Poursuite rétrospective de la série des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette série dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XXII date également de 2008, ce qui en fait la troisième bande son zornienne cette année la. La bande son couvre un film ahurissant et improbable réalisé par un français, Arno Bouchard...
On connaît toute l'affection de John Zorn pour le cinéma hautement expérimental (Smith, Anger, Hills, Godard, Jodorowsky, etc...) et c'est en partant de ce principe qu'on se doute que le compositeur new yorkais fût complètement bluffé à la première vision de "The last supper". Film complètement décalé, improbable, aussi envoûtant que dérangeant, toute la genèse de l'œuvre est expliqué par le jeune réalisateur dans une interview sur son site internet, et un trailer officiel est disponible sur internet, le film entier ayant été apparemment distribué en toute petite quantité et en version ultra limité. C'est peut être d'ailleurs pour cela que ce filmworks est accompagné d'un très beau livret emballé dans un fourreau classieux regroupant pas mal de photos du film (il s'agit avant tout d'une œuvre visuelle, en plus d'être complètement cosmique). On souffla l'idée à Arno Bouchard d'une bande son composé par John Zorn, lui qui voulait à la base juste inséré une voix parlante mais ne trouvé pas les textes collant aux images chocs. Un dvd, storyboard et scénario fût passé à Zorn lors de sa résidence à Paris à la salle Pleyel en 2008. Soufflé par le spectacle ("l'un des films le plus étrange que j'ai vu..."), le new yorkais se met à avoir pas mal d'idée avant même que le réalisateur ne lui demande quelque chose. Bouchard voulait à la base prendre en licence "Kol Nidre" (qu'on retrouve sur "Cartoon S/m"), une pièce tendance religieuse. Etant donné la certaine teneur sexuelle et torride des scènes, Zorn désapprouva totalement cette idée, mais proposa comme à l'accoutumée de composer une bande son complète et originale à la place...
John Zorn voulait à la base suivre la violence bizarre des images en fournissant des sonorités industrielles/noise très intense en appelant le quatuor Ribot, Laswell, Mori et Winant. Ca aurait pu péter des flammes, avouons le. Mais au plus il visionna le film, au plus il voulait plutôt instauré un sentiment plus profond, un calme rituel et hypnotique. Bouchard laissa carte blanche, une autre vision fût choisie, les premiers instruments du monde, l'association des percussions et des voix. Un excellent choix je trouve, la bande son est particulièrement réussis, et colle parfaitement aux images du film, notamment ce "Virgin sacrifice" anthologique. Zorn et Cyro Baptista aux percussions, et les mêmes chanteuses que sur "Frammenti del sapho" (sur "Mysterium", voir la composer serie) nous offre un disque homogène qui s'écoute d'une seule traite, et qui outre "The last supper", pourrait largement convenir de bande son pour des pièces de danse ou de théâtre...
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Un volume à part dans les filmworks et très réussi en effet. Le coté obscur et "malsain" du film (enfin des extraits que j'ai pu en voir, le film est il distribué en dvd ?) est très bien rendu.
RépondreSupprimerSplendide
Stéphane67