mardi 24 décembre 2019

RICHARD TEITELBAUM - Golem

Un golem (hébreu : גולם « embryon », « informe » ou « inachevé ») est, dans la mystique puis la mythologie juive, un être artificiel, généralement humanoïde, fait d’argile, incapable de parole et dépourvu de libre-arbitre, façonné afin d’assister ou défendre son créateur.
Déjà mentionné dans la littérature talmudique, il acquiert une popularité considérable dans le folklore juif d’Europe centrale, où il est associé à la figure du Maharal de Prague et aux accusations de meurtre rituel envers les Juifs. Dans l’une des versions les plus populaires de sa légende, reprise par certains contes chrétiens, il naît de la terre glaise après que quatre sages, figurant les quatre éléments, ont pourvu sa matière informe de leurs attributs ; sur son front figure le mot emet (אמת, « vérité ») qui devient, lorsque sa première lettre est effacée, met (מת, « mort »), faisant retourner l’homme artificiel à la poussière. Selon la légende, le rabbin qui l’a conçu au XVIe siècle, était le Maharal de Prague nommé Yehudah-Leib, soit le rabbin Loew (Lowe en anglais). Son but était de défendre la communauté des pogroms. Il lui a donné la vie en inscrivant EMET(H) (אמת, vérité en hébreu et un des noms de Dieu) sur son front et en introduisant dans sa bouche un parchemin sur lequel était inscrit le nom ineffable de Dieu, parfois dit Hashem (Le Nom) pour ne pas le prononcer. Pour l'arrêter, il fallait effacer la première lettre (l'aleph) car MET(H)(מת) signifie mort. Le golem étant devenu trop grand pour que le rabbin pût effacer l'aleph, rabbi Loew lui demanda de lacer ses chaussures, ce qu’il fit. La créature se baissa et mit son front à portée de son créateur, le golem redevint ce qui avait servi à sa création : de la terre glaise. Une légende veut que le golem inactif soit entreposé dans la genizah (entrepôt des vieux manuscrits hébreux, il est interdit de jeter des écrits qui contiennent le nom du très-haut) de la communauté juive de Prague, qui se trouve dans les combles de la synagogue Vieille-Nouvelle de Josefov, qui serait d'ailleurs toujours scellée et gardée.

C'est en visitant la tombe de ce rabbin à Pragues en 1984 que Richard Teitelbaum eut l'idée de composer ce disque comme un opéra intéractif. Il a été enregistré en live le 24 février 1994 à Amsterdam dans le cadre d'un festival. Une chose est sure, les auditeurs ont du halluciné ce jour la devant la prestation des musiciens : quel disque étrange ! Elle devait d'ailleurs être autant auditive que visuelle, car des images étaient projetés pour mieux s'imprégner de l'histoire. Histoire qui raconte la création accidentelle du golem par le rabbin, qui sème par la suite le chaos et la destruction avant de disparaitre. Très difficile de décrire un tel ovni musicale, ça reste à découvrir. Pour aider, on donnera les musiciens en question : Shelley Hirsch qui fait la voix narratrice qui correspond aux fantôme du golem, malgré qu'un intervenant masculin s'occupe de sa voix en Yiddish : elle livre une sacré performance que ne renierait pas Mike Patton parfois. David Moss s'occupe de la voix du golem, grave et caverneuse, ainsi que de l'électronique et clavier. Richard Teitelbaum s'occupe du synthétiseur et autre sampler. On retrouve un violoniste et Georges Lewis au trombone ainsi que l'électronique et sampler aussi. Avec une telle formation, on se doute que le rendu ne sonnera en rien comme on a déjà entendu, le but premier de Tzadik à la base ! Et ce "golem" tient carrément la route, côtoyant les moments religieux mystiques (le fabuleux "cantorial choirs") et les moments de pure noise ("chaos and destruction"). Un disque fascinant à découvrir, et l'unique collaboration du compositeur avec Tzadik, ce dernier n'en sortant pas énormément non plus, et une prise de risque incroyable de la part du label de sortir cet opus en seulement 5eme chapitre de la radical jewish serie... 


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