dimanche 28 février 2010

DEATH AMBIENT - Synaesthesia

A priori, le premier album de Death ambient avait été une bonne vente du catalogue Tzadik. C'est donc sous l'impulsion implicite de Zorn que le trio remet le couvert 4 ans aprés, en 1999 pour être précis. Réunis dans leur studio New Yorkais, Kato Hideki, Ikue Mori et Fred Frith ponde ce "Synaesthesia" en seulement quelques jours. Toujours cette noise expérimentale inimitable, avec le laptop de Mori présent mais toujours au service des deux autres instruments. Hideki est discret mais belle et bien indispensable pour compléter le talent de Fred frith avec sa gratte, qui tient assez souvent la baraque lors des compos, il faut l'avouer. Parfois dans un trip japonais, souvent dans le registre bruyant, mais parfois tapant aussi dans l'ambiant pour contraster ("sowing death"), Death ambient fait une nouvelle fois les choses à fond, et ceux qui ont aimer le premier volume accrocheront forcément sur celui ci...

samedi 27 février 2010

NOAH CRESHEVSKY - To know and not to know

Directeur d'un centre musical basé sur l'électronique, professeur au Brooklyn college, à l'image de l'art work du disque, Noah Creshevsky est un type qui en a dans la caboche. Son approche ressemble à celle de Luc Ferrari, Scott Johnson ou Mark de gli Antoni que vous avez pu croiser sur ce blog : les éléments electro-acoustiques, les charcutages des bandes magnétiques et le dépiotage de la musique sous toutes ces formes. La définition pompeuse de Tzadik donne ceci : "Le résultat est une musique qui assombrit les frontières en le réél et l'imaginaire, au travers la fusion des opposés : la musique et le bruit, les sources vocales compréhensible et incompréhensible, les vocalises extra-humaine et les capacités instrumentales". Un poil intello hein ? Plus pragmatiquement, Creshevsky fragmente des voix ou des instruments, et les reconstruit au sein d'une musique pré-existente, afin de créer un bouillonant climat sonore plus ou moins avant gardiste selon votre degré d'expérimentation post réflèxion-mélomane. J'ai trouvé ce disque bon dans sa catégorie, on y découvre effectivement des nouveaux sons et une nouvelle vision de la musique classique qui se mue en du grand contemporain. N'est ce pas la un des buts revendiqué de la Composer serie ?

vendredi 26 février 2010

JOHN ZORN / FRED FRITH - 50th birthday celebration (5)

La série Celebration birthday rend hommage à l’historique performance de John Zorn qui a joué tous les soirs pendant le mois de septembre 2003 (au Tonic à NY) pour célébrer ses 50 ans. Le programme y est impressionnant, tous ces projets de l'époque étant représenté (mis à part Naked city).
15 septembre 2003, Une preuve audio est enregistré au Tonic pour une nouvelle fois nous montré la brillante et créative amitié qui unit Fred Frith et John Zorn. Leur rencontre date de 1978 dans la bouillonante scène musicale de Manhattan à l'époque, et leur épopée ensemble nous a apporté tans de bonnes choses. Des disques de Zorn avec le toucher unique du guitariste anglais, Naked city, et des disques communs qui était sortis sur Incus à l'époque (la série de "art of memory"). Connexion télépathique, sens inné de l'improvisation, créativité instrumentale, tout est mis à l'épreuve sur cet opus. La prestation devait être magistrale au tonic, car rien que voir Frith en live, c'est un expérience en soi. Mais le disque épuise un peu sur la longueur, comme tout impro relativement bruitiste qui se doit. A écouter de temps en temps, mais cette oeuvre pourra diffcilement être un disque de chevet. On peut s'attendre à des nouveaux travaux du duo en studio pour 2010...

lundi 22 février 2010

JOHN ZORN - 50th birthday celebration (9)

La série Celebration birthday rend hommage à l’historique performance de John Zorn qui a joué tous les soirs pendant le mois de septembre 2003 (au Tonic à NY) pour célébrer ses 50 ans. Le programme y est impressionnant, tous ces projets de l'époque étant représenté (mis à part Naked city).
C'est le 8 septembre 2003 que le maitre New Yorkais se colle à l'exercice live avec uniquement son saxophone alto et son inspiration. A l'origine conçus en 5 volumes pour suivre les 5 chapitres du livre "The book of five rings" de Musashi Miyamoto, "le guide classique de la stratégie" possédait donc déja deux volumes que vous pouvez retrouver sur la Archival series. Ce 3eme volume parait légitime, car il est la continuité de l'approche théorique de Zorn avec son instrument d'une part, et l'essence même de son esprit d'improvisateur en concert d'autre part. Aprés, le constat est le même que ma précédente kronik sur cette facette zornienne : intéréssante de savoir que ça existe, visuellement captivante (le coup du verre d'eau, ça fait mouche a chaque fois), chiante à écouter sur disque. Pas le meilleur volume des 50 ans de Zorn donc...

dimanche 21 février 2010

DEATH AMBIENT - Death ambient

Une association magique que celle des trois musiciens qui forme Death Ambient : Trois grands improvisateurs hors pairs, dont un que j'admire beaucoup, et que l'écoute de cet éponyme m'a rappelé qu'il faut que je continue à me procurer les opus qui constitue sa riche carrière. Ce compositeur, c'est Fred Frith, guitariste anglais, pur produit de la downtown scene et du rock in opposition, qui a un feeling aussi riche que celui de Marc Ribot. Ikue Mori et Kato Hideki complete ce formidable trio, deux japonais à l'inspiration sans faille dans leur instrument respectif. Ce premier jet de Death ambient (et 7eme référence de la New Japan) est un futur classique de la musique expérimentale. Le laptop de Mori prend ici toute sa dimension, sonnant toujours juste, nous donnant regulièrement des frissons, surtout quand Frith conjugue son incroyable don d'improvisation guitaristique. Hideki à la basse demeure la parfaite jointure entre les deux musiciens cités plus haut, bassiste discret mais présent, complétement dévoué à l'atmosphère du disque. Une atmosphère quasi mystique, mystérieuse, sounoise et évasive. Ni ambiant, ni expérimentale, ni electro, ni impro, mais un peu tout ça à la fois en fait, Cet opus est une masterpiece du genre en tous cas, obligatoire d'écoutes pour tous les suiveurs de ce blog...

vendredi 19 février 2010

SAJJANU - Pechiku !!

"Pechiku!!" correspond à un schéma récurrent au sein de Tzadik : il arbore fièrement l'étendard du Japon comme patrie innovante en matière d'expérimentation musicale tout azimuth, et propose en l'occurence un rock complexe et technique comme Zorn l'a souvent apprécié (cf toute la serie Fullforce...). Sajjanu, c'est un trio japonais bien cramé du cerveau donc, dans une config' deux guitares et une batterie, et des milliers d'heure de répétition. Au travers une musique aussi précise et syncopé, on sent que le trio fait peu la part belle aux improvisations. Les étiquettes raccourcis se multiplient sur la tranche Tzadik : Ruins (certes l'exemple le plus concluant), Boredoms (certainement pour la coté identité Japon), Naked city (comparaison tiré par les cheveux) et Zappa (allusion érroné, jamais Zappa n'a composé aussi technique et instrumental sans faire preuve d'humour). Ce que j'ai apprécié chez Sajjanu, c'est la grande force de pondre de pur arpèges mélodiques au milieux de breaks noisy de tarés, et la manière dont le batteur vient parfois latter les deux guitares dans des roulements retentissants. Le trio se rapproche donc plus parfois d'un Don Cab sauce soja ou de leurs collègues de label Ahleuchatistas avec un niveau supérieur et un touché nippon trés bien sentis. Mais peu importe, avec un nom de groupe pareil, un titre de disque et un artwork à coucher dehors, Sajjanu distribue une gentille mandale à tous les fervents de rock technico-mathématique...

mercredi 17 février 2010

DEATH PRAXIS - Mystery

Ikue Mori, figure légendaire de la downtown scene de NY (mais née à Tokyo) et Tenko, chanteuse officiant dans l'underground japonais forme Death Praxis, un duo bizarre et innovant (Ne pas confondre avec Praxis de Bill Laswell et Death ambiant, autre combo de Mori). Les chansons 13 à 22 sont issus de leur première rencontre en 1990, une opposition classique laptop/voix qui n'est honnêtement pas transcendant. En revanche, les 12 premiers titres enregistrés en 1998 sont beaucoup mieux sentis. D'une part, le fond des chansons ont une bonne inspiration, puisque toutes dédiés à des écrivains de roman que les deux compositrices apprécient. D'autre part, le tout est beaucoup mieux enregistré et on y décéle la présence de prestigieux guests comme Anthony Coleman à l'orgue, Eyvind Kang au violon ou Erik Friedlander au violoncelle. Je suis pas un énorme fan d'Ikue Mori, mais y'a pas à tortiller, son laptop et ses samples prennent leurs dimensions en étant entouré d'autres musiciens...

samedi 13 février 2010

JOHN ZORN / YAMATAKA EYE - Naninani II

Je ne posséde pas encore le premier volume de ce "nani nani", mais je dois avouer que quand on m'a offert ce disque il y a trois ans, j'étais content d'avoir un chapitre tzadik de plus a mettre dans ma collection, mais j'étais aussi un peu inquiet : la rencontre de Yamatsuka Eye et John Zorn, hors contexte Naked city, n'allait elle pas être complétement indigeste ? Car entre les cris démentiels du premier au sein des boredoms et les couinements saxphonesque du second quand il s'excite (pour le meilleur, et rarement pour le pire), on a de quoi flipper. Il n'en sera rien, ce disque est un petit bijou.
Alors certes, il y a quelques passages bruitistes cris/sax dont on pouvait s'attendre. Mais il y a aussi une créativité, une télépathie musicale, et une imagination plus que fertile. Jamie Saft, qui a enregistré la rencontre à NY en 2003, a du tripper comme un salaud. Pas mal d'instruments pour les deux lascars, et une volonté de se faire plaisir que ce soit dans le bruit, dans l'expérimentation, ou dans l'ambiant le plus posé qui soit (à ce juste titre, "shiso baba" et "bar time with eno" sont des perles...). Superbe volume de la new japan, avec artwork qui pique aux yeux à la clé. La série repart sur ce blog aprés un break de 6 mois, enjoy !

NED ROTHENBERG's Sync - Inner diaspora

Cela faisait des années que son ami John Zorn lui demandait de créér un album d'inspiration juive. "Ca viendra quand ça viendra" lui repondit Ned, tout en ayant une grosse réfléxion sur les origines juives, sur la définition même de la musique juive, le tout étant détailler dans des textes pouvant être découvert dans le livret.
Rothenberg décida de faire appel à son trio Sync (basse/guitare, et percussion), et de le renforcer d'instruments à corde avec les violons et violoncelles de Mark Feldman et Erik Friedlander que vous connaissez tous si vous êtes des familiers de Tzadikology. Ned Rothenberg tenta aussi un équilibrage Harmonique contre rythmique, et juxtaposer des solos aux accompagnements. Enfin, il s'agit d'un véritable bilan pour lui en tant que musicien, puisque le compositeur utilise tous ses instruments de prédilection : clarinette normale et basse, saxo alto et Shakuhachi. Hormis le morceau avec cet instrument japonais qui nous renvois directement au bouddhisme selon son propre aveu, les 4 autres morceaux assez long brasse assez bien la culture juive, tout en gardant une ouverture d'esprit assez agréable. Superbement interprété par les cinq musiciens, ce "inner diaspora" nous conforte dans l'idée que Zorn a bien fait de tanner son pote pendant plusieurs années afin d'explorer ses racines musicales...

jeudi 4 février 2010

THE CRACOW KLEZMER BAND - De profundis

On ne sait pas trop comment John Zorn a découvert le quatuor de Cracovie, mais une chose est certaine, il rentrait parfaitement dans la catégorie de son label créé 5 ans plus tôt et dédié à la musique juive dans son ensemble. Les musiciens du groupe ont d'abord fait du répertoire klezmer traditionnel l'ordinaire de leur répertoire. Bien que n'ayant que de très lointaines ou aucune ascendance juive, ils faisaient plus ou moins un devoir de mémoire, selon Jaroslaw Bester, leader de la bande... Ce dernier est intarissable sur l'origine historique et géographique de la musique klezmer, évoque les grandes figures du genre, dit son insatiable curiosité de la culture juive, mais il préfère parler des ouvertures, des chemins de traverse que peut emprunter le klezmer. Tout, dans la manière d'utiliser les sons, de déstructurer un rythme ou une mélodie, de créer un climat singulier, de jouer sur l'ombre et la lumière ou sur l'alternance de frénésie joyeuse et de retenue, traduit le désir du CKB d'inventer, de fonctionner plus par clins d'oeil que par citations d'un patrimoine. Faut-il encore entendre de la musique klezmer dans ces expérimentations fertiles où les repères surgissent pour disparaître aussitôt ? "Nous faisons de la musique radicale juive", a déclaré un jour Bester. Et voila comment le combo déboule en 2000 avec "De profundis", magnifique pan de la musique juive dans toutes ses disgressions. Obligatoire pour les fans de la section...