La section Archival series est, comme son nom l'indique, une sous division de Tzadik crée à l'époque pour rééditer tous les travaux de Zorn diffcile à trouver dans leur première édition (aujourd'hui, Zorn y publie l'intégralité de son oeuvre, et pas seulement des archives). Le filmworks V fut le second Filmwork à sortir historiquement sur Tzadik, un an seulement aprés sa création. Il est entièrement dédié à un seul film japonais intitulé "Tears of ecstasy".
Fin septembre 1995, le téléphone de Zorn sonne. Un producteur japonais avec qui il s'est lié d'amitié (Zorn a vécu un an au japon au début des 90's) lui réclame la bande son intégrale d'un film de 61 minutes (donc la totalité du film est en musique), et il faudrait cette bande son pour début octobre, soit une semaine aprés ! Aprés peu de refléxion, John Zorn accepta pour trois raisons. Premièrement, il est l'ami proche du fameux producteur et sait que ce serait lui rendre un grand service que de le dépanner. Deuxièmement, le réalisateur Ori Hiroyuki fait partie de la nouvelle vague des réalisateurs gay japonais qui propose un cinéma innovant et qui ose transgresser les idées établis avec une vision nipponne unique. Troisièmement, Le compositeur new yorkais a carte blanche pour la musique, et s'est dit que c'etais un sacré challenge de créer en si peu de temps une heure de musique. Car le temps de réserver le studio, faire venir les musiciens, enregistrer, mixer, et faire parvenir le résultat au Japon, le délai en a déja pris un coup. Autant vous le dire de suite, la bande son sera plié en 12 heures, enregistrement et mixage compris.
Etant donné le délai rétréci, Zorn ne doit prendre que des amis proches disponible rapidement. On se retrouve au final avec un quartet assez étrange, mais pourtant un groupe à la qualité incomparable aux yeux du New Yorkais : Cyro Baptista aux percussions, Marc Ribot et Robert Quine aux guitares, et lui même au Sample et Piano préparé (certes un peu de saxo aussi, mais trés minime). Il est vrai que les trois lascars ont tous bossé avec Zorn sur ces filmworks précédents, ils savent donc le mode de fonctionnement des travaux. John Zorn rédige sur cartes 50 compositions dans le même processus que Naked city, en incluant tous styles musicaux qu'il affectionne (rock, noise ambiant, indus, world music, jazz...). Un théme principal est trouvé, et comme lui a apprit le maitre Morricone, il est décliné en plusieurs variantes. Le résultat est surprenant, le travail des deux guitaristes est admirable, on découvre un Zorn assez inspiré avec son sampler, et le tout sonne comme vraiment unique par tant de diversité, et il aurait été intéréssant de voir l'utilisation de ces pièces dans le film.
50 pièces musicales ressortiront de la session studio, seulement 48 seront publiés. Pourquoi ce filmworks suscite t'il une certaine interrogation retrospective quand on le remet dans son contexte de sortie en 1996 ? On peut y déceler deux raisons principales.
En premier lieu, le fameux film japonais "Tears of ecstasy" raconte l'histoire d'une famille d'Alien qui descende sur terre dans le seul but de sodomiser tous les terriens. A la vue d'un tel scénario, on ne doute pas que cette pierre angulaire du cinéma underground nippon n'est pas bénéficier d'une énorme distribution et exposition, d'ou une réelle découverte pour les fans de Zorn, tous le monde ayant entendu la musique, personne n'ayant jamais vu le film...
En second lieu, il y a ce méli-mélo avec Mr bungle. Zorn a produit le premier album du combo en 1991, et a ensuite trainé ses guêtres à San Francisco en 1992 (Spruance et Patton ont finis sur "Elegy"). La 12eme plage de ce filmworks ("cusp") est identique au 1er titre de "Disco volante" de Mr bungle, sortis exactement à la même période que la création de ce filmworks. Qui a pompé qui ? Zorn a t'il été obligé d'attendre une autorisation de Warner pour sortir son oeuvre ? Un mystère dont seul les protagonistes savent la vérité mais qui intrigue encore un peu plus sur ce filmworks certes étrange, mais vraiment excellent...
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