vendredi 10 décembre 2010

JOHN ZORN - Filmworks XII (Three documentaries)

Poursuite retrospective de la serie des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette serie dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XII date de 2002, et couvre trois documentaires différents d'ou l'appelation "three documentaries" (Second volume d'une serie de 3 filmworks sortis à la suite en 2002)

Le premier documentaire est réalisé par Charles Dennis et fête les vingt ans d'un club du East village de Manhattan, le ps 122 ("performance space"), spécialisé dans la danse. Un club que Zorn a apparement pas mal fréquenter dans ses jeunes années pour ses travaux avec des danseurs, des festivals d'improvisation, et même la première de son game piece « darts » qui eut lieu en 1983. Le staff du club a toujours apprécier sa musique, et c'est donc en tout bien, tout honneur que Zorn réalisa la bande son de « Homecoming ». Différentes rythmiques, atmosphères et textures furent créer pour tout coller à l'univers de la danse. Une pointe de minimalisme perdure sur « the well tuned... » même si le compositeur déclare avoir été à contre courant de ce mouvement en offrant tout au long de sa carrière une approche plutôt maximaliste et un mélange volontaire des styles. Zorn reconnaît cependant avoir été influencé dans les galeries de Soho et Oddball par les cadors du genre (Phillip Glass, Steve Reich, LaMonte Young et Terry Riley) et qu'on peut reconnaître des touches minimalistes et répétitives dans certaines de ses oeuvres. Magnifique titre d'ouverture avec Jennifer Charles qui nous gratifie de son unique et magnifique voix (ça ressemble à du Reich effectivement). Puis quatre titres typés danse effectivement, avec Mark Feldman au violon, Zorn à l'orgue et au piano, et un featuring de Jamie saft au piano sur un titre. Pas incontournable, mais une bande son qui doit parfaitement collé au sujet...

A l'inverse de « Homecoming », John Zorn paraît un peu évasif et douteux sur le documentaire « Shaolin Ulysses », dirigé par Martha Burr et Mei-juin Chen (avec qui il a déjà bosser sur « Hollywood hotel » (1994, filmworks III)). Le compositeur n'arrivait pas à se faire un avis positif sur le documentaire : raconter l'insertion et la nouvelle vie de moines Shaolin venus immigrer aux USA, ça aurait pu être une belle histoire. Mais ces derniers vivent désormais à Brooklyn, au Texas ou à Las Vegas, le documentaire tombe apparement dans le stéréotype et la caricature. De plus, le montage final ajoutera beaucoup d'autres musiques (issus du nouveau mode de vie des moines, on y retrouve donc de la salsa, du hip hop, de la musique traditionnelle chinoise ou du jazz), ce qui ne plait pas vraiment à Zorn qui trouve le documentaire un peu gaché. A titre personnel, le compositeur est cependant très satisfait de son boulot : les riminiscences asiatiques du Filmworks VIII ayant été réussis, on appréciera le retour de Min Xiao-Fen avec sa pipa, qui se livre sur 23 titres à un grand duel avec la guitare de Marc Ribot, magistral une fois de plus. Roberto Rodriguez et Cyro Baptista aux percussions et la première incursion de Trevor Dunn à la basse sur un filmwork, qui mine de rien fait un boulot colossal sur ce documentaire. « Shaolin Ulysses » est d'ailleurs un brillant exemple du génie de Zorn de manier différents styles : sur une base asiatique (le fabuleux titre d'ouverture digne d'un Morricone), les titres évoluent vers des contrées lointaines, tantôt hispanique ou brésilienne (« shaolin mambo » »shaolin bossa »), et n'oublie jamais d'être au service de l'émotion quand il le faut (« temple song » « nostalgia »). Une bande son sublime dans le genre, une vraie réussite pour le 7eme art qui aurait pu d'ailleurs s'adapter à beaucoup d'autres films...

Morton Bartlett est un photographe underground new yorkais marginal, toujours plus ou moins dans l'ombre de Henry Darger, et ceux malgrés des travaux uniques et personnels. Son dada ? La conception et fabrication de poupées avec des vêtements cousus mains, mise en situation, puis photographiées avec des jeux de lumières pour rendre une vertue dramatique à un objet à priori innocent (cf : artwork de ce filmworks entre autre). Orphelin, il ne se serait jamais marié, et aurait vécus seul durant quasiment toute sa vie; Décédé en 1992, ses oeuvres furent découvert aprés sa mort. John Zorn découvre ses travaux dans une galerie d'art new yorkaise au milieu des années 90, et devient rapidement ami avec Marion Harris, une femme qui s'occupe de vendre et manager l'héritage de Bartlett (une des poupées se serait vendus 110 000 $ en 2008). Lorsque cette dernière lui apprend que sa fille prépare un court documentaire sur Morton Bartlett, il propose rapidement ses services pour en faire la musique. Peu d'informations sur ce « Family found », on peut en déduire la durée étant donné la bande son fournie par John Zorn, un seul et unique titre décliné en quatre variantes : la première voix et violoncelle su-bli-me (avec de nouveau Jennifer Charles, elle était en studio, Zorn l'a exploité à fond à priori), puis trois variantes superbes au violoncelle proposé par le coutumier Erik Friedlander, eternellement bon dans son registre...

Trois documentaires, trois univers, trois bandes sons différentes, Zorn se montre eclectique et inspiré sur un volume brillant de la série des filmworks...

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