jeudi 22 septembre 2011

GYAN RILEY - Stream of gratitude

Gyan Riley, fils du célébre compositeur Terry Riley, ancien résident californien, résidant aujourd'hui à Brooklyn, et sortant son premier disque sur la composer serie. Le jeune musicien rejoint donc la catégorie précise et fermé des compositeurs virtuoses de la six cordes mais qui tape dans un registre classique, mi composé, mi improvisé. Dans mes souvenirs, seul Fred Frith et Marc Ribot se plie à cet exercice si difficile qui réclame une absolu parfaite maitrise de la guitare (Derek Bailey est encore un cas à part dans le genre...). Gyan s'en sort parfaitement bien sur ce "stream of gratitude" absolument imparable dans le genre. Plusieurs compositions plus ou moins longues, plus ou moins harmoniques, mais révélant tout une technique guitaristique hors pair et une oreille sans faille. Bon evidemment, un certain minimalisme se dégage du disque, mais d'un point de vue expérimental et compositionnel, Gyan Riley rentre dans la parfaite catégorie de la composer serie, et s'en relativement avec les honneurs, même si un peu plus d'émotions n'aurais pas fait vraiment de mal....

dimanche 18 septembre 2011

JOEL RUBIN / URI CAINE - Azoy tsu tsveyt

Ethno-musicologue de renom, clarinettiste les plus reconnus de la scène juive, Tzadik accueille Joel Rubin en ses rangs, intégrant ainsi la grande lignée des clarinettistes du label (David Krakauer, Ben Goldberg, etc...). Ce dernier est associé à Uri Caine, figure de la downtown bien connu des amateurs de Tzadik et de l'univers Zornien, notamment auteur d'un book of angels en solo. Rencontre inédite et intéressante, parfait pour comprendre les liens qui peuvent se nouer entre le jazz et le klezmer. La clarinette de Rubin nous renvois au coté traditionnel de la musique juive, l'interprétation parfois improviser de Caine à l'orgue et au piano nous fait penser au jazz. L'alchimie de l'interprétation est parfaite, le rendu est d'une sobriété exemplaire, tout en étant un délice des oreilles. Un duo dans la même veine que Burton Greene et Perry Robinson sortis l'année dernière dans cette section. Bel artwork comme à l'accoutumée pour la radical jewish culture.

FOGEL AND THE SHERIFFS - Exorcism

Vous pourrez voir une kronik dans cette même section de Pissuk Rachav, formation à l'initiative de Jeremy Fogel. Je l 'ai réécouté avant de découvrir "exorcism", et mon avis reste à l'identique (peu de cohérence et une mixture indigeste). C'est donc un peu à reculons que j'ai découvert cet opus de Fogel avec sa formation habituelle des Sheriffs. Bien mal m'en a pris, ce dernier chapitre est une bonne tuerie, parmi l'une des meilleures surprises de la radical jewish et ceux depuis de nombreuses années.
Difficile de dresser un portrait exact des attributs musicaux de ces 15 titres schizophréne jouissifs. Mais pour faire simple et multiplier les raccourcis dans les esprits, on peut dire sans difficulté que Fogel se calque sur la même vision musical que Serge Gainsbourg : entre folk décalé, ballades sexuellement provocantes, reggae apaisés, et même quelques touchés rock bien mortel. Je me suis pas trop penché sur les paroles (accés à priori sur l'historique de Rabbi Jesus, tout un concept), j'imagine l'ensemble parfaitement décalé, comme toute la trame globale du disque. "Exorcism" est un brillant coup d'éclat proposé par le génial Jeremy Fogel, le label new yorkais peut se vanter désormais d'avoir un des digne héritiers de Gainsbarre, c'est nous autres français qui somme content...

mercredi 7 septembre 2011

JOHN ZORN - Enigmata

91eme référence de la section Archival series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. Digipack classique de la "new era" tzadik, quoiqu'on sent que les frais de fabrication ont été réduit pour le coup, par rapport à l'insert en papier (au lieu du carton) qui sert à maintenir le disque. Beaucoup de sigles mystérieux dans le digipack, correspondant aux 12 enigmes du disque. On retiendra surtout le livret du disque et, surprise, des notes de John Zorn datant de 2010, ce qui n'etais plus arrivé depuis un moment.

Ces notes seront un peu le point de départ de cet avis écrit, certes peu argumenté, mais résolument définitif en ce qui me concerne. Le point de départ du disque fut la phase de composition de Zorn en 2010, et notamment le titre de "Apparitions" de Moonchild qu'on retrouve sur "Ipsissimus". Mélangant de la composition avec aucune tonalité centrale, des parties improvisées "conduites" et des passages noise prédéfinis, le duo Ribot/Dunn en fit un des coup d'éclat de la session studio, et leur exhaltation de musiciens fut conséquente apparement. C'est donc dans cette optique que le duo fut reconduit pour un disque entier intitulé "Enigmata" et pensé uniquement pour la collision guitare et basse. Zorn semble ensuite se justifier de la difficulté d'écoute du disque : les rockeurs n'apprécieront pas l'absence de batterie, la distortion heavy alienera les jazzeux, les éléments de composition ne plairont aux puristes de l'improvisation, et vice-versa d'ailleurs. La traduction de la suite du livret suivra ensuite ci dessous, les fans de Zorn seront intéréssés de le savoir je pense.
Sinon, "Enigmata" n'est pas trés plaisant à l'écoute. Une longue et fastidieuse improvisation à l'oreille, chiante, sans cohésion, ni passion, du moins à mes yeux. Un chapitre anecdotique de l'univers du maitre de l'East village. Zorn posséde cependant assez de recul pour le comprendre et le deviner, et en fait un brillant plaidoyer à lire. Voila certainement pourquoi j'aime et je respecte ce compositeur.


"Enigmata est pour certaines personnes, pas les plus nombreuses, ce qui prouvera les difficultés d'écoute même parmis mes plus fidéles suiveurs. Mais je fais ce que je juge le plus apte à faire sans me soucier de ce que le monde extérieur peut penser, vouloir et s'attendre [...]. Je ne justifie pas les incompréhensions qui entoure la plupart de mon travail, je veux que les gens l'apprecient, mais ce n'est en aucun cas ma motivation, ni ma raison pour le créer. Mon but, ma raison, ma vie est le travail lui même, mon oeuvre fera son chemin par la suite.
Ce que je fais tombe dans les barriéres entre ce qui est compris/incompris, definissable/elusif, accepter/non désiré. Il y a des bénéfices à ces barriéres, d'éxister dans l'underground. Cela permet une liberté de créer sans se soucier des restrictions marketing, des pressions sociales ou des classifications reductrices. [...].
C'est une nouvelle musique, une musique au dela des genres. Les nouveaux outils ont besoin d'être analysé, les oreilles ouvertes ont besoin de l'apprécier. En resulte que la plupart des gens ne savent pas encore quoi en faire, et ont parfois besoin d'emettre des jugements basé sur l'ignorance et les incompréhensions. Il y a quelque chose de triste sur ce constat, mais il y a aussi quleque chose d'excitant et de libérateur. Aprés toutes ces décénnies, cette musique a encore besoin d'être définis et nous avons encore beaucoup de liberté par rapport à ça. Nous existons encore dans les rues (et non les institutions), nous vivons, nous grandissons, nos travaux sont en flux constant, et en plus d'être excitant pour l'artiste, nous rendons les institutions musicales et l'audience d'aujourd'hui trés mal à l'aise.
L'un des problémes d'expliquer l'inconnu et qu'on en est vite réduit au connu. Il n'y içi pourtant aucun danger. La musique parle un langage secret qui nous laisse avec un sentiment de constant paradoxe. Se perdre dans un processus de création peut permettre de se perdre dans le mystére en lui même, mais pour invoquer les mystéres, il y a un prix : Le monde ne peut pas être prêt pour cette musique. Honnête, imaginative, cathartique, et passionnément interprété. Elle est ce qu'elle est, et n'a aucune prétention de n'être rien d'autre que ce qu'elle est."

John Zorn, NYC, 2010