dimanche 30 août 2009

JOHN ZORN - Filmworks VI (1996)

La section Archival series est, comme son nom l'indique, une sous division de Tzadik crée à l'époque pour rééditer tous les travaux de Zorn diffcile à trouver dans leur première édition (aujourd'hui, Zorn y publie l'intégralité de son oeuvre, et pas seulement des archives). Le filmworks VI fut le troisième Filmwork à sortir historiquement sur Tzadik (dans la foulée du volume V), un an seulement aprés sa création. Il est consacré aux travaux de Zorn pour le 7eme art durant l'année 1996, et demeure une petite compilation retrospective étant la variété des musiques présentes sur trois films radicalement différents.

Zorn se sera fait démarcher par une jeune réalisatrice du nom de Dina Waxman pour son court métrage "Anton, mailman". Trés peu d'infos sur le net ou ailleurs à propos de cette oeuvre, on sait juste que la realisatrice n'eut plus le budget suffisant pour faire le mix des morceaux avec le film, et ces titres sont donc resté vacant (mais peut être ré-utilisé pour d'autres films dont on ignore l'existence...). C'est d'ailleurs un peu la poisse qui pourrait résumer l'historique de ce film, car la travail de Zorn n'a pas été simple. Cyro Baptista, Greg Cohen et Marc Ribot sont dans les rangs, trois de ses bons amis donc. Le quartuor arrive à leur studio habituel, et découvre un champs de bataille, les mecs de microsoft sont la pour résoudre des problèmes informatiques et éléctroniques. Entre bruits intempestifs, équipement qui déconne, lampe d'amplis grillés et larsens, ils mettront deux bonnes heures avant de se rendre compte que le studio d'enregistrement ne fonctionne pas. Forcé de réemballer le matos et de trouver un studio à la dernière minute. De plus, Marc Ribot a été trés malade la veille et demeure sous antibiotiques ; Zorn se souvient être inquiet, qu'ils se demandaient régulièrement si il allait s'évanouir ou dégueuler avant la fin et qu'il était pâle comme un fantôme. Ils traversent NY et arrivent dans un autre studio ou ils n'ont plus que deux heures pour enregistrer les fameux quatres morceaux prévus. Le rendu final est excellent malgrés les circonstances, le compositeur le concéde lui même. On assiste en quatre morceaux à l'une des premières incursions de John Zorn dans l'univers de l'easy listening, à la manière de The gift ou the dreamers. Quatre superbe morceaux Hawaien d'esprit, avec un cyro baptista excellent (Zorn ne soufflant dans le bec que sur un titre), un greg Cohen solide, et un Ribot impérial malgrés son état de santé...

Henry Hills est un réalisateur underground New yorkais pure souche, amis depuis longtemps avec John Zorn. Un dvd regroupant la plupart de ses courts métrages est sortis il y a peu sur tzadik, et il a aussi fait les clips vidéos de trois chansons de Naked city (notamment celle de Batman qu'on retrouve facilement sur la toile). Si Hills avait déja emprunté les oeuvres de Zorn pour ses films, c'est la première fois en 1996 que Zorn travailla sur une bande son destiné à un court métrage de son pote (qui procéde à des montages rythmiquement complexe, d'ou la nécéssité de reste sur du format court). Enregistré et mixé en un jour, avec un line up zornien classique (violon, violoncelle, guitare, électronique) soit Feldman/Friedlander/Ribot/Mori, Zorn s'occupant d'orchestrer le tout. Classique miniature, ambiant, ou improvisation bruitiste pure et dure, c'est du bon boulot même si pas forcément de l'incontournable. Il serait intéréssant de voir l'utilisation de ses pièces sonores dans le cadre du film "Mechanics of the brain", un court métrage brutal et frontal inspiré par un documentaire de Pudovkin à propos d'expérimentations sur le cerveau humain. Hélas, ce film ne se trouve pas sur le dvd Tzadik apparement...

Pour finir, la bande son d'un film intitulé "The black glove" datant de 1996 egalemment donc. La seconde bande son de John Zorn pour la réalisatrice Maria Beatty, spécialisé dans les films sado-masochiste lesbien en noir et blanc (on retrouve deux de ses autres films dans la même veine sur le filmworks IV "S/M & more"). Une relation d'amitié lie avant tout entre ses deux protagonistes, Zorn travaillant gratuitement pour Beatty. Gratuité oblige, c'est seul une nouvel fois que John Zorn officie, afin de créer une bande son lente et lanscinante afin de faire ressortir l'intensité des images sans les cannibaliser. Les images sont dans la mouvance classique S/M (Bondage à cagoule, chaine, corde, couteau, cire chaude et humiliation), mais garde toujours un aspect artistique par le grain des images, le coté noir et blanc et un rythme hypnotique. De ce point de vue la, les deux pièces electro-acoustiques proposé par le New yorkais sont bonnes, car elles tiennent le spectateur dans un état de léthargie cérébrale. On perçoit ici le talent de Zorn de faire de l'ambiant avec peu d'éléments, puisque celui çi utilise uniquement des sonorités issus du vent, de l'eau et du feu. Un peu comme son hommage à Varése sur "Music for children", mais peut être cette fois plus écoutable, quoique pas incontournable non plus...

Une année 1996 placé sous le signe de l'eccletisme pour le proprio de Tzadik, ses travaux pour films l'attestant. On retiendra surtout le premier film en tant que prémice d'une voie qu'il explorera grandement par la suite, et son art à travailler seul sur de l'ambiant. De l'easy listening au dark electro-acoustique, d'un film joyeux à une oeuvre S/M, John Zorn est unique...

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