Poursuite rétrospective de la série des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette série dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XIVI voit le jour en 2010 pour être la bande son d'une comédie noire hollandaise de Timo Veltkamp pour raconter l'histoire d'une ancienne gloire de l'écriture qui demande à un jeune auteur talentueux mais sans succès de l'aider à finir son œuvre.
Filmé en noir et blanc, cette comédie cynique et brillante est extrêmement réussi selon la critique. Le compositeur Van Dyke Parks devait normalement s'atteler à donner une vie musicale au film, mais des soucis de planning firent capoter l'affaire. Quelques titres de Zorn avaient été incrustés dans les divers essais de montage, le réalisateur demanda en toute logique si ce dernier voulait s'en occuper, et il accepta avec plaisir. John Zorn ne vit pas trop par ou commencer, pensant d'abord à n'utiliser que des effets sonores sans instruments. Après plusieurs visions, le compositeur décida qu'il fallait quelque chose de plus intimiste et personnel pour faire rentrer le spectateur plus profondément dans l'histoire, le piano solo fût d'abord envisagé, à l'instar de la bande son de David Shire "The conversation" de Coppola. Veltkamp approuva totalement l'idée, mais suggéra d'amener plus d'instruments pour la variété des sons, l'option piano trio se dégagea assez facilement, Trevor Dunn à la basse, Kenny Wollessen à la batterie et Rob Burger au piano furent appelé en studio.
Ecrit lors d'une seule journée de dimanche pluvieux, la musique composée par John Zorn couvre ici une palette d'émotions différentes pour caler aux diverses scènes du film. Comparé à ses récents travaux assez difficile techniquement à ce moment la, les compositions simples et intuitives présentes sur ce volume fut un vrai plaisir à enregistrer pour les musiciens, décontractés et inspirés, qui ont fait un superbe travail il est vrai. Section rythmique parfaite, et un piano souvent tendre et juste.
John Zorn finit ensuite ses notes en nous expliquant que cette collaboration a été très agréable de bout en bout, mais qu'il émet des doutes sur sa volonté à poursuivre cette série car ça n'a pas été souvent le cas, les réalisateurs et leurs entourages étant de plus en plus investis dans la direction musicale que doit prendre un projet de film, brisant la confiance entre le réalisateur et le compositeur, aliénant toute vision de créativité et de spontanéité. Il est impossible pour le new yorkais de travailler dans cet état d'esprit, la liberté d'action étant de plus en plus réduite ; même si il est toujours attiré par le format des "travaux de films", que la musique est souvent sublime dans ce cadre (même si son utilisation peut être raté), et qu'il souhaite toujours que ses travaux parviennent à satisfaire un réalisateur, John Zorn est désormais convaincu qu'il lui est impossible de créer de la musique pouvant plaire a tous le monde hormis à lui même et ses musiciens...
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