vendredi 30 octobre 2009

CHRIS BROWN - Rogue wave

Compositeur précurseur dans la musique électronique, voici le retour discographique de Chris Brown, après le phénoménal « Lava » sortis en 1995 sur Tzadik, et qui brise enfin 10 de silence discographique. « Rogue wave » se veut donc rétrospectif et replace donc au avant poste Brown parmis les précurseurs de la composition expérimentale à base d’électronique, tandis que ses travaux de compositeur étaient alors jusqu’ici injustement mise à l’écart au fil des années. Voici donc une rétrospective de 20 ans d’activités, avec des compositions allant de 1984 jusqu’à 2004. 6 « pieces » sont donc présentes, couvrant un panel large, avec complexité et une haute recherche des sonorités. D’une composition presque ambiante au piano, jusqu’à des beats hardcore de Hip hop, en passant par des noisy symphonies polyphoniques, la talent de Chris Brown est exploré dans son intégralité avec ce disque. Plusieurs musiciens sont venus donné un coup de main, dont l’habituel collaborateur William Winant et le DJ eddie Def, responsable notamment d’un disque sur le label de Patton. Les amateurs du disque de Brad Lubman parus ci dessous pourront continuer à s'allumer le cerveau avec "rogue wave", on est dans la continuité...

jeudi 29 octobre 2009

BRAD LUBMAN - Insomniac

Brad Lubman est aujourd’hui une figure de proue de la scène Downtown new yorkaise qui a travaillé en tant que chef d’orchestre en collaboration avec de nombreux compositeurs de musique contemporaines, on pourra citer entre autre Pierre Boulez, Charles Wuorinen ou encore John Zorn (pour qui Lubman a orchestré de nombreux disques de cette même série).Il nous offre aujourd’hui son premier disque solo qui nous dévoile son travail en tant que compositeur. Une composition intitulé « jumping to conclusion » est un savant mélange de violon et instruments à cordes divers (le string quartet « Zangiacomo » y effectue ses débuts) couplé à de la musique électronique. « Insomniac » renferme aussi cinq plages de musique éléctronique radicale : si « garden » ou « scary plumbing remix » s’avère superbe, il y en a d’autre qui vous mettront le cerveau en rondelle très facilement « k.o.m 2 ». Fasciné par le concept de la perception, ainsi que de la distorsion, Brad Lubman nous offre un travail très intéressant, ensemble de collages instrumentaux à base de samples et autres travaux à base noise bruitistes. Son premier opus mérite une grande attention pour les amateurs fervents de musique électronique expérimentale, comme par exemple les travaux de Ikue Mori ou Mr Dorgon...

mercredi 28 octobre 2009

JOHN KING - AllSteel

John King, c'est l'archetype du compositeur Tzadik. Le mec qui a beaucoup bossé sur des pièces de théatres et des ballets divers un peu partout dans le monde. Et pour le coup, il nous offre 3 compositions écrites en 4 ans, toute à base de string quartet. La musique n'est pas trés originale (ce qui peut décevoir les auditeurs Tzadik), mais demeure bien foutu. De la musique classique contemporraine de bonne facture dirons nous, qui apporte son lot d'émotions par moment, tandis qu'on se fait chier au bout de 40 minutes... Ca me rappelle "the string quartet" de Zorn. J'aime, sans plus...

ANTHONY COLEMAN - Pushy blueness

Anthony Coleman, c'est le mec qui a l'air foncièrement sympa, on le remarque dans le dvd de Marc Ribot ou dans les notes de livret de disques de Zorn. Pilier de l'avant garde de NY depuis 1979, membre vital de la downtown scene, Anthony a déja sortis une chiée de disques sur la radical jewish culture du label. Puis arrive maintenant la cinquantaine, place à la musique de chambre comme il le dit lui même avec ironie (le lascar parle d'ailleurs trés bien français). Un disque cependant attendu depuis quelques années par les amateurs, la plupart des collaborateurs de John Zorn ayant sortis des disques sur la composer series.
Hormis une pièce au piano datant de 1989, commandé par un pote (cherchant la juxtaposition entre le sérialisme post webern et les strategies d'improvisations libres de NY dans les années 80), le reste à été composé entre 2002 et 2005. Le premier est dispensable (piano solo chiant). Les deux autres, assez longs (entre 12 et 15 minutes) sont assez cool. Une composition pour des cuivres (trompettes, trombones, etc...) qui vaut le coup et rappelle "freedom in fragments" de Fred Frith. Puis ce "pushy blueness" en trio avec Doug Wieselman à la clarinette (ou gratte), Jim Pugliese aux percus, et le compositeur aux claviers ou intruments divers, sans conteste le meilleur du disque. Coleman s'éclate avec deux potes, et nous offre une composition facétieuse, pleines de surprises, et assez longue, relevant ainsi le niveau d'intérêt global du disque. Et comme Anthony Coleman semble sympa, on sera indulgent...

mardi 27 octobre 2009

TIME OF ORCHIDS - Sarcast while

Venant droit de New York, Time of orchids nous offre son 3eme disque (les deux autres était apparus sur une filiale de Relapse) sur le label de John Zorn qui avait flashé sur le quatuor en 2004. Il est vrai que vu la complexité de la musique de Time of orchids, l’homme (ainsi que nous même) ne pouvions être que séduit. Mélangeant allégrement métal dur, classique bizarre et rock 70’s sensible et complexe, « sarcast while » est tout simplement unique et envoûtante. Plus de 15 titres présent sur le disque (dont les durée vont de 1 à 10 minutes), pour un disque ultra riche, ambitieux et bourré de structures, mélodies et arrangements complexes et psychédéliques. Partant sur une même base que Neurosis, le quatuor n’hésite pourtant à se fondre dans des méandres déjantés, pour encore plus surprendre avec sa musique, tel l’approche musical de Kayo dot. Des titres sont vraiment sublimes comme « a man to hide » ou encore le tueur « swarm of hope ». la présence de synthé ou trompette à certains moments, en sus des instruments traditionnels, apporte une coloration unique à la texture sonore qu’est « sarcast while ». compositions difficilement descriptible dans le fond, Time of orchids se veut un groupe précurseur « d’avant rock » unique, rejoignant ainsi les excellents combos de la "fullforce" de Tzadik...
edit : le groupe a splitté...

dimanche 25 octobre 2009

SCOTT JOHNSON - John somebody

Sold out depuis de nombreuses années, Tzadik s’attele à la réédition d’une composition majeure d’un des compositeur américain les plus originaux de la downtown scene, à savoir Scott Johnson. « John somebody » est en effet une œuvre majeur et unique au monde. Scott Johnson a été fortement influencé par le travail des pionniers de la musique minimaliste, notamment Steve Reich dont les œuvres It's Gonna Rain (1965) et Come Out (1966) ont orienté son travail sur les voix enregistrées puis sur le discours parlé comme base de composition. Le principe est simple : une voix disant une ou plusieurs phrases est samplé, et un morceaux est construit autour de ce sample qui est répété puis découpé durant toute la durée de la plage. Le tout sonne bizarre et alambiqué au début, mais très vite, on se rend compte du travail colossal aux niveaux du sampling, et les orchestrations sont véritablement incroyables. 30 minutes réellement sympathiques, on ne s’ennuie pas un instant. Tzadik a eu ensuite le bon goût de rajouter de morceaux inédits du compositeur à la guitare, et la aussi, c’est du très bon boulot. Un excellent opus de la composer serie, la vision de Scott johnson est tout simplement ahurissante…

lundi 19 octobre 2009

ZAKARYA - Something obvious

Voici l'un des seuls groupes français signé sur le label Tzadik (étonnant quand on sait le grand intérêt que porte John Zorn, son fondateur, à la France). Etant donné les grandes qualités que développe Zakarya musicalement, on se dit qu’il mérite grandement sa place au sein du label new yorkais. Le quatuor n’offre cependant pas un Klezmer dans la grande tradition juive : le quatuor aime en effet briser des barrières et sortir des sentiers battus, pour mieux nous offrir une vision personnelle et captivante de leur musique. Comme le dit Zorn lui-même, c’est un voyage à travers l’Europe de l’est auquel « something obvious » risque de vous emmener. Formation faites autour des instruments basse, batterie, guitare électrique et accordéon, les 11 titres de l’album possèdent toutes leurs personnalités. De l’accalmie « struth » à la folie électrique de « Minsk a Pinsk », de l’expérimental « the shop » au plus traditionnel « colère », on reste captivé du début à la fin. Pointes klezmer, accordéon envoûtant, Balkan rock, touches électroniques, Zakarya reste une formation unique de l’avant klezmer ensemble. Le label Tzadik ne sait d’ailleurs pas tromper en laissant le groupe français exprimer son œuvre : nous avons affaire à l’un des disques les plus innovant de la radical jewish culture serie. « Something obvious » comblera tous les fervents de musique résolument recherchée. Et il m’aura personnellement pleinement séduit…

ZAHAVA SEEWALD & PSAMIM - Koved

Signé sur la division Radical Jewish culture (en hommage à la culture et l’héritage musicale juif), Zahava Seewald (chanteuse reconnu dans la scène juive) s’associe avec le combo Psamim (déjà responsable d’un disque sur Tzadik) pour rendre hommage à un de leur confrères, l’accordéoniste Martin Weinberg, décédé en 2001. Zahava y raconte dans le livret leur rencontre, et la relation d’amitié qui les unissait. Afin d’honorer sa mémoire, le disque nous propose 16 titres traditionnels enregistré en live. On retrouve donc des chansons de Klezmer rapide (« roumenian bulgar »), des chansons Yiddish traditionnelles avec toujours cette musicalité rythmique implacable, des chansons religieuses hébraïque (« toshev enosh »), des chansons judéo-espagnole et encore d’autres divers influences traditionnelles. Elles sont toutes interprétées avec brio par les membres de Psanim, à l’aide d’accordéon, basse et de violon. Puis Zahava Seewald (responsable du choix des chansons) appose sa splendide voix sur les titres (quand ces derniers ne sont pas instrumental), puissante et remplie d’émotions. Un disque d’ailleurs remplie d’émotions, la cohésion vocale et musicale du disque étant un des point fort de la galette, l’hommage à Martin Weinberg en ressort encore plus fort…

WOLF KRAKOWSKI - Goyrl : destiny

second album de Wolf Krakowski, digne successeur de l’excellent disque « transmigrations… ». On y retrouve à peu prés le même concept, c’est à dire une ré-interprétation brillante de chansons folkloriques juives et des chansons traditionnelles de théâtre, modelé à nouveau dans des styles actuels comme la country, le blues ou le reggae roots. Ce deuxième volet demeure cependant encore plus touchant et intimiste ; les compositions sont encore plus calmes et posés, étant parfois basé sur une instrumentation parfois minimaliste, comme sur le troublant « kh’vel shoyn mer nisht ganvenen ». Produit par Frank London (qu’on retrouve aussi à la trompette…), les 12 titres sont tous excellent, et apporte tour à tour leur lots d’émotions. Le chant traditionnel Yiddish est toujours présent, d’ailleurs peut être parfois trop, car la voix est un peu mixé trop forte de temps à autres. Mais ceci reste un détail, tant ce « goyrl : destiny » reste un excellent opus, qui nous montre que la re-visite de classiques peut souvent avoir du bon, si c’est fait avec goût. Et wolf Krakowski y arrive brillamment…

PAUL SHAPIRO - Midnight minyan

Voici le premier disque solo du saxophoniste Paul Shapiro. Etant reconnu pour son activisme au sein de la scène Downtown de NY, ses nombreuses collaborations et apparitions diverses (dont une remarqué avec Daniel Zamir), et son passé de musiciens avec des gens tels Lou Reed, Michael Jackson ou encore les Brooklyn Funk essentials (dont il fut membre), le musiciens a embarqué pour cet enregistrement 5 musiciens, pour nous offrir le meilleur de l’interprétation de chanson traditionnelle juive. « Midnight minyan » nous permet de savourer 9 compositions avec une formation classique (basse, batterie, saxo, trompette), dont 7 ré interprétations « classique » et 2 compositions de Shapiro. Ces morceaux sonnent plutôt comme du Jazz vieille école, même si on arrive souvent à déceler l’influence juive au travers de rythmes chaloupés et d’arrangements typique au style et à l’influence Hébraïque. Le travail de compositions des musiciens est tout simplement brillant, et on sens que la bande s’est avant tout fait plaisir, afin d’en donner aussi à l’auditeur. Ce premier effort solo de Paul Shapiro est donc recommandé à tous les fervents de bon jazz qui se respecte, car ils risquent de trouver d’excellentes sensations…

KOBY ISRAELITE - Dance of the idiots

Voici l’artiste barré de la section juive de Tzadik. Pour dire vrai, on est à peine étonné de voir un disque de cette trempe sortir sur le label de John Zorn, qui fût lui même l’initiateur de ce style avec Naked city. Koby Israelite est un jeune artiste israélien multi instrumentiste vivant à Londres et étant quasiment autodidacte. Le groupe qui l’accompagne est en effet plus un support pour certains instruments que Koby ne sait pas jouer apparemment. Et pourtant, il en enquille des instruments le bougre ! (en vrac, batterie, gratte, clarinette, flûte, piano, accordéon, etc…). Les 12 titres de ce disque sont relativement n’importe quoi, et ç’est ça qui fait sont charme. Koby s’amuse en effet à prendre divers styles, et entrechoquer les genres de musique dans un même morceau, pour un résultat toujours impressionnant. Les titres « 2nd of Tamuz » ou « dance of the idiots » ne sont ils pas les digne héritiers de Mr Bungle qu'on aurait circonçis ? Et c’est brillamment interprété avec une complexité et diversité sans limite, tout en gardant un œil sur l’expérimentation de la musique juive. Mélange improbable d’électronique chelou, de Balkan surf, Klezmer traditionnel, et de death metal cantorial, on en prend plein la musette avec ce disque. Et dieu que c’est jouissif ! Koby Israelite nous offre tout simplement un superbe premier album…

JON MADOF - Rashanim

Signé sur la division Radical Jewish culture (en hommage à la culture et l’héritage musicale juif), Cet enregistrement est sous le patronyme de Jon Madof, et son titre est Rashanim, même si il s’agit en fait du groupe Rashanim en lui même dont il s’agit. Ce dernier est un trio de composition classique (basse, guitare et batterie) qui s’exécute à quelques reprises, mais aussi à des compositions sublimes de Jon Madof lui même. La dextérité des musiciens est impressionnante : avec la même approche et le même feeling qu’un combo de Jazz, le trio se laisse emporté dans leur créativité, et c’est vraiment de toute beauté. Il est vrai que les alternances de rythmes, changements de structures, mélodies enveloppées et les influences juives font leur effet en tous point. Du début à la fin, on se laisse emporter par cette basse ronronnante n’hésitant pas à flirter avec le slap, cette batterie jouant au feeling et s’essayant parfois aux percussions, et les nombreux solos de Jon Madof avec une guitare qui sonne comme une émule de Zappa à son meilleur. Pas moins de 11 compositions, tout aussi travaillé les unes que les autres, avec notamment Bill Laswell au mix final. Un disque du trio vraiment bon...

DANIEL ZAMIR - Children of Israel

Cet enregistrement est le troisième du trio Satlah pour le label Tzadik, mais reste avant tout une expression du saxophoniste Daniel Zamir. Explication : c’est la mère de Zamir qui lui donna l’idée de ré-interpréter quelques chansons folk israéliennes « classiques » (et qui lui donna une veille cassette regroupant les originaux) afin de leur donner une autre coloration. Et voilà le trio en train d’arranger ces chansons traditionnelles issus de jeunes compositeurs juifs des années 1920/40. John Zorn (producteur du disque avec Bill Laswell) leur donna alors l’idée d’incorporer une sections cuivres afin de donner plus de corps et de vigueur aux chansons. Une pléiade de saxophonistes viennent donc en renfort (dont les reconnus Ned Rothenberg, Marty Erhlich, Paul Shapiro, Doug Wielselman ou encore John Zorn lui même en guest…) et se joignent à la bande pour la ré-interprétation de 9 titres absolument géniaux (le 10eme est de Daniel Zamir lui même). Solos en cascade (aussi bien de saxo que de batterie), arrangement de cuivres complexes et cohésion impeccable entre ce big band. On pense à du Masada surboosté, tout simplement fantastique .Daniel zamir a eu une bien brillante idée le jour ou l’idée lui est venu de monter ce projet : il signe un vibrant hommage à la culture juive dans son ensemble et donne matière à tous « les enfants d’Israël » de connaître un peu mieux leur brillant héritage musical…

BEN PEROWSKY - Camp songs

Signé sur la division Radical Jewish culture (en hommage à la culture et l’héritage musicale juif), Ben Perowsky est une figure emblématique de la scène Jazz américaine, et aussi un batteur reconnu ayant servis de support à de nombreux artistes tels Dave Douglas ou Steven Bernstein entre autres. Ben nous offre son premier disque solo sur le label Tzadik, accompagné du reconnu Uri Caine au piano (un pianiste mondialement reconnu ayant travaillé avec Frank London) et de Drew Gress à la basse (et même un featuring des Elysian fields...). Le trio nous interpréte toutes des chansons jewish traditionnelles (si on excepte 2 compositions de Perowsky lui même) apprise par l’auteur au fameux « camp d’été » (l’équivalent de nos colonies de vacances). Le jewish summer camp est assurément une bonne idée, car si tous ses protagonistes sortaient des disques de cette trempe, la scène jazz bondirait en avant avec vitesse. Les 9 titres du trio sont un vrai délice de délicatesse et d’improvisation : percussions et batterie incisive mais débridé, piano langoureux, basse appuyant, et arrangements assez complexes, font de ce disque un très bon album de jazz nouvelle école. On a en effet souvent vite l’impression de rentrer dans un club de jazz à l’écoute du disque, envie de se poser pour boire un cognac et fumer un cigarillos...Excellent dans le style.

DAVID SIMONS - Prismatic hearing

Compositeur hors norme qui vient de sévir avec un second volume fraichement sortis sur la composer series, David Simons nous propose en 2004 sa vision unique de la musique. Travaillant beaucoup pour des compositions de films, théatre, pièces de danse et concerto classique, "prismatic hearing" est un peu son terrain de jeu entièrement libre. Ayant étudié avec Earle Brown et Morton Subotnik, Simons est avant un fabricant d'instruments de sa propre conception qu'il aime fondre dans des technologies digitales de sampling afin de créer un contraste culturel. Les pièces présentes sur cet opus datent d'entre 1974 et 2003, véritable résumé des expérimentations mené tout azimuth au fils des années. Evidemment trés difficile à décrire (comme tous tzadik digne de ce nom...), le mieux reste encore de découvrir, mais j'ai perso beaucoup aimé ce volume, et j'ai hâte de découvrir le dernier...

jeudi 15 octobre 2009

LUKAS LIGETI - Mystery system

Lukas Ligeti est un jeune compositeur née en Hongrie, qui a beaucoup voyagé en Afrique (influençant ainsi son approche musicale) et qui maintenant s’est établis à New York, berceau du meilleur label expérimental mondia. Son travail tourne autour de deux grands axes sur ce « mystery system » : d’un coté deux pièces sonores pour un ensemble de percussions guidés par le Amadinda percussion group, et de l’autres de compositions pour un strings quartet traditionnel. Issus de diverses périodes, les 5 plages sont toutes d’une grande beauté. On retiendra dans l’ordre le très sombre « independant » à base de percussions africaines débridés, mais aussi le très émotionnel « moving houses » qui rappelle directement le travail de Clint Mansell. On a aussi le droit à du string quartet couplé avec une batterie samplé sur l’étonnant et très court « NY to neptune », pour se finir ensuite sur un « delta space » complexe et subtil avec un piano habile, couplé à des samples de boucles de piano. « Mystery system » est un bon disque de musique expérimentale…

SUSIE IBARRA - Folkloriko

Percussionniste et batteuse de renom, Susie Ibarra a collaboré avec de nombreux grands compositeurs de musique expérimentale moderne tels Derek Bailey, Mark Dresser ou encore John Zorn entre autre. Elle est aussi la section rythmique du groupe Mephista avec ses compères Sylvie Courvoisier et Ikue Morie. Voici donc présenté son troisième disque solo pour le label Tzadik, intitulé « folkloriko » et sortis en 2004. 2 compositions sont donc au programme : en premier lieu, nous avons le droit à une excellente composition intitulé « Anitos » (10 minutes environ) qui regroupe tout style de percussions (cymbales tibétaines, cajon, kulintang, cloches, etc…) ; Susie exécute en duo cette brillante composition avec son mari Roberto Rodriguez, rendant ainsi hommage au folklore des îles Philippines. Arrive ensuite le tour d’une longue composition de trente cinq minutes intitulé « Lakbay », décrivant le portrait musical de la journée d’une vie d’un travailleur philippin immigré. Une splendide composition passant de folk au jazz, avec des touches classiques et expérimentales. Susie Ibarra à la batterie, Jennifer Choi au violon (fréquente collaboratrice de John Zorn elle aussi), Craig Taborn au piano, et un guest de Wadada leo Smith à la trompette. Au final, « folkloriko » tient toute ses promesses : exotique, inspiré et envoûtant.

ANTHONY PATERAS - Mutant theatre

Jeune pianiste et compositeur australien (né en 1979), Anthony Pateras puise son inspiration dans l’improvisation contemporaine, les compositions post 1940, le folk balkan, la musique électronique et la noise. Voici donc son premier disque solo, composé de 6 pieces toute plus captivantes les unes les autres, qui font de ce « mutant theatre » une oeuvre dynamique et percutante. On démarre par un « transmutations » de 21 minutes ou Pateras se forme conducteur pour « the victorian college of the arts percussion ensemble », découpé pour l’occasion en 5 plages sonores sublimement orchestrés, avec montée lancinantes et rythmiques chevrotantes. Si la 2nde piece révèle la virtuosité du jeune compositeur au piano, toutes les autres flirtent ensuite avec brio entre improvisation, percussion et électronique. On n’est jamais très loin des parachutes years de John Zorn, donc à vous de voir si cela vous tente…personnellement, j’ai accroché, mais ça peut vite gonflé à la longue…

mardi 13 octobre 2009

WADADA LEO SMITH / JACK DEJOHNETTE - America

Retour de Wadada Leo Smith sur la Key series de Tzadik, aprés qu'on ait découvert ses débuts (Kabell years) et son all star band (Golden quartet) auquel on retrouvait déja Jack Dejohnette à la batterie. Encore une réunion certainement organisé par Zorn et Tzadik, décidemment férus de réunion sur cette série. Ce duo devrait plaire aux fans purs et durs de free jazz et autre expérimentation batterie/trompette. Avant d'acheter ce disque, je savais exactement à quoi m'attendre en fait. Et je ne me suis pas trompé, mais cela gâche un peu l'élément de surprise d'un nouveau Tzadik. Reste que les deux musiciens sont brillants, et inter-réagissent de manière télépathique. La prestation devait être visuelle. Auditivement, c'est un peu chiant...

KAYO DOT - Choirs of the eye

Fraichement formé suite à la défection de Maudlin of the well, à l'initiative de la tête pensante Toby Driver, ce premier disque de Kayo Dot impressionne. Second volume de la sous division Full force (qui ne portait pas de nom à l'époque), "Choirs of the eye" n'est pas simplement un disque de rock, c'est surtout un pur bijou d'expérimentations tout azimuth. Au sein de 5 morceaux tous longs (plus de 10 minutes), La formation aux multiples musiciens (11 sur celui çi) nous ballade dans des contrées parfois quisi-inexplorées... Kayo dot, c'est le groupe "Post" par excellence qui brasse tout : Post rock, Post metal, Post HxC, Post ambiant, etc...Un disque donc trés difficile à décrire mais à découvrir absolument. John Zorn avait vraiment eu le nez fin, le combo se fera récupérer par Hydrahead dernièrement, grand amateur de groupe originaux qu'ils sont. "Choirs of the eye" reste une masterpiece du genre...

http://www.kayodot.net/

samedi 10 octobre 2009

DAPHNA SADEH & THE VOYAGERS - Reconciliation

On sent que pour Daphna Sadeh, la musique passe par une exploration des cultures et un brassage ethnique conséquent. Native d'Israel, Ayant étudié durant plusieurs années à NY, et vivant désormais à Londres, c'est d'ailleurs Koby Isrealite qui l'a rencardé vers Tzadik, voguant depuis plusieurs disques sur le label New yorkais et vivant à Londres lui aussi. Une chance, puisque on a le droit à cet excellent "reconciliation" en guise de première oeuvre, avec un artwork trés champêtre pour le coup, mais toujours "arty". 8 titres assez longs qui sont un brillant mélange de Jazz, de musique des pays de l'est ou de musique juive sephardique ou ashkenaz dans la tradition. Le disque démarre à fond les ballonds avec deux titres ultra dansant et rapide digne du No smoking orchestra, puis se calme vers la fin pour des titres plus posés. La formation des "voyagers" est composé de 6 membres, donc Daphna à la double basse, et en vrac de batterie, guitares, trombone, clarinettes et accordéon (avec quelques variantes selon les instruments). Un bon début offert par Daphna Sadeh, rentrant pleinement dans l'esprit de la radical jewish culture...

mercredi 7 octobre 2009

JOHN ZORN - Filmworks IX (Trembling before G-d)

La section Archival series est, comme son nom l'indique, une sous division de Tzadik crée à l'époque pour rééditer tous les travaux de Zorn diffcile à trouver dans leur première édition (aujourd'hui, Zorn y publie l'intégralité de son oeuvre, et pas seulement des archives). Le filmworks IX couvre un documentaire polémique à propos de la communauté Hassidique juive homosexuelle, qui a bénéficié d'une enorme exposition, étant diffusé au festival Sundance de NY en 2001, et ayant reçus des prix au festival du film de Berlin et de Chicago en 2001.

Un documentaire assez connu dans le cercle juif et dont le sujet a trop été souvent passé sous silence par rapport à certains codes déontologiques. Ce filmworks a d'ailleurs parfois été le point de départ d'une controverse concernant la sexualité du compositeur, mais cela ne nous regarde pas...La thématique principale s'axe autour des réactions de la communauté orthodoxes juives face à l'homosexualité cachée de certains de ses membres, et comment ces derniers pouvaient tenter de réconcilier leur foi et leurs pratiques sexuelles (que la religion considère comme une perversion). Un travail colossal fut effectué au travers de nombreux témoignages de gays et lesbiennes juifs à travers le monde, même si peu d'entre eux témoignent à visage découvert de peur d'être chassé par leur communauté.


Parmis tous les réalisateurs de films avec lesquels il a travaillé, John Zorn admit que les créateurs de "trembling before G-D" furent les plus gentils et sympathiques. Des fervents de l'oeuvre de Zorn, et notamment du morceau "Idalah-abal" present sur le premier disque du Bar Kokhba ou le duo John Medeski-Chris Speed éxécutait une superbe complainte sombre orgue-clarinette. C'est dans cette même veine que la collaboration musicale prit tournure, même si Medeski n'était pas disponible et qu'il fût remplacé au pied levé par Jamie Saft, dont le studio d'enregistrement à Brooklyn sera mis à contribution aprés la fermeture du Shelley palmer studio à Manhattan (ou la plupart des filmworks avaient été enregistré).


L'association de Chris Speed et de Jamie Saft fonctionne à merveille et 16 titres sortent en un jour, pour une bande son certes fort sombre, notamment avec l'utilisation récurrente de l'orgue (à la place du piano), donnant toujours l'impression d'une veille funéraire. Un défis stimulant pour Zorn, mais certes un peu trop original pour les réalisateurs qui ne tardent pas à émettre quelques doutes sur la cohérence avec le sujet, certes grave, mais pas fataliste pour autant. Malgrés une bande son franchement belle, la sanction tombe trés vite : "nous aimons la musique, mais n'utiliserons que deux morceaux". Deux sur seize, ce n'est pas lourd, et Zorn déteste que l'on critique sa vision d'une bande son (selon son humeur, il aurait pu laisser tomber, et passer complétement à autre chose...). Mais les gars étaient si sympathiques et le documentaire si bon qu'il se persuada de trouver une solution, quite à enregistrer encore un peu de matos (2 titres supplémentaires avec Cyro Baptista en l'occurence). Face à la perplexité des cinéastes, Zorn voulut donner l'affaire à Frank London, mais ce dernier lui conseilla d'en parler avec eux. Zorn se rendit dans le quartier de Soho à la boite de prod pour aider les producteurs à placer les morceaux dans le documentaire (chose qu'il n'avait jamais fait auparavant),en 3 heures, l'affaire fut bouclé, et l'expérience devint ainsi constructive...

Une bande son unique grâce notamment au choix trés particulier de l'association de deux instruments dont l'un n'appartenant pas du tout au folklore juif (l'orgue). Apportant toujours son lot d'émotions et de mélancolie, le filmworks IX réussit a plonger le spectateur dans un sujet grave tout en apportant une lueur d'espoir. Et le sujet du documentaire tenait tellement à coeur à John Zorn que ce fut pour lui un véritable honneur de participer à sa construction...

mardi 6 octobre 2009

JENNY SCHEINMAN - The rabbi's lover

Premier disque d'une des violonistes les plus reconnus de la downtown scene. Si le second était sortis sur la section Oracles (dispo ici...) qui est dédié aux femmes, "The rabbi's lover" sortait quand à lui en 2002 sur la Radical Jewish culture. Jenny Scheinman prenait à l'époque tout simplement ses origines juives en tant que fils conducteur de la trame du disque, et plus particulièrement la thématique du "rabbi's lover" (aucune idée de la traduction littérale française) : une jeune fille androgyne de 20 ans qui servait plus ou moins de servante pour le rabbin, parlant trés peu, et étant souvent prise pour le fils du rabbin. Une thématique bizarre et tendencieuse pour un disque en demi teinte. Pas franchement mauvais mais loin d'être un chef d'oeuvre, le quintet mis en place était alléchant sur le papier : Jenny au violon, un trompettiste, Adam Levy à la guitare, Kenny Wollesen à la batterie (batteur du New klezmer trio ou de Masada), Greg Cohen et Trevor Dunn qui s'alternent les basses (!!), bref pas des manchots. Mais les compositions se perdent cependant dans des méandres compliquées et des détails inutiles, la ou "shalagaster" synthétisait parfaitement les gimmicks d'un jazz souple riche en bon passages. Ni Klezmer, ni traditionnel, ni jazz, sans vraiment de morceaux marquants, ce chapitre tzadik est relativement anecdotique...

lundi 5 octobre 2009

STEVEN BERNSTEIN - Diaspora blues

Signé sur la division Radical Jewish culture (en hommage à la culture et l’héritage musicale juif), « Diaspora blues », second opus du trompettiste Steven Bernstein pour le label Tzadik, se veut être en quelque sorte l’antithèse de « diaspora soul » sortis 3 ans auparavant. Si ce dernier s’appuyait sur des structures concises, destinée surtout à faire ressortir des ambiances latino et un tempérament chaud et latin, il n’en va pas du tout de même pour ce disque. Bernstein a en effet fait appel au Sam Rivers trio afin de déstructurer considérablement ses morceaux. Ayant pour principal inspiration le maestro Moshe Koussevitsky, les 11 titres se promènent effectivement entre ballades entraînantes, groove hypnotique et surtout free jazz un poil psychédélique. Les morceaux sont en effet souvent très long (parfois jusqu'à 12 minutes) et partent relativement dans tous les sens, laissant libre cours à l’inspiration et aux techniques des musiciens. En résultes des ambiances presque cosmiques (« lucky ») mais ô combien intéressante pour les amateurs de jazz débridé et sans limites…

jeudi 1 octobre 2009

THE CRACOW KLEZMER BAND - The warriors

J'ai forcément une tendresse toute particulière pour ce chapitre de Tzadik, car c'est le tout premier que j'ai acheté, complétement par hasard, il y a 8 ans. Et force de constater que ce blog n'aurait jamais exister sans "the warriors".
The cracow klezmer band viennent donc de la ville de Cracow en Pologne, et joue un klezmer traditionnel des plus brillant. La formation est composé de violon, accordéon, clarinette et double basse. Interprété en majeur partie sur la spontanéité et l’improvisation, la musique du quatuor dégage un coté mystique absolument saisissant. Un titre comme « the warrior » pourrait d’ailleurs être largement calé dans un film. Les harmoniques complexes du groupes sont toujours impeccables, et il est vrai que leur écoute demande un effort d’imagination pour l’apprécier pleinement : mais votre récompense à cet effort sera grande, et se traduira en une beauté et une émotion sans faille. Evidemment, il y a également les titres de Klezmer plus rapide (« the forteress » « Klezmer rhapsody »), rappelant toujours l'héritage juif à 200 %. Je ne possède pas encore les autres disques du combo (hormis avec Zorn), donc je peux pas juger leur discographie, mais cet opus est plus que brillant, c'est un must have de la série...

Z'EV - The sapphire nature

J'ai bien quelques disques de Z'ev (percussioniste bruitiste de renom) que j'accroche, mais la, le verdict est sans appel : ce disque est une merde ! Ca seveut être une atmosphérique et hypnotique symphonie de percussions spirituelles. Au final, de la percussion primitive sans queue, ni tête, avec aucune progression ou évolution. Et sur plus d'une heure, ça fait désordre. Terriblement chiant, il faudra peut être privilégier les raisons de la création de ce disque que son contenu, mais même pour la méditation sur l'héritage juif, cet opus est insupportable. L'un des seul ratage de la radical jewish culture, mais ce dernier est conséquent...

DAVID GOULD - Adonai in dub

David Gould nous propose un vision captivante avec cette galette intitulée « Adonai in dub » : fasciné par les connections spirituelles qu’il peut y avoir entre le reggae « roots » et le judaïsme, c'est sur cet réfléxion que le compositeur s'est orienté. Membre d’un groupe de ska, le larron nous propose 12 titres extra planants ou l’enfumage de marijuana est quasi obligatoire ! L’orchestre de Gould interprète donc 10 titres de chansons d’hébreu traditionnel, puis remixés par Jamie Saft (coupable de plusieurs projets Dub) afin d’obtenir des morceaux baignant dans un univers atmosphérique de Dub noisy complètement halluciné. Un disque surprenant qui paraît sur la série juive de Tzadik : en effet, on est relativement souvent pas loin de l’approche du reggae, style qui n’est pas particulièrement familier au label, preuve encore une fois de l’ouverture d’esprit et du bon goût de John Zorn, toujours dans les bon coups. Un disque différent, planant, relaxant, idéal pour une soirée enfumée entre amis…