samedi 31 juillet 2010

JOHN ZORN - Mysterium

"Rester en contact avec une force créative qui donne à ma vie un sens peut parfois simplement signifier choisir de faire la bonne chose au bon moment. Je ne suis pas le genre de compositeur qui peut écrire sur demande, ainsi que d'avoir un rendement quotidien. Pour moi, composer est une croyance sacré, une journée dans l'inconnu, une expérience mystique (et non un boulot), et les pièces que je dévoile au monde ont toujours été conçus dans un flash hypnotique d'inspiration, précédé d'une recherche exhaustive et poursuivit d'un dur travail. Le temps est souvent long, mais la décision de mettre mes idées sur partition est souvent spontané et mystérieusement inexplicable..." (John Zorn, Paris, 2005)


C'est grosso modo dans cette thématique que John Zorn composa la trilogie de musique de chambre présenté aujourd'hui et parus sur la composer serie en 2005.
Dernier chapitre de la trilogie avec un "mysterium" composé en 2004 et qui demeure une magnifique conclusion. Superbe artwork d'une illustration de 1825 intitulé "on the edge of chaos", ça nous met dans l'ambiance direct, mais si cet opus est plus mystique que sombre et malsain. La dernière piéce est un string quartet classique assez basique qu'on oubliera assez dans les méandres de l'oeuvre massive Zornienne. En revanche, les deux autres pièces sont tout simplement incontournables.
"Frammenti del Sappho" est une pièce avec pour inspiration les écrits de la poétesse grecque Sappho (VIIeme siècle avant JC). Son homosexualité latente a inspiré Zorn de faire appel à un groupe de choristes féminins pour interpréter les 13 minutes d'une des pièces les plus belles harmoniquement parlant, et dont le compositeur se rapproche au plus de la tradition ancienne.
Avec "Orphée", dernière pièce et certainement la plus réussis de la trilogie, John Zorn tape dans le sublime et rentre certainement au panthéon des grands compositeurs contemporains avant même sa mort. Inspiré par Claude Debussy et la culture française en général, cette composition "miniature" (seulement 9 minutes) réussit pourtant à synthétiser toute la dimension dramatique et mystèrieuse du triptyque. Incontournable...

JOHN ZORN - Rituals

"Rester en contact avec une force créative qui donne à ma vie un sens peut parfois simplement signifier choisir de faire la bonne chose au bon moment. Je ne suis pas le genre de compositeur qui peut écrire sur demande, ainsi que d'avoir un rendement quotidien. Pour moi, composer est une croyance sacré, une journée dans l'inconnu, une expérience mystique (et non un boulot), et les pièces que je dévoile au monde ont toujours été conçus dans un flash hypnotique d'inspiration, précédé d'une recherche exhaustive et poursuivit d'un dur travail. Le temps est souvent long, mais la décision de mettre mes idées sur partition est souvent spontané et mystérieusement inexplicable..." (John Zorn, Paris, 2005)


C'est grosso modo dans cette thématique que John Zorn composa la trilogie de musique de chambre présenté aujourd'hui et parus sur la composer serie en 2005.
Second chapitre avec "Rituals", pourtant plus vieille composition de la trilogie (1998) mais seulement enregistré en 2004. Toujours les mêmes influences récurrentes d'incantations, de rituels et de magie, mais nettement plus théatralisé, aussi bien sur le fond musical que sur la forme scènique. Conçus comme un "monodrame pour voix et dix instruments", "Rituals" a tout effectivement de l'opéra lyrique contemporain à la manière de l'oeuvre "Chimeras". John Zorn explique d'ailleurs sa vision scènique de l'oeuvre : un théatre ancien, des costumes, un jeu de lumière atmosphérique et dramatique, beaucoup de bougies, de la fumée qui s'échappe de dérrière la scène, des images ésotériques et des textes de languages mystiques projetés. Dommage que cette représentation n'ait jamais eu lieu d'ailleurs, ca serait quelque chose. Brad Lubman, réccurent chef d'orchestre des chamber works de Zorn qui dirige 10 musiciens géniaux, dont William Winant et Jim Pugliese qui, outre les percussions, sont en roue libre totale tout au long des 26 minutes avec une tonne d'objets (eau, vent, claquement, gravure, papier, etc...). Le seul bémol : on entend trop la choriste, elle gâche un peu certaine ambiance parfois. Mais "Rituals" reste un grand opéra contemporain, et une oeuvre incroyable, pierre angulaire de la trilogie, même si le meilleur volume reste à venir...

JOHN ZORN - Magick

"Rester en contact avec une force créative qui donne à ma vie un sens peut parfois simplement signifier choisir de faire la bonne chose au bon moment. Je ne suis pas le genre de compositeur qui peut écrire sur demande, ainsi que d'avoir un rendement quotidien. Pour moi, composer est une croyance sacré, une journée dans l'inconnu, une expérience mystique (et non un boulot), et les pièces que je dévoile au monde ont toujours été conçus dans un flash hypnotique d'inspiration, précédé d'une recherche exhaustive et poursuivit d'un dur travail. Le temps est souvent long, mais la décision de mettre mes idées sur partition est souvent spontané et mystérieusement inexplicable..." (John Zorn, Paris, 2005)


C'est grosso modo dans cette thématique que John Zorn composa la trilogie de musique de chambre présenté aujourd'hui et parus sur la composer serie en 2005.
Premier chapitre avec "Magick", disque dont les influences non-voilés se base sur les magies noires et blanches. On saluera la sublime pochette, qui est une illustration du mythique Gustave Doré (Zorn signe comme Dante son enfer personnel) et qui retranscrit bien cette atmosphère oppressante. Le disque s'ouvre sur un string quartet complexe et sombre qui s'intitule "Necronomicon" (le fameux livre des morts inventé par HP Lovecraft, rendu populaire par un certain film de Sam Raimi). Plusieurs mois de préparation, trois mois de composition à plein temps en 2003, et certainement le string quartet de Zorn le plus aboutis : divisé en 5 parties (trois virulentes, et deux basé sur les ambiances), le compositeur réussis son défis de nous balancer dans un univers mystique propice aux incantations et autres rituels de magies.
A l'inverse de "Necronomicon", la seconde pièce basé sur la sorcellerie intitulé "Sortilège" fut composé dans un flash d'inspiration en seulement une journée en 2001, et fût enregistré quelques jours aprés. Une pièce composé pour deux clarinettes basses, parmis les plus difficile à retranscrire si on en croit Zorn. Le résultat n'est cependant pas incontournable en terme d'univer sombre, ça casse même un peu l'ambiance froide instauré précédemment et c'est dommage. D'un point de vue général, je trouve que "Magick" est le plus faible des trois volumes...

vendredi 23 juillet 2010

JOHN ZORN - Chimeras (2001/2009)

9eme disque sortis par John Zorn sur la composer series, destiné avant tout à ressortir ses archives de chamber music, montrant ainsi ses talents de compositeur contemporain. On est ici aussi pleinement dans la notion d'archives, puisque les compositions commencent à avoir plus d'une décénnie d'ancienneté.

Un travail de composition de John Zorn établis en 2001 mais sortis uniquement en 2003. La musique expérimentale et avant gardiste que propose le compositeur new yorkais est réservé à une forme d'élite. Deux choses me font dire ça : la première est tout simplement avec cette musique étrange dont je vous ferai une vague description après, la deuxième est que les sources d’inspiration de Zorn sont unique et hautement intellectuelle. Pour ce « Chimeras », le compositeur s’est donc appuyé sur le travail de Schoenbergs (avec son oeuvre « Waltz »), sur « l’ouvroir de littérature potentielle » (en français dans le texte), et sur le travail de Georges Perec, un auteur français qui a fait des recherches en Lipogramme, comprenait par la un mode d’écriture qui consiste à supprimer certaines lettres de l’alphabet (par exemple, un chapitre sans la lettre A, etc…). Bon, grâce à ce disque, je mourai moins bête, et grâce à cette chronique, vous aussi…Musicalement parlant, « Chimeras » regroupe treize titres qui nous font penser à une sorte d'opéra lyrique avant gardiste : bruit du vent, violon, papier écrasé, flûte, orgue, bruits du feu, gong retentissant, piano, et voix de récital entre autres. Le rendu final est sublime, une fois que l’on a bien sur digérer le disque et réussit à rentrer dans cet univers malsain et relativement sombre. Dramatique et coloré, cette composition est d’une virtuosité exemplaire qui fera travailler votre imagination…(cette kronik date de 2003)

Parlons à présent de la réédition de 2010. Pour le coup, je serais un peu moins emballé que les récentes sortis de cette année. Non pas que le disque est moins bon que le précédent, mais il n'apporte pas grand chose supplémentaire non plus. Zorn conçoit dans le livret s'être trompé de tonalité pour "Chimeras" et décide en juin 2009 de reprendre les structures et de remodéliser l'ensemble. Mais le résultat sonne relativement identique, ce sont de trop petites subtilités pour qu'on puisse les percevoir clairement. Un postlude de Célesta a été rajouté à la fin, censé apporter une fin d'ambiance à la pièce, mais ce dernier dure...14 secondes. Un grosse modification donc. La pochette quand à elle est un négatif de l'original, celle çi devenant blanche en majeure partie. Bref, une nouvelle version pour les collectionneurs uniquement...

jeudi 22 juillet 2010

AUTORYNO - Pastrami bagel social club

Cocorico, voici le 2eme groupe français à pointer le bout de son nez sur la radical jewish culture aprés Zakarya (je n'inclus pas les compositeurs français sur la composer serie qui eux sont plus nombreux...). Autoryno qui viennent de Paris donc , et qui officie dans la catégorie du power trio qui a des choses à démontrer. Aprés une belle pochette bien arty, le disque démarre sur les chapeaux de roue avec un "ouverture automatique" excellent, ça y est, le rock et le klezmer ne font plus qu'un pour créer une sorte de fusion yiddish éléctrique des plus jouissives, d'autant qu'un accordéon et une clarinette viennent en renfort. Ce titre brouille cependant un peu les pistes, puisque la suite du pastrami se déroule uniquement en trio, renforcant un peu le coté rock. Ca n'enleve cependant en rien les brillantes qualités de l'opus : une guitare en totale roue libre, une basse qui n'hésite pas à partir dans des solos mortels, et une batterie solide qui tient la baraque rythmiquement. On comprend trés facilement pourquoi John Zorn a accroché sur Autoryno (quand on connait un peu le lascar...) : les parisiens inssufflent une nouvelle énergie à une musique qui repose sur la tradition à la base, même si je ne suis pas sure que les familles juives pratiquantes y adhèrent toutes. Le trio a cependant une classe et un feeling indéniable, ainsi qu'un talent de visionnaire a créer une musique moderne et groovy, en total contraste avec le klezmer que tous le monde connait. C'est d'ailleurs le but revendiqué de la radical jewish culture, et Autoryno est partis pour en devenir un acteur renommé...

samedi 17 juillet 2010

JOHN ZORN - Madness, love and mysticism

7eme disque sortis par John Zorn sur la composer series, destiné avant tout à ressortir ses archives de chamber music, montrant ainsi ses talents de compositeur contemporain. On est ici aussi pleinement dans la notion d'archives, puisque les compositions commencent à avoir plus d'une décénnie d'ancienneté.

Trois pièces sonores composé par John Zorn en 1999 et seulement enregistré en 2000 et 2001, j'ai l'impression que le compositeur New Yorkais est plus réactif aujourd'hui et enregistre sur le champs, ne laissant plus des partitions trainer dans les cartons de son appart' à Manhattan. Le premier thème est donc la folie, avec pour référence Antonin Artaud, poète et figure littéraire française qui aura beaucoup influencé Zorn au fils des années, et qui était bien fracassé du crâne il faut l'avouer (9 ans passé en hopital psychatrique). Inspiré par le poème d'Artaud baptisé "le mômo", voici une oeuvre basé sur le rituel de l'exorcisme et de la possesion, et qui est, de par son propre aveu, l'oeuvre la plus rigoureuse et organisé que John ait composé. Une pièce hypnotique et à l'atmosphère rituel dont se délecte Jennifer Choi au violon et Stephen Drury. On aurait pu imaginer le duo Courvoisier/Feldman dans cette interprétation aussi.

"Untitled", seconde pièce pour violon en solo est interprété par Erik Friedlander, dont on retrouve certaine réminiscence de "Volac" grâce à son jeu et son talent incroyable. Une composition dédié au sculpteur américain Joseph Cornell, un des artistes préféré de Zorn. Ce dernier a vécu dans le Queens, non loin de Utopia Parkway, l'endroit ou vivait Cornell : l'enfant Zorn se souvient d'un homme étrange et hermétique qui érrait dans le quartier et mangait des glaces, tout en recherchant des objets pour ces fameuses boites, assemblage surréaliste qui fit la petite réputation de l'homme. Avec le décés du sculpteur en 1972, on sent les regrets de Zorn de ne pas l'avoir cotoyé plus que ça, ce dernier était trop jeune pour pouvoir lier une relation amical avec. Mais Cornell reste une influence majeure pour la fameuse "intuition hermétique" si cher au compositeur qui nous sort un tribute majestueux.

"Amour fou" pour conclure. Un trio composé des trois musiciens pré-cité ci dessus, afin d'explorer les différents types d'amours irrationnels qui existe (obssessif, profond, folie, etc...). Un travail sur la sensualité et le mysticisme, et une mystérieuse et romantique direction emprunté par John Zorn durant les 20 minutes de la pièce. C'est vraiment brillant et à découvrir : les atmosphère s'installent et s'entremêlent, crééant un climat parfois apaisant, parfois tendue, mais toujours spirituel. Zorn avoue d'ailleurs qu'il y a une distinction française dans ces compositions qui mêle l'érotisme avec le mystère...

Trilogie surréaliste et figure de style des trois pièces qui explorent la virtuosité et l'intensité au sein d'une lecture romantique et d'hommages appuyé. Une belle oeuvre de la composer serie.

vendredi 2 juillet 2010

JOHN ZORN - The circle maker

22eme référence de la radical jewish culture, mais ce double album a de l'importance dans la discographie Masadienne. Aprés le pan musical "Bar kokhba" sortis deux années auparavant, John Zorn décide en 1998 de redonner du champs libre à l'univers de son groupe Masada en crééant deux nouvelles formations issus de celui çi.

Premier chapitre "Issachar". Réunion prise le 6 décembre 1997 avec le trio Feldman/Cohen/Friedlander qui formeront désormais le Masada string trio. Interprétation impeccable de pas moins de 18 titres du premier masada songbook, c'est quasiment un double set auxquel on assiste, limite un peu jusqu'à l'overdose. De plus, et j'en choquerai quelque uns en écrivant ceci, mais je suis pas un fan de cette formation. Cela semble evident cependant que c'est un groupe que John Zorn apprécie énormément (de par son talent et sa facilité de "direction") car les trois musiciens se manifesteront beaucoup dans les années à venir (un filmwork, beaucoup de lives, et pas moins de deux book of angels).


Le second chapitre m'est apparus beaucoup plus intéréssant, "Zevulun" s'attachant au début historique du Bar Kokhba sextet, avec la réunion de la formation le lendemain, le 7 décembre 1997. Le premier disque du même nom s'attacher à des petits groupements de musiciens qui formaient le "Masada chamber ensemble" (voir la kronik de ce disque). Mais c'est bel et bien sur cette oeuvre majeur que Zorn décide de donner une entité pré-défini au Bar Kokhba, soit six musiciens magistraux dans leurs lectures des compositions de Masada. Surf music, exotica, world music, easy listening et jewish tradition dans un grand melting pot de sensibilité et de feeling. C'est encore une fois que du bonheur, comme le brillant "lucifer" qui est pour moi un des meilleurs book of angels. Au final, les deux double album de John Zorn sur la section juive sont des indispensables, ni plus, ni moins...