jeudi 15 janvier 2015

SYLVIE COURVOISIER TRIO - Double windsor

Tous les amateurs du label Tzadik connaissent assurément Sylvie Courvoisier : Pianiste de renom au sein de la downtown scene, elle est à l'origine de plusieurs quartet de jazz, membre du trio Mephista, forme une association fructueuse avec son compagnon Mark Feldman et demeure une collaboratrice fréquente de John Zorn dans certaines de ses œuvres. C'est après de multiples demandes de ce dernier que la musicienne se décide finalement à former un trio "classique" pour le jazz contemporain. Se sentant intimider par le défis, ce fût apparemment assez compliquer de trouver la bonne formation, se sentir en interaction avec les autres musiciens étant donné la virtuosité de Sylvie. Deux tôliers de la downtown scene s'y colle : Drew Gress (un des meilleurs bassistes improvisateur de NY, collaborateur fréquent de Tim Berne et Uri Caine entre autres) et Kenny Wollesen (un CV trop pour être résumer, mais un fréquent collaborateur de Zorn aussi). Le résultat, enregistré en une seule journée à NY, détonne et impressionne. On est dans une trame sonore parfaitement à mi-chemin entre le jazz piano classique et l'expérimental débridé puisque de nombreux passages sont complétement improvisés. On sent l'interaction entre les protagonistes et surtout le plaisir éprouvé de mettre en boîte les 9 titres, expliqué techniquement parlant et en matière d'inspiration par la pianiste suisse au sein du disque. Le jeu de Sylvie Courvoisier demeure toujours aussi incroyable, on en avait d'ailleurs déjà eu un brillant aperçus sur son album solo de la Composer serie, mais la formation trio semble donner un nouveau souffle à sa créativité et permet de sublimer sa technique et son feeling. L'idée de Zorn était assurément bonne. Le disque voit le jour sur une nouvelle série 2013 de Tzadik intitulé "Spectrum" dont la ligne éditoriale semble un peu floue, on parlera de rencontres fortuites entre des musiciens qui composent des disques à priori en "one shot". Mais le débat reste ouvert, et il faudra voir la suite des sorties pour pleinement vérifier cette tendance...

vendredi 2 janvier 2015

THE SUITE UNRAVELING - S/t

Encore une excellente surprise qui est parus dernièrement sur la série "Spotlight", coup de projecteur sur les groupe de petits jeunes qui en veulent. On remarquera avec amusement que la section demeure assez sauvage, multipliant les sorties de rock expérimental, de noise frappée et de délires instrumentaux virulents. Pour le coup, The suite unraveling avec son premier disque ne déroge pas à la règle et nous balance 6 titres à la gueule d'une mixture bien foutue de "rock expérimental" serais-je tenté de dire faute de mieux. Tzadik s'oriente vers un "jazz-rock" dans le descriptif, ce qui n'est pas tout à fait faux non plus, mais quand on sait que ce qualificatif servait aussi pour Zappa par exemple, on n'y ait pas vraiment. Lily Maase, native de Brooklyn, est la tête pensante du combo et la guitariste qui nous régale de toutes ses dissonances diverses. Accompagné par un saxophoniste/organiste, et d'un batteur qui officie également au claviers, on sent que le trio à pas mal bosser en studio son sujet. On a le droit ainsi à des titres extrêmement riche dans leurs divers atmosphères : mélodies progressives percutent des montées Noisy, des solos furieux s'interphase avec un coté quasi minimaliste, et il est vrai que l'ensemble lorgne du coup vers un psychédélique digne des 70's, mais entièrement dépoussiéré du son vintage, avec une production actuelle. Le saxo est un peu dingue renvois aussi à qui vous savez. Un bon premier album que nous offre The suite Unraveling, à découvrir avec grand plaisir...

dimanche 14 décembre 2014

ZEBRINA - Hamidbar medaber

Zebrina est un récent groupe qui nous provient du Canada et qui a sortis en 2014 son second album sur la radical jewish culture. Les compositions proviennent toutes de la tête pensante du groupe, Jonathan Feldman, qui officie également au Fender Rhodes et parfois à l'orgue. J'adore le son de cet instrument, je l'écoutes souvent avec beaucoup de plaisir, et étant fan de la musique des années 70, son utilisation est une habitude pour mes oreilles. Comme le dit la fameuse tranche noire du label : le groupe amène la musique juive dans le nouveau siècle avec ce "Hamidbar Medaber". L'autre grande force du groupe, avec une section rythmique classique (basse, guitare, batterie) et un percussionniste, c'est bel et bien la présence de Ben Goldberg, artiste Tzadik accomplis et fidèle de la famille Zornienne, sur tous les morceaux à la clarinette. L'interaction entre Feldman et Goldberg fait plaisir à entendre, ce sont eux qui porte le disque à bout de bras. On parlera donc effectivement de jazz moderne technique et inventif avec un touché jewish indéniable forcément renvoyé par les sonorités de clarinette, sans oublier parfois une touche exotica séduisante. Huit long titres extrêmement riche et assez long, des mélodies léchées à la pelle, des solos toujours bien senties, la présence de quelques instruments exotiques qui invitent au voyage, et des atmosphères souvent mystérieuses. Le disque est parfaitement digéré dans son ensemble, et ne part absolument pas dans tous les sens, le plus grand piège à éviter avec ce genre de musique qui brasse plusieurs styles. Un bel ouvrage à découvrir sur la section juive, on attend la suite avec impatience...

mercredi 10 décembre 2014

BUCK JAM TONIC - Zorn/Laswell/Nakamura

Autre disque rare dans l'œuvre tentaculaire de John Zorn, cette rencontre en one shot entre le saxophoniste, son vieux pote Bill Laswell à la basse (avec toutes ses pédales) et le batteur japonais Tatsuya Nakamura qui a joué dans plusieurs groupes obscurs nippons. Très difficile d'avoir plus d'infos quand à la création de ce disque, on sait juste que l'ensemble à été enregistré à Tokyo le 6 décembre 2002, que 5 titres ont été mixé directement sur place, tandis que 3 autres ont été mixé à NY, certainement par Bill Laswell mais impossible de l'affirmer. Une formation dont le disque restera certainement unique, qui est sortis uniquement au Japon sur le label Wild disk, et qui demeure assez recherché par les Zornologues de nos jours (il part vite dans les 50 $ minimum). Mais n'oublions pas qu'il s'agit d'un double album, la partie New yorkaise comporte des titres de 23 et 28 minutes pour démarrer. Le contenu ? de l'improvisation, mais qui défonce. Impossible de ne pas penser à Painkiller avec les deux larrons, mais l'ensemble dépasse ce schémas. Tantôt Noisy, tantôt trippée, le disque dévoile trois maîtres dans l'art d'improviser des atmosphères (sur le partie NY) ou de tout tabasser sur son passage (plutôt la partie Nippone). Pas anecdotique, ce disque est une pièce importante dans l'œuvre de John Zorn, et vraiment une excellente surprise que j'ai découvert sur le tard...

JOHN ZORN - Bandes originales du journal de Spirou

Avant de me faire reprendre, l'intitulée du disque est un peu usurpé, il ne s'agit pas d'un disque de John Zorn mais d'une compilation qu'il a pris part en 1989 sur la label Nato à l'initiative de Jean Rochard. A l'époque jeune compositeur qui n'avait pas encore une renommée internationale, le compositeur new yorkais avait aussi pris part à une compilation sur Jean Luc Godard dont je reparlerais un jour. On ne sait pas trop les tenants et aboutissants entre la rencontre de Zorn et du groupe Blind idiot god, hormis a priori que le premier était fan de la musique des seconds : le troisième et dernier album du combo sortira d'ailleurs sur Avant, label japonais qui était géré par Zorn. Deux titres sont donc issus de ces sessions. Le premier représente la bande dessinée "Nuit blanche pour les gorilles" que j'ai lu mais que je ne me souviens absolument plus malheureusement (à redécouvrir d'ailleurs). Un titre Noise assez violent joué magistralement par le trio. Le second titre évoque les aventures de "Spirou et Fantasio à New York" dont je me souviens parfaitement le contenu pour le coup, pastiche hilarante de la Big Apple et de ces USA fantasque en proie à une guerre entre chinois et italiens, ou le rêve américain est ternie par une ville à la violence omniprésente. Qui d'autre que John Zorn lui même pour représenter la ville de New York, lui qui demeure un élément vitale de la Downtown scene depuis trois décennies. Ce titre free-jazz démoniaque demeure une des Hardcore piece marquante à découvrir absolument, certainement l'un des prémices de Naked city. Blind idiot god tabasse, Zorn éructe au sax, un grand moment...
Sinon, la compilation est excellente, remplis de titres très inspirés, je vous la recommande...

lundi 3 novembre 2014

HAGGAI COHEN-MILO - Penguin

Compagnon de route avec Omer Klein (qui a déjà vu quelques parutions sur Tzadik entre autres), voici le premier disque du bassiste Haggai Cohen Milo pour le label new yorkais. Aucune surprise quand à sa signature, il fait partis intégrant de ses musiciens de Brooklyn qui intègre parfaitement la grande "famille" de la radical jewish culture, à savoir cette jeune génération de musiciens juifs qui cherche à insuffler un souffle nouveau sur la musique juive, peu importe leur background musical. La force de ce "Penguin" est avant d'avoir réunis un bon casting de musiciens talentueux pour une formation alternant les guitaristes et les saxophones (alto ou soprano), batterie, Shanir Ezra Blumenkranz au Oud et Haggai lui même à la basse/contre basse. Neuf titres très riches et complexes, dépassant tous les cinq minutes. On sent qu'il y a eu un gros travail sur les arrangements et les grands axes de la composition, rien ne semble laisser au hasard. Des sonorités parfois trituré aux guitares mais néanmoins captivante, des passages basse/batterie légitime étant donné l'instrument du compositeur, et un rendu sonnant majoritairement comme du jazz, mais toujours avec cette "jewish touch" si chère à la section principale du label Tzadik. Pochette mystère intrigante, et un bon volume attrayant sortis en 2014. En attendant la suite avec grand plaisir...

dimanche 5 octobre 2014

TY CITERMAN - Bop kabbalah

Première incursion du guitariste Ty Citerman pour le label Tzadik, à la demande expressive de John Zorn, comme d'habitude serait t'on tenter de dire. Le compositeur possède cependant déjà plusieurs groupes (Gutbucket, The collapse quartet) mais Bop Kabbalah est un nouveau quatuor avec des membres de Gutbucket afin d'explorer les racines juives des musiciens à travers la composition et l'improvisation. Les instruments associés sont assez atypiques, à savoir la collision entre guitare, batterie, trompette et clarinette basse. Le résultat donne une mixture assez étrange et parfois dérangeante entre du rock débridé, du Klezmer en mode pilotage automatique, ou du jazz qui ferait sa Bar Mitzvah. Durant huit titres plus ou moins long, la musique se déroule dans des moments plus ou moins bruitistes selon si l'improvisation prend le dessus ou non. Mais malheureusement, l'ensemble manque d'impact, de cohérence et d'inspiration pour donner un vrai disque surprenant. Le combo joue en plus sur des rythmiques assez hachées, dans le plus pur réflexe jazz, mais l'instrumentation ne suit pas du tout et le rendu est vraiment bizarre . Cela n'enlève cependant rien aux musiciens qui eut sont très bons et qui font preuve d'une bonne cohésion de groupe. On notera aussi un excellent titre qui sort du lot d'une dizaine de minutes, "exchanging pleasantries with a wall", lunaire, énigmatique et envoutant à souhait. Je n'ai peut être pas trop accroché à l'association de ces instruments, mais cela demeure un avis très personnel. Je vous conseille donc d'y jeter tout de même une oreille si vous êtes amateur de la radical jewish culture...

mardi 19 août 2014

TETSU INOUE - Fragment dots

Tetsu Inoue est un producteur japonais de musique électronique, et demeure considérer comme l'un des précurseurs du genre au pays du soleil levant. Ces travaux peuvent être décrit comme de l'ambiant électronique, soutenue par une bonne influence de l'école minimaliste. Sa discographie demeure assez conséquente, avec pas mal de disques sortis au Japon, ainsi que quelques collaborations diverses et variés, dont quelques unes avec le fameux gaillard Bill Laswell, qui a du se faire une joie de le présenter à John Zorn. C'est certainement ainsi qu'un petit contrat de deux disques a du être signé entre le Japonais et Tzadik, pour agrémenter la section New Japan dédié à la vision japonaise de l'art expérimental. Second disque sortis en 2000, et suite logique de son successeur. Difficile de ne pas faire dans le bis-repetita à priori, je trouve pourtant "fragment dots" légèrement plus aboutis. Inoue a essayé d'inclure dans sa mixture early-électronique quelques passages estampillé clairement plus ambiant lors de courts moments. Il y a aussi cet étrange sensation qu'il a passé son mix en accéléré parfois, mais j'imagine que ça fait partis du concept. Un disque étrange et expérimental à souhait, il y a ceux qui adoreront et aboierons au génie...puis il y a les autres. Je possède ces disques pour la collection Tzadik mais je ne suis pas sur qu'ils tourneront beaucoup dans la platine, soyons honnête...

TETSU INOUE - Psycho-acoustic

Tetsu Inoue est un producteur japonais de musique électronique, et demeure considérer comme l'un des précurseurs du genre au pays du soleil levant. Ces travaux peuvent être décrit comme de l'ambiant électronique, soutenue par une bonne influence de l'école minimaliste. Sa discographie demeure assez conséquente, avec pas mal de disques sortis au Japon, ainsi que quelques collaborations diverses et variés, dont quelques unes avec le fameux gaillard Bill Laswell, qui a du se faire une joie de le présenter à John Zorn. C'est certainement ainsi qu'un petit contrat de deux disques a du être signé entre le Japonais et Tzadik, pour agrémenter la section New Japan dédié à la vision japonaise de l'art expérimental. Premier disque sortis en 1998, "Psycho-acoustic" dénote en premier lieu avec cette pochette gentiment ringarde, 100 % geek assumé et qui a le mérite d'annoncer la couleur. Non pas que l'on va avoir droit à des bruitages de game boy tout le long...mais on va forcément s'y rapprocher. Inoue, c'est le mec derrière son ordinateur qui bidouille. Des bruits, des timides boucles, des sonorités bizarres, des silences. Pas forcément un mur de son à la Merzbow, plutôt un calme perturbés par des petits sons incongrus. Bon, il faut aimer. Perso, je ne vois pas trop l'intérêt d'un tel disque, surtout que les sonorités présentes ne sont pas renversante d'innovation. Je n'aime pas trop Ikue Mori non plus (qui officie dans le même registre), donc je suis cohérent à priori. Pour les amateurs de minimal électronique only...

vendredi 15 août 2014

MAKIGAMI KOICHI - Tokyo taiga

2010, Makigami Koichi, l'homme à la voix et à la coupe de cheveux improbable revenait en force dans le giron de Tzadik, après 3 disques et une décennie passé dans les affres de l'écurie new yorkaise. "Tokyo taiga" officie toujours dans une veine expérimentale, même si il n'est plus seul désormais dans ses acrobaties vocales. Il est accompagné par deux musiciens japonais qui officie aux percussions et aux instruments traditionnels divers (harpe, trompette modifié, koto, etc...). Il en ressort une veine un peu plus mélodique, ou Koichi s'offre parfois quelques lignes de chants et semble nous raconter une histoire (notamment sur ce très long titre intitulé "Tundra" de plus de 14 minutes ou un quatrième larron s'exécute également au violon). Un disque en parfaite adéquation avec l'identité de la new japan puisque se mélange ici sonorités traditionnelles avec une approche expérimentale moderne. Tout cela ne répondra pas à ces questions essentielles : Comment le chanteur japonais est venus faire un featuring sur un des disques de Painkiller ? est t'il au courant qu'un occidental aux cheveux gominé essaye désespérément de prendre contact avec lui en l'imitant ? et que chante Makigami Koichi lorsqu'il prend son bain ?