Le premier disque historique de la section Archival series, qui a permis à l'époque de rendre enfin ses travaux accessibles au plus grand nombre. Ce fameux disque sortira d'abord en 1993 au Japon sur le label Eva, mais deviendra trés vite sold out, au point qu'il se vendit des fortunes en import. Sa réédition fut donc une aubaine pour tous le monde, le public pouvant enfin découvrir les oeuvres de Zorn a moindre prix, et le label Tzadik pouvant décoller financièrement afin de pouvoir financer d'autres artistes, chose qui sera faites avec brio, le label allant tout doucement vers son millier de références aprés 15 ans d'existence...
Aprés avoir exploité son penchant pour l'improvisation (les parachute years), la noise (locus solus), ses groupes divers (Naked city, Painkiller), déclaré son affection pour Godard, Morricone ou la ville de New York, John Zorn décide de trouver une inspiration introspective en sa propre personne, en explorant ses propres origines. Ses racines juives seront donc une redécouverte aussi spirituelle que musicale, puisque ce disque correspond à l'ouverture de la fameuse section "Radical jewish culture" dont Zorn débat plus longuement sur le site du label. Cet opus fait cependant partie de la section des archives de Tzadik, la composition de "Kristallnacht" datant de 1993, et demeure une pierre angulaire de l'oeuvre de l'auteur, puisqu'une partie de sa carrière en découlera, Zorn fondera la même année son groupe de jazz d'obédience juive Masada.
Kristallnacht ("la nuit de cristal" en français) est le nom donné à des actes de violence qui se sont passé en novembre 1938, pendant la nuit, comme des pogroms (crimes racistes), de destructions de magasins, de lieux d'habitations et d'agression de personnes dirigés contre les Juifs. A la demande d'Hitler, c'est Goebbels qui pousse les dirigeants du Parti Nazi et les S.A. à attaquer les Juifs. C'est à cause des débris de verre (vitrines des magasins, vitraux des synagogues) que les nazis donnèrent ce nom si "poétique" de Kristallnacht. John Zorn choisit cet évenement historique car il souhaite avant tout mettre en avant les souffrances de son peuple, ce dernier étant le point de départ de la shoah, l'un des événements les plus marquants et les plus étudiés de l'histoire contemporaine. Son impact moral, culturel et religieux ayant été immense et universel. On le ressent en premier lieu à travers l'artwork troublant : l'étoile juive de la couverture, les photos de synagogues brulés, la parallèle entre l'idéal Nazi (une statue de pierre du sculpteur officiel du 3eme reich) et la réalité Nazi (une photo d'un cadavre du camps d'extermination de Bergen belsen). Puis vient au final la musique...
Comment ne pas être troublé par le bouleversant "Shtetl", sensé representer la vie d'un prisonnier dans un camps de concentration ("the ghetto life"). Une mélodie Yiddish, une lente montée, ou on entend petit à petit un discours d'Hitler, pour finir dans un mélange émouvant entre musique juive et répercussion nazi. Incontournable. Les autres titres n'ont pas la même classe. Mais il montre Zorn au firmament de la musique contemporraine : transmettre par la musique toute l'ampleur d'une tragédie nocturne qui aura un premier impact destructeur sur la communauté juive. Le titre "never again", avec ses 11 minutes de bruits de verre cassé, rappelle donc sans équivoque la fameuse "Kristallnacht". Et les autres titres oscillent entre ambiant et noise, Zorn faisant ainsi son devoir de mémoire personnel. A vous de découvrir cette première référence historique, l'unique écoute du premier titre vous fera forcément réfléchir, et penser au triste passé que représente toute une idéologie extrémiste. Et c'est certainement le but premier de "la nuit de cristal"...
jeudi 14 mai 2009
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