4eme disque sortis par John Zorn sur la composer series, destiné avant tout à ressortir ses archives de chamber music, montrant ainsi ses talents de compositeur contemporain. On est ici aussi pleinement dans la notion d'archives, puisque les compositions ont plus d'une décénnie d'écart entre leur création.
On démarre avec la première de l'opus, "for your eyes only", composé en 1988 pour un orchestre complet. On pouvait retrouver une seconde version "hollandaise" sur "Cartoon S/M" enregistré en 1998. Celle sur "Angelus novus" est la première version américaine avec Stephen Drury en chef d'orchestre, et les étudiants d'un convervatoire de Boston qui sont aux instruments, pour un enregistrement qui eu lieu le 6 février 1996. Une pièce sonore incroyable de 15 instruments et 20 joueurs, qui voit les choses en grand aussi bien sur le fond et la forme. Certainement l'hommage inavoué de Zorn à Carl Stalling, grand créateur de la musique de cartoon. "For your eyes..." explore cette voie, dans une veine un poil plus sombre et violente, pour un résultat bluffant...
C'est à seulement 19 ans que John Zorn s'attele à la composition de "Christabel", sa toute première composition classique écrite en 1972, deuxième piece du disque qui restera trés longtemps dans les cartons de son auteur. C'est principalement l'oeuvre du même nom redigé par le poéte et critique britannique Samuel Taylor Coleridge en 1816 qui inspirera le new yorkais. Un poéme médiéval sombre qui fait office de classique dans la littérature anglaise, tandis que son auteur débutait sa dépendance à l'opium. "Christabel" est à la base prévu pour cinq flûtes, auquel s'ajoutera un violoncelle pour l'enregistrement le 18 novembre 1996 par des musiciens inconnus. Le résultat est sombre et envoutant, même si un peu court avec ces seuls sept minutes...A noter qu'entre la composition et la mise en vie du morceau, il se passera donc 24 ans ! Il doit trainer des tonnes choses dans les cartons, carnets et archives de Zorn...
"Carny", pièce pour piano solo de 1989, interprété par Stephen Drury en juin 1992, peine un petit peu à me séduire. On a affaire ici à une composition minimaliste et somme toute un peu longue, hormis si on est un adorateur du piano. On retrouvera une version identique sur "Cartoon S/M", interprété par un japonais.
Enfin, la dernière pièce correspond au titre de l'album. "Angelus novus" est la plus récente de toute, car composée en 1993, et enregistré en 1997. Elle est dédié à Walter Benjamin, philosophe et critique littéraire allemand d'origine juive qui connut un succés posthume de ses écrits aprés son suicide tragique lors de sa fuite d'allemagne vers l'espagne ; proche d'Adorno, il fut le créateur de la théorie à caractériser la spécificité de l'oeuvre d'art comme unique, lié à un endroit précis et qui s'inscrit dans l'histoire. Composé pour huit musiciens qui forme un quatuor d'instruments à vent : deux bassons, deux cors, deux hautbois et deux clarinettes. Dans la grande tradition classique contemporaine, "Angelus novus" est une pièce instinctive qui alterne folie et douceur, avec une classe infinie, comme l'atteste le sublime finish "pardes".
Ce chapitre chamber music de Zorn est brillant, et je reste épaté de constater sa constance à composer à travers plusieurs décénnies. 28eme référence de la composer serie sortis en 1998...
samedi 9 janvier 2010
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