jeudi 30 décembre 2010

JOHN ZORN - Filmworks XIV (Hiding and seeking)

Poursuite retrospective de la serie des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette serie dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XIV date de 2003, et couvre la bande son d'un documentaire d'Oren Rudavsky qui s'intitule "hiding and seeking".


Zorn fut approché pour ce film durant une période trés active. Mais comme il en avait plein le dos de composer son string quartet "necronomicon" (qu'on retrouvera plus tard sur le disque "magick"), il s'offra un break en composant cette bande son. Le 5eme documentaire juif en 15 ans, celui çi, dirigé par Oren Rudavsky, raconte l'épopée d'un père juif orthodox qui emméne ses deux fils en pologne à la recherche de leurs racines. Un documentaire pas forcément tourné vers le dramatique comme l'explique Zorn, notamment via les commentaires assez cocasse des deux fils, ce qui lui donna l'idée d'écrire une musique légére. Ecrite en deux heures (!!), enregistré en un jour, mixé le jour suivant. D'obédience juive, cette bande son exotique et délicieuse rapproche assez facilement le lyricisme du Bar kokhba. La guest etonnante, c'est la chanteuse de Cibo matto qui vient pousser la chansonnette sur 4 titres, apportant evidemment encore plus de douceur par sa voix assez cristalline. Le line up est classique : Wollesen au vibraphone, Baptista au percus, Trevor Dunn à la basse acoustique a priori, Puis Marc ribot, qui tient la bande son à bout de bras. C'est effectivement son incroyable feeling et son jeu d'une virtuosité sans égal qui transparait essentiellement tout au long des 12 titres.
Pour la petite histoire, une loi juive orthodoxe interdit le chant des femmes en public, et les chansons à partie vocale ne furent pas incluse dans le documentaire (ce qui demeure un beau gachis). Le fameux documentaire fut diffusé sur une chaine du cable américain, et vous pouvez le trouver en vente en ligne en dvd, avec une pochette assez évocatrice. Je ne l'ai pas acheté personnellement, mais j'aimerai bien le voir. La bande son est quand a elle achat obligatoire...

mardi 28 décembre 2010

GABRIELE COEN "JEWISH EXPERIENCE" - Awakening

Premier opus du compositeur italien Gabriele Coen pour le label Tzadik, dont il est visiblement plus que fier d'intégrer la radical jewish culture. C'est à ce juste titre que ce dernier délaisse un peu le jazz traditionnel pour nous plonger dans une « jewish experience » riche et luxuriante à souhait. Aucun des dix titres présents ne passe en dessous de la barre des 6 minutes, preuve indéniable de compositions complexes et inventives ou se méle l'art d'écriture de Coen et le talent d'improvisation des musiciens (5 en tout, plus quelques guests). Qu'il ne s'agisse du guitariste, du pianiste ou de Gabriele Coen avec son saxophone (ou clarinette), tous connaisse leur quart d'heure de folie dans des solos endiablés absolument jouissif. L'atmosphère se veut tantôt klezmer traditionel, tantôt jazz posé, ou parfois plus exotique avec la présence de percussions, congas, bongo, etc....Comme nous l'indique John Zorn, il s'agit d'un des meilleurs chapitres de jazz juif que le label a pu sortir, et force de constater qu'il a raison, ce disque est un must-have de la section qui devrait ravir tous les lecteurs de ce blog, moi le premier...

JOHN ZORN - Filmworks XIII (Invitation to a suicide)

Poursuite retrospective de la serie des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette serie dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XIII date de 2002, et demeure le dernier chapitre de la trilogie couvrant un seul et unique film.

« Invitation to a suicide » est une comédie noire de Loren Marsh, dont nous n'avont jamais vraiment entendu parler de par chez nous, contrairement à des classiques du genre comme « Fargo » des fréres Cohen. L'histoire raconte comment un jeune immigrant polonais très pauvre vendra des tickets pour le show de son suicide programmé (une pendaison) afin de sauver son pére dont la tête est mise à prix 10 000 $ par un mafieux russe. Un film qu'il faudra que je visionne prochainement, si l'un d'entre vous l'a vu, qu'il nous donne son impression.

John Zorn nous fait son méa culpa dans le livret en avouant qu'il est de moins en moins tenté de jouer du saxophone, car il pratique depuis longtemps et que la surprise est de moins en moins présente, soit tout l'inverse de la phase de composition, qui continue à le passionner de manière croissante avec les années.
Un coup de téléphone du realisateur qui souhaite travailler avec Zorn. La particularité, c'est qu'il souhaite avoir la musique avant le montage, pour parfaitement adapter la musique aux images, dans la tradition Morricone/Leone entre autre. L'idée ravis le compositeur new yorkais, mais la vision des rushes ne le convint guère : il n'est pas familier du genre comédie et ne capte pas l'essence du film pour en faire une bonne bande son. Il commence à réfléchir, écouter certains de ses travaux avec Marsh, puis délaisse le projet pour d'autre occupations. Quelques semaines passent, Zorn a quelques remords et doutes, les images du film reste dans sa tête. Il commence à re-travailler les compositions, change quelques notes par çi par la, modifie quelques harmonies et rythmiques, puis tout s'éclaire, il pense enfin tenir les bonnes partitions. Appel aux musiciens, coup de bol, tous le monde est dispo, rendez vous pris au studio de Jamie Saft le lendemain. Zorn est un travailleur acharné, apparement même assez stricte et laborieux avec les musiciens en leur demandant une concentration de tous les instants et une loyauté « inconditionnelle ». On notera cependant que le cercle des musiciens de Zorn revient toujours aussi, prouvant ainsi sa loyauté et soutien envers ses collaborateurs et amis. L'intensité et l'alchimie musicale fut apparemment au dela de toute espérance sur ce filmworks : le groupe joua comme si il l'avait fait durant des années. Trevor Dunn est parfait à la basse, Erik Friedlander apporte un lyrisme mortel au violoncelle, Kenny Wollesen apporte une facétie superbe au marimba et percussions, Ribot est un génie comme d'hab'. L'intégration pour la première fois de Rob Burger à un filmworks est brillante, son accordéon apporte une touche unique à cette bande son (on le retrouvera assez souvent par la suite d'ailleurs). Au final, dix huit titres absolument géniaux d'un lyrisme bouleversant, le final du disque est quand à lui...surprenant (disons que Trevor Dunn n'a pas du être dépaysé (lol). Bref, un classique Zornien comme on a coutume de dire...

Le mot de la fin pour John Zorn
« Conduire cette musique fut un enthousiasme spécial réservé à ce qu'on appelle un moment « clé ». Ils ont été peu nombreux dans ma vie : finir « Lacrosse » mon premier game piece, la longue semaine d'enregistrement de « Spillane », ecrire les premières Harcore pieces de Naked city, en studio en enregistrant « Kristallnacht », le premier concert de Masada, ou composer mon concerto pour violons « contes de fées ». Ces beaux moments semblent magique, peut être inspirer divinement. Quand nous avons quitté le studio cette nuit la, chacun savait que quelque chose de très spécial s'était déroulé. Cette musique n'est pas seulement l'une de mes meilleures bandes sons, c'était un de ses « moments ». »

vendredi 10 décembre 2010

JOHN ZORN - Filmworks XII (Three documentaries)

Poursuite retrospective de la serie des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette serie dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XII date de 2002, et couvre trois documentaires différents d'ou l'appelation "three documentaries" (Second volume d'une serie de 3 filmworks sortis à la suite en 2002)

Le premier documentaire est réalisé par Charles Dennis et fête les vingt ans d'un club du East village de Manhattan, le ps 122 ("performance space"), spécialisé dans la danse. Un club que Zorn a apparement pas mal fréquenter dans ses jeunes années pour ses travaux avec des danseurs, des festivals d'improvisation, et même la première de son game piece « darts » qui eut lieu en 1983. Le staff du club a toujours apprécier sa musique, et c'est donc en tout bien, tout honneur que Zorn réalisa la bande son de « Homecoming ». Différentes rythmiques, atmosphères et textures furent créer pour tout coller à l'univers de la danse. Une pointe de minimalisme perdure sur « the well tuned... » même si le compositeur déclare avoir été à contre courant de ce mouvement en offrant tout au long de sa carrière une approche plutôt maximaliste et un mélange volontaire des styles. Zorn reconnaît cependant avoir été influencé dans les galeries de Soho et Oddball par les cadors du genre (Phillip Glass, Steve Reich, LaMonte Young et Terry Riley) et qu'on peut reconnaître des touches minimalistes et répétitives dans certaines de ses oeuvres. Magnifique titre d'ouverture avec Jennifer Charles qui nous gratifie de son unique et magnifique voix (ça ressemble à du Reich effectivement). Puis quatre titres typés danse effectivement, avec Mark Feldman au violon, Zorn à l'orgue et au piano, et un featuring de Jamie saft au piano sur un titre. Pas incontournable, mais une bande son qui doit parfaitement collé au sujet...

A l'inverse de « Homecoming », John Zorn paraît un peu évasif et douteux sur le documentaire « Shaolin Ulysses », dirigé par Martha Burr et Mei-juin Chen (avec qui il a déjà bosser sur « Hollywood hotel » (1994, filmworks III)). Le compositeur n'arrivait pas à se faire un avis positif sur le documentaire : raconter l'insertion et la nouvelle vie de moines Shaolin venus immigrer aux USA, ça aurait pu être une belle histoire. Mais ces derniers vivent désormais à Brooklyn, au Texas ou à Las Vegas, le documentaire tombe apparement dans le stéréotype et la caricature. De plus, le montage final ajoutera beaucoup d'autres musiques (issus du nouveau mode de vie des moines, on y retrouve donc de la salsa, du hip hop, de la musique traditionnelle chinoise ou du jazz), ce qui ne plait pas vraiment à Zorn qui trouve le documentaire un peu gaché. A titre personnel, le compositeur est cependant très satisfait de son boulot : les riminiscences asiatiques du Filmworks VIII ayant été réussis, on appréciera le retour de Min Xiao-Fen avec sa pipa, qui se livre sur 23 titres à un grand duel avec la guitare de Marc Ribot, magistral une fois de plus. Roberto Rodriguez et Cyro Baptista aux percussions et la première incursion de Trevor Dunn à la basse sur un filmwork, qui mine de rien fait un boulot colossal sur ce documentaire. « Shaolin Ulysses » est d'ailleurs un brillant exemple du génie de Zorn de manier différents styles : sur une base asiatique (le fabuleux titre d'ouverture digne d'un Morricone), les titres évoluent vers des contrées lointaines, tantôt hispanique ou brésilienne (« shaolin mambo » »shaolin bossa »), et n'oublie jamais d'être au service de l'émotion quand il le faut (« temple song » « nostalgia »). Une bande son sublime dans le genre, une vraie réussite pour le 7eme art qui aurait pu d'ailleurs s'adapter à beaucoup d'autres films...

Morton Bartlett est un photographe underground new yorkais marginal, toujours plus ou moins dans l'ombre de Henry Darger, et ceux malgrés des travaux uniques et personnels. Son dada ? La conception et fabrication de poupées avec des vêtements cousus mains, mise en situation, puis photographiées avec des jeux de lumières pour rendre une vertue dramatique à un objet à priori innocent (cf : artwork de ce filmworks entre autre). Orphelin, il ne se serait jamais marié, et aurait vécus seul durant quasiment toute sa vie; Décédé en 1992, ses oeuvres furent découvert aprés sa mort. John Zorn découvre ses travaux dans une galerie d'art new yorkaise au milieu des années 90, et devient rapidement ami avec Marion Harris, une femme qui s'occupe de vendre et manager l'héritage de Bartlett (une des poupées se serait vendus 110 000 $ en 2008). Lorsque cette dernière lui apprend que sa fille prépare un court documentaire sur Morton Bartlett, il propose rapidement ses services pour en faire la musique. Peu d'informations sur ce « Family found », on peut en déduire la durée étant donné la bande son fournie par John Zorn, un seul et unique titre décliné en quatre variantes : la première voix et violoncelle su-bli-me (avec de nouveau Jennifer Charles, elle était en studio, Zorn l'a exploité à fond à priori), puis trois variantes superbes au violoncelle proposé par le coutumier Erik Friedlander, eternellement bon dans son registre...

Trois documentaires, trois univers, trois bandes sons différentes, Zorn se montre eclectique et inspiré sur un volume brillant de la série des filmworks...

jeudi 9 décembre 2010

JOHN ZORN - What thou wilt

14eme volume des chamber works proposé par John Zorn, placé dans les rangs de la composer serie, au même titre que tous les compositeurs Tzadik. Pas vraiment de nouveautés, mais 3 pièces plus ou moins datés dont les partitions trainées dans les cartons, et furent toute enregistrés en 2009/2010 afin de les rendre enfin disponible au grand public.

On démarre par « contes de fées », pièce d'opéra composé en 1999, et enregistré dix ans aprés sa création aprés que celle çi fût interprété de nombreuses fois dans le monde entier. L'une de ses meilleures versions selon John Zorn, qui avoue l'avoir retravaillé de nombreuses fois avant d'en conclure une version définitive. Une des rares pièces qui fût commissioner (écrire des travaux sur demande moyennant rénumération), car John Zorn n'apprecie pas particulièrement ce procédé, et préfére écrire selon ses propres termes et envies. Le compositeur avoue qu'il s'agit d'une de ses compositions les plus rigoureuses, dramatique et complexe en même temps. On peut accentuer le coté dramatique, car « contes de fées » sera composé juste aprés le décés de sa mère, tout comme la pièce « aporias » (qui regroupait aussi un très large orchestre, voir kronik correspondante) fût elle composé juste aprés le décés de son père. Les passages tristes d'une vie inspire Zorn à écrire ses travaux les plus émotionnels sous la forme de musique classique, et « contes de fées » est une vraie réussite dans le genre.
La seconde composition de 22 minutes a pour titre trois points disposé en triangle afin de se référer au mysticisme de Crowley et Masonic, et le sous titre « fay çe que vouldras » est une traduction française du « do what thou wilt » issus aussi d'Aleister Crowley (et repris comme titre du disque donc)(La phrase « fay çe que vouldras » est tirée à l'origine du Gargantua de Rabelais ; elle y est le précepte de l'Abbaye de Thélème). Seconde pièce exclusivement au piano aprés « carny » en 1989, egalemment inteprété par Stephen Drury, qui est vraiment un grand pianiste moderne. Véritable tour de force, la pièce se révèle autant technique qu'émotionnelle, on se laisse facilement emporter par le tourbillon intense et rituelle d'une telle performance.
Dernière composition de 6 minutes « 777 » (nothing is true, everything is permitted), qui nous montre une fois de plus l'affection de Zorn pour la numérologie, qu'on retrouve en terme technique içi (le temps et rythme), puis une allusion non voilé au fameux « 666 », hommage une nouvelle fois à Crowley (décidément). Le sous titre est l'aphorisme connu d'Hassan I sabbah (voir wiki, par ailleurs un excellent groupe obsur de hardcore sauvage des 90's). Une composition pour un trio de violoncelles qui vire à la démonstration, et qui est un peu épuisante à mon goût...

MARTY EHRLICH - Fables

Marty Ehrlich nous offre son second disque pour le label Tzadik, aprés « Sojourn » que je ne possède pas encore, donc je me garderai bien de faire un comparatif entre les deux. Figure new yorkaise importante du jazz, multi insrumentaliste reconnu, Marty célébre ce disque en appelant son ami de longue date Hankus Netsky (fondateur du conservatory klezmer band, et professeur au Hampshire college) afin de mélanger les racines du jazz et la tradition juive. Un concept qui a déjà certes été exploité sur la radical jewish culture, mais le duo formé par les deux hommes est un véritable plaisir à entendre. Les deux compères y alterne les instruments (clarinette, flûte et saxophone pour Ehrlich, piano et accordéon pour Netsky), Marcus Rojas apparaît au tuba sur quelques morceaux, ainsi qu'un bassiste sur un morceau. Outre ces talents de compositeur, on admettra aussi que c'est Marty Ehrlich qui dirige la barque, car selon qu'il empoigne sa clarinette ou son saxo, le morceau sonne soit plutôt klezmer, soit plutôt jazz. « Fables » est un sympathique album, assez classique pour la radical jewish culture de Tzadik.

dimanche 5 décembre 2010

JOHN ZORN - Filmworks XI (Secret lives)

Poursuite retrospective de la serie des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette serie dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XI date de 2002, et couvre un documentaire émouvant qui s'intitule "secret lives" (Premier volume d'une serie de 3 filmworks sortis à la suite en 2002)

Le documentaire "secret lives" couvre donc le sujet hautement grave et important historiquement des enfants juifs qui furent cachés par des familles non juives lors de la seconde guerre mondiale et de l'occupation nazi. Un fait certes assez rare, mais qui eu bien lieu dans les differents pays d'Europe sous l'occupation allemande, ces familles altruistes risquant totalement leur vie afin d'en protéger une complétement innocente des horreurs de la guerre. Un lien émotionnellement trés fort lie donc ces enfants à leurs familles de protection, qu'ils considérent pour la plupart comme une famille d'adoption, la plupart des parents juifs étant décédés dans les camps de concentration. Beaucoups de sentiments devaient être ressentis dans le documentaire (peur, angoisse, soulagement, tension, tristesse, gaieté, etc...) donc la musique avait un rôle capital. Son réalisateur pensa à John Zorn, compositeur en plein developpement de ses racines juives avec Masada et ses dérivés, et qui composa le documentaire du filmworks VIII, qui était dans une même veine.

Les premières discussions entre Zorn et Aviva Slesin et ses collaborateurs ne se déroulèrent pas trés bien : beaucoup de provocations, les producteurs avaient des idées en tête, une bande son avec du piano, etc, ce qui agaca le compositeur New Yorkais qui faillit décliner l'offre. Mais ce dernier aimait beaucoup le documentaire, il leur demanda le service de lui laisser carte blanche et d'avoir confiance en lui. Ils acceptérent, non sans masquer une certaine appréhension. Zorn avait en tête des cordes dans sa tête, il convoque sans tarder Jamie saft pour enregistrer (ce dernier est aussi au piano sur un titre assez jazzy), puis le masada string trio pour interpréter les 21 titres de l'opus. Dés ce "Yesoma" d'ouverture, comment ne pas frissonner d'émotions ? Les violons magnifique, et la voix de Vanessa Saft qui entonne cette espèce de berceuse aussi triste que desespérée, élément indéniable puisque on traite içi d'un passage marquant de l'enfance. Un des titres les plus magnifiques extrait de filmworks. Le reste oscille entre tension, drame, lyrisme et espoir. Plusieurs morceaux sont déclinés en plusieurs variantes selon les passages du documentaire, le couple Saft apporte donc quelques petites variantes sur trois titres, et la cohésion absolu du masada string trio donne vie aux morceaux imaginés par John Zorn, qui remercie d'ailleurs les producteurs de l'avoir laissé suivre ses instincts.

Tous les protagonistes furent comblé de ce volume trés réussis. Avec ses légères intonations juives, la musique présente n'en reste pas moins profonde et mémorable. Un volume donc pleinement réussis, débutant l'année 2002 dans une veine filmographique splendide...

mercredi 1 décembre 2010

NAKED CITY - Black Box (Torture garden/Leng tch'e) (20th anniversary edition)

On a donc pu remarquer le mois dernier voir apparaitre la réédition de la black box de Naked city, 20 ans aprés sa sortie originelle (le même artwork, avec seulement mentionné en dessous "20th anniversary edition"). La version d'origine était à priori sold out via Tzadik, et avait pour principal différence d'être un double album : cette nouvelle édition est un simple disque remplis à ras bord, avec exactement le même tracklisting.

Je ne vais pas détailler particulièrement "Torture garden", car la plupart des lecteurs de ce blog le connaisse d'une part, puis il y a les kroniks respectives dans la section du groupe.
"Leng tch'e" et sa réputation sulfureuse doit egalement parler à tous le monde : inverser la tendance des Hardcore pieces, et jouer un unique morceau agonisant, lourd et malsain de 32 minutes, quasi précurseur des notions de sludge et de doom, ayant pour inspiration le lingchi, ancienne torture chinoise, surnommé aussi " mort des mille coupures », soit entailler et retirer successivement des parties et des membres du condamné avant de lui trancher la tête. L'utilisation d'opium permettait aux bourreaux de maintenir en vie le supplicié plus longtemps. Une notion de douleur que le groupe essaira de retranscrire avec brio sur bande, Zorn ayant été marqué par "les larmes d'Eros" de Bataille, qui lui même avait été traumatisé par les dernières photos en date de lingchi avant son abolition en 1905.

Je posséde la box studio de Naked city, mais ne possédait pas la première version de cette black box (qui avait été surnommé ainsi face à un artwork trés sobre pour compenser les attaques incessantes dont était victime le groupe sur les artworks d'origine jugé choquants). On y apprend beaucoup de choses interessantes et inédites dans les notes de Zorn datant de 2010, dont voici furtivement quelques points (le livret est assez fournit et demeure à lire pour les fans)

1. "Torture garden" est un des grands moments marquants de la carrière du compositeur
2. "Leng tch'e" a peu été joué en live. Le groupe l'a pourtant fait en 1990 au festival de jazz de Montreux, et les amplis et lights seront coupés par l'organisation au milieu de la pièce, pour calmer l'audience grondante et indigné...
3. Les licenses de Torture garden pour shimmy disc et Earache n'ont rapporter aucune royalties à Zorn, il voulait avant tout faire connaitre Naked city au plus grand nombres de fervents de musique extrême...
4. les artworks d'origines des deux oeuvres (bondage japonais et photos de torture par lingchi) furent largement censuré (féministe, communauté asiatique, douanes à l'export), d'ou la necéssité de créer une boite noire d'extérieur pour eviter de choquer.
5. Zorn a voulu rééditer les artworks d'origines pour cette edition, et les imprimeurs américains ont tous refusé (!!). C'est assez consternant, et le boss de Tzadik est trés peu satisfait de l'aspect graphique du disque. Heug heug Chin a donc composé entre quelques images du premier disque, et des photos bondage/torture camouflé, etc...Pas une catastrophe graphique (c'est plutôt beau en fait), mais l'impact visuelle n'est pas forcément en adéquation avec le choc frontale de la musique de Naked city.
6. Un recit un peu détaillé des inspirations de Zorn pour ces deux oeuvres respectives du point de vue des artworks...

Puis d'autres choses, vous vous en doutez...Un classique a posséder de toute façon. "Every 15 years, Naked city make other bands sound fat and lazy" clamait ce bon vieux Patton. Il a pas vraiment tord quand t'ecoutes cet opus...

Tzadik artists advices...

Sur le site de Tzadik, vous trouverez une nouvelle section ou des artistes du label vous conseille sur tel ou telles oeuvres du massif catalogue. Instructif et sympa !