vendredi 24 août 2012

MARK DRESSER - Banquet


Ami de John Zorn (il a participé au disque "spy vs spy"), c'est sur sa demande que Mark Dresser nous propose ses premiers travaux d'inspiration classique pour le label new yorkais en 1997 (soit deux après sa création seulement). Superbe pochette d'une peinture de Nora Ligorano et Marshall Reese, deux artistes conceptuels de Brooklyn. "Banquet" est un double concerto superposé ou on retrouve d'un coté un string quartet traditionnel (présence de Friedlander et Feldman), et de l'autre Mark Dresser à la contrebasse et un jeune artiste suisse Mathias Ziegler, qui officie sur de nombreux instruments. 4 mouvements divise la pièce, pour une durée de 25 minutes environ. Composition expérimentale classique, bonne dans son ensemble mais si la construction sonne assez convenue. On se rapproche de certains de Zorn sur cette même série. A juste titre, la seconde pièce s'avère beaucoup plus étonnante : intitulé "loss of the innocents", elle est dédié à toutes les victimes du crash aérien du vol 800 TWA qui choqua l'Amérique en 1996 (un avion explosa au dessus de NY juste après avoir décollé de l'aéroport JFK, l'avion se brisa en deux et s'échoua dans la mer prés de la côte : 250 victimes). Dramatique et sombre, les musiciens donnent leur lettre de noblesse à cette trame sonore avec une association différente : Erik Friedlander au violon, Marcus Rojas au tuba et Chris Speed à la clarinette. 10 minutes captivantes dans le genre. 27eme oeuvre de la composer serie.

vendredi 17 août 2012

NED ROTHENBERG - World of odd harmonies

Ned Rothenberg, compositeur reconnus du circuit Tzadik, nous revient en 2012 avec une oeuvre solo balancé à bout portant sur la composer série. C'est après une session riche et intéressante d'enregistrement à l'académie des arts et des lettres de New York le 14 et 15 août 2010 que Ned eut l'idée de sortir un nouveau disque solo, le choix fut vite trié par John Zorn lui même qui décida de ne retenir que les prestations à la clarinette. Démarrant son apprentissage à l'âge de neuf ans, Rothenberg abandonne vite son entraînement pour mieux se concentrer sur le saxophone durant l'adolescence ("plus attractif") ; Il se replonge à la basse clarinette vers la vingtaine, avant de lâcher l'affaire durant plus d'une quinzaine d'années, en profitant pour apprendre le Shakuhachi et connaître la carrière qu'on lui connaît. La clarinette est donc le dernier instrument dans lequel il trouvera sa voix, et la maturité des compositions se ressent grandement. Respiration circulaire, mélodies angulaires et un caractère polyphonique surprenant. Un disque hypnotique et tourbillonnant, l'un des plus singuliers du compositeur. La pochette est également une peinture de son auteur...

mercredi 15 août 2012

MASADA - 50th birthday celebration (7)


La série Celebration birthday rend hommage à l’historique performance de John Zorn qui a joué tous les soirs pendant le mois de septembre 2003 (au Tonic à NY) pour célébrer ses 50 ans. Le programme y est impressionnant, tous ces projets de l'époque étant représenté (mis à part Naked city). Je ne posséde pas encore tous les volumes de cette série et la remplit dont petit à petit. 18 septembre 2003, Masada répond présent pour l'anniv' du boss, chose logique puisque il s'agit certainement de la formation de Zorn la plus importante en matière de créativité et de longévité. 6 sets seront d'ailleurs programmés sur trois jours, celui çi est le premier. Le groupe n'a pas besoin de "répéter" pour que l'alchimie fonctionne parfaitement, c'est certainement ce qui fait la force et la beauté du quartet, l'un des plus important dans le jazz moderne. 8 titres classique du premier masada songbook pour une heure de set, des solos, de l'impro, de la folie, de l'accalmie, de la passion, de la technique, et une classe incroyable à tout moments. Masada quoi !


samedi 11 août 2012

JOHN ZORN - Cobra (1985)


"Cobra" est le 20eme Game piece composé par John Zorn depuis qu'il s'est attelé à la musique improvisée dés 1974 avec "Klarina". "Cobra" fut la plus populaire des pièces de ces 20 dernières années, tout simplement parce une première version est parut en 1984 chez Hat hut records (et sera réédité en 2002) la ou les autres trames sonores sont resté dans les cartons du grenier. A l'époque, Zorn, inspiré par les travaux de Cage sur l'improvisation, s'est mis dans l'idée de révolutionner la théorie de l'approche musicale en proposant des improvisations, basées non seulement sur des règles de jeu strictes (harmonie, vitesse, temps de jeu, etc…), mais aussi sur l'interaction des conditions sociales des musiciens dans le but de former une entité abstraite illustrant les comportements intuitifs spirituels et intellectuels de ces mêmes musiciens (ouf !). Les règles sont énoncés via des prompteurs, des flash, des gestes de mains, respectant un timing précis. La première version de "Cobra" avait inclus tous les collaborateurs et proches de Zorn de l'époque. Puis l'oeuvre fit le tour du monde, à tel point qu'elle fut la composition la plus jouée en matière de musique "nouvelle et avant gardiste".

Compléter le 9 octobre 1984, voici donc la réédition de la première version de Cobra sortis sur Hat hut en 2002 (la pochette est différente, l'originale ci dessus étant plus sympa et à l'origine du Filmworks VII). Tous les collaborateurs de l'époque sont présent (en vrac : Bill Frisell, Elliott Sharp, Zeena Parkins, Anthony Coleman, Arto Lindsay, etc...) pour un grand moment de décadence improvisée. J'avais piquer un bout de kronik de "Cobra" (Vol 2) sur Guts of darkness, je recommence donc pour le volume 1
"Ne cherchez pas une accroche, ni une mélodie, ni un rythme, encore moins un sentiment. Cobra parle à la tête, et encore, notre aire de Wernick risque d'être mise à mal tant ce langage musical nous parait incompréhensible. Néanmoins, au détour d'un bordel, on pourrait presque apercevoir une lueur de fun dans les impros, comme ce morceau "Fantasia" (ou même "Violento") où l'ami Sharp y va de ses contorsions vocales poilantes… C'est sûr, les mecs ont du s'éclater à faire ce Cobra, mais quand on est pas de la partie, c'est tout de suite plus chiant… Une œuvre pour les fans du conservatoire, ou à mettre dans une soirée, où, complètement bourré, vous essaierez de faire croire à vos amis que vous connaissez tout le disque en gesticulant dans tout les sens avant de vomir sur la donzelle tant convoitée (et au passage vous passerez pour le psychopathe de service)."


vendredi 10 août 2012

JOHN ZORN'S BOOKS OF ANGELS (Marciac, France, 6/08/2012)

Si je peux certes donner mon modeste avis sur quelques disques glaner par çi, par la, je déteste faire les lives reports, je me sens tout simplement mauvais dans cet exercice. De plus, ne vous étonnez pas de commentaires idiots et futiles de ma part, ainsi que du manque de détails ou de ne pas enjoliver le récit, tout ceci est NORMAL ! (don't like it, don't read it !).

Sachant que je suis allé le voir bien plus loin (Verona, Milan, NY, Paris, entre autre), il était assez logique de se déplacer au festival de jazz de Marciac dans le Gers pour aller voir une sympathique affiche de l'incarnation du Book of angels de John Zorn : une première pour ma part, et un chouette cadre de festoche (en vrac : petit village, des bars, des animations partout,des stands de bouffe partout, du foie gras, des groupes de jazz jouant à tout heure, et une ambiance feria du sud ouest mortel).

Abraxas : après une looonngue première partie d'Avishai Cohen, jazz chiant et poussif, c'est aux alentours de 23 heures que les "petits jeunes" qui interprètent le book of angels 19 montent sur scène. Je n'ai jamais écouté encore ce volume (il vient de sortir il y a peu sur Tzadik) donc pleine surprise pour ma part. Un set de rock noisy d'une quarantaine de minutes qui sera bien cool pour les oreilles très initiés de l'univers Zornien : le chapiteau de Marciac doit bien compter environ 5000 personnes, 1/3 du public s'est barré au bout de 3 minutes (majoritairement agé), on est passé du rang 38 au rang n°4, ce qui est plutôt chouette. Shanir bidule à l'air de diriger un peu le business, il regarde beaucoup les autres musiciens avec un instrument cosmique qui s'appelle du Gimbri, une espèce de basse à trois cordes du Ghana. Le batteur metalleux Kenny Grohowsky est en mode énervé, Eyal maoz est assis et attentif (limite attentiste), et laisse Aram Bajakian s'éclater avec l'autre guitare : ce mec est un sacré guitariste, il aura fait un festival de dissonance noisy, de solos sauvages, de riffs bourrins, avec une énergie rock bien cool. Un super set et j'ai hâte d'entendre ce fameux volume en studio...

Aleph trio : J'avais déjà vu l'incarnation de ce trio à Paris il y a deux ans (avec Baron et Trevor Dunn, pour un set sauvage et déchaîné, proche de Painkiller), ce second set de l'Aleph trio n'avait strictement rien à voir. Cette prestation sentait surtout le "bouche trou" pour John Zorn qui était un peu en rade de musiciens :  Shanir est donc présent à la contrebasse, Zorn au saxo, et Ches Smith à la batterie, en total roue libre pour le coup, ce qui nous prouve que ce mec est un monstre dérrière les fûts. Hélas, les improvisations n'était pas toute incontournables (un bon moment pur jazz au début, ça s'est un peu enlisé par la suite). Puis le set s'est un peu énervé, un autre tiers de la salle s'est barré, on bascule au rang n°2, c'est cool. Des titres de masada ont été joué (dont un "Shilim" tonitruant), mais force de constater que l'ensemble était moins cohérent qu'avec les musiciens de Masada (Shanir et Ches était un peu largué parfois). Une prestation en demi teinte mais on aura eu le plaisir de voir John Zorn et de l'entendre couiner, et ça, ça n'a pas de prix...

Secret chiefs 3 : je les ai déjà vu 3 fois, puis une fois interprété trois titres de "Xaphan" lors du Masada marathon de NY. Ils auront joué tous le disque pour le coup, lors d'une prestation tellement impériale qu'elle valait le déplacement à elle seule, il reste moins d'un tiers de la salle, on est au premier rang désormais. Sans leur grimmrobes (dommage), ils auront survoler le débat d'interpréter le volume 9 du bouquin des anges : Matt Lebofsky impec' aux claviers, April Centrone convenue aux percus, Timb Harris élément important au violoncelle, Ches Smith encore plus à l'aise derrière sa batterie, Gyan Riley très présent avec sa gratte, plus parfois que Trey Spruance, assez discret avec sa barbiche et ses bottes en cuir, mais en bonne tête pensante de sa formation. La surprise viendra aussi de la présence de Toby Driver, leader de Kayo dot, et à l'aise dans le rôle de bassiste de luxe (c'était trevor Dunn la dernière fois que je les ai vus, Secret chiefs ne semble plus avoir de bassiste attitré). Le public, bien que peu nombreux (environ 500 personnes je pense) dans ce grand chapiteau, est chaud bouillant, se lève et forme une fosse. Surprise, tous les musiciens se retrouvent sur scène pour interpréter un titre explosif de l'Electric masada (vous me rappellerez lequel, je ne me souviens plus de son nom) dans un délire improvisé bien cool. Départ. Puis le public hurle comme des dingues, on est au milieu d'un champs dans le Gers, on peut foutre le bordel, et les gars viennent de NY. Alors ils reviennent pour faire un game piece digne de Cobra avec John Zorn en chef d'orchestre : une ligne de guitaristes ultra high energy (4 gratteux si vous suivez, dont un Aram Bajakian en transe et ravis d'être la), deux bassistes (dont un Toby Driver qui toise amusé John Zorn qui s'agite), trois percussionnistes/batteurs, puis le clavier/violon. Tous le monde s'éclate, c'est une explosion sonique, un capharnaum sonore dirigé par Zorn, mais c'est vraiment trippant à voir. Salutations, clap de fin, il doit être deux plombes du mat', on est assommé par l'alcool, le foie gras, et la déferlante de son, mais on est heureux. Un super concert qu'il ne fallait pas rater.
Cheers !

Edit : j'ai fait quelques photos cool, mais il y a déjà des vidéos pros qui circule sur le tube, regardez les liens dans le blog du Zornographe (lien ci contre)

John Zorn + Ryuichi Sakamoto (The Stone, NYC, 25/04/2012)

Si je peux certes donner mon modeste avis sur quelques disques glaner par çi, par la, je déteste faire les lives reports, je me sens tout simplement mauvais dans cet exercice. De plus, ne vous étonnez pas de commentaires idiots et futiles de ma part, ainsi que du manque de détails ou de ne pas enjoliver le récit, tout ceci est NORMAL ! (don't like it, don't read it !).

Petit retour rapide sur mon excursion 2012 à New York (je m'y rend chaque année, meilleur ville au monde oblige), j'ai eu la chance d'aller voir la reformation de Refused en concert, et aussi (malgré que ce soit purement tombé au pif) d'aller voir un set au Stone, et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agissait de la rencontre entre Ryuichi Sakamoto (curateur du stone durant une partie du mois) et John Zorn, créateur et directeur artistique du club. Nous avons bien cru ne jamais rentré car il y avait déjà pas mal de monde devant l'entrée lors de notre arrivée, mais c'est sans compter sur la débrouillardise de Zorn qui a tassé le club lui même comme un sapeur pompier, faisant asseoir les gens par terre à même la scène (on devait être environ une petite centaine). Je me suis retrouvé assis à deux mètres de lui, fun !

Sinon, un piano sur lequel Sakamoto restera très évasif, tapant et bidouillant les cordes la tête directement dans l'instrument et jouant de manière très éparse et vague, ce qui donnait l'impression que c'est Zorn qui faisait tout le boulot au saxo. Au jeu de l'improvisation, c'est le maître de l'East village en la matière, alors ça reste du solide, il nous fera un festival. Quelques passages ambiant très agréable se dégageront du set, mais l'association aura du mal à décoller, la symbiose entre les musiciens n'étant pas des meilleures. Chaque set du stone dure normalement deux heures, 40 minutes plus tard, c'est déjà le final, même si Zorn aura joué sans s'interrompre, chapeau bas...