Un documentaire réellement impressionnant de par son graphisme, sa réalisation et de son contenu global : mettre en lumière les métiers physiques et dangereux dans certains pays, alors que tous ont disparus dans les sociétés occidentales. Composé en six chapitres, le film nous emmène en Ukraine dans le quotidien des mineurs, en Indonésie, au Pakistan, en Chine, et sur le marché aux viande de Port Harcourt au Nigeria (certainement le plus visuellement effarant, la video est en ligne sur le tube). La variété des lieux renforce la difficulté de faire une bonne bande son.
Quand le réalisateur contacta John Zorn, il montra très peu d'enthousiasme : en train d'écrire une nouvelle pièce classique, finissant les 300 morceaux du book of angels, il ne voulait pas se disperser de ces objectifs. Ni une, ni deux, Glawogger prend le premier avion Vienne-New York afin de convaincre le gourou de l'east village en personne ; il est reçus courtoisement mais brièvement, une discussion, un bon repas indonésien, et le voila repartis le lendemain sans avoir vraiment eu de réponse. Puis Zorn se repenche sur la question les semaines suivantes, regardant le film plusieurs fois, admiratif du montage et du contenu choc du documentaire. Une bande son se dessine : étant donné le poids considérable des images, les mélodies semblent inappropriés, les percussions sont donc adoptés (variant et adaptées selon les pays en question), ainsi que l'ajout d'éléments électroniques pour compléter le coté moderne du film.
L'appel des musiciens est assez logique : Cyro Baptista aux percus (qui est présent sur quasi toutes les bandes sons), Ikue Mori pour le laptop, Zorn à l'orgue et percus, Jamie Saft à l'enregistrement et au piano. La dernière plage (avec guitare et basse) fut rajouté à la demande du réalisateur qui voulait un générique de fin plus rythmé. Au final, une bande qui tranche radicalement avec les filmworks easy-listening dont John Zorn nous a habitué : Percussions tribales se mélange avec les "Zorn chords" sombre à l'orgue, tandis que Mori livre des plages ambiantes inquiétantes. L'ensemble fonctionne bien, autant musicalement parlant qu'incorporer dans les images du documentaire. Peut être pas le meilleur chapitre de la série, mais un bel épisode de réflexion de Zorn pour son talent de compositeur de films...