Si je peux certes donner mon modeste avis sur quelques disques glaner par çi, par la, je déteste faire les lives reports, je me sens tout simplement mauvais dans cet exercice. De plus, ne vous étonnez pas de commentaires idiots et futiles de ma part, ainsi que du manque de détails ou de ne pas enjoliver le récit, tout ceci est NORMAL ! (don't like it, don't read it !).
Sachant que je suis allé le voir bien plus loin (Verona, Milan, NY, Paris, entre autre), il était assez logique de se déplacer au festival de jazz de Marciac dans le Gers pour aller voir une sympathique affiche de l'incarnation du Book of angels de John Zorn : une première pour ma part, et un chouette cadre de festoche (en vrac : petit village, des bars, des animations partout,des stands de bouffe partout, du foie gras, des groupes de jazz jouant à tout heure, et une ambiance feria du sud ouest mortel).
Abraxas : après une looonngue première partie d'Avishai Cohen, jazz chiant et poussif, c'est aux alentours de 23 heures que les "petits jeunes" qui interprètent le book of angels 19 montent sur scène. Je n'ai jamais écouté encore ce volume (il vient de sortir il y a peu sur Tzadik) donc pleine surprise pour ma part. Un set de rock noisy d'une quarantaine de minutes qui sera bien cool pour les oreilles très initiés de l'univers Zornien : le chapiteau de Marciac doit bien compter environ 5000 personnes, 1/3 du public s'est barré au bout de 3 minutes (majoritairement agé), on est passé du rang 38 au rang n°4, ce qui est plutôt chouette. Shanir bidule à l'air de diriger un peu le business, il regarde beaucoup les autres musiciens avec un instrument cosmique qui s'appelle du Gimbri, une espèce de basse à trois cordes du Ghana. Le batteur metalleux Kenny Grohowsky est en mode énervé, Eyal maoz est assis et attentif (limite attentiste), et laisse Aram Bajakian s'éclater avec l'autre guitare : ce mec est un sacré guitariste, il aura fait un festival de dissonance noisy, de solos sauvages, de riffs bourrins, avec une énergie rock bien cool. Un super set et j'ai hâte d'entendre ce fameux volume en studio...
Aleph trio : J'avais déjà vu l'incarnation de ce trio à Paris il y a deux ans (avec Baron et Trevor Dunn, pour un set sauvage et déchaîné, proche de Painkiller), ce second set de l'Aleph trio n'avait strictement rien à voir. Cette prestation sentait surtout le "bouche trou" pour John Zorn qui était un peu en rade de musiciens : Shanir est donc présent à la contrebasse, Zorn au saxo, et Ches Smith à la batterie, en total roue libre pour le coup, ce qui nous prouve que ce mec est un monstre dérrière les fûts. Hélas, les improvisations n'était pas toute incontournables (un bon moment pur jazz au début, ça s'est un peu enlisé par la suite). Puis le set s'est un peu énervé, un autre tiers de la salle s'est barré, on bascule au rang n°2, c'est cool. Des titres de masada ont été joué (dont un "Shilim" tonitruant), mais force de constater que l'ensemble était moins cohérent qu'avec les musiciens de Masada (Shanir et Ches était un peu largué parfois). Une prestation en demi teinte mais on aura eu le plaisir de voir John Zorn et de l'entendre couiner, et ça, ça n'a pas de prix...
Secret chiefs 3 : je les ai déjà vu 3 fois, puis une fois interprété trois titres de "Xaphan" lors du Masada marathon de NY. Ils auront joué tous le disque pour le coup, lors d'une prestation tellement impériale qu'elle valait le déplacement à elle seule, il reste moins d'un tiers de la salle, on est au premier rang désormais. Sans leur grimmrobes (dommage), ils auront survoler le débat d'interpréter le volume 9 du bouquin des anges : Matt Lebofsky impec' aux claviers, April Centrone convenue aux percus, Timb Harris élément important au violoncelle, Ches Smith encore plus à l'aise derrière sa batterie, Gyan Riley très présent avec sa gratte, plus parfois que Trey Spruance, assez discret avec sa barbiche et ses bottes en cuir, mais en bonne tête pensante de sa formation. La surprise viendra aussi de la présence de Toby Driver, leader de Kayo dot, et à l'aise dans le rôle de bassiste de luxe (c'était trevor Dunn la dernière fois que je les ai vus, Secret chiefs ne semble plus avoir de bassiste attitré). Le public, bien que peu nombreux (environ 500 personnes je pense) dans ce grand chapiteau, est chaud bouillant, se lève et forme une fosse. Surprise, tous les musiciens se retrouvent sur scène pour interpréter un titre explosif de l'Electric masada (vous me rappellerez lequel, je ne me souviens plus de son nom) dans un délire improvisé bien cool. Départ. Puis le public hurle comme des dingues, on est au milieu d'un champs dans le Gers, on peut foutre le bordel, et les gars viennent de NY. Alors ils reviennent pour faire un game piece digne de Cobra avec John Zorn en chef d'orchestre : une ligne de guitaristes ultra high energy (4 gratteux si vous suivez, dont un Aram Bajakian en transe et ravis d'être la), deux bassistes (dont un Toby Driver qui toise amusé John Zorn qui s'agite), trois percussionnistes/batteurs, puis le clavier/violon. Tous le monde s'éclate, c'est une explosion sonique, un capharnaum sonore dirigé par Zorn, mais c'est vraiment trippant à voir. Salutations, clap de fin, il doit être deux plombes du mat', on est assommé par l'alcool, le foie gras, et la déferlante de son, mais on est heureux. Un super concert qu'il ne fallait pas rater.
Cheers !
Edit : j'ai fait quelques photos cool, mais il y a déjà des vidéos pros qui circule sur le tube, regardez les liens dans le blog du Zornographe (lien ci contre)