jeudi 28 octobre 2010
JEREMIAH CYMERMAN - In memory of the labyrinth system
Résidant de Brooklyn, Jeremiah Cymerman est un jeune artiste qui a décidé de créer et developper son propre language sonique à la clarinette, notamment en matière de technique de jeu, de placements des micros et de l'édition et manipulation de Pro tools. Sa vision musical s'interdit beaucoup de choses d'ailleurs, de l'enregistrement qui se passe par réverbération ou compression incongrus, ou l'interdiction d'utiliser un son traditionel à la clarinette (uniquement des techniques d'extension pour aboutir à des sons non traditionnels). Le résultat lui permit de faire quelques prestations dans les lieux expérimantaux new yorkais (roulette, Issue project room) et bien entendu au Stone de Manhattan, antre de John Zorn qui assista à une prestation et qui s'empressa de signer le kid. Guère étonnant dans le fond : l'art de developper un language précis avec un instrument, John Zorn l'a fait quinze ans avant au saxophone avec son "classic guide to strategy". L'univers de Cymerman est cependant plus noisy (des sonorités limite agressives parfois) et moins talentueux (des techniques basés sur les éléments extérieurs et non la dextérité). Si le disque démarre correct avec un aura sombre, il casse vite les couilles et tourne finalement en rond dans la surenchère de grésillements. Pour les amateurs hardcore de clarinette barré...
dimanche 24 octobre 2010
MORTON FELDMAN - Patterns in a chromatic field
Morton Feldman, compositeur néo-classique avant gardiste américain né en 1926 et décédé en 1987. La pièce "patterns in a chromatic field" est déstiné à deux musiciens : un pianiste et un violoncelliste. Je précise ce fait car il existe apparement une autre version de cette pièce via un autre disque qui contient deux autres interprètes. Celle de Tzadik est apparement la définitive, et à priori la meilleure à lire la fameuse tranche noire qui en devient comique tellement il exagere un peu les faits parfois.
Feldman était un spécialiste des pièces souvent longue : celle çi dure 80 minutes sur une seule et unique plage. Sachez que ce n'est pas le record du gaillard qui en a écrit une de 4 heures et une 5 heures. Le compositeur était aussi passioné de tapis orientaux (d'ou l'artwork) : le principe de retrouver toujours la même trame et les même motifs, mais jamais exactement identique car fabriqué à la main. C'est dans le fond un peu pareil pour ce disque : la longueur de lapièce ainsi que les faibles changements de tonalité, rythme et tempo font qu'une oreille peu habitué aurait parfois l'impression d'entendre la même chose. Etant donné la richesse de cette composition, ce serait pourtant une grave erreur. Ce disque est magistral dans son genre : il nous emporte dans un tourbillon néo classique hypnotique, le temps se fige, on a l'impression que la pièce pourrait durer trois jours non-stop. L'accalmie cumulé développe petit à petit une ambiance sombre, mystérieuse, voir glauque, on peut facilement commencer à se faire des films dans sa tête. A ce juste titre, "patterns..." est une vrai prestation incroyable, et j'en recommande grandement l'écoute...
Feldman était un spécialiste des pièces souvent longue : celle çi dure 80 minutes sur une seule et unique plage. Sachez que ce n'est pas le record du gaillard qui en a écrit une de 4 heures et une 5 heures. Le compositeur était aussi passioné de tapis orientaux (d'ou l'artwork) : le principe de retrouver toujours la même trame et les même motifs, mais jamais exactement identique car fabriqué à la main. C'est dans le fond un peu pareil pour ce disque : la longueur de lapièce ainsi que les faibles changements de tonalité, rythme et tempo font qu'une oreille peu habitué aurait parfois l'impression d'entendre la même chose. Etant donné la richesse de cette composition, ce serait pourtant une grave erreur. Ce disque est magistral dans son genre : il nous emporte dans un tourbillon néo classique hypnotique, le temps se fige, on a l'impression que la pièce pourrait durer trois jours non-stop. L'accalmie cumulé développe petit à petit une ambiance sombre, mystérieuse, voir glauque, on peut facilement commencer à se faire des films dans sa tête. A ce juste titre, "patterns..." est une vrai prestation incroyable, et j'en recommande grandement l'écoute...
samedi 23 octobre 2010
OTOMO YOSHIHIDE - Anode
Zorn a l'air assez fier de sortir les deux disques les plus intenses de Otomo Yoshihide, versatile compositeur japonais assez reconnu dans les milieux expérimentaux japonais autorisé (ground zero, etc...). Sauf que cette fois, c'est rééllement intense as fuck, de quoi de mettre la tête grosse comme une citrouille. 12 musiciens, un table de mix, deux guitares, un koto préparé, et tout le reste de percussions et batteries. Sinon, les grands axes sont assez simples : improvisation totale, interprétation sauvage, temps limité, et trois règles imposés par le compositeur :
1. Ne pas répondre aux sonorités des autres
2. Ne former aucun trame de l'introduction jusqu'à la conclusion
3. Eviter toute notion de mélodies, rythmes populaires, clichés, etc...
Ces instructions prêtent à sourire, mais elle font aussi peut être la faiblesse de ce disque : un énorme magma sonore bouillonant bruitiste à souhait (pour la pièce "anode 1" et sa variation), ou de la musique expérimentale sans queue, ni tête abstraite à souhait (les pièces "anode 2/3"). Voila une prestation qui devait être visuelle, qui peut faire un certain effet en live (te démolir les neurones en deux sets), mais qui a du mal à prendre sur disque, peut être trop extrême pour moi. Les fervents d'impro pure et des parachutes years zornienne apprécieront cependant...
1. Ne pas répondre aux sonorités des autres
2. Ne former aucun trame de l'introduction jusqu'à la conclusion
3. Eviter toute notion de mélodies, rythmes populaires, clichés, etc...
Ces instructions prêtent à sourire, mais elle font aussi peut être la faiblesse de ce disque : un énorme magma sonore bouillonant bruitiste à souhait (pour la pièce "anode 1" et sa variation), ou de la musique expérimentale sans queue, ni tête abstraite à souhait (les pièces "anode 2/3"). Voila une prestation qui devait être visuelle, qui peut faire un certain effet en live (te démolir les neurones en deux sets), mais qui a du mal à prendre sur disque, peut être trop extrême pour moi. Les fervents d'impro pure et des parachutes years zornienne apprécieront cependant...
vendredi 22 octobre 2010
JOHN ZORN - The goddess (music for the ancient of days)
83eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Sixième disque du marathon Zornien puisque 12 nouvelles oeuvres sont attendus en 2010 (on annonce même le chiffre de 15, car il est vrai que plusieurs rééditions sont à paraitre, ainsi qu'une première parution vynil). Superbe digipack dans la même veine que "Six litanies...", avec des oeuvres de la jeune artiste japonaise Akino Kondoh, qui soutient une vision sombre et introspective de la féminité, et qui demeure exposé à la plums bossoms gallery de New york.
Toujours dans le registre du mysticisme, Zorn nous offre donc sept nouvelles odes dédié aux femmes au sein de l'univers de la magie, du rituel ou de la mythologie. Le sujet parait assez vaste, et on n'a pas trop de précisions sur ce qui a eventuellement inspiré le compositeur précisement. Voici cependant un disque typique de John Zorn (era 2010). Le line up est d'un classique absolu dans le genre ; l'alhambra trio se dissout peu à peu et The dreamers envahit peu à peu la place. Rob Burger et Ben Perowsky (piano/batterie) se couple avec Marc Ribot, Kenny Wollesen et Trevor Dunn (guitare, vibraphone et basse) tandis que Carol Emanuel arbitre le tout avec sa harpe. Sans aucune surprise sur le contenu, voici sept bons morceaux composé d'une main de maitre et interprété encore une fois par un cercle de musiciens avec des niveaux individuels techniques tout simplement ahurissant. Les blasés diront que Zorn se répéte un peu dans son registre. Je préfére voir le coté positif, sachant que ce disque est un vrai plaisir d'écoute, spirituel et lyrique à souhait. Le principal problème demeure qu'à mes yeux, il enterre sur place "in search..." qui était un disque beaucoup moins riche harmoniquement parlant, étant donné qu'il y avait moins d'instruments. De plus, au vue de leur écart de date de sortie, on ne manquera pas de comparer "the goddess" à "in search" (en bien à priori), voir aux oeuvres de the dreamers, puisque on est dans la même veine easy listening dans le fond (et que de plus en plus de musiciens gravitent dans ce projet). Peu importe, voila un nouveau chapitre envoutant de l'oeuvre Zornienne, et je recommande grandement son acquisition...
edit : voici les influences de ce disque (courtesy of 777, thanx to him and his great knowledge)
- "Ishtar". Rappellez-vous que Femina commence avec un hommage à En Hedu'Anna.
- "Haptameron" (Heptaméron en français) est un livre du XVIè de Marguerite de Navarre.
- "Drawing Down the Moon" est un rituel magique de la Wicca, créée par Gardner (qui était déjà à la base du morceau "Book of Shadows").
- "Ode to Delphi" fait bien sûr référence à La Pythie de Delphes chez les anciens grecs.
- Et "In the Search of the Miraculous" est le titre d'un livre d'Oupensky, ancien disciple de Gurdieff, où il relate l'enseignement de son maître (traduit en français sous le titre "Fragment d'un Enseignement Inconnu").
Toujours dans le registre du mysticisme, Zorn nous offre donc sept nouvelles odes dédié aux femmes au sein de l'univers de la magie, du rituel ou de la mythologie. Le sujet parait assez vaste, et on n'a pas trop de précisions sur ce qui a eventuellement inspiré le compositeur précisement. Voici cependant un disque typique de John Zorn (era 2010). Le line up est d'un classique absolu dans le genre ; l'alhambra trio se dissout peu à peu et The dreamers envahit peu à peu la place. Rob Burger et Ben Perowsky (piano/batterie) se couple avec Marc Ribot, Kenny Wollesen et Trevor Dunn (guitare, vibraphone et basse) tandis que Carol Emanuel arbitre le tout avec sa harpe. Sans aucune surprise sur le contenu, voici sept bons morceaux composé d'une main de maitre et interprété encore une fois par un cercle de musiciens avec des niveaux individuels techniques tout simplement ahurissant. Les blasés diront que Zorn se répéte un peu dans son registre. Je préfére voir le coté positif, sachant que ce disque est un vrai plaisir d'écoute, spirituel et lyrique à souhait. Le principal problème demeure qu'à mes yeux, il enterre sur place "in search..." qui était un disque beaucoup moins riche harmoniquement parlant, étant donné qu'il y avait moins d'instruments. De plus, au vue de leur écart de date de sortie, on ne manquera pas de comparer "the goddess" à "in search" (en bien à priori), voir aux oeuvres de the dreamers, puisque on est dans la même veine easy listening dans le fond (et que de plus en plus de musiciens gravitent dans ce projet). Peu importe, voila un nouveau chapitre envoutant de l'oeuvre Zornienne, et je recommande grandement son acquisition...
edit : voici les influences de ce disque (courtesy of 777, thanx to him and his great knowledge)
- "Ishtar". Rappellez-vous que Femina commence avec un hommage à En Hedu'Anna.
- "Haptameron" (Heptaméron en français) est un livre du XVIè de Marguerite de Navarre.
- "Drawing Down the Moon" est un rituel magique de la Wicca, créée par Gardner (qui était déjà à la base du morceau "Book of Shadows").
- "Ode to Delphi" fait bien sûr référence à La Pythie de Delphes chez les anciens grecs.
- Et "In the Search of the Miraculous" est le titre d'un livre d'Oupensky, ancien disciple de Gurdieff, où il relate l'enseignement de son maître (traduit en français sous le titre "Fragment d'un Enseignement Inconnu").
samedi 16 octobre 2010
MATTHEW WELCH - Dream tigers
Jeune compositeur résidant à New York et ayant étudié sous l'égide d'Alvin Lucier et D'anthony Braxton entre autres. L'instrument de prédilection de Matthew, c'est la cornemuse traditionnelle (il en existe des centaines différentes en fait quand on se renseigne) d'origine écossaise, un instrument trés peu exploiter dans le sillage de Tzadik. "Dream tigers" ne démarre cependant pas d'entrée de jeu avec Welch en musicien, mais plutôt en compositeur. On retrouve en premier lieu "Siubhal turnlar", un string quartet de 25 minutes brillant dans sa conception. Le début est assez virulent, frôlant avec une sphère expérimentale indéniable ; la suite se calme et tend vers une atmosphère cinématographique séduisante. La seconde pièce est une exploration sonique de la clarinette en solo, dans son jeu le plus bas et sombre, qui nous ouvre de belles perspectives. La dernière pièce "the self and the other" est la plus incroyable. On y retrouve tout un ensemble unique composé de Welch à la cornemuse, d'un piano, et de huits percussionistes. Superposition de deux univers différents, les gamelan traditionels de Java ou Bali (voir mon autre blog, section sublime frequencies pour plus d'infos) et la tradition occidentale avec les deux instruments. Lyrique, émotionnelle et envoutante, cette pièce est vraiment magnifique et mérite grandement l'écoute. Matthew Welch frappe fort avec ce premier disque pour Tzadik et on attend son retour avec impatience sous l'égide du label New yorkais...
lundi 11 octobre 2010
JOHN ZORN - From silence to sorcery
13eme disque sortis par John Zorn sur la composer series, destiné avant tout à ressortir ses archives de chamber music, montrant ainsi ses talents de compositeur contemporain. On est ici aussi pleinement dans la notion d'archives, puisque les compositions commencent à avoir plus d'une décénnie d'ancienneté.
Pour une fois, je vais déroger à la règle de détailler les influences de John Zorn quand à la création d'une oeuvre. Elles sont de toute manière assez récurrentes sur la composer serie, y compris sur "from silence..." (les invocations spirituelles démoniaques, le chamanisme coréen, le vaudou haitien, etc...). Je n'ai pas spécialement envie de m'y attarder car je n'ai pas accrocher ce disque. Dire que le compositeur sombre dans la facilité serait bien evidemment une forme de sacrilège étant donné la complexité intellectuelle et technique des 3 pièces présentes. Mais encenser ces dernières sous pretexte qu'il s'agit de John Zorn, je ne m'y résoudrais pas non plus malgré toute ma profonde affection envers lui. "Goetia" n'arrive pas à la cheville de "Volac" dans le registre violon solo, "gris-gris" est une pièce aussi technique qu'ennuyeuse malgré toute la bonne volonté de William Winant. Quand à "Shibboleth", que Zorn décrit fièrement comme un de ses chamber works les plus silencieux, son minimalisme n'est pas foncièrement désagréable, mais comporte un effet secondaire soporifique assez prodigieux. Tous ses éléments réunis font de "from silence to sorcery" un disque relativement anecdotique de la composer serie (seul l'artwork global releve un peu le niveau). C'est evidemment un avis trés personnel, qui prouve cependant encore un peu d'objectivité malgré ma grande admiration pour la carrière globale de Zorn.
Pour une fois, je vais déroger à la règle de détailler les influences de John Zorn quand à la création d'une oeuvre. Elles sont de toute manière assez récurrentes sur la composer serie, y compris sur "from silence..." (les invocations spirituelles démoniaques, le chamanisme coréen, le vaudou haitien, etc...). Je n'ai pas spécialement envie de m'y attarder car je n'ai pas accrocher ce disque. Dire que le compositeur sombre dans la facilité serait bien evidemment une forme de sacrilège étant donné la complexité intellectuelle et technique des 3 pièces présentes. Mais encenser ces dernières sous pretexte qu'il s'agit de John Zorn, je ne m'y résoudrais pas non plus malgré toute ma profonde affection envers lui. "Goetia" n'arrive pas à la cheville de "Volac" dans le registre violon solo, "gris-gris" est une pièce aussi technique qu'ennuyeuse malgré toute la bonne volonté de William Winant. Quand à "Shibboleth", que Zorn décrit fièrement comme un de ses chamber works les plus silencieux, son minimalisme n'est pas foncièrement désagréable, mais comporte un effet secondaire soporifique assez prodigieux. Tous ses éléments réunis font de "from silence to sorcery" un disque relativement anecdotique de la composer serie (seul l'artwork global releve un peu le niveau). C'est evidemment un avis trés personnel, qui prouve cependant encore un peu d'objectivité malgré ma grande admiration pour la carrière globale de Zorn.
dimanche 10 octobre 2010
JOHN ZORN - Dictée/Liber Novus
82eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Cinquiéme disque du marathon Zornien puisque 12 nouvelles oeuvres sont attendus en 2010 (on annonce même le chiffre de 15, car il est vrai que plusieurs rééditions sont à paraitre, ainsi qu'une première parution vynil)
Si la pochette frontale n'est pas la plus belle oeuvre de Chippy (c'est peu de le dire...), l'ensemble du digipack est plutôt bien foutu, une belle photo énigmatique de Marcel Duchamp et un artwork correct forme un ensemble artistique agréable. Je suis personellement trés heureux que John Zorn se soit remis aux "file cards" compositions, car je pense que dans le cadre de sa composition pure (hors groupes, filmworks, etc...), il nous a offert ses plus belles oeuvres mythiques ("elegy", "spillane") et "Femina" en restait un exemple récent vraiment réussis. Deux compositions majeures constituent ce disque, on s'en serait douté...
"Dictée", composée en 2009, 23 minutes au compteur. Dédié donc à Thérésa Hak-Kyung Cha, jeune romancière d'origine coréenne qui migra aux USA dans le cadre de ses études. Elle écrivit un seul roman "Dictée" qui apparement a atteint son statut d'oeuvre post-moderne culte. D'autant que son auteur mouru assassinée à NY par un inconnu une semaine seulement aprés la sortie du livre, ça fait désordre...Zorn fut inspiré par le livre, c'est indéniable. On se retrouve de nouveau dans un film imaginaire avec une narration (en français, par Sylvie Courvoisier, cocorico !) exactement comme le processus de "Godard/Spillane". Des passages lyriques (la piano de Courvoisier, le violoncelle de Lee), des reminiscences asiatiques (le Shakuhachi de Rothenberg), Des ambiances étranges (Wollesen et Zorn aux percussions et samples), une certaine forme de suspense, bref, une trés belle composition réfléchie et inspirée, et certainement une future oeuvre majeure du maitre Zorn.
On peut quasiment en dire autant de "Liber novus", composé en 2010, et couvrant 16 minutes. . Inspiré par le "red book" (nommé pourtant "liber novus" à l'origine) du psychiatre et psychologue Carl Gustav Jung (voir sur wikipedia pour plus de détails). Un livre trés imaginatif apparement, destinée à developper l'imagerie mythique à travers l'inconscient collectif. Son auteur y rencontre des protagonistes accompagné d'animaux. C'est pourquoi la composition de John Zorn renferme elle aussi énormement de sons d'animaux (chiens, lions, serpents, cochons, oiseaux), couplé avec de superbes instrumentaux mélodiques ou des instants bruyants abruptes et vifs. On décéle facilement un trés gros boulot de mise en place des structures, alors qu'il n'y a dans le fond seulement que quatre musiciens (Zorn n'effectuant qu'une trés courte narration allemande). Hormis Wollesen toujours impeccable avec ses percussions de sa propre fabrication, on remarquera des collaborateurs un peu inhabituels du cercle Zornien : John Medeski à l'orgue, Stephen Gosling au piano, et David Slusser aux effets sonores (trés nombreux d'ailleurs).
Le faible nombre de musiciens n'empêche cependant pas la richesse spirituelle (obligatoire étant donné le sujet) de la composition d'agir, et de se completer merveilleusement bien avec "Dictée". Ce disque demeure donc un chapitre important dans l'"archival serie", et sera à coup sur un futur classique.
Si la pochette frontale n'est pas la plus belle oeuvre de Chippy (c'est peu de le dire...), l'ensemble du digipack est plutôt bien foutu, une belle photo énigmatique de Marcel Duchamp et un artwork correct forme un ensemble artistique agréable. Je suis personellement trés heureux que John Zorn se soit remis aux "file cards" compositions, car je pense que dans le cadre de sa composition pure (hors groupes, filmworks, etc...), il nous a offert ses plus belles oeuvres mythiques ("elegy", "spillane") et "Femina" en restait un exemple récent vraiment réussis. Deux compositions majeures constituent ce disque, on s'en serait douté...
"Dictée", composée en 2009, 23 minutes au compteur. Dédié donc à Thérésa Hak-Kyung Cha, jeune romancière d'origine coréenne qui migra aux USA dans le cadre de ses études. Elle écrivit un seul roman "Dictée" qui apparement a atteint son statut d'oeuvre post-moderne culte. D'autant que son auteur mouru assassinée à NY par un inconnu une semaine seulement aprés la sortie du livre, ça fait désordre...Zorn fut inspiré par le livre, c'est indéniable. On se retrouve de nouveau dans un film imaginaire avec une narration (en français, par Sylvie Courvoisier, cocorico !) exactement comme le processus de "Godard/Spillane". Des passages lyriques (la piano de Courvoisier, le violoncelle de Lee), des reminiscences asiatiques (le Shakuhachi de Rothenberg), Des ambiances étranges (Wollesen et Zorn aux percussions et samples), une certaine forme de suspense, bref, une trés belle composition réfléchie et inspirée, et certainement une future oeuvre majeure du maitre Zorn.
On peut quasiment en dire autant de "Liber novus", composé en 2010, et couvrant 16 minutes. . Inspiré par le "red book" (nommé pourtant "liber novus" à l'origine) du psychiatre et psychologue Carl Gustav Jung (voir sur wikipedia pour plus de détails). Un livre trés imaginatif apparement, destinée à developper l'imagerie mythique à travers l'inconscient collectif. Son auteur y rencontre des protagonistes accompagné d'animaux. C'est pourquoi la composition de John Zorn renferme elle aussi énormement de sons d'animaux (chiens, lions, serpents, cochons, oiseaux), couplé avec de superbes instrumentaux mélodiques ou des instants bruyants abruptes et vifs. On décéle facilement un trés gros boulot de mise en place des structures, alors qu'il n'y a dans le fond seulement que quatre musiciens (Zorn n'effectuant qu'une trés courte narration allemande). Hormis Wollesen toujours impeccable avec ses percussions de sa propre fabrication, on remarquera des collaborateurs un peu inhabituels du cercle Zornien : John Medeski à l'orgue, Stephen Gosling au piano, et David Slusser aux effets sonores (trés nombreux d'ailleurs).
Le faible nombre de musiciens n'empêche cependant pas la richesse spirituelle (obligatoire étant donné le sujet) de la composition d'agir, et de se completer merveilleusement bien avec "Dictée". Ce disque demeure donc un chapitre important dans l'"archival serie", et sera à coup sur un futur classique.
dimanche 3 octobre 2010
JOHN ZORN - Ipsissimus
86eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Neuvième disque du marathon Zornien puisque 12 nouvelles oeuvres sont attendus en 2010 (on annonce même le chiffre de 15, car il est vrai que plusieurs rééditions sont à paraitre, ainsi qu'une première parution vynil)
Chouette digipack une nouvelle fois, bien mieux foutu que "the crucible", avec des peintures de William Blake à l'intérieur, et un coté arty comme nous a habitué Tzadik au fils des années.
Nouvelle livraison de Moonchild donc, dont je préssentais l'arrêt au dernier opus de 2008, et dont vous apprécierez l'erreur de pronostic une nouvelle fois (moralité : plus de pronostic). La nouveauté 2010, histoire que la formation ne tourne pas en rond, demeure une configuration qui se veut soit minimaliste (le duo rythmique Dunn-Baron dans son plus simple appareil), soit normale, soit maximaliste (le trio originel, accompagné de Zorn au sax et de Ribot à la guitare). Le premier titre en quatuor est trés bon, même si déja entendu dans le genre. La vrai découverte s'installe dés le second titre "the book of Los", ou Ribot débarque tranquillement et s'immisce dans la formidable paire rythmique pour un morceau incantatoire au possible, une montée ultra progressive ou le quintet explose de fureur sur le final. Même configuration pour le superbe "warlock", tout en contraste, avec la guitare qui apporte une vrai énergie en plus. Le reste des morceaux reste correct, mais malheuresement n'apporte pas de vraies innovations : Si Dunn (qui claque moins les cordes et enchainent plus les notes) et Baron reste un solide pilier, Ribot se lâche parfois dans des délires noisy et dissonants digne d"Asmodeus" dont je ne suis pas super fan, Patton s'essoufle dans son propre registre à force de crier et gonfler la gorge, et Zorn est relativement discret. Mais que devions nous attendre de plus de Moonchild ? Deux titres énormes, et un album correct dans son ensemble, on s'en tire plutôt pas mal. Avec la densité de l'oeuvre Zornienne durant cette année 2010, on ne blamera donc pas le saxophoniste de jammer avec ses potes de temps en temps...
Chouette digipack une nouvelle fois, bien mieux foutu que "the crucible", avec des peintures de William Blake à l'intérieur, et un coté arty comme nous a habitué Tzadik au fils des années.
Nouvelle livraison de Moonchild donc, dont je préssentais l'arrêt au dernier opus de 2008, et dont vous apprécierez l'erreur de pronostic une nouvelle fois (moralité : plus de pronostic). La nouveauté 2010, histoire que la formation ne tourne pas en rond, demeure une configuration qui se veut soit minimaliste (le duo rythmique Dunn-Baron dans son plus simple appareil), soit normale, soit maximaliste (le trio originel, accompagné de Zorn au sax et de Ribot à la guitare). Le premier titre en quatuor est trés bon, même si déja entendu dans le genre. La vrai découverte s'installe dés le second titre "the book of Los", ou Ribot débarque tranquillement et s'immisce dans la formidable paire rythmique pour un morceau incantatoire au possible, une montée ultra progressive ou le quintet explose de fureur sur le final. Même configuration pour le superbe "warlock", tout en contraste, avec la guitare qui apporte une vrai énergie en plus. Le reste des morceaux reste correct, mais malheuresement n'apporte pas de vraies innovations : Si Dunn (qui claque moins les cordes et enchainent plus les notes) et Baron reste un solide pilier, Ribot se lâche parfois dans des délires noisy et dissonants digne d"Asmodeus" dont je ne suis pas super fan, Patton s'essoufle dans son propre registre à force de crier et gonfler la gorge, et Zorn est relativement discret. Mais que devions nous attendre de plus de Moonchild ? Deux titres énormes, et un album correct dans son ensemble, on s'en tire plutôt pas mal. Avec la densité de l'oeuvre Zornienne durant cette année 2010, on ne blamera donc pas le saxophoniste de jammer avec ses potes de temps en temps...
ZEENA PARKINS - Pan-acousticon
Je ne vais pas m'étendre des heures sur cette oeuvre de Zeena Parkins : je ne l'ai vraiment pas apprécié. Cela peut sembler bizarre, car nous avons affaire ici à un disque expérimental pur souche, dans la même veine que beaucoup d'autre volumes de la section. L'approche de composition de la harpiste m'a passablement exaspéré : sans queue, ni tête, les morceaux se perdent dans des méandres bruitistes usants, des clichés instrumentaux fatiguants, et un concept complétement raté. Trés vite, on se prend à zapper beaucoup de passages particuliérement stressant, dans le mauvais sens du terme. Parkins s'offre donc le luxe de nous offrir la vision la plus corrompue de la musique expérimentale : du croquage de cerveau quasiment gratuit, avec des instrumentaux bien chiant. J'espere pour la harpiste que ces autres disques sur Tzadik sont meilleurs que celui çi...
ANTHONY COLEMAN - Freakish
Pas grand chose à dire sur cette nouvelle livraison d'Anthony Coleman pour le label de son pote saxophoniste. S'attaquant au répertoire de Ferdinand "Jelly roll" Morton, l'un des inventeurs estampillé du jazz dans les années 1920, Anthony Coleman aura mis quelques années avant de se décider d'apprendre les 13 titres qui composent ce "Freakish". Trés agréable à l'écoute, le piano de Coleman swingue et demeure plein de fantaisie, on est trés vite transposé dans une maison close au coeur de l'Amérique, les endroits de prédilection ou Morton jouait. Voir le wikipedia du gaillard pour plus d'infos intéréssantes. Une chose est sure, l'hommage de Coleman est sincère et dévoué, et vos oreilles le ressentiront...
Inscription à :
Articles (Atom)