jeudi 25 août 2011

JOHN ZORN - The satyr's play / Cerberus

90eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Superbe digipack classieux offert cette fois çi par Tzadik, d'ailleurs un peu plus cher qu'à l'accoutumée, répercussions des frais de fabrication on imagine. A noter aussi que 666 copies du disque ont été numéroté et signé par Zorn, et que 66 copies sont collector avec une édition spéciale du livret du disque emballé dans de la peau de Bouc satiné avec de l'or (!), à priori c'est ce que j'ai compris du moins. Zorn, passioné de numérologie, fait encore des siennes. Deux nouvelles pièces comme le titre l'indique, disctinctement séparé à la manière de "Godard/Spillane" par exemple.

On démarre avec "The satyr's play" qui retranscrit les excès des bacchanales et des saturnales, fêtes romaines dont dérive l’invention du carnaval. Plus d'infos en se renseignant sur la toile. Le texte de présentation du livret est orné des dessins mystiques à forte connotation sexuelle d'Austin Osman Spare (artiste anglais et magicien qui aura quelques affiliations et déboires avec Aleister Crowley, entre autre). Les textes ésotériques sombres sont fait pour être lu à haute voix à certains moments de la pièce (renvoyant certainement cet acte à des incantations rituelles). Conçus pour deux percussionistes, on n'est pas étonné que ce soit Kenny Wollesen et Cyro Baptista qui s'y colle, eux qui avait déja collaboré avec Zorn dans ce genre de pièce, notamment les filmworks. On remarquera aussi beaucoup d'effets sonores divers lors de la pièce (animaux, jouissance féminine, stimulation d'orgie, coup de fouet, etc...), certainement conçus avec l'aide de David Slusser. Ces effets sonores étoffent grandement "the satyr's play", On est transporté à Rome dans l'antiquité, en pleine bourre pour l'orgie du mois au temple en l'honneur de Dionysos-Bacchus, le dieu du vin. Tout un programme.

Changement radical d'ambiance avec "Cerberus", trame sonore de dix minutes. Cerbere, soit le chien à trois têtes gardant l'entrée des Enfers dans la mythologie grecque. Il empêchait ainsi ceux passant le Styx de pouvoir s'enfuir. Les trois cuivres présent (trombone, tuba, trompette)dans cette pièce personnifie les trois têtes du Cerbère. Démonstration sonore des trois cuivres pour une inspiration mythologique et démoniaque, un classique du genre Zornien. La pièce est bonne dans l'ensemble, même si plus courte et synthétique que la précédente.

Musique de Chambre impériale proposé par John Zorn, dont on saluera une nouvelle fois l'habilité à composer et offrir de la grande musique au service de ses nombreuses influences artistiques flirtant avec la mythologie cette fois çi.

OKKYUNG LEE - Noisy love songs

Il est vrai que Okkyung Lee n'a pas chômé depuis son arrivée à New York en 2000. Membre importante de la Downtown scene, elle a collaboré avec beaucoup de monde, Christian Marclay et Thurston Moore entre autre, ainsi que le parrain John Zorn en la faisant participer à "Femina", grand disque proposé par le maitre New Yorkais. Son affiliation avec Tzadik étant évidente, "Noisy love songs" succéde à "Nihm" sortis en 2004, bon chapitre de la série Oracles dédié aux travaux des femmes dans la scéne expérimentale mondiale. Ce disque est entouré d'un sous titre "for George Dyer", hommage appuyé à l'écrivain et poéte anglais du XVIIIeme. Si quelques instruments apparaissent en plus, les deux oeuvres de Lee restent sommairement dans la même veine, à savoir de la chamber music haute en violon et piano, mais avec cette folie qui caractérise l'improvisation bruitiste pure. Les inspirations coréénne transpire certainement moins, au profit de plus de folie dans l'interprétation. On retrouve aussi un titre inédit issus de la session de "Nihm" ou l'on retrouve Ikue Mori pour une apparition habituelle au laptop (accompagné d'un percussioniste). Même si je l'écouterai pas tous les jours, "Noisy love songs" est un bon disque d'expérimental inspiré et recherché. Le titre de l'album est bien trouvé d'ailleurs...

lundi 15 août 2011

MAZAL - Axerico en selanik

"Mazal est un subtil mélange de chants séfarades anciens et de musique actuelle aux sonorités électroniques et samplées. Ce métissage de tradition chantée et de modernité musicale se veut à l'image de la culture juive-espagnole empreinte d'amalgames orientaux et occidentaux depuis le moyen-âge. Grâce à l'apport de sons électroniques et de riches rythmiques, Mazal ouvre les voies du possible de la réconciliation interculturelle, au-delà du temps et de la vanité des mots. Mazal fait souffler un air de modernité créant dans la rencontre, un flux musical énergique et dansant. "

C'est les vacances, je suis un peu en mode flemmard, et j'ai donc recopié le petite introduction sur le site de Mazal. On a en effet de la chance d'avoir de plus en plus de groupes français sur Tzadik, et ces derniers se présente mieux que ce que j'aurais pu faire. 4eme groupe gaulois sur la radical jewish culture (le 3eme en 1 an), on a de quoi être fier. Et Mazal est sans conteste le plus original : exit le klezmer un poil barrée des autres combos, Le duo bouleverse les codes en faisant honneur à la fameuse "french touch" qui fait que plusieurs artistes de musique electronique français sont connus dans le monde entier. L'alchimie entre la tradition des lignes de chants d'Emanuelle Rouvray et l'instrumentation de Thomas Baudriller est absolument parfaite dans le style. Gros travail d'ailleurs de ce coté la, la musique n'étant pas qu'un assemblage de rythmiques électroniques basiques, mais plutôt un vrai travail de sampling d'instruments traditionnels (mandoline, accordéon, percussions...) avec tous le coté electro, flirtant parfois dans une approche quasi lounge. L'ensemble sonne résolument dansant, moderne et créatif, un vrai première pour la section juive. Mazal nous offre une approche unique que j'ai fortement apprécié, tout comme John Zorn à priori. Et il s'agit d'un des disques les plus originaux et aventureux du label Tzadik. A découvrir d'urgence...

dimanche 14 août 2011

JOHN ZORN - Caym book of angels 17

En premier lieu, l’artwork de ce skeud’ est sublime : un digipack de toute beauté avec étoile gravé sur le front et tout…la grande classe ! Ensuite, Après la série sur radical jewish culture qui voyais à l’honneur des disques hommage pour les 10 ans de Masada, voici une nouvelle série d’album hommage ou des groupes reprennent des standards du groupe de Zorn à leurs sauces, puisant dans le repertoire des 300 chansons écrites par Zorn en 2004 ("book of angels") mais que Masada ne garda pas.

C'est avec grand bonheur que j'ai découvert et apprécié ce 17eme volume initié par Cyro Baptista et son groupe Banquet of the spirits, volume evident étant donné les nombreuses années d'amitié entre le compositeur new yorkais et le percussioniste brésilien. Je partais en territoire connus puisque j'ai vu le groupe joué par deux fois une partie de ces morceaux lors des deux masada marathon à Milan et New york. Et les prestations données ces soirs la étaient tout simplement ahurissante, et parmis les meilleures de tous le marathon. Les 12 titres de "Caym" sont tout simplement énormes, vous vous en doutez. Etrangement arrangé par Shanir Ezra Blumenkranz (en lieu et place de Cyro Baptista lui même), c'est d'autant plus étonnant puisque qu'il ne fait à priori plus partis du groupe depuis au moins le mois de mars (il était absent du marathon à New york, et le quartet s'était transformé en quintet). Ce dernier a cependant effectué un travail colossal sur ce disque, avec des arrangements et des orchestrations d'une richesse infinie, tout comme Trey Spruance l'avait fait avec Secret chiefs 3. Le paralléle entre "Caym" et "Xaphan" n'est pas trop usurpé de toute façon, même approche world music, même luxuriante et complexe adaptation des compositions Zornienne, même folie en concert. Au final, "Caym" rentre aisement dans mon top 5 des book of angels, un disque dont on ne se lassera vraisemblablement jamais d'écouter...

samedi 13 août 2011

JOHN ZORN - Nova express

89eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Nouveau digisleeve un poil minimaliste concocté par Tzadik, dans la même veine que "in search...", artwork adéquate pour dévoiler enfin un hommage de longue date prévus par Zorn à l'écrivain William Burroughs (ainsi que collégue de débauche Brion Gysin) dont le compositeur est fan depuis 1970.

"Nova express", troisième nouvelle de la "nova trilogie", commentaire social de 1964 rédigé par Burroughs. Tout comme "Interzone", Zorn s'appuie donc sur l'univers de l'écrivain de la beat generation pour composer ces deux chapitres qui sont complémentaires tout en étant techniquement assez différent. Différent sur la forme, plusieurs musiciens d'Interzone s'étant paumé en cours de route, il ne reste plus que le quartet Dunn/Basse, Medeski/Piano, Wollesen/Vibes et Baron/batterie, soit une formation plus typé "jazz". Différent sur le fond egalemment, les longues tirades sonores sont remplacés par des morceaux au format classique (entre deux et sept minutes). John Zorn a voulu de son propre aveu associer le coté lyrique de ses chamber works avec la technique du Cut-up à la façon de Naked city (technique rodé au sein de morceaux de format assez court) avec la virtuosité technique de Masada (les musiciens se connaissant bien, et étant donné leur CV, c'etais jouable). On se retrouve donc avec effectivement 10 titres parmis les plus "epileptiques" du compositeur, ou la technique et le feeling des performers est tout simplement ahurissante. Composition pure ou partie improvisée ? J'aime à penser les deux, mais le format synthétique des morceaux laisse plutôt penser à des partitions noircies de notes. Un travail de compositeur admirable une nouvelle fois, pour un résultat qui surprendra moins l'auditeur qu"Interzone" qui se révélait beaucoup plus riche en terme d'atmosphères et de surprises. Les mauvaises langues pourront même dire qu'il s'agit d'une version plus jazzy et virulente d'In search of the miraculous. Mais "Nova express" est tout de même une oeuvre singulière et magnifique de dextérité et de compléxité harmonique. Et le final "between two worlds" est délicieusement exquis. A se procurer, tout comme l'oeuvre de Burroughs...

mercredi 10 août 2011

ARTICHAUT ORKESTRA - T for Teresa

Il est coutume de compter sur la présence des groupes français dans les rangs de Tzadik, LE label new yorkais de référence, pour la plus grande joie de nos compatriotes et de moi même, investigateur de ce modeste blog en hommage avant tout au label. La France aime Tzadik, le label le lui rend bien à priori.

Ainsi, aprés Zakarya, Autoryno, et Mazal sur la radical jewish culture, voici l'arrivée en fanfare de l'Artichaut orkestra, et une représentation en force de la ville rose, puisque le groupe succéde à Stabat akish (sur la composer serie) en tant que combo toulousain à faire son incursion dans le giron américain, offrant ainsi une exposition mondiale à l'orchestre. Orchestre qui se résume d'ailleurs à un quatuor assez standard dans le cadre de la musique juive : Batterie, guitare, accordéon, et clarinette. Dés les premières mesures, on est scotché par la déxtérité de Camille "Artichaut" Humeau, qui maitrise autant la clarinette que son mentor David Krakauer. Ce fil conducteur servira ensuite à la formation pour ne pas s'encombrer ave beaucoup de codification musicale, mixant klezmer, approche jazzy, dérive rock et feeling classique avec une facilité frisant la désinvolture et le talent outrageant. Qu'ils reprennent du Bach à leur sauce, qu'ils se la jouent klezmer habile dés le titre d'ouverture, péte un cable en plein milieu du disque ("cirquenscie") ou parte dans des délires fusion digne de Zakarya sur le bien-nommé "façon puzzle" (la comparaison n'est parfois pas usurpé), c'est toujours éxécuté avec une technicité sans faille et une classe frenchy qui redonne des couleurs à notre pays. Vous l'aurez compris, encore une arrivée marquante sur la radical jewish culture, l'identité juive, le brassage des genres et l'innovation musicale formant parfaitement l'univers de l'Artichaut orkestra...