lundi 17 mars 2014

JOHN ZORN - Filmworks XXIII (El general)

Poursuite rétrospective de la série des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette série dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XXIII voit le jour en 2009 pour couvrir un documentaire sur la vie du controversé président mexicain Plutarco Elias Calles (au pouvoir dans les années 20) et considéré comme l'un des pères fondateurs du Mexique moderne.

En juillet 2008, Marc Ribot informe John Zorn que l'une de ses bonnes amies Natalia Almada avait envisagé de faire appel à lui pour la bande son de son nouveau film (soit donc un documentaire sur son grand père en l'occurrence, plus d'infos sur le net). 2008 aura été une année charnière pour Zorn et le cinéma puisque pas moins de quatre filmworks furent enregistrés, ce dernier commença donc à en avoir un peu marre du paramètre cinéma (avec les contraintes qui vont avec), préférant bosser sur The crucible à venir ou bien des chamber works. De plus lors de leur premier échange, la réalisatrice et le compositeur ne sont pas parfaitement en adéquation, elle souhaite s'investir pleinement dans le processus de composition (ce que Zorn déteste), et va aussi aller voir dans les ateliers du festival de Sundance pour éventuellement trouver un musicien créatif avec qui collaborer. Le contact en reste la, même si la porte reste ouverte en cas d'échec dans sa recherche.

Natalia revient à la charge quelques semaines plus tard, s'ensuit une longue série d'e-mails entre elle et le compositeur, Zorn avouant qu'il n'avait jamais passer autant de temps à essayer de déboucher sur quelque chose. Deux mois après, le compositeur n'a toujours pas vu le film mais il est cependant sur d'une chose : le projet n'est pas fait pour lui, et en septembre, les deux parties tombent d'accord sur le fait que la musique sera mieux faites par quelqu'un d'autre, et les deux protagonistes rompt le contact à l'amiable. Quelques semaines plus tard, le téléphone sonna, c'était Marc Ribot qui lui demanda une faveur : Natalia Almada avait échoué à trouver un compositeur approprié pour son documentaire, pouvait t'il essayer de l'aider en devenant son compositeur ? Zorn expliqua à Ribot qu'il n'avait pas la même vision du projet et qu'ils ne voyaient pas de la même manière la collaboration. Ribot insista, et sachant qu'il s'agit de l'un de ses meilleurs amis et de ses plus fidèles et importants collaborateurs, il accepta. Réservation du studio le 7 octobre pour une seule journée avec Marc Urselli, le groupe est composé de fidèles comme d'habitude pour aller assez vite. Peu souvent dispo ces derniers temps, Greg Cohen peut répondre présent à la basse, Rob Burger à l'accordéon ou piano, Kenny Wollesen à la batterie ou Marimba, et Marc Ribot en pièce centrale à la guitare, puisque il est en partie responsable du projet. La réalisatrice du film ne voulait pas de musique mexicaine, tablant plus sur une musique minimaliste et abstraite. Zorn n'est pas d'accord avec ce point de vue, pensant que le film réclame plus de reliefs dans les sonorités. Se sentant une plus grande responsabilité vis à vis de Ribot, le compositeur new yorkais ira même jusqu'à écrire de fois plus de titres que prévus, certains finiront d'ailleurs sur certains disque de The dreamers...

Après avoir envoyé un dernier mail à la réalisatrice lui demandant si elle était sure de ne pas vouloir annuler la session studio (et donc dépenser de l'argent) sachant qu'ils avaient une opinion différente, la session eu lieu, 11 titres furent enregistrés, tous exceptionnellement beau, couvrant différentes variétés d'émotions et de rythmes, mais avec une magnifique justesse des quatre musiciens et un superbe feeling. John Zorn était particulièrement content du travail de Marc Ribot, les deux hommes étant d'ailleurs convaincus que Natalia Almada serait conquise par la musique fournit dans ce filmworks. Ils avaient tout faux : non seulement la réalisatrice n'utilisa que deux morceaux pour son documentaire, mais elle engagea aussi dans le dos de tous le monde un autre compositeur pour compléter la bande son. Moralité de l'histoire selon John Zorn : toujours ses premiers instincts, on le sent d'ailleurs bien amer de l'histoire au final. Reste cependant un sublime volume que personne chez les zornologues ne devraient renier...

1 commentaire:

  1. Reste que la musique est inoubliable et que c'est un des meilleurs volume de la série !
    Stéphane67

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