hommage à un genre qui a toujours aimé de se maltraiter pour en sortir des déclinaisons sauvages et intenses. C'est le cas sur ce "non-recyclable" ou dissonance noisy, improvisation et virage free jazz s'entremêle une nouvelle fois pour notre plus grand bonheur. Reste certainement à découvrir des prestations lives à la hauteur des titres décapants proposé par les new yorkais, pur produit ayant absorbé avec brio l'héritage de la downtown scene...

dimanche 17 mars 2013

JAMIE SAFT - Black shabbis


Évoluant de prime abord dans un univers rock (même si j'écoute énormément de choses), j'ai été surpris par la teneur de ce "Black shabbis", véritable verrue dans le catalogue fournis de la radical jewish culture. Jamie Saft, figure incontournable et improbable de la downtown scene, remixeur de première, ingénieur du son à Brooklyn, musicien accomplis dans le giron de john Zorn, et auteur de deux disques auparavant dans cette même section (plutôt typé dub), revient aujourd'hui à ses premiers amours, le "heavy metal". Pour le coup, et en connaisseur du rock dans sa globalité, et notera donc qu'il n'y a rien de "Heavy" dans cette oeuvre. On parlera plutôt d'un crossover entre black metal défiguré au vitriol (les vocaux très "true barbarie"), des rythmiques thrashisantes, une bourrinerie rappelant le death, voir même un titre de sludge-doom avec ce "kielce" rampant et agonisant de 13 minutes (d'ailleurs assez jouissif, il faut bien l'avouer). Evidemment, on se pose plein de questions une fois l'opus finis : est t'il vraiment destiné au public de la RJC ? oui, certainement de par son côté "Jewish metal" et de ses dénonciations de l'antisémitisme, mais je ne suis pas certain que les fans de Klezmer apprécieront. John Zorn a t'il accepté par amitié de sortir l'oeuvre pour son claviériste des dreamers ? oui, certainement aussi, mais voici une oeuvre improbable qui renforcera le coté hors limite du label. J'ai personnellement beaucoup apprécié : du beau monde se dispute les rangs : Jamie qui envois les riffs, Trevor Dunn à la basse, Mike Pride et Bobby Previte à la batterie, sa femme au chant sur une chanson et même ce diablotin de Mr Dorgon aux hurlements démoniaques. La pochette du disque fait autant rire par son côté cliché qu'elle ne met en garde le quidam : All hail to satan !

ON KA'A DAVIS - Djoukoujou !


« You have never heard such sounds » démarre le commentaire de la série Lunatic Fringe de Tzadik. Cette série est en effet dédié aux artistes de la scène expérimentale les plus barrés, ceux qui amène la créativité humaine et musicale à des niveaux encore jamais vus.
 
Reprise de cette section pour une première kronik depuis 4 ans, mais une section Tzadik assez peu fournis, puisque seulement deux disques ont vu le jour depuis 2009. On ka'a davis est dans le lot, trublion du Sun Ra arkestra entre autre, figure de la contre-culture new yorkaise depuis les 80's, déglingué notoire de l'east village et auteur de quelques disques obscurs avant son passage éclair sur Tzadik. "Djoukoujou !" impressionne par son coté grandiloquent et barré, on sent que son auteur s'est affranchis de toutes limites et a envoyé les watts avec ses copains musiciens pour plus de fun et de rigolade. Si certains titres tirent vers le free-jazz extraterrestre quand Davis s'emmerde tout seul chez lui, les titres avec ses potes portent sur un afro-beat expérimental, funky et décadent à la fois, ou cuivres, chants et structures peu orthodoxes se concassent dans l'art d'aucune règles. Comme le dit Tzadik "un jam halluciné dans un squat politique de l'east village ou se collisionerait Sun ra, Jimmy Hendrix, Fela Kuti et la P-Funk". Tout un putain de programme en somme. Même si le disque est d'une longueur pas permis (on est à plus de 78 minutes de musique), en aucun cas il n'indispose tant la recherche et la richesse du propos en font une oeuvre hors norme. Le créneau principal de la Lunatic fringe qui a trouvé en la figure emblématique de On ka'a Davis un représentant de choix...

JOHN ZORN - Filmworks XVII


Poursuite rétrospective de la serie des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette série dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XVII date de 2006, et couvre la bande son de deux documentaires distincts n'ayant absolument rien à voir, que ce soit sur la forme et le fond, aussi bien visuellement que musicalement...
 
 
Enregistré le Filmworks XVI laissera quelque peu John Zorn sur le carreau : le processus fût long (chose rare pour un filmworks), douloureux, et laissera pas mal de trace quand à l'envie de continuer dans cette voie. La sortie de plusieurs autres disques (book of angels, compilations diverses), quelques dates dans le monde, la création du club The stone à Manhattan, des projets qui auront maintenu le compositeur hors de la phase de composition pour le 7eme art. Les deux projets de documentaire tombe assez vite sur la table, mais Zorn les range dans un placard, ne se sentant pas prêt à rempiler d'entrée de jeu pour des difficultés logistique ou des pannes de créativité. Après un rêve salvateur au mois d'août, le gourou revisionne le documentaire de Martina Kudlacek début septembre, les images font mouche, le déclic se fait, la musique est composé en une après midi, les 9 compositions sont enregistré deux jours après en quelques heures, nous sommes revenus au rituel sacré des filmworks : créativité, spontanéité, rapidité d'exécution. Un line up un peu différent qu'à l'accoutumé est mis en place : Jon Madof à la guitare (pour sa seule apparition dans un filmworks de mémoire), Shanir Bidule à la basse, Kenny Wollesen à la batterie, et Zorn lui même au piano et saxo. Les titres sont pour la plupart dans un registre easy-listening/exotica, brillant et mélodique, instaurant une atmosphère reposante. On notera juste la présence du tonitruant "gogogo", free-jazz balancé durant 8 minutes à bout portant avec le maître lui même au sax. Jon Madof est particulièrement convaincant en remplaçant de Ribot et Wollesen est vraiment un batteur exceptionnel. Le documentaire retrace la carrière de Marie Menken, une réalisatrice indépendante américaine qui jouit d'un succès d'estime aux USA.
 
 
Ray Bandar est un chercheur scientifique californien qui a un hobby pas très banal : il collectionne les crânes d'animaux depuis les 70's, et en possède de nos jours plus de 7000 (sa collection devrait finir dans un musée en Californie, condition pour qu'il puisse importer les crânes de par le monde); Un documentaire assez captivant proposé la réalisatrice Beth Cataldo, vous pouvez en visionner une partie sur le tube. Cette dernière contacta Zorn afin d'utiliser une chanson du filmworks XIV dans le documentaire, mais une licence était impossible, la saxophoniste proposa donc pour le même prix de composer une courte bande son complètement originale (Zorn explique d'ailleurs qu'il est un vraiment fan du cinéma et que chaque film devrait posséder sa propre bande son). Il était d'ailleurs familier avec le sujet puisque il avait visité une exposition de Bandar à San Francisco l'année précédente avec ses potes Larry Ochs, William Winant et Mike Patton. La réalisatrice fût ravis par l'idée : après avoir emprunté une série de percussions à Billy Martin, John Zorn rentre dans le studio de Jamie Saft le 7 septembre avec Cyro Batista pour enregistré 5 titres de percussions très tribal et groovy, de quoi coller avec la coté "animaux sauvages" de la collection à Bandar. Un plaisir à enregistrer selon Zorn (il n'exclut pas un jour l'option d'enregistrer un disque en duo avec son percussionniste favori) et une bonne expérience à vivre, bref, toute la recette d'un bon filmworks en somme...