dimanche 27 août 2017

JOHN ZORN - Valentine's day

Beau digipack sortis en 2014, avec toujours des peintures de John Zorn en couverture, on commence mine de rien à reconnaitre sa "patte" en matière d'œuvre visuelle, même si en l'occurrence on ne voit pas trop le rapport avec le titre du disque. Titre qui possède d'ailleurs un sous titre "John Zorn's enigmata trios" qui renseigne immédiatement sur le contenu qui reste à suivre : cet opus est la suite de l'improbable "Enigmata", disque complètement hermétique (et franchement imbuvable) du duo Ribot/Dunn sortis en 2010. On retrouve donc toujours Marc Ribot à la guitare (vraiment le master of dissonance quand il le souhaite), Trevor Dunn à la basse (il ne cesse de s'améliorer avec le temps, vraiment un super musicien) et surprise, Tyshawn Sorey à la batterie (Dont le cv parle pour lui, de Steve Coleman à Anthony Braxton, en passant par une partie de la downtown scene). Et on découvre donc une autre vision de ce free rock sauvage que Zorn avait essayé de nous imposer la première fois, beaucoup plus intéressante. Toujours basé sur une grosse base improvisée, les titres respirent mieux, la batterie apporte une dynamique convaincante, la dissonance se fait plus maitrisé et moins gratuite, on perçoit même quelques passages mélodiques (enigme 8) qui aère l'ensemble et qui donne plus d'impact aux moments de folie certes nombreux dans le disque. Sorey est tout simplement hallucinant : roulements de malade, blast beat furieux, breaks jazz ou free jazz, déferlement avec une puissance aussi imposante que la carrure du gaillard. On se rapproche donc sans problème d'un Asmodeus pour ce coté rock à fond et le son de guitare de ribot, ou d'un Moonchild avec la basse claquante de Dunn (ou Ribot avait lui même fait des apparitions). En tous cas, une plus belle réussite que le "Enigmata" d'origine, "Valentine's day" demeure une œuvre aussi complexe qu'insaisissable, qui doit vraiment valoir le coup en live par ailleurs...

lundi 14 août 2017

JOHN ZORN - On leaves of grass

"Leaves of grass" est un recueil de poèmes de Walt Whitman, notamment connus pour son apologie de la sensualité. Zorn se sert toujours de ses références culturelles comme inspiration pour garnir et compléter son œuvre tentaculaire avec le temps. "On leaves of grass" avec son superbe digipack ne fait pas figure d'exception, une illustration de Walt Whitman jeune faisant son apparition. On découvre neuf nouvelles compositions interprétés par le Nova express quartet, soit pour rappel John Medeski au piano, Joey Baron à la batterie, Kenny Wollesen au vibraphone et Trevor Dunn à la basse, quatre musiciens archi connus dans le cercle Zornien mais qui ont le mérite d'être vraiment des tueurs lorsqu'ils jouent ensemble (avec un featuring de Ikue Mori sur un titre). On a tendance à l'oublier tellement leurs apparitions sont fréquentes et le processus récurrent, mais les quatre musiciens accompagnés de John Zorn (qui est apparemment présent en studio sur tous les disques qu'ils enregistrent et ceux sans jouer, juste pour superviser la plupart du temps) et Marc Ursulli (L'ingé-son attitré de ces dernières années) enregistrent en un ou deux jours maximum, mix compris. Une performance énorme à l'écoute de la richesse de ces compositions de jazz moderne et complexe, alliant improvisation, minimalisme et une certaine vision lyrique pour représenter la vision de Whitman, dont la quintessence demeure surement sur le dernier titre du disque de quinze minutes et qui se nomment "America"...