mercredi 25 décembre 2019

KRAMER - The greenberg variations

Kramer, un sacré lascar quand on repense à sa carrière et qu'on se renseigne un peu sur sa biographie. Il fait partie du premier cercle Zornien d'improvisation au tout début des 80's et il est resté un ami de John Zorn durant toutes ces décennies. C'est pour cette raison qu'il fait partie du roster de Tzadik et que se pointe ce second disque solo en 2003 certainement à la demande express de Zorn lui même (puisque Kramer a sortis beaucoup de disques via ces groupes ou en collaboration, mais très peu uniquement en solo, ce qui une grande habitude de Tzadik de demander à ses artistes de sortir un peu des sentiers battus). Outre les origines du compositeur, la présence de "The greenberg variations" sur la radical jewish culture tient surtout du fait qu'il rend hommage à l'un des grands sportifs outre atlantique à savoir Hank Greenberg qui est considéré comme "le Babe Ruth juif" et demeure un des meilleurs joueurs de baseball juifs de son temps. C'est lui que l'on distingue sur la pochette cosmique du disque d'ailleurs. Les 16 plages nous prouvent un gros travail de composition que Kramer a effectué seul durant 5 années, à une période compliqué ou il s'était tournée d'avantage vers le cinéma, et avait décidé de laisser tomber le business de la musique à cause de ses embrouilles avec la Knitting factory qu'il avait poursuivi en justice. C'est avec des synthés, claviers vintage, clavinet et mellotron que le disque est constitué de sonorités quasi féérique, on pourrait se croire quasiment dans un jeux vidéo d'heroic fantasy par moment. "The greenberg variations" est un chapitre enjoué de la RJC et tranche de manière radicale avec ses prédécesseurs, de par sa texture unique. Et kramer nous livre donc sa vision bien à lui de la musique juive, étonnante et hors norme...

mardi 24 décembre 2019

RICHARD TEITELBAUM - Golem

Un golem (hébreu : גולם « embryon », « informe » ou « inachevé ») est, dans la mystique puis la mythologie juive, un être artificiel, généralement humanoïde, fait d’argile, incapable de parole et dépourvu de libre-arbitre, façonné afin d’assister ou défendre son créateur.
Déjà mentionné dans la littérature talmudique, il acquiert une popularité considérable dans le folklore juif d’Europe centrale, où il est associé à la figure du Maharal de Prague et aux accusations de meurtre rituel envers les Juifs. Dans l’une des versions les plus populaires de sa légende, reprise par certains contes chrétiens, il naît de la terre glaise après que quatre sages, figurant les quatre éléments, ont pourvu sa matière informe de leurs attributs ; sur son front figure le mot emet (אמת, « vérité ») qui devient, lorsque sa première lettre est effacée, met (מת, « mort »), faisant retourner l’homme artificiel à la poussière. Selon la légende, le rabbin qui l’a conçu au XVIe siècle, était le Maharal de Prague nommé Yehudah-Leib, soit le rabbin Loew (Lowe en anglais). Son but était de défendre la communauté des pogroms. Il lui a donné la vie en inscrivant EMET(H) (אמת, vérité en hébreu et un des noms de Dieu) sur son front et en introduisant dans sa bouche un parchemin sur lequel était inscrit le nom ineffable de Dieu, parfois dit Hashem (Le Nom) pour ne pas le prononcer. Pour l'arrêter, il fallait effacer la première lettre (l'aleph) car MET(H)(מת) signifie mort. Le golem étant devenu trop grand pour que le rabbin pût effacer l'aleph, rabbi Loew lui demanda de lacer ses chaussures, ce qu’il fit. La créature se baissa et mit son front à portée de son créateur, le golem redevint ce qui avait servi à sa création : de la terre glaise. Une légende veut que le golem inactif soit entreposé dans la genizah (entrepôt des vieux manuscrits hébreux, il est interdit de jeter des écrits qui contiennent le nom du très-haut) de la communauté juive de Prague, qui se trouve dans les combles de la synagogue Vieille-Nouvelle de Josefov, qui serait d'ailleurs toujours scellée et gardée.

C'est en visitant la tombe de ce rabbin à Pragues en 1984 que Richard Teitelbaum eut l'idée de composer ce disque comme un opéra intéractif. Il a été enregistré en live le 24 février 1994 à Amsterdam dans le cadre d'un festival. Une chose est sure, les auditeurs ont du halluciné ce jour la devant la prestation des musiciens : quel disque étrange ! Elle devait d'ailleurs être autant auditive que visuelle, car des images étaient projetés pour mieux s'imprégner de l'histoire. Histoire qui raconte la création accidentelle du golem par le rabbin, qui sème par la suite le chaos et la destruction avant de disparaitre. Très difficile de décrire un tel ovni musicale, ça reste à découvrir. Pour aider, on donnera les musiciens en question : Shelley Hirsch qui fait la voix narratrice qui correspond aux fantôme du golem, malgré qu'un intervenant masculin s'occupe de sa voix en Yiddish : elle livre une sacré performance que ne renierait pas Mike Patton parfois. David Moss s'occupe de la voix du golem, grave et caverneuse, ainsi que de l'électronique et clavier. Richard Teitelbaum s'occupe du synthétiseur et autre sampler. On retrouve un violoniste et Georges Lewis au trombone ainsi que l'électronique et sampler aussi. Avec une telle formation, on se doute que le rendu ne sonnera en rien comme on a déjà entendu, le but premier de Tzadik à la base ! Et ce "golem" tient carrément la route, côtoyant les moments religieux mystiques (le fabuleux "cantorial choirs") et les moments de pure noise ("chaos and destruction"). Un disque fascinant à découvrir, et l'unique collaboration du compositeur avec Tzadik, ce dernier n'en sortant pas énormément non plus, et une prise de risque incroyable de la part du label de sortir cet opus en seulement 5eme chapitre de la radical jewish serie... 


samedi 21 décembre 2019

JAMIE SAFT - A bag of shells

On a souvent l'impression que la série des Film music de Tzadik sert de prétextes pour les fidèles collaborateurs de John Zorn d'exposer en public leurs travaux pour le 7eme art qui a pour but premier d'apparaitre dans les films en question, et non pas forcément de finir sur des compilations. C'est pourtant ce qu'a fait la série avec un certain brio, et elle demeure une des plus plaisantes à écouter car très variées et riches en diverses approches musicales. Puis du beau monde du cercle Zornien y est passé : Marc Ribot, Trevor Dunn, Rob Buger, Wayne Horvitz, Fred Frith, Bill Laswell, pour citer les plus proches lieutenants. Evidemment, c'est tout naturellement qu'on voit Jamie Saft y pointait le bout de son nez, fidèle claviériste de The dreamers, et qui a enregistré un certains nombres de disque de Zorn dans son studio de Brooklyn, avant que Marc Ursulli ne prenne la relève il y a déjà quelques années. Ne sous estimons pas aussi le talent de compositeur de Saft, lui qui a plusieurs disques sur la radical jewish culture de Tzadik à son actif, et des dizaines d'autre sur différents labels et s'orientant principalement vers le jazz. Après un "murderball" d'introduction heavy metal presque un poil ringard car quasi parodique, "A bag of shells" poursuit ensuite son chemin de manière envoutante : du jazz, une touche de dub, de l'easy listening exotique, du classique à corde, etc. De sublimes compositions au service de quatres films aux colorations différentes, mais qui témoigne d'un talent de compositeur indéniable. Du beau monde pour l'aider, un panel de tzadik regular à la rescousse : Erik Friedlander, Cyro Baptista, Shanir Ezra, Bobby Previte, etc...Mention très spéciale au titre "Keith goes home" absolument magnifique, que n'aurait pas renier un certain Clint Mansell.

La série Film music étant en hibernation depuis 2012, elle est désormais complète sur Tzadikology. Cheers...

dimanche 15 décembre 2019

YUJI TAKAHASHI - Finger light

10eme référence historique du label Tzadik sortis en 1995 pour la composer serie, qui était la toute première série à démarrer à l'époque avec les travaux de l'Archival serie qui commencer à être rééditer. Difficile de savoir la aussi la connexion entre Takahashi et John Zorn cette année la, hormis peut être une rencontre dans les 90's au japon. Le Japonais est considéré comme une des figures contemporaines du piano moderne, et après avoir sortis de nombreux disques de Jazz pour Denon au japon, "Finger light" fait figure spéciale dans la discographie du jazzeux car pour le coup assez expérimental. Yuji Takahashi rend hommage aussi à ses racines japonaises avec trois long titres uniquement composé d'instruments traditionnels japonais tel le Shamisen (Une forme de mandoline traditionnelle japonaise) et le Sho (un orgue à bouche). Des chants traditionnels sont également exécutés puisque la symbolique des titres avaient pour but d'attirer les clients dans les maisons de Geisha qui peuplait Yoshiwara, l'un des quartiers de nuits importants dans l'Edo (l'ancien nom de Tokyo au 19eme siècle). Il y aussi une des pièces qui voit un récitant russe nous conter une poésie en russe ancien. La quatrième partie finale du disque voit un long titre de 20 minutes avec le compositeur japonais seul au piano pour un résultat standard mais sympathique. Artwork cosmique d'Ikue Mori et seul collaboration entre Takahashi et le label New yorkais...

mercredi 11 décembre 2019

JOHN ZORN / BOBBY PREVITE - Euclid's nightmare

Encore un autre disque non estampillé Tzadik mais sur lequel on retrouve notre saxophoniste favori. Bobby Previte est un vieux pote New Yorkais de Zorn, on le retrouve dans sa première garde de musiciens dévoués, et il apparaît sur un certain nombres de disques important à l'époque, comme "The big gundown" (la première reconnaissance publique du saxophoniste) ou parmi ses premières oeuvres majeures comme "Godard" ou "Spillane" entre autres. Cette collaboration apparaît en 1997, soit assez tardivement que les oeuvres cités ci dessus, et sortira sur le label de Previte "Depth of field", qui ne sortira qu'une poignée de disques du batteur new yorkais. Dans l'autre sens, Bobby ne sortira qu'un seul disque sur Tzadik pour la composer serie. C'est le 2 mars 1997 que les deux comparses se retrouvent en studio pour enregistrer ce "Euclid's nightmare", dans un duo Sax/Batterie assez standard, mais certainement complètement improvisé. Et le disque, au gré de ces 27 plages assez courtes, est plutôt réussis et ludique : on sent que les deux musiciens s'éclatent à jouer ensemble, et la rencontre ne lasse à aucun moment, au contraire. Un opus essentiel pour les zornologues de tout horizon, recommandé malgré sa très sobre (et un peu chiante) pochette...