mardi 28 septembre 2010

BILL LASWELL - Invisible design

Est ce que un seul des lecteurs de ce blog aurait t'il le cran de critiquer Bill Laswell ? Ne comptez pas sur moi pour le faire en tous cas. Pourtant, pour tout avouer, je ne suis pas un die hard fan du lascar, et Hormis Painkiller, Massacre et Praxis, je suis un peu novice dans la connaissance de son oeuvre massive et variée. Alors certes, ce terroriste musical (comme se plait à l'appeler son copain Zorn) a une incroyable carrière de producteur. Mais il n'en demeure pas moins un extraordinaire joueur de basse, et un prolifique faiseur de sons et d'ambiances, ce disque en est la parfaite preuve. Une parfaite exploration solo de sa basse et de ses multiples pédales et effets, et Laswell nous attire dans un magma mouvant et cottoneux, à la croisée du dub et de l'ambiant, pour un résultat hypnotique et attirant. On sent dans les croquis du livret (une récurrente sur les disques de la composer serie d'ailleurs, ou vous pouvez en apercevoir sur tous les volumes) que c'est surtout l'envie de se faire plaisir qui prédomine, une petite branlette digitale en somme. Mais loin de nous pondre un disque insipide, l'immense talent du lascar suffit à nous captiver du début à la fin avec des sonorités véritablement jouissives par leurs grooves démentiels (le créneau favori de Laswell de toute façon). Artwork plus que minimaliste, mais il fallait oser...

mercredi 22 septembre 2010

RAFI MALKIEL - Water

Rafi Malkiel, tromboniste de la downtown scene ayant joué avec Ray Anderson entre autre, natif d'Israel et résident aujourd'hui à New York. Quand on vit dans la grosse pomme et qu'on fait de la musique d'influence juive, on a de grande chance de finir dans les rangs de Tzadik, ce qui demeure une chouette récompense, le label étant distribué mondialement et bénéficiant d'une excellente image de marque.
Artwork sobre et classieux pour un opus qui tourne autour du concept de l'eau dans toutes ses formes. On ne s'étonnera donc pas d'entendre pas mal de bruits de flotte tout au longs des riches 12 titres composé par le tromboniste. Entouré d'un line-up assez conséquent de 14 musiciens, dont pas mal de cuivres et de percussions, les morceaux en gagnent en instrumentations et en richesse, et ça fait plaisir à entendre. On tape dans un registre entre musique de l'Europe de l'est et jazz, ça swingue dans tous les sens et donne envie de taper du pied. Ca me rappelle Daphna Sadeh ou Paul Shapiro dans cette même section, et c'est du bon matos une fois de plus...

dimanche 12 septembre 2010

MAMORU FUJIEDA - Pattern of plants

Mamoru Fujieda est un des compositeurs japonais les plus discrets du label New Yorkais. Affilié depuis les débuts de Tzadik, voici son second disque sortis en 1997 sur la composer serie intitulé "Pattern of plants".
Le concept est assez complexe d'aprés ce que j'ai pu comprendre des notes du livret. Fasciné par la corrélation entre l'environnement et la musique, le compositeur a branché des électrodes sur des plantes. Avec leur évolution, ces dernières développent de la photosynthèse qui produit des micro-sources éléctriques qu'un ordinateur capte, enregistre et analyse via un logiciel. Mamoru Fujieda retranscrit ensuite les données dans un language musical, que des musiciens interprétent par la suite avec des instruments traditionnels japonais comme le Koto et le Sho (entre autres). Nous sommes donc en présence d'une vrai intellectualisation de la musique, et d'une véritable recherche quasi scientifique (j'ai vraiment simplifier les explications du livret) ce qui force le respect. Pour joindre l'utile à l'agréable, le disque sonne vraiment bien : 75 minutes (il est vraiment trés long effectivement) de différentes variantes d'instruments ensemble, qui donne un coté ambiant traditionnel ultra reposant, qui rappelle fortement le minimalisme. Un magnifique épisode Tzadik qui se veut être l'un des plus calme et apaisant. A noter que le second volume de ce concept est sortis il y a peu sur cette même section en 2008 par le même auteur....

vendredi 10 septembre 2010

SCOTT JOHNSON - Patty Hearst

L’enlèvement de Patty Hearst est l’un des événements les plus marquants des années 70 aux USA. Il fît connaître l’armée de libération symbionaise, à laquelle l’otage fille de bonne famille, se rallia à la stupeur générale. Plus de 30 ans après, le constat est sans appel. L’ALS qui luttait pour la symbiose des races et des classes et dénonçait le système judiciaire américain est devenue un symbole de l’inégalité de traitement qu’elle combattait. L’histoire de ce groupement suscite en outre de nombreuses questions, sur lesquelles plane l’ombre des taupes du FBI dans les mouvements étudiants des années 70.

Ce fait divers assez incroyable (dont je vous recommande de lire l'historique sur internet) inspirera un film en 1988 réalisé par Paul Schrader, qui confia la bande son à Scott Johnson, compositeur d'avant garde issus du courant minimaliste n'ayant strictement aucune expérience dans la composition de films et dont "Patty Hearst" demeure la seule incursion dans le genre. Au départ, je me suis demandé pourquoi ce disque ne figurait pas dans la section Film music de Tzadik, dédié à la catégorie du 7eme art. A l'écoute du disque, on comprend assez vite pourquoi : malgré beaucoup de passage basé sur l'émotion, l'ensemble sonne trop expérimental pour se rattacher à une veine de bande son classique de cinéma. Scott Johnson y pose peu son phrasé de guitare qu'on retrouvait sur "John somebody" (en fait sur seulement deux titres). Place à beaucoup de constructions à base de synthétiseurs, percussions, et un string quartet reunis pour l'occasion, interprétant beaucoup de passages avec justesse et sensibilité, faisant de "Patty Hearst" une trés belle oeuvre d'avant garde indépendante. Out of print depuis plusieurs années sur Nonesuch, Tzadik effectuera un trés beau travail de réédition, rendant cette bande son de nouveau accessible à tous, pour notre plus grand plaisir...

jeudi 9 septembre 2010

LUKAS LIGETI - Afrikan machinery

Lukas Ligeti est un jeune compositeur née en Hongrie, qui a beaucoup voyagé en Afrique (influençant ainsi son approche musicale) et qui maintenant s’est établis à New York, d'ou son affiliation avec Tzadik (comme la plupart des artistes du label de toute façon). Son précédent effort "Mystery system" exploitait une veine hautement expérimentale à base de percussions en autre, mais avec de nombreux musiciens à la clé. C'est toute la différence avec ce "Afrikan machinery" qui lui développe le sens de la composition de Ligeti par ses propres moyens, il est donc tout seul à s'éxecuter sur ce disque. La thématique est assez simple : l'exploitation des sons africains (Il a passé beaucoup de temps au Burkina faso et en côte d'Ivoire) couplé à des éléments électroniques. Il a donc composé sur un instrument assez étrange : un marimba lumina, soit un marimba hybride couplé avec de l'électronique. Ajouté des effluves de violon, de balafon (un xylophone africain) et d'autres percussions diverses, et vous obtenez un disque indescriptible basé sur la polyrythmie, la répétition et parfois un coté hypnotique assez unique. La vision de Luka est assez géniale et unique en son genre, le jeune compositeur n'hésitant pas a parfois faire preuve d'un certain humour dans son oeuvre (je vous laisse découvrir). S'étant re-axé sur lui même et sur une phase musicale trés précise de son processus de création, Lukas Ligeti nous offre de nouveau un disque original, qui nous offre une autre vision de la musique et des percussions d'origine africaine...

mardi 7 septembre 2010

LEE HYLA - Wilson's ivory-bill

Lee Hyla est un compositeur américain née en 1952, a travaillé avec une pléiade d’artistes et d’ensemble musicaux, travaille dans un conservatoire de musique prés de Boston, etc…Plus d'infos sur son site internet. Seconde collaboration avec Tzadik, et nouveau trés beau artwork, le compositeur ayant pas mal de références littéraires à son actif , via les notes du livret. Hélas, l'histoire s'arrétera la à priori pour moi, je n'ai guère trop apprécier ce disque. On démarre sur un string quartet classique d'une quinzaine de minutes, mais il n'y a rien à faire, j'encaisse mal ce genre de formation, surtout quand l'ensemble vire à la démonstration. Seul John Zorn arrive à m'interpeller sur ce terrain d'ailleurs. "Wilson's ivory bill", le seconde pièce, est quand à elle tout bonnement insupportable, avec un piano et une voix bariton super stressante qui chante des textes provenant d'un bouquin d'oiseaux. A oublier trés vite. Reste deux dernières pièces dans la configuration piano, violon, violoncelle et percussions : pas transcendante pour deux sous, ces travaux de composition ont pour mérite d'instaurer une ambiance un peu tendue et stressante, et une meilleure cohésion dans la construction et le rendu. Le premier disque de Lee Hyla sur la composer serie (voir archive) m'avait paru anecdotique, C'est malheuresement le cas pour le second aussi je pense, donc je n'accroche pas à priori avec la vision de ce compositeur qui demeure cependant talentueux, mais dans l'univers qu'il s'est construit, avec des configurations d'instruments que je n'apprécie pas...

vendredi 3 septembre 2010

ARNOLD DREYBLATT - Animal magnetism

4eme référence historique de Tzadik, sortis en 1995 sur le label de Manhattan fraichement fondé par John Zorn à l'époque. Je précise ce fait car evidemment, signé de tels OSNI (objets sonores non identifiés) en tant que première oeuvres relève autant de l'exploit que de l'inconciensce...15 ans aprés, le label fera prochainement péter sa 500eme référence. Qui l'eut cru ?

Arnold Dreyblatt, compositeur américain ayant migré depuis pas mal d'années sur Berlin, ville ou il réside toujours. Ayant étudié avec Alvin Lucier et LaMonte Young (soit des fers de lance du minimalisme), et dirigeant son propre groupe prénommé "the orchestra of excited strings" depuis 1979 (un nom bien fun, il faut l'avouer...). Et c'est avec cette formation qu'il composera ce disque improbable, certes assez court, mais qui pourtant fait preuve d'un avant gardisme sans faille tout en apportant son lot de surprises. Déja, il s'agit d'un des seul disque de chamber works ou j'ai pu lire la mention "This music is composed with a specific acoustic effect in mind. one should listen at maximum volume". La musique contemporaine joué ici lorgne en effet beaucoup sur l'énergie du rock. Beaucoup de cuivres composent le disque, en plus d'instruments traditionels et d'autres plus pittoresques (le cimbalom notamment, un instrument à corde frappée faisant partie de la famille des cithares). La rapidité est parfois présente, le changement de structures est récurrent, la répétition pointe parfois, et le tout dans une musique hybride mélangeant percussions, rythmiques ska ou d'europe de l'Est, et éléments pop. Ca m'a rappelé certains moments de la musique de Frank Zappa (dernière période), ça m'a surtout beaucoup étonné, mais finalement séduit. "Animal magnetism" est une oeuvre trés riche et dense qui mérite effectivement d'être écouter à volume bien élevé...