mercredi 30 décembre 2009

PAINKILLER - Rituals (live in Japan)

Ok, je triche, ce n'est pas un Tzadik ("Ok, i'm cheating, this is NOT a tzadik release"). Mais putain, ce live, il vaut vraiment le coup d'être écouté puisque je suis dans ma petite période Painkiller.

Live de 1992 sortis sur Toy's factory, dont Zorn n'a apparement jamais récupéré les droits. En résulte un objet assez rare, valant ces bon 200 $ sur e-bay. Perso, je le possède pas car je trouve ridicule de claquer autant dans un skeud', mais un pote l'a, et j'ai pu mater l'objet. On garde le même principe d'artwork, un peu de S/M, de la sauvagerie, et le tour est joué. La production n'est pas béton, c'est vrai. Mais la violence de ce concert demeure en tout point jouissive. Que s'est t'il passé ce jour la ? Harris avait t'il pris des amphét' ? ou bien est ce la présence de Haino Keiji à la guitare sur tous les titres qui transcende la fureur sanguinaire de ce concert ? On ne le saura probablement jamais. Mais on imagine avec amusement la gueule ahuri du public japonais présent. Grand...

mardi 29 décembre 2009

PAINKILLER - Buried secrets

C'est avec quasi effroi que je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas une ligne sur Painkiller au sein de Tzadikology. Alors le tir va être rectifié avec carrément l'ouverture d'une nouvelle section. Groupe mythique si il en est, j'ai toujours eu une petite préférence pour Naked city, qui développe le coté dingue de Zorn de manière structuré, tandis que Painkiller le développe plus de manière improvisé. Mais tout ceci reste du trés grand art...Comme je suis une feignasse, j'ai repiqué une kronik sur un webzine, de toute manière, la plupart d'entre vous connaissent et aiment l'un des trio les plus destructeurs que l'histoire de la musique ait connue...


Ils remettent ça en août et octobre 91 avec le disque Buried Secrets sorti en 92, durée 26 minutes, où leur musique va subir une évolution, va gagner en dépravation ce qu'elle perd en brutalité, même si les 3 premiers morceaux peuvent laisser croire à une classique continuité. En quatrième position se trouve en effet "Blackhole Dub", le genre de titre que Bill Laswell sortira sur son label Axiom: une plage emplie d'écho et de reverb construite autour d'une bass-line organique, où la batterie se pose de façon lourde et lente, toutes deux accompagnées de sombres samples et du saxophone qui tour à tour se fait caressant ou agressif. La parfaite transition pour ce qui suit et qui porte le nom de l'album, voyant débarquer comme invités spéciaux Justin Broadrick et GC Green, créateurs de Godflesh, groupe phare du Metal industriel, et qui cartonnait sur Earache à l'époque : presque normal qu'ils soient là, vu que Justin Broadrick est lui aussi membre fondateur de Napalm Death. Donc sur ce titre, ainsi que sur le dernier du disque, "The Toll", on a droit à un long voyage halluciné au tempo ralenti et mécanique, où la guitare abrasive de Broadrick répond à un Zorn torturé, où la basse accordée très grave de Green complète celle en distorsion de son alter-ego, où on ne sait plus si le rythme est tenu par Harris ou la drum-machine, chair de dieu. Les autres morceaux, du sixième au neuvième, se chargent cependant de tuer de nouveau la douleur d'une façon plus bestiale, même si on se demande ce qui est le plus douloureux à l'oreille !

dimanche 27 décembre 2009

PAINKILLER - Guts of a virgin

C'est avec quasi effroi que je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas une ligne sur Painkiller au sein de Tzadikology. Alors le tir va être rectifié avec carrément l'ouverture d'une nouvelle section. Groupe mythique si il en est, j'ai toujours eu une petite préférence pour Naked city, qui développe le coté dingue de Zorn de manière structuré, tandis que Painkiller le développe plus de manière improvisé. Mais tout ceci reste du trés grand art...
Comme je suis une feignasse, j'ai repiqué une kronik sur un webzine, de toute manière, la plupart d'entre vous connaissent et aiment l'un des trio les plus destructeurs que l'histoire de la musique ait connue...



Mick Harris, batteur, fondateur du premier groupe de grindcore Napalm Death, qu'il quittera très vite après avoir inventé un nouveau drumkit rapide et violent, le blast-beat, pour ensuite se consacrer à des projets plus planants et malsains tels Scorn, Lull ou Quoit, pour cause de léger raz-le-bol du metal; le bassiste, Bill Laswell, spécialiste du free-jazz et du dub-ambient, producteur et remixeur passant d'une ambiance à l'autre avec Herbie Hancock, William Burroughs, Fred Frith, Swans, Public Image Ltd, etc... enfin le saxophoniste, John Zorn, figure de la scène new-yorkaise de musique expérimentale, poussant le jazz dans ses ultimes recoins jusqu'à le mutiler, vu comme l'un des compositeurs contemporains les plus influents de la fin du XXe siècle, peut-être parce qu'il considère le rock extrême - punk, noise, metal - comme de la ziq respectable...

Ces 3 personnalités ont déjà collaboré par paires, mais la toute première fois où elles joueront ensemble sera cette nuit d'avril 1991 où elles vont s'enfermer pour enregistrer une série de morceaux en one-shot, pour un disque faisant moins de 25 minutes sorti peu de temps après sur le label Earache, à l'époque spécialiste du metal extrême: ça commence par les cris de Harris, alors le saxo commence à hurler puis s'arrête, la batterie claque et roule, la basse impose sa distorsion, 30 secondes passent puis le tempo change subtilement et Zorn revient jouer, 20 secondes passent encore et intervient le 1er blast-beat de 10 secondes où Laswell semble jouer 2 lignes de basse en même temps pendant que le saxophone ébauche une mélodie, 20 autres secondes où le chaos s'ordonne en harmonie, puis les cris conjugués de Zorn et de Harris reprennent sur un blast-beat 2 fois plus furieux que le précédent où on se demande si ce n'est pas une guitare que tient Laswell, et on est enfin perdu... on se fait bouffer le crâne, brutalement puis subtilement, et ça dure 3 minutes et ça s'appelle "Scud Attack"; juste après, pour se reposer y'a un titre de 20 secondes, "Deadly Obstacle Collage". Et ça va continuer ainsi pendant 10 autres morceaux. En bref, une musique à l'image de la pochette, où des motifs de textiles orientaux aux couleurs chatoyantes entourent des photos noir & blanc tirées d'un institut médico-légal, en particulier celle d'un cadavre de femme enceinte ouverte du cou au pubis, avec l'enfant à naître visible parmi les viscères: le disque s'intitule Guts Of A Virgin, la légende Painkiller est en route...

samedi 26 décembre 2009

JOHN ZORN - Femina

77eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Sans aucun doute le dernier disque de 2009, avant une année marathon Zornienne puisque 12 nouvelles oeuvres sont attendus en 2010.
Magnifique digipack qui renferme le disque, peut être l'un des plus beau que Tzadik nous ait pondus avec "Astronome". Un superbe livret remplis d'illustrations de Kiki Smith, artiste allemande étant New Yorkaise depuis 1976, et dont pas mal d'oeuvres sont exposée au Museum of modern art à Manhattan.

Ce n'est d'ailleurs pas uniquement à une artiste, mais à un trés grand nombres d'artistes féminines et autres femmes importantes qui ont marqué l'histoire auxquelles John Zorn s'est inspiré pour constituer ce "Femina" brillant. 52 femmes en tout, plus ou moins connus, que je vous laisse le soin de découvrir avec le livret du disque. Grand retour triomphant du système de compositions par fiche, méthode permettant de combiner composition et improvisation dans laquelle le compositeur note sur des petites fiches ce qu'il souhaite ou imagine, le morceau naissant d'un agencement qui sera fixé ultérieurement (et pourra être indéfiniment remanié). Cette méthode a fait ses preuves par le passé, mais nécéssite un choix précis des musiciens, pour faciliter la communication et l'aboutissement du résultat final. Pas de grosses surprises de ce coté la : 7 femmes (autant rester dans le concept à fond) que Zorn connait bien : Hormis l'introduction de Shayna Dunkelman (percus), toutes les autres doivent parler aux zornologues : Jennifer Choi au violon, Okkyung Lee au violoncelle, la fidèle Carol Emmanuel à la harpe, Sylvie Courvoisier au piano, son ex-femme au laptop Ikue Mori, et la femme de son pote Lou Reed qui fait un guest Laurie Anderson.
Le resultat est absolument splendide. "Femina" est une indéniable pierre à l'édifice du monument Zornien qui se construit année aprés année sous nos yeux, et qui font du compositeur New Yorkais un maître (le ?) de la musique contemporaine. L'association Piano/violon splendide, la harpe superbe et douce, les assauts bruitistes au laptop, tout les multiples détails sonores, aucune seconde n'est perdue sur ce disque et tout semble enchainé avec minutie. Une composition de 35 minutes absolument magistrale qui à mon avis rentre dans les meilleurs disques que John Zorn ait créer...

dimanche 13 décembre 2009

WU FEI - Yuan

On avait pu apercevoir Wu Fei sur le fantastique disque de Fred Frith "eye to ear II". Cette jeune compositrice venant de Beijing est en effet une virtuose du Guzheng (un instrument de musique à cordes pincées traditionnel chinois de la famille des cithares sur table, dont les plus anciennes traces datent du IIIe siècle avant notre ère. Ghu signifie ancien et zhēng veut dire cithare. C'est sans doute l'ancêtre des dérivés japonais (le koto), coréen (le kayagum) et vietnamien (le dàn tranh)). Aprés avoir étudié au conservatoire de Chine, elle étudiera la composition au Mills college d'Oakland, la ou Frith est professeur, ceci explique cela.
Je savais assurément que "Yuan" serait une réussite avant même de l'écouter. La musique asiatique m'a toujours fait trippé, et ce disque immerge complétement dans la culture de sa créatrice. Hormis une pièce pour piano solo interprété par Stephen Drury (collaborateur de Zorn) bonne mais somme toute assez classique, le reste du disque est unique. Une pièce de 9 minutes de Guzheng nous dévoile la virtuosité de Wu Fei. Puis 3 pièces se complétent par la suite : l'une pour percussions chinoises, l'autre pour instruments chinois (erhu, yangqin, pipa, dizi et shougu), et une dernière qui mixe les deux. Depaysant à souhait, créatif et reposant, "Yuan" transporte trés vite au fin fond d'un village chinois, dévoilant ainsi un superbe chapitre de la composer serie...

samedi 12 décembre 2009

PISSUK RACHAV - Eretz hakodesh

Je dois avouer qu'au départ, j'y croyais. Un groupe de Tel Aviv donc, dont le leader est fan de Serges Gainsbourg, de Gong ou de Tori Amos, qui s'amuse à entrechoquer une certaine dimension du cirque avec une vision poétique, tout en developpant des sujets pornographiques hassidique et des touches soul. Le concept bien barré quoi ! De plus, la formation est atypique puisque composé d'une batterie, d'une basse, d'une flute, d'un synthétiseur et d'un marimba et de deux vocalistes (qui eux même touche un peu la clarinette). Cette utilisation atypique des instruments s'avère plutôt réussis, car l'ensemble sonne résolument bien décalé, on est pas loin de la lunatic fringe parfois, et plusieurs rabbis se sont mordus la langue à entendre un massacre pareil de la tradition (l'ensemble est chanté en hébreu). Oui, mais voila, l'ensemble indispose au bout d'un moment. Les 12 titres paraissent jouissifs au premier abord, mais ils m'ont personellement lassés à la longue. Les guests prestigieux de Marc Ribot sur "A feeling divine" et de John Zorn sur "song of love" n'y feront rien, on se retrouve trés vite embourbé dans une musique certes originale, mais trop dispersé et juvénile pour créer un vrai univers intéressant. Dommage...

mardi 8 décembre 2009

GUY KLUCEVSEK - Dancing on the volcano

Je ne posséde pas les deux premiers disques Tzadik de Guy Klucevsek, et c'est avec ce disque que je découvre pour la première fois ce compositeur, et ceux malgrés une discographie assez conséquente.
Formé autour d'un quartet basse/batterie/clarinette basse, l'accordéon du compositeur prend vite toute sa vigueur. Certes il est vrai que c'est un instrument dont nous sommes tous peu familier au quotidien, nos arrières grand parents l'ont peut être plus été à faire les cons dans des bals musettes au début 1900. Il n'y a rien à faire d'ailleurs, les 13 titres de "Dancing..." sentent les trente glorieuses et le début du siècle à plein nez. La faute sans aucune conteste à cette acordéon. Parfois rythmé (nous reppelant le Cracow klezmer band), parfois plus lent et sombre (installant ainsi une vrai émotion et un "french romantism"), Klucevsek parvient lors de cet opus à nous réconcilier avec cet ennemi héréditaire du rock. C'étais pas gagné d'avance et ce chapitre de la Key series est fort agréable...

dimanche 6 décembre 2009

BORAH BERGMAN TRIO - Luminescence

Retour discographique de Borah Bergman sur Tzadik, aprés un premier disque que je n'ai pas eu le temps d'écouter encore. Dés le premier titre, il y a quelque chose qui m'a troublé : je trouve que la section rythmique masadienne (greg Cohen à la basse, et Kenny Wollesen, remplacant live régulier de Baron à la batterie) bien meilleure que le piano de Bergman. Du moins, j'ai pris beaucoup de plaisir à écouter les deux musiciens, tandis que le piano ne vient qu'en renfort, pour agrémenter, alors que logiquement, cela devrait être l'inverse. De plus, quand John Zorn vient jouer les invités de luxe sur un titre de quasi 10 minutes, Borah Bergman est quasiment eclipsé par le maitre du sax. Ok, les compositions sont écrites par Bergman, mais je ne suis pas fana de son feeling au piano, préférant Uri Caine dans la configuration masada quintet. Sinon, bon disque de jazz souple et langoureux, à savourer un dimanche pluvieux...

mercredi 2 décembre 2009

OKKYUNG LEE - Nihm

La série Oracles de Tzadik, qui met en avant le travail des femmes dans la scène expérimentale mondiale. Fréquente actrice au sein de la Downtown scene de NY, Okkyung Lee a participé à de nombreux disques dont par exemple les deux œuvres de Raz Mesinai. Tzadik lui offre donc la possibilité d’enregistrer son premier opus, essai transformé avec la sortie de ce brillant « Nihm ». Basé en partie sur l’improvisation, les racines coréennes de Okkyung, et les concepts de l’amour et du mystère, les 10 titres sont d’une délicatesse infinie. Entouré de brillants musiciens (Trevor Dunn, Sylvie Courvoisier, Ikue Mori, Doug Wieselman…), le violon se fait sublime sur de nombreuses compositions à la sensibilité exacerbée. Si Ikue Mori propose deux interludes basés sur des samples électroniques, le reste flirte du coté ambiant paisible (« story of you… ») ou bien plus expérimentales (« anything… »). Quoiqu’il en soit, la jolie Okkyung (qu’on peut voir sur la pochette du disque) signe un brillant premier opus dont on espère voir une suite un jour...

ALVIN CURRAN - Animal behavior

Il fallait bien la balancer à un moment ou un autre : voici donc la toute première référence historique de Tzadik (7001) qui vit le jour en 1995. John Zorn, en grand altruiste, décida donc à l'époque de donner un coup de main à des artistes hors norme qui n'avait pas la possibilité de sortir leur disque sur des labels plus conventionels. Si la Archival serie (section qui classifie tous les travaux de Zorn) fera son apparition trés vite cette même année, c'est la composer serie qui ouvrit le bal en 1995, première référence d'un petit label New Yorkais promis alors à un bel avenir.
On ne saura pas trop pourquoi Zorn choisira Alvin Curran (ils ne sont apparement pas proche) comme première référence. Une chose est sur, aucun compromis ne sera fait niveau musical, et "Animal behavior" annonce bruyamment la couleur. On démarre par la bruyante pièce éponyme de 18 minutes, un bon truc de bargeot pour tout avouer. Alvin Curran avec son sampler nous bousille le cerveau à coup de noise intempestive, foutraque mélange de bruits divers, de cris d'animaux, de samples de cartoon et de noise frappée. Tellement déglingué qu'on a un peu de mal à tenir le choc.
La seconde pièce "Why is this night..." s'avère beaucoup plus convaincante : constitué pour un quintet tuba/piano/accordéon/violon/percussion, on a ici un mix de musique contemporaine et d'ambiant durant 33 minutes. Intéréssant, réflechis, innovant, et captivant, toute l'essence de la composer serie est résumé sur ce titre. Un classique à découvrir donc...

edit : voir les commentaires pour le lien Zorn/Curran

RASHANIM - The gathering

Aprés deux excellents disques sur la radical jewish culture, et plusieurs apparitions à reprendre du Masada pour le Masada 10th anniversary, voici le retour du power trio de Tzadik. La donne change, puisqu'on a affaire désormais à un set intégralement acoustique. On décéle donc beaucoup plus de percussions souples en lieu et place de la batterie, Shanir Ezra Blumenkranz a troqué sa basse éléctrique pour une basse acoustique qui sonne vraiment bien, et Jon Madof nous régale de son talent via de la guitare acoustique ou du Banjo. Superbement orchestré, les 12 titres présents navigue donc entre mélodies juives, feeling jazzy, et acoustique intouchable. L'ensemble rappelle les disque en trio de Tim Sparks (en plus aventureux) pour vous situer. L'idée du set acoustique est absolument imparable, Rashanim prend une autre dimension avec "the gathering", et peut se targuer de surement sortir leur meilleur disque à ce jour.

lundi 30 novembre 2009

TAFILLALT - Tafillalt

Plus que jamais, la sortie du premier disque du trio Tafillalt sur la Radical jewish culture s'avère justifié. Trois jeunes compositeurs israeliens (accompagné de pas mal de guest musiciens tout au long des 16 titres) qui ont tenté une exploration de leurs racines et origines, au travers des interprétations musicales uniques via les poèmes sacrés hébreux d'Afrique du nord et de l'Est et les chants Hassidiques. Les textes sont quand à eux issus des prières traditionnelles, des chants sacrés, de poèmes d'auteurs israeliens récents, et même d'une lettre trouvée sur un bout de papier perdus dans les rues de Jerusalem.
Le tout a séduit John Zorn, et difficile de ne pas l'être : Tafillalt fait preuve d'une trés grande virtuosité musicale et d'un sens des arrangements harmoniques excellents. Faisant ressortir parfois à mes yeux un petit coté dramatique (on croirait parfois les prières avant la fin du monde...), ce disque se laisse écouter avec grand plaisir de bout en bout, développant une richesse aussi bien sur le fond que sur la forme...Assurément un beau disque pour la communauté juive.

dimanche 29 novembre 2009

JOHN ZORN - The unknown Masada

Pour fêter les 10 ans de création de Masada, John Zorn décida donc en 2003 d'instaurer une série en 5 volumes ou ses amis, proches, collaborateurs ou artistes de son label reprendraient des morceaux du Masada songbook (premier du nom) avec leurs propres visions et sensibilité. Un concept que Zorn reprendra avec le second Masada Songbook (intitulé "The book of angels") dans son intégralité (Masada ne sera que sur un seul volume) et que vous pouvez retrouver sur ce blog, catégorie Book of angels.

3eme volume sortis en 2003, à mes yeux le meilleur, et certainement conçus par Zorn en même temps que le "Voices in the wilderness". Sauf que deux points marquaient leurs différences : en premier lieu, tous les titres interprétés ici n'ont jamais été joué auparavant (et sont donc resté dans les archives de Zorn un moment), et que les artistes present sur ce disque sortait vraiment trop pour la plupart du champs musical instauré par Masada à l'origine, d'ou la notion d'un "Masada inconnu". Hormis Dave Douglas et Erik Friedlander qui sont assez sage pour deux titres assez fidèle à Masada, les autres sont en roue libre total, pour notre plus grand plaisir. L'expérimentation solo est brillante pour Yoshida Tatsuya (des ruins), Jamie Saft, Eyvind Kang et Julian Kytasty. La violence rock est exprimé par un Rashanim un peu plus excité, un Koby Israelite qui destructure tout, et un Fantômas dantesque, grâce à Patton qui a réussit a emmené le quatuor sur les sphères Zornienne. Wadada Leo Smith/Ikue Mori, Naftule's dream et Zahava Seewald complète le tableau, pour un disque passionant de bout en bout...Les 10 ans de Masada auront été une aubaine, on attend les 20 ans avec impatience...

samedi 28 novembre 2009

JOHN ZORN - Voices in the wilderness

Pour fêter les 10 ans de création de Masada, John Zorn décida donc en 2003 d'instaurer une série en 5 volumes ou ses amis, proches, collaborateurs ou artistes de son label reprendraient des morceaux du Masada songbook (premier du nom) avec leurs propres visions et sensibilité. Un concept que Zorn reprendra avec le second Masada Songbook (intitulé "The book of angels") dans son intégralité (Masada ne sera que sur un seul volume) et que vous pouvez retrouver sur ce blog, catégorie Book of angels.

Second volume sortis coup sur coup avec le masada guitars en 2003. John Zorn avait frappé un grand coup pour cet anniversaire : un double album comptant pas moins de 24 titres, pour des disques remplit ras la gueule au niveau du temps, on en avait pour notre argent. Tous les artistes présent sur cet compil' sont tous sans exception affilié plus ou moins à Tzadik, on reste en famille donc...

Premier disque : on croit décelé deux groupes inconnus de l'etablissement New Yorkais : Pachora et le Lemon juice quartet. Le premier est un combo monté par Chris Speed (Bar Kokhbasur la radical jewish, certains filmworks) pour du jazz souple, le second est formé par Eyal Maoz (deux Tzadik sortiront par la suite) avec des gars de Rashanim, pour une instrumentation beaucoup plus débridé. Hormis une version poussive vocale de Jewlia Eisenberg, rien à jeter ensuite : le Rova saxophone quartet en forme, Daniel Zamir et Ben Perowsky pour des titres jazzy, Pharaoh's daughter et le Cracow klezmer band axé plus traditionel Klezmer/World, Naftule's dream, Kramer et Zony Mash (de Wayne Horvitz) qui y vont de leur interprétation trés personnelle, et Steven Bernstein qui conclut de manière trés posée.

Second disque : Idem avec le combo Professionals qui n'est autre que la brillante association Roberto Rodriguez/Anthony Coleman. Dans l'ensemble, ce second volume est plus barré : difficile de reconnaitre les standards de Masada au travers des titres de Peter Apfelbaum, de Rashanim (présent sur 3 volumes du 10eme anniversaire, ils aiment ça !), de Vanessa et Jamie Saft, De mike Patton (impérial comme toujours...), ou de Mephista (du masada au laptop/piano/batterie, c'est du lourd...). Ils restent cependant Medeski martin & wood, Davka, le Tin Hat trio, Ben goldberg, ou Jenny Scheinman pour savourer des touches Klezmer/jazz bien savoureuse au travers de classiques Zornien.

Un double album classique de Tzadik donc, qui nous offrent de brillantes ré-interprétations inspirées et créatives. On se rend compte aussi que certains finiront sur le book of angels (Jamie Saft, MMW, le Cracow klezmer band) donc les spéculateurs des futurs volumes du second Masada songbook, vous avez la une tripotée de candidats potentiels pour la suite...

jeudi 26 novembre 2009

JOHN ZORN - Masada guitars

Pour fêter les 10 ans de création de Masada, John Zorn décida donc en 2003 d'instaurer une série en 5 volumes ou ses amis, proches, collaborateurs ou artistes de son label reprendraient des morceaux du Masada songbook (premier du nom) avec leurs propres visions et sensibilité. Un concept que Zorn reprendra avec le second Masada Songbook (intitulé "The book of angels") dans son intégralité (Masada ne sera que sur un seul volume) et que vous pouvez retrouver sur ce blog, catégorie Book of angels.

Premier volume de la série issus de 2003. C'est donc ainsi que pour la première fois, on entend du Masada non interprété par le quatuor. Même si le volume 1 et 2 sortiront quasi simultanément à un mois d'interval, ce premier volume aura marqué un grand nombre de fervents de Tzadik. Trois guitaristes sont donc dans les rangs de ce volume choisis par Zorn : un guitariste Tzadik confirmé (Tim Sparks pour 5 titres), son ancien guitariste fétiche ére 80's (Bill Frisell sur 7 titres), et son guitariste fétiche post 90's et actuel (Marc Ribot pour 9 titres). Trois styles différents, Sparks au picking, Frisell plus mélodique, et Ribot...monstrueux à la Ribot (désolé, j'ai pas trouvé mieux...). Un premier volume incontournable, monument de la guitare moderne...

mardi 24 novembre 2009

JOHN ZORN - Masada rock

Pour fêter les 10 ans de création de Masada, John Zorn décida donc en 2003 d'instaurer une série en 5 volumes ou ses amis, proches, collaborateurs ou artistes de son label reprendraient des morceaux du Masada songbook (premier du nom) avec leurs propres visions et sensibilité. Un concept que Zorn reprendra avec le second Masada Songbook (intitulé "The book of angels") dans son intégralité (Masada ne sera que sur un seul volume) et que vous pouvez retrouver sur ce blog, catégorie Book of angels.

Dernier volume de cette série qui s'est donc achevé en 2005. Déja auteur d'un disque sur Tzadik (à l'époque), c'est le trio Rashanim qui s'y colle avec brio, pour une orientation un poil plus rock d'ou le titre. Pas étonnant que ce disque soit sortis plus tard que les autres, Jon Madof ayant choisis 10 titres inconnus du répertoire, il a fallu certainement plus que quelques heures pour se les ré-approprier. Gros déballage technique, pas forcément sur les morceaux les plus dissonants, mais sur ceux plus prononcés jazz. On notera d'ailleurs le renfort brillant de Marc Ribot sur deux titres, dont le superbe "shadrakh", véritable émule d'un filmworks. Superbe conclusion de ce 10eme anniversaire, Masada rock montre plus que jamais le talent immense de John Zorn de pondre des titres magiques ou mélodie, lyrisme, harmonie et tradition se mélangent avec splendeur. Un futur classique...

samedi 21 novembre 2009

JOHN ZORN - Masada recital

Pour fêter les 10 ans de création de Masada, John Zorn décida donc en 2003 d'instaurer une série en 5 volumes ou ses amis, proches, collaborateurs ou artistes de son label reprendraient des morceaux du Masada songbook (premier du nom) avec leurs propres visions et sensibilité. Un concept que Zorn reprendra avec le second Masada Songbook (intitulé "The book of angels") dans son intégralité (Masada ne sera que sur un seul volume) et que vous pouvez retrouver sur ce blog, catégorie Book of angels.

Je démarre par le 4eme volume de la série, certainement le moins bon de tous, qui verra le jour en 2004. Mark Feldman et Sylvie Courvoisier qui s'y collent, tous les deux proches de John Zorn, l'une dans Mephista sur Tzadik, l'autre dans le Masada string trio, groupe instauré par le compositeur (et tous le monde vit à NY, donc proximité). Les deux musiciens restent des maitres dans l'association piano/violon, ou créativité, folie, technicité et télépathie sont de rigueur. Dans cet état de fait, on peut aussi signaler que ce "Masada recital" est nettement meilleur que "Malphas" (leur interprétation du Book of angels). Certains sont absolument fantastiques, sombres et lyriques en même temps. Les plus débridés fatiguent l'organisme en revanche, on pense presque à de l'impro mal foutue. Dans l'ensemble, ce volume est à découvrir, même si il s'agit d'un disque en demi teinte à mes yeux...

DAN KAUFMAN - Force of light

Leader du groupe Barbez, Dan Kaufman s'offre une escapade solo via la radical jewish culture afin de se permettre de rendre hommage à l'un de ses écrivains préférés. "Force of light" est un album hommage et une retranscription musicale des poèmes de Paul Celan, poéte contemporain d'aprés guerre dont je vous laisse découvrir la vie via la toile. Guitare, basse, batterie, marimba, clarinette, violon, beaucoup de musiciens sont présent sur le disque, mais un sentiment de minimalisme et d'intimité perdure. Un chanteuse récite parfois les poémes lors des trames sonores. "Force of light" est un disque brillant et harmonieux, ou se dégage de nombreuses émotions. Difficile d'en dire plus, je recommande une vive écoute allonger à méditer, c'est encore le mieux...

mardi 17 novembre 2009

PAUL BRODY'S SADAWI - For the moment

Toujours la même tambouille en ce qui concerne Paul Brody et sa formation Sadawi. Ceux qui ont adoré "beyond babylon" ne vont pas être déçus par ce nouveau volume. Je n'émettrai pas d'avis particulier sur le premier étant donné que je ne le possède pas encore, mais je l'imagine dans une même veine. En prenant la classe de Masada, le coté aventureux de Naftule's dream et l'inspiration traditionnelle du new klezmer trio, Paul Brody ne s'est pas trompé de beaucoup. Basé à Berlin, sa formation demeure une des meilleure dans le parfait brassage de musique juive et de jazz. Musiciens excellents, dérives innovantes, solos insolents et une superbe inspiration. Des guests de marque en plus : Michael Alpert sur deux titres, Frank London sur deux titres, et John Zorn himself sur "for the moment" certainement le meilleur titre du skeud'. Paul Brody continue son bout de chemin en nous offrant tous les 2/3 ans des disques de qualités via la radical jewish culture. "Le mensonge n'a qu'une jambe, la vérité en a deux..." (proverbe hébreu)

lundi 16 novembre 2009

PAUL SHAPIRO - It's in the twilight

Après le succès de son premier disque « Midnight minyan » sur la série Radical jewish culture, voici le retour de Paul Shapiro qui nous livre en cette année 2006 sa seconde œuvre intitulé « it’s in the twilight ». On saluera en premier lieu une très belle illustration en guise de pochette, un peu supérieure à la précédente, il faut bien l’avouer. Paul Shapiro a gardé le même line up pour cet opus, qui regroupe une pléiade de musiciens talentueux de la downtown scene, dont notamment le reconnu Steven Bernstein. On ne s’étonnera donc pas de retrouver 8 compositions officiant dans la même veine qu’auparavant, à savoir un mix parfait de Blues et de Jazz, avec toujours comme dénomination commune l’influence jewish parfaite. Comme dit dans le descriptif, voici le disque parfait pour agrémenter le shabbat du samedi dans les rue new yorkaise. La richesse de la section cuivres est toujours un véritable régal, et on tombera aisément sous le même charme qu’à l’époque du premier disque. A écouter sans modération donc…

EYAL MAOZ - Edom

Signé sur la division Radical Jewish culture (en hommage à la culture et l’héritage musicale juif), Eyal Maoz est un jeune guitariste Israélien vivant à NY depuis 1999 et ayant participé à plusieurs des compilations radical jewish du label Tzadik. Voici donc la parution de son premier album, auquel son compositeur a fait appel a trois musiciens talentueux de la downtown scene, avec entre autre le bassiste de Rashanim, le batteur Ben Perowsky (déjà responsable d’un disque sur Tzadik) et John Medeski en personne. 9 compositions dynamiques, vraiment fabuleuse d’inspiration : entre un rock débridé et un jazz fusionné, le jeu de Eyal Maoz y est très créatif, celui de Perowsky y est hallucinant (batteur jazzeux avant tout), et la présence d’une basse ronflante et de l'orgue très harmonique de Medeski (qui se complète parfaitement avec Maoz) renforce la caractère moderne et débridé de ce « edom » à l’artwork magnifique. Les comparaisons avec Rashanim, MMW ou Masada ne seront pas usurpé, mais Eyal a composé seul ces 9 titres, ce qui force le respect : les ambiances entre chaque chansons y sont varié : tantôt posé, tantôt un peu folle, tantôt expérimentale, mais toujours dans une optique d’adoucir et de séduire l’auditeur. Un premier album vraiment réussit, j'attend de découvrir le second volume avec impatience...

vendredi 13 novembre 2009

ZAKARYA - 413 A

Retour prononcé du groupe français signé sur le label Tzadik, pour un troisième disque sur la série Radical Jewish culture. Vous pourrez d’ailleurs retrouver la chronique de leur second disque sur ce même site. A l’écoute de ce 413 A, je me suis dit que Zakarya avait plus que jamais sa place sur le label Tzadik, tant leur mélange des styles et la création de leur propre univers s’accorde parfaitement avec l’esprit du label New Yorkais. Et John Zorn n’avait t’il pas été le maître d’œuvre du mélange des styles lorsqu’il fonda Naked city quelques années auparavant ? Je vous ai donc mis sur la voie, ce nouvel opus de Zakarya m’a semblé encore plus barré que le précédent. La parfaite adéquation entre puissance rock, improvisation jazzy et mélodies klezmer ou balkans. Avec toujours des structures folles digne du minimalisme, de l’électronique, des musiques de cartoon ou de la noise pure et simple. Un exercice très difficile que de chroniquer ce disque : impossible à décrire, c’est l’auditeur lui-même qui devra faire le tri au grés des 17 titres. On notera cependant un jeu de guitares plus aiguisé, avec la présence en guest de Marc Ribot (voir les chroniques correspondantes également) et de son toucher inimitable. A l’instar de Koby Israelite, Zakarya ne se cantonne à respecter les barrières de la musique juive traditionnelle, mais les transgresse avec brio pour mieux nous surprendre à chaque seconde. Au final, un disque majeur de la radical jewish serie pour un groupe phénoménal unique en son genre.

KOBY ISRAELITE - Mood swings

Voici l’artiste barré de la section juive de Tzadik. Pour dire vrai, on est à peine étonné de voir un disque de cette trempe sortir sur le label de John Zorn, qui fût lui même l’initiateur de ce style avec Naked city. Koby Israelite est un jeune artiste israélien multi instrumentiste vivant à Londres et étant un petit peu autodidacte. Son second disque sur le label Tzadik fait suite à l’excellent « dance of the idiots » paru 2 ans plus tôt. Officiant toujours dans le mélange farfelu des genres (entre autre, on y décèle le jazz, le death débridé, le klezmer, la musique balkan et d’autres encore). Et comme nous le dit Zorn lui-même, c’est ficelé à la perfection, mélangeant technique, humour et créativité. 12 titres de New jewish music qui renvoient parfaitement à Naked city, Estradasphere ou Secret chiefs 3. Moins basé sur les ambiances qu’auparavant, la musique de Koby à mûri, pour mieux se replonger au sein des racines juives, tout en la poussant de nouveau vers des contrées et des sonorités inexplorées. « Mood swings » nous confirme donc le grand talent de cet artiste anglais, dont j'ai hate d'écouter le dernier opus en date sortis il y a peu sur le label New Yorkais...

ZOHARA - Scorched lips

Zahava Seewald (chanteuse reconnu dans la scène juive) décide en 2004 d’explorer la transposition en musique de poèmes contemporains israéliens et le langage biblique. Après la sélection des poèmes, la chanteuse demande donc a une série de musiciens (et notamment les deux compositeurs Michael Grébil et Stephan Dunkelman) de monter un groupe ponctuel qui composera les musiques de chaque poème retranscrit. Le groupe se prénomme au final Zohara, et sort donc cet excellent opus intitulé « scorched lips ». Comme l’explique Zahava seewald, le projet musical est basé sur la construction de sons électro-acoustiques modernes et sur les sonorités d’instruments anciens ou modernes. Mélange de mélodies originales et d’harmonisations, tout en prenant une vision proche de l’improvisation, les 13 titres proposés par Zohara sont vraiment fabuleux : tantôt inquiétantes (les chuchotements oppressants), tantôt intimiste, les ambiances se multiplient au fil du disque, tout en gardant comme ligne conductrice l’hommage à la langue israélienne au travers de poèmes sublimement chantés par Zahava. La créativité musicale et les arrangements étant particulièrement réussis, le penchant « sombre » du disque vous fera frissonner, tandis que le chant émouvant vous fera frissonner d’émotions...

CHARMING HOSTESS - Sarajevo blues

Signé sur la division Radical Jewish culture (en hommage à la culture et l’héritage musicale juif), Cet album des Charming Hostess est vraiment d’une beauté lyrique renversante. Trio d’obédience vocal avec à sa tête Jewlia Eisenberg, déjà responsable d’un disque solo sur le label Tzadik. S’inspirant des poèmes d’un auteur bosniaque, « Sarajevo blues » marrie avec aisance le son des groupes vocaux féminins des 60’s, avec la force instrumentale des musiques d’avant garde, couplé avec quelques effets Hip hop comme par exemple l’utilisation de la beat box à certains moments. Le trio de filles ayant grandi à Brooklyn, au milieu d’un mélange racial issue de la communauté black ou juive, cet opus est un joyeux mélange éclectique, s’inspirant autant d’influences musicales Balkan ou Juive, avec cette force d’offrir son lot de lyrisme entraînant ou bouleversant (« Exodus », le meilleur titre du disque). Ajoutez à ceci des musiciens inspirés, nous offrant des passages de basse, batterie ou violon superbement plaqué sur les voix, et vous obtenez un disque vraiment innovant. « Sarajevo blues » est un condensé de créativité, proposé par un trio féminin des plus passionnant dans la scène expérimentale juive...

mercredi 11 novembre 2009

BASYA SCHECHTER - Queen's dominion

Premier disque solo de Basya Schechter, plus connus en tant que vocaliste et tête pensante du groupe Pharaoh’s daughter. C’est sous l’impulsion de John Zorn que celle çi se voit la possibilité d’enregistrer ce disque magnifique, exclusivement instrumental. Puisant autant dans l’influence juive et les traditions arabes, ce disque est un véritable voyage au coeur du moyen orient. En collaborant avec le percussionniste Jarrod Cagwin ou le joueur de Santur Alan Kushan (instrument à corde traditionnel) ainsi que d’autres musiciens, Baysa Schechter est parvenu à instaurer une ambiance reposante voir quasi hypnotique, ce qui est d’une grande réussite. Pas moins de 10 titres, tous aussi brillant les uns que les autres composent ce « queen’s dominion » passionnant et envoûtant. Mes chansons favorites restent « by way of haran » et « pashmina », car elles reflètent une atmosphère très spéciale, entre mysticisme et apaisement de l’esprit. Zorn a encore une fois eu le nez fin, Baysa Schechter nous offre un très bon opus de musique ambiancée, qui devrait plaire à ceux qui recherchent de la musique reposante pour l’esprit...

ROBERTO RODRIGUEZ - Baila ! Gitano baila !

Ce disque de Roberto Rodriguez (dont le patronyme s’est mué en un Septeto Rodriguez sur la pochette) est le second pour la label Tzadik. Et qu’on se le dise, ce disque est énorme !! crée de toute pièce par Rodriguez (qui fait de lui un compositeur à part entière), l’instrumentation de ces 10 titres est absolument bluffante : pas moins de 8 musiciens interprète les morceaux (dont Roberto lui même aux percussions) complexe et harmonieux qui compose ce « baila !…. ». L’auteur a voulu célébrer et rendre hommage à la communauté juive de Cuba, d’ou les fortes intonations juive et latine qui s’entremêlent tout au long du disque, créant une ambiance folklorique et exotique très forte. Flirtant avec la musique cubaine, la tradition juive, des touches world music et quelques influences reggae, cet opus est une véritable cure de jouvence pour les oreilles, et un véritable apaisement pour l’esprit. La composition malicieuse, intelligente, recherchée des morceaux nous prouve le grand talent de Roberto Rodriguez, qui nous gratifie d’un second disque superbe. Un des favori de la serie, comme tous ceux de Roberto...

PAUL BRODY'S SADAWI - Beyond Babylon

Voici un album sous le patronyme solo de Paul Brody accompagné du groupe Sadawi, tandis que le groupe précité est déjà responsable d’un enregistrement sur la section Tzadik dédié à la musique juive. Travaillant désormais à Berlin, Paul Brody nous fait remarquer l’émergence d’une nouvelle scène Klezmer actuelle au niveau mondial. Le disque « Beyond Babylon » est donc un hommage à cette nouvelle scène, ainsi qu’au label Tzadik qui a permis d’offrir à tous ces artistes une grande exposition auprès d’un public mondial. Outre les cinq compositions originales de Paul Brody, officiant dans un Klezmer moderne vif, rapide et rythmé, l’auteur s’est aussi fendu de reprises personnelles de quelques artistes Tzadik important. Ainsi on retrouvera sans grand étonnement des reprises de Naftule’s dream, Ben Goldberg (et son new klezmer trio), Frank London et David Krakauer : ces reprises sont d’ailleurs modifié et retravaillé afin de donner une autre coloration à des morceaux déjà particulièrement réussi. « Beyond Babylon » est donc un disque de Klezmer moderne ou on appréciera particulièrement la cohésion du groupe Sadawi et la virtuosité des 5 musiciens qui nous offre des prestations techniques vraiment intéressantes. 9 titres très riche rythmiquement parlant, ponctué d’un bel artwork : voila un disque particulièrement sympathique, recommandé à tous les habitués de la radical jewish culture...

dimanche 8 novembre 2009

PHARAOH’S DAUGHTER - Out of the reeds

Signé sur la division Radical Jewish culture (en hommage à la culture et l’héritage musicale juif), les pharaoh’s daughter demeure un combo connu dans la sphère musicale de la musique downtown juive. Ce disque était devenu un classique de la nouvelle scène juive, à tel point qu’il fut vite épuisé. Le label Tzadik nous offre donc une superbe réédition, re-masterisé et dans un nouvel artwork. Produit par Anthony Coleman, « out of the reeds » est un véritable bijou sonore, offrant et exploitant aux mieux les traditions sépharate et ashkénaze, grâce à une créativité musicale débordante. Le groupe se fend de pas mal d’interventions de divers musiciens, en résulte une instrumentation très riche, toujours très harmonieuse et mélodique. A la musique s’ajoute la superbe voix de la chanteuse Baysa Schechter, juive orthodoxe de Brooklyn, lyrique et envoûtante à souhait, qui s’appuie toujours sur des textes traditionnels Yiddish ou ladino. On saluera donc des titres comme « west african niggun » (composé par Baysa elle même), le splendide « eicha » ou encore le titre « taitsch » ou l’on aperçoit plusieurs featurings au niveau vocal (il y a aussi un remix de ce titre en fin de disque). Un beau coup d'éclat pour une excellente réédition...

DAVKA - Live

Voici la dernière sortie récente du quatuor de la nouvelle jewish renaissance. Après 3 albums studio réussis (dont un excellent « the golem »), voici donc venu le temps du traditionnel album Live. La créativité et la dextérité du groupe ne sera pas mise à mal le temps de ce disque, car il est d’une parfaite cohésion, digne d’un album studio. Comme le dit Zorn lui-même : « Davka combine une profonde connaissance et respect de la tradition avec imagination créative et un sens inné du swing… ». Il n’a vraiment pas tord ce brave John. Et Davka nous le prouve encore sur scène avec 70 minutes de musique et 11 titres (dont neuf inédits). Même si on n’entend que très peu le public s’exprimer (ce qui est dommage je trouve), la cohésion entre les quatre membres du groupe reste impeccable du début à la fin. Sensible, envoûtante, rythmée, traditionnelle mais développant de superbes éléments, Davka remplit sa mission scénique avec brio et nous offre donc un excellent 4eme disque.

samedi 7 novembre 2009

DAVKA - The golem

Signé sur la division Radical Jewish culture (en hommage à la culture et l’héritage musicale juif), voici le troisième disque estampillé Tzadik du groupe de San Francisco Davka. Plusieurs modifications sont à noté : en premier lieu, le trio a évolué en un quatuor, incluant au passage un joueur de clarinette et de « bassoon » (me demander pas le nom français). En second lieu, il ne s’agit pas d’un disque de Davka comme les deux précédents, car « The golem » est en fait la bande originale d’un film du même nom d’origine allemande, datant de 1920 et étant muet. Un film d’ailleurs précurseur basé sur un mythe juif, racontant donc l’histoire d’un monstre, et qui inspirera par le suite la création du plus reconnus Frankenstein. Bref, la bande a donc été composé par Daniel Hoffman (leader du groupe et violoniste) et voila son interprétation édité par Tzadik. Comme beaucoup de bande son (cf : la série Film music de Tzadik), le disque est composé de nombreuses plages plutôt courte, pour un total de 32 en tout. Tout dans la tradition jewish, les compositions exécutés demeurent un peu plus mystérieuse, contenant une approche quasi mystique. Hypnotique, dramatique et remplis d’esprit, chaque titres est en fait composé pour mettre en avant des séquences du film radicalement différentes et regroupant de nombreux sentiments. La musique de Davka en ressort donc grandis et encore plus belle. « The golem » est à mes yeux le meilleur disque du groupe sur Tzadik.

vendredi 6 novembre 2009

IKUE MORI - Class insecta

De l'époque où elle était la batteuse du trio no wave DNA jusqu'à ce jour qui la consacre spécialiste du laptop au sein de la communauté musicale de la Downtown à New York, IKUE MORI n'a eu de cesse d'élargir son champ musical de productions toutes plus attachantes les unes que les autres. Allant sans tambours ni trompettes constituer le corps d'œuvre discographique (comprenant moult autres réussites tels les groupes DEATH AMBIENT ou PHANTOM ORCHARD) non négligeable d'une musicienne-baroudeuse au long cours. Ce 8e album solo jette son dévolu sur l'électronica et les musiques à danser afin de mieux les disséquer, de les corrompre et d'en faire dévier le propos. Tels dés dans un godet, Class Insecta fait s'entrechoquer des pulsations de type “repérable”, recomposant des polyrythmies plus complexes, forcément inédites. Le propre d'une démarche vouée à surprendre comme à combler d’aise plus d’un amateur.

J'ai recopié bêtement la formule du distributeur français. Ce dernier disque en date d'Ikue Mori ne m'inspire guere. Les fans de Laptop seront aux anges cependant. Moi, ça me gonfle...

mardi 3 novembre 2009

JACQUES COURSIL - Minimal brass

Après l’enregistrement de son second album en 1969, "The way ahead", Jacques Coursil se retira du monde de la musique pour enseigner la linguistique. Il n’est pas dit que l’on ait oublié totalement celui qui fut un pur génie de la trompette free-jazz avec ses compagnons d’armes Anthony Braxton, Sunny Murray… Non il imposa une telle empreinte cérébrale sur le jazz, à la fois grave et fougueuse, qu’il est difficile de ne point reconnaître chez un Eric Truffaz, son influence quasi-spectrale.
35 ans après, il est bon d’entendre à nouveau ces strates sonores, ces harmoniques qui se répètent à l’infini, s’éloignant de leur point originel en cercles concentriques. La musique de Coursil est d’une beauté saisissante, un appel à la méditation, un hymne à la respiration… sans pour autant vouloir ôter la face sauvage du free-jazz. Car elle est aussi emprunte d’une colère retenue, Coursil maîtrise son instrument. Un disque avec un compositeur seul à l'instrument peut se révéler parfois un peu chiant : "Minimal brass" tape dans le sublime du début à la fin...
35 ans, ça peut paraître long aux oreilles de certains. Mais lorsqu’un artiste, et professeur émérite, revient à ses amours… On accorde volontiers une nouvelle oreille attentive. Car après tant d’années, le souffle s’est reposé, bonifié ou raréfié…L'attente aura été bénéfique, Jacques Coursil nous offre tout simplement l'un des meilleurs chapitres de la composer series...

vendredi 30 octobre 2009

CHRIS BROWN - Rogue wave

Compositeur précurseur dans la musique électronique, voici le retour discographique de Chris Brown, après le phénoménal « Lava » sortis en 1995 sur Tzadik, et qui brise enfin 10 de silence discographique. « Rogue wave » se veut donc rétrospectif et replace donc au avant poste Brown parmis les précurseurs de la composition expérimentale à base d’électronique, tandis que ses travaux de compositeur étaient alors jusqu’ici injustement mise à l’écart au fil des années. Voici donc une rétrospective de 20 ans d’activités, avec des compositions allant de 1984 jusqu’à 2004. 6 « pieces » sont donc présentes, couvrant un panel large, avec complexité et une haute recherche des sonorités. D’une composition presque ambiante au piano, jusqu’à des beats hardcore de Hip hop, en passant par des noisy symphonies polyphoniques, la talent de Chris Brown est exploré dans son intégralité avec ce disque. Plusieurs musiciens sont venus donné un coup de main, dont l’habituel collaborateur William Winant et le DJ eddie Def, responsable notamment d’un disque sur le label de Patton. Les amateurs du disque de Brad Lubman parus ci dessous pourront continuer à s'allumer le cerveau avec "rogue wave", on est dans la continuité...

jeudi 29 octobre 2009

BRAD LUBMAN - Insomniac

Brad Lubman est aujourd’hui une figure de proue de la scène Downtown new yorkaise qui a travaillé en tant que chef d’orchestre en collaboration avec de nombreux compositeurs de musique contemporaines, on pourra citer entre autre Pierre Boulez, Charles Wuorinen ou encore John Zorn (pour qui Lubman a orchestré de nombreux disques de cette même série).Il nous offre aujourd’hui son premier disque solo qui nous dévoile son travail en tant que compositeur. Une composition intitulé « jumping to conclusion » est un savant mélange de violon et instruments à cordes divers (le string quartet « Zangiacomo » y effectue ses débuts) couplé à de la musique électronique. « Insomniac » renferme aussi cinq plages de musique éléctronique radicale : si « garden » ou « scary plumbing remix » s’avère superbe, il y en a d’autre qui vous mettront le cerveau en rondelle très facilement « k.o.m 2 ». Fasciné par le concept de la perception, ainsi que de la distorsion, Brad Lubman nous offre un travail très intéressant, ensemble de collages instrumentaux à base de samples et autres travaux à base noise bruitistes. Son premier opus mérite une grande attention pour les amateurs fervents de musique électronique expérimentale, comme par exemple les travaux de Ikue Mori ou Mr Dorgon...

mercredi 28 octobre 2009

JOHN KING - AllSteel

John King, c'est l'archetype du compositeur Tzadik. Le mec qui a beaucoup bossé sur des pièces de théatres et des ballets divers un peu partout dans le monde. Et pour le coup, il nous offre 3 compositions écrites en 4 ans, toute à base de string quartet. La musique n'est pas trés originale (ce qui peut décevoir les auditeurs Tzadik), mais demeure bien foutu. De la musique classique contemporraine de bonne facture dirons nous, qui apporte son lot d'émotions par moment, tandis qu'on se fait chier au bout de 40 minutes... Ca me rappelle "the string quartet" de Zorn. J'aime, sans plus...

ANTHONY COLEMAN - Pushy blueness

Anthony Coleman, c'est le mec qui a l'air foncièrement sympa, on le remarque dans le dvd de Marc Ribot ou dans les notes de livret de disques de Zorn. Pilier de l'avant garde de NY depuis 1979, membre vital de la downtown scene, Anthony a déja sortis une chiée de disques sur la radical jewish culture du label. Puis arrive maintenant la cinquantaine, place à la musique de chambre comme il le dit lui même avec ironie (le lascar parle d'ailleurs trés bien français). Un disque cependant attendu depuis quelques années par les amateurs, la plupart des collaborateurs de John Zorn ayant sortis des disques sur la composer series.
Hormis une pièce au piano datant de 1989, commandé par un pote (cherchant la juxtaposition entre le sérialisme post webern et les strategies d'improvisations libres de NY dans les années 80), le reste à été composé entre 2002 et 2005. Le premier est dispensable (piano solo chiant). Les deux autres, assez longs (entre 12 et 15 minutes) sont assez cool. Une composition pour des cuivres (trompettes, trombones, etc...) qui vaut le coup et rappelle "freedom in fragments" de Fred Frith. Puis ce "pushy blueness" en trio avec Doug Wieselman à la clarinette (ou gratte), Jim Pugliese aux percus, et le compositeur aux claviers ou intruments divers, sans conteste le meilleur du disque. Coleman s'éclate avec deux potes, et nous offre une composition facétieuse, pleines de surprises, et assez longue, relevant ainsi le niveau d'intérêt global du disque. Et comme Anthony Coleman semble sympa, on sera indulgent...

mardi 27 octobre 2009

TIME OF ORCHIDS - Sarcast while

Venant droit de New York, Time of orchids nous offre son 3eme disque (les deux autres était apparus sur une filiale de Relapse) sur le label de John Zorn qui avait flashé sur le quatuor en 2004. Il est vrai que vu la complexité de la musique de Time of orchids, l’homme (ainsi que nous même) ne pouvions être que séduit. Mélangeant allégrement métal dur, classique bizarre et rock 70’s sensible et complexe, « sarcast while » est tout simplement unique et envoûtante. Plus de 15 titres présent sur le disque (dont les durée vont de 1 à 10 minutes), pour un disque ultra riche, ambitieux et bourré de structures, mélodies et arrangements complexes et psychédéliques. Partant sur une même base que Neurosis, le quatuor n’hésite pourtant à se fondre dans des méandres déjantés, pour encore plus surprendre avec sa musique, tel l’approche musical de Kayo dot. Des titres sont vraiment sublimes comme « a man to hide » ou encore le tueur « swarm of hope ». la présence de synthé ou trompette à certains moments, en sus des instruments traditionnels, apporte une coloration unique à la texture sonore qu’est « sarcast while ». compositions difficilement descriptible dans le fond, Time of orchids se veut un groupe précurseur « d’avant rock » unique, rejoignant ainsi les excellents combos de la "fullforce" de Tzadik...
edit : le groupe a splitté...

dimanche 25 octobre 2009

SCOTT JOHNSON - John somebody

Sold out depuis de nombreuses années, Tzadik s’attele à la réédition d’une composition majeure d’un des compositeur américain les plus originaux de la downtown scene, à savoir Scott Johnson. « John somebody » est en effet une œuvre majeur et unique au monde. Scott Johnson a été fortement influencé par le travail des pionniers de la musique minimaliste, notamment Steve Reich dont les œuvres It's Gonna Rain (1965) et Come Out (1966) ont orienté son travail sur les voix enregistrées puis sur le discours parlé comme base de composition. Le principe est simple : une voix disant une ou plusieurs phrases est samplé, et un morceaux est construit autour de ce sample qui est répété puis découpé durant toute la durée de la plage. Le tout sonne bizarre et alambiqué au début, mais très vite, on se rend compte du travail colossal aux niveaux du sampling, et les orchestrations sont véritablement incroyables. 30 minutes réellement sympathiques, on ne s’ennuie pas un instant. Tzadik a eu ensuite le bon goût de rajouter de morceaux inédits du compositeur à la guitare, et la aussi, c’est du très bon boulot. Un excellent opus de la composer serie, la vision de Scott johnson est tout simplement ahurissante…

lundi 19 octobre 2009

ZAKARYA - Something obvious

Voici l'un des seuls groupes français signé sur le label Tzadik (étonnant quand on sait le grand intérêt que porte John Zorn, son fondateur, à la France). Etant donné les grandes qualités que développe Zakarya musicalement, on se dit qu’il mérite grandement sa place au sein du label new yorkais. Le quatuor n’offre cependant pas un Klezmer dans la grande tradition juive : le quatuor aime en effet briser des barrières et sortir des sentiers battus, pour mieux nous offrir une vision personnelle et captivante de leur musique. Comme le dit Zorn lui-même, c’est un voyage à travers l’Europe de l’est auquel « something obvious » risque de vous emmener. Formation faites autour des instruments basse, batterie, guitare électrique et accordéon, les 11 titres de l’album possèdent toutes leurs personnalités. De l’accalmie « struth » à la folie électrique de « Minsk a Pinsk », de l’expérimental « the shop » au plus traditionnel « colère », on reste captivé du début à la fin. Pointes klezmer, accordéon envoûtant, Balkan rock, touches électroniques, Zakarya reste une formation unique de l’avant klezmer ensemble. Le label Tzadik ne sait d’ailleurs pas tromper en laissant le groupe français exprimer son œuvre : nous avons affaire à l’un des disques les plus innovant de la radical jewish culture serie. « Something obvious » comblera tous les fervents de musique résolument recherchée. Et il m’aura personnellement pleinement séduit…

ZAHAVA SEEWALD & PSAMIM - Koved

Signé sur la division Radical Jewish culture (en hommage à la culture et l’héritage musicale juif), Zahava Seewald (chanteuse reconnu dans la scène juive) s’associe avec le combo Psamim (déjà responsable d’un disque sur Tzadik) pour rendre hommage à un de leur confrères, l’accordéoniste Martin Weinberg, décédé en 2001. Zahava y raconte dans le livret leur rencontre, et la relation d’amitié qui les unissait. Afin d’honorer sa mémoire, le disque nous propose 16 titres traditionnels enregistré en live. On retrouve donc des chansons de Klezmer rapide (« roumenian bulgar »), des chansons Yiddish traditionnelles avec toujours cette musicalité rythmique implacable, des chansons religieuses hébraïque (« toshev enosh »), des chansons judéo-espagnole et encore d’autres divers influences traditionnelles. Elles sont toutes interprétées avec brio par les membres de Psanim, à l’aide d’accordéon, basse et de violon. Puis Zahava Seewald (responsable du choix des chansons) appose sa splendide voix sur les titres (quand ces derniers ne sont pas instrumental), puissante et remplie d’émotions. Un disque d’ailleurs remplie d’émotions, la cohésion vocale et musicale du disque étant un des point fort de la galette, l’hommage à Martin Weinberg en ressort encore plus fort…

WOLF KRAKOWSKI - Goyrl : destiny

second album de Wolf Krakowski, digne successeur de l’excellent disque « transmigrations… ». On y retrouve à peu prés le même concept, c’est à dire une ré-interprétation brillante de chansons folkloriques juives et des chansons traditionnelles de théâtre, modelé à nouveau dans des styles actuels comme la country, le blues ou le reggae roots. Ce deuxième volet demeure cependant encore plus touchant et intimiste ; les compositions sont encore plus calmes et posés, étant parfois basé sur une instrumentation parfois minimaliste, comme sur le troublant « kh’vel shoyn mer nisht ganvenen ». Produit par Frank London (qu’on retrouve aussi à la trompette…), les 12 titres sont tous excellent, et apporte tour à tour leur lots d’émotions. Le chant traditionnel Yiddish est toujours présent, d’ailleurs peut être parfois trop, car la voix est un peu mixé trop forte de temps à autres. Mais ceci reste un détail, tant ce « goyrl : destiny » reste un excellent opus, qui nous montre que la re-visite de classiques peut souvent avoir du bon, si c’est fait avec goût. Et wolf Krakowski y arrive brillamment…

PAUL SHAPIRO - Midnight minyan

Voici le premier disque solo du saxophoniste Paul Shapiro. Etant reconnu pour son activisme au sein de la scène Downtown de NY, ses nombreuses collaborations et apparitions diverses (dont une remarqué avec Daniel Zamir), et son passé de musiciens avec des gens tels Lou Reed, Michael Jackson ou encore les Brooklyn Funk essentials (dont il fut membre), le musiciens a embarqué pour cet enregistrement 5 musiciens, pour nous offrir le meilleur de l’interprétation de chanson traditionnelle juive. « Midnight minyan » nous permet de savourer 9 compositions avec une formation classique (basse, batterie, saxo, trompette), dont 7 ré interprétations « classique » et 2 compositions de Shapiro. Ces morceaux sonnent plutôt comme du Jazz vieille école, même si on arrive souvent à déceler l’influence juive au travers de rythmes chaloupés et d’arrangements typique au style et à l’influence Hébraïque. Le travail de compositions des musiciens est tout simplement brillant, et on sens que la bande s’est avant tout fait plaisir, afin d’en donner aussi à l’auditeur. Ce premier effort solo de Paul Shapiro est donc recommandé à tous les fervents de bon jazz qui se respecte, car ils risquent de trouver d’excellentes sensations…

KOBY ISRAELITE - Dance of the idiots

Voici l’artiste barré de la section juive de Tzadik. Pour dire vrai, on est à peine étonné de voir un disque de cette trempe sortir sur le label de John Zorn, qui fût lui même l’initiateur de ce style avec Naked city. Koby Israelite est un jeune artiste israélien multi instrumentiste vivant à Londres et étant quasiment autodidacte. Le groupe qui l’accompagne est en effet plus un support pour certains instruments que Koby ne sait pas jouer apparemment. Et pourtant, il en enquille des instruments le bougre ! (en vrac, batterie, gratte, clarinette, flûte, piano, accordéon, etc…). Les 12 titres de ce disque sont relativement n’importe quoi, et ç’est ça qui fait sont charme. Koby s’amuse en effet à prendre divers styles, et entrechoquer les genres de musique dans un même morceau, pour un résultat toujours impressionnant. Les titres « 2nd of Tamuz » ou « dance of the idiots » ne sont ils pas les digne héritiers de Mr Bungle qu'on aurait circonçis ? Et c’est brillamment interprété avec une complexité et diversité sans limite, tout en gardant un œil sur l’expérimentation de la musique juive. Mélange improbable d’électronique chelou, de Balkan surf, Klezmer traditionnel, et de death metal cantorial, on en prend plein la musette avec ce disque. Et dieu que c’est jouissif ! Koby Israelite nous offre tout simplement un superbe premier album…

JON MADOF - Rashanim

Signé sur la division Radical Jewish culture (en hommage à la culture et l’héritage musicale juif), Cet enregistrement est sous le patronyme de Jon Madof, et son titre est Rashanim, même si il s’agit en fait du groupe Rashanim en lui même dont il s’agit. Ce dernier est un trio de composition classique (basse, guitare et batterie) qui s’exécute à quelques reprises, mais aussi à des compositions sublimes de Jon Madof lui même. La dextérité des musiciens est impressionnante : avec la même approche et le même feeling qu’un combo de Jazz, le trio se laisse emporté dans leur créativité, et c’est vraiment de toute beauté. Il est vrai que les alternances de rythmes, changements de structures, mélodies enveloppées et les influences juives font leur effet en tous point. Du début à la fin, on se laisse emporter par cette basse ronronnante n’hésitant pas à flirter avec le slap, cette batterie jouant au feeling et s’essayant parfois aux percussions, et les nombreux solos de Jon Madof avec une guitare qui sonne comme une émule de Zappa à son meilleur. Pas moins de 11 compositions, tout aussi travaillé les unes que les autres, avec notamment Bill Laswell au mix final. Un disque du trio vraiment bon...

DANIEL ZAMIR - Children of Israel

Cet enregistrement est le troisième du trio Satlah pour le label Tzadik, mais reste avant tout une expression du saxophoniste Daniel Zamir. Explication : c’est la mère de Zamir qui lui donna l’idée de ré-interpréter quelques chansons folk israéliennes « classiques » (et qui lui donna une veille cassette regroupant les originaux) afin de leur donner une autre coloration. Et voilà le trio en train d’arranger ces chansons traditionnelles issus de jeunes compositeurs juifs des années 1920/40. John Zorn (producteur du disque avec Bill Laswell) leur donna alors l’idée d’incorporer une sections cuivres afin de donner plus de corps et de vigueur aux chansons. Une pléiade de saxophonistes viennent donc en renfort (dont les reconnus Ned Rothenberg, Marty Erhlich, Paul Shapiro, Doug Wielselman ou encore John Zorn lui même en guest…) et se joignent à la bande pour la ré-interprétation de 9 titres absolument géniaux (le 10eme est de Daniel Zamir lui même). Solos en cascade (aussi bien de saxo que de batterie), arrangement de cuivres complexes et cohésion impeccable entre ce big band. On pense à du Masada surboosté, tout simplement fantastique .Daniel zamir a eu une bien brillante idée le jour ou l’idée lui est venu de monter ce projet : il signe un vibrant hommage à la culture juive dans son ensemble et donne matière à tous « les enfants d’Israël » de connaître un peu mieux leur brillant héritage musical…

BEN PEROWSKY - Camp songs

Signé sur la division Radical Jewish culture (en hommage à la culture et l’héritage musicale juif), Ben Perowsky est une figure emblématique de la scène Jazz américaine, et aussi un batteur reconnu ayant servis de support à de nombreux artistes tels Dave Douglas ou Steven Bernstein entre autres. Ben nous offre son premier disque solo sur le label Tzadik, accompagné du reconnu Uri Caine au piano (un pianiste mondialement reconnu ayant travaillé avec Frank London) et de Drew Gress à la basse (et même un featuring des Elysian fields...). Le trio nous interpréte toutes des chansons jewish traditionnelles (si on excepte 2 compositions de Perowsky lui même) apprise par l’auteur au fameux « camp d’été » (l’équivalent de nos colonies de vacances). Le jewish summer camp est assurément une bonne idée, car si tous ses protagonistes sortaient des disques de cette trempe, la scène jazz bondirait en avant avec vitesse. Les 9 titres du trio sont un vrai délice de délicatesse et d’improvisation : percussions et batterie incisive mais débridé, piano langoureux, basse appuyant, et arrangements assez complexes, font de ce disque un très bon album de jazz nouvelle école. On a en effet souvent vite l’impression de rentrer dans un club de jazz à l’écoute du disque, envie de se poser pour boire un cognac et fumer un cigarillos...Excellent dans le style.

DAVID SIMONS - Prismatic hearing

Compositeur hors norme qui vient de sévir avec un second volume fraichement sortis sur la composer series, David Simons nous propose en 2004 sa vision unique de la musique. Travaillant beaucoup pour des compositions de films, théatre, pièces de danse et concerto classique, "prismatic hearing" est un peu son terrain de jeu entièrement libre. Ayant étudié avec Earle Brown et Morton Subotnik, Simons est avant un fabricant d'instruments de sa propre conception qu'il aime fondre dans des technologies digitales de sampling afin de créer un contraste culturel. Les pièces présentes sur cet opus datent d'entre 1974 et 2003, véritable résumé des expérimentations mené tout azimuth au fils des années. Evidemment trés difficile à décrire (comme tous tzadik digne de ce nom...), le mieux reste encore de découvrir, mais j'ai perso beaucoup aimé ce volume, et j'ai hâte de découvrir le dernier...

jeudi 15 octobre 2009

LUKAS LIGETI - Mystery system

Lukas Ligeti est un jeune compositeur née en Hongrie, qui a beaucoup voyagé en Afrique (influençant ainsi son approche musicale) et qui maintenant s’est établis à New York, berceau du meilleur label expérimental mondia. Son travail tourne autour de deux grands axes sur ce « mystery system » : d’un coté deux pièces sonores pour un ensemble de percussions guidés par le Amadinda percussion group, et de l’autres de compositions pour un strings quartet traditionnel. Issus de diverses périodes, les 5 plages sont toutes d’une grande beauté. On retiendra dans l’ordre le très sombre « independant » à base de percussions africaines débridés, mais aussi le très émotionnel « moving houses » qui rappelle directement le travail de Clint Mansell. On a aussi le droit à du string quartet couplé avec une batterie samplé sur l’étonnant et très court « NY to neptune », pour se finir ensuite sur un « delta space » complexe et subtil avec un piano habile, couplé à des samples de boucles de piano. « Mystery system » est un bon disque de musique expérimentale…

SUSIE IBARRA - Folkloriko

Percussionniste et batteuse de renom, Susie Ibarra a collaboré avec de nombreux grands compositeurs de musique expérimentale moderne tels Derek Bailey, Mark Dresser ou encore John Zorn entre autre. Elle est aussi la section rythmique du groupe Mephista avec ses compères Sylvie Courvoisier et Ikue Morie. Voici donc présenté son troisième disque solo pour le label Tzadik, intitulé « folkloriko » et sortis en 2004. 2 compositions sont donc au programme : en premier lieu, nous avons le droit à une excellente composition intitulé « Anitos » (10 minutes environ) qui regroupe tout style de percussions (cymbales tibétaines, cajon, kulintang, cloches, etc…) ; Susie exécute en duo cette brillante composition avec son mari Roberto Rodriguez, rendant ainsi hommage au folklore des îles Philippines. Arrive ensuite le tour d’une longue composition de trente cinq minutes intitulé « Lakbay », décrivant le portrait musical de la journée d’une vie d’un travailleur philippin immigré. Une splendide composition passant de folk au jazz, avec des touches classiques et expérimentales. Susie Ibarra à la batterie, Jennifer Choi au violon (fréquente collaboratrice de John Zorn elle aussi), Craig Taborn au piano, et un guest de Wadada leo Smith à la trompette. Au final, « folkloriko » tient toute ses promesses : exotique, inspiré et envoûtant.