Poursuite retrospective de la serie des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette serie dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XIII date de 2002, et demeure le dernier chapitre de la trilogie couvrant un seul et unique film.
« Invitation to a suicide » est une comédie noire de Loren Marsh, dont nous n'avont jamais vraiment entendu parler de par chez nous, contrairement à des classiques du genre comme « Fargo » des fréres Cohen. L'histoire raconte comment un jeune immigrant polonais très pauvre vendra des tickets pour le show de son suicide programmé (une pendaison) afin de sauver son pére dont la tête est mise à prix 10 000 $ par un mafieux russe. Un film qu'il faudra que je visionne prochainement, si l'un d'entre vous l'a vu, qu'il nous donne son impression.
John Zorn nous fait son méa culpa dans le livret en avouant qu'il est de moins en moins tenté de jouer du saxophone, car il pratique depuis longtemps et que la surprise est de moins en moins présente, soit tout l'inverse de la phase de composition, qui continue à le passionner de manière croissante avec les années.
Un coup de téléphone du realisateur qui souhaite travailler avec Zorn. La particularité, c'est qu'il souhaite avoir la musique avant le montage, pour parfaitement adapter la musique aux images, dans la tradition Morricone/Leone entre autre. L'idée ravis le compositeur new yorkais, mais la vision des rushes ne le convint guère : il n'est pas familier du genre comédie et ne capte pas l'essence du film pour en faire une bonne bande son. Il commence à réfléchir, écouter certains de ses travaux avec Marsh, puis délaisse le projet pour d'autre occupations. Quelques semaines passent, Zorn a quelques remords et doutes, les images du film reste dans sa tête. Il commence à re-travailler les compositions, change quelques notes par çi par la, modifie quelques harmonies et rythmiques, puis tout s'éclaire, il pense enfin tenir les bonnes partitions. Appel aux musiciens, coup de bol, tous le monde est dispo, rendez vous pris au studio de Jamie Saft le lendemain. Zorn est un travailleur acharné, apparement même assez stricte et laborieux avec les musiciens en leur demandant une concentration de tous les instants et une loyauté « inconditionnelle ». On notera cependant que le cercle des musiciens de Zorn revient toujours aussi, prouvant ainsi sa loyauté et soutien envers ses collaborateurs et amis. L'intensité et l'alchimie musicale fut apparemment au dela de toute espérance sur ce filmworks : le groupe joua comme si il l'avait fait durant des années. Trevor Dunn est parfait à la basse, Erik Friedlander apporte un lyrisme mortel au violoncelle, Kenny Wollesen apporte une facétie superbe au marimba et percussions, Ribot est un génie comme d'hab'. L'intégration pour la première fois de Rob Burger à un filmworks est brillante, son accordéon apporte une touche unique à cette bande son (on le retrouvera assez souvent par la suite d'ailleurs). Au final, dix huit titres absolument géniaux d'un lyrisme bouleversant, le final du disque est quand à lui...surprenant (disons que Trevor Dunn n'a pas du être dépaysé (lol). Bref, un classique Zornien comme on a coutume de dire...
Le mot de la fin pour John Zorn
« Conduire cette musique fut un enthousiasme spécial réservé à ce qu'on appelle un moment « clé ». Ils ont été peu nombreux dans ma vie : finir « Lacrosse » mon premier game piece, la longue semaine d'enregistrement de « Spillane », ecrire les premières Harcore pieces de Naked city, en studio en enregistrant « Kristallnacht », le premier concert de Masada, ou composer mon concerto pour violons « contes de fées ». Ces beaux moments semblent magique, peut être inspirer divinement. Quand nous avons quitté le studio cette nuit la, chacun savait que quelque chose de très spécial s'était déroulé. Cette musique n'est pas seulement l'une de mes meilleures bandes sons, c'était un de ses « moments ». »
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Bon filmworks assurément, mais je trouve que le thème principal revient trop souvent, le tout devient un peu... redondant.
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