dimanche 28 février 2016
LIMITED EXPRESS (HAS GONE ?) - Feeds you !
Limited express (has gone ?), un nom barré pour un groupe déjanté, ça se tient. C'est après la découverte d'une démo envoyait par le combo que le trio a été signé par John Zorn, alors en pleine ébullition avec son label à l'époque (certaines sections du label sont un poil "off" à l'heure ou j'écris ces lignes début 2016). Le boss de la downtown scene faisait faire alors ces débuts aux petits jeunes de Tokyo en 2003, mais, fait assez rare pour les projets Tzadik, Limited express existe toujours à l'heure actuel, a sortis une poignées d'opus sur des labels japonais, dont le dernier en 2013. Avec son artwork kawaii, "Feeds you" est mine de rien un sacré petit pavé gentiment jeté avec bonne humeur dans le conformisme musical. J'aurais envie de dire la "faute" à cette approche génialement japonaise, ou le kitsch, la fureur, et le lunaire se télescope dans un maelstrom de décibels. Pour faire assez simple dans la description et les fervents du Japon, ce disque pourrait être une version de Melt banana pop et ludique. Les passages éclairs supersoniques sont présent, la fureur parfois punk-hardcore, les rythmiques dingues avec effets de grattes, la voix cristalline japonaise parfois hurlée (avec alternement chants masculin/féminin), etc...Mais la ou le combo d'Agata et Yasuko reste dans leur penchant extrême, Limited express va un peu plus loin dans le débat, avec des petits cotés "prog-rock", quelques dérives pop, et autres plans incongrus au milieu du rock furax. D'un point de vue technique, les petits jeunes détonnent d'ailleurs car l'ensemble sonne assez précis. Il est de toute façon difficile de décrire un tel disque, avec une haute teneur expérimentale. On passe cependant un excellent moment si on aime cette approche "pays du soleil levant". Zorn avait encore une fois eu le nez fin...
dimanche 21 février 2016
PAINKILLER - The prophecy
La sortie de ce disque était un mini-évènement dans la sphère Zornienne et surtout des fervents de Painkiller : Cela faisait 10 ans qu'aucune sortie du groupe n'avait vu le jour, malgré des concerts livrés occasionnellement. "The prophecy" est d'ailleurs une compilation d'une tournée en Europe qui a eu lieu en 2005 et dont les prises auraient eu lieu à Berlin et à Varsovie (On constate avec malice qu'ils n'ont pas gardé le concert de Paris de 2008 à la cité de la musique qui fût, selon les témoins, une véritable catastrophe). John Zorn est plus que jamais présent en tant que tête pensante détraqué d'un combo qui ne l'est pas moins. En fidèle lieutenant, Bill Laswell, sa basse thermo-nucléaire, ses pédales et son groove démoniaque sont plus que présent aussi, demeurant toujours l'un des meilleurs bassistes à accompagner Zorn (ils se comprennent sans se regarder). Place cependant au petit nouveau, puisque Mick Harris ayant arrêté la batterie durant cette période (et Hamid Drake étant vraiment un guest en One shot), c'est Yoshida Tatsuya (Ruins...) qui remplace au pied levé et l'envie de tout détruire sur son set de batterie. Certes, pas vraiment de blast-beats expéditifs, mais un jeu extraterrestre absolument improbable, qui en fait un des meilleurs batteurs-improvisateurs au monde, mais toujours resté dans l'ombre par un refus quasi viscéral du mainstream musical. Deux titres Free-jazz/Noise se bousculent en intro et outro, 4 minutes en tout mais un massacre auditif dans les règles, ou comment tabasser l'auditoire avec un plaisir quasi-sadique. Entre ces deux titres, "The prophecy", longue tirade de 64 minutes absolument hallucinante. Apparemment un mix des deux concerts, les plus exigeants dénonceront le fait qu'un montage audio peut fausser un peu la donne quand à la performance d'un concert. Mais si on garde à l'idée que ce montage ne concernerait à priori que deux concerts, le titre est tout bonnement renversant. Improvisation totale, passages éclairées, destruction noise, solos démentiels de chacun des trois musiciens, accalmie salutaire, l'ensemble est vraiment du grand art. A juste titre, l'acquisition de ce disque est quasi essentielle si vous aimez le label Tzadik, et on se dit que Zorn devrait plus souvent fouillé ses cartons pour nous sortir une série complète de live de Painkiller et de Naked city...
dimanche 14 février 2016
LARRY OCHS - The fictive five
Larry Ochs, Saxophoniste de renom de la Bay Area, membre fondateur du Rova sax quartet, Amis de John Zorn et fréquent collaborateur de pléthore de musiciens (Terry Riley, Wadada Leo Smith, Fred Frith, etc...). C'est en 2013 lors de sa résidence au Stone de New York que le nouveau quintet se forme avec toute une bande de musiciens venant de la downtown scene, pas vraiment connus dans le giron de Tzadik, mais tous reconnus comme d'excellents improvisateurs. Apparemment, après deux soirées enthousiasmantes devant un public conquis, le combo à priori intitulé "The fictive five" aurait voulu continuer à se produire en public. Mais Larry Ochs vivant à San Francisco, des problèmes de planning et de logistique sont apparus, empêchant le groupe de jouer ensemble jusqu'à décembre 2014. Mais dans la foulée de la possibilité de se retrouver, une session studio fût réservé le 5 décembre au Eastside sound studio de Marc Ursulli (l'ingénieur du son qui s'occupe de manière quasi attitré de toutes les productions de Zorn ces dernières années) pour mettre le disque en boîte durant une seule journée. Cela peut paraître court, mais devant la teneur fortement improvisé de l'ensemble, il n'y avait pas vraiment besoin de plus, les 4 titres ayant sans aucun doute étant enregistrés en "One shot". Ochs aux saxo Ténor et Sopranino, Trompette, batterie et deux basses dont une parfois préparé. On est dans la grande tradition des combos free-jazz, même si le résultat se porte vraiment plus sur l'improvisation. Trois longues suites au programme (plus un quatrième de 4 minutes), interaction totale entre les musiciens, solos en cascades, accalmies salutaires, déchaînement de tous le monde ensemble, c'est du grand art dans l'improvisation, avec une performance qui devait certainement être aussi visuelle. Après quelques collaborations éparses, la première incursion de Larry Ochs au sein de Tzadik sur la série Spectrum détonne et impressionne l'auditeur...
dimanche 7 février 2016
BRET HIGGINS' ATLAS REVOLT
Bret Higgins est loin d'être un étranger du label Tzadik : fréquent collaborateur de Ben Goldberg, de David Buchbinder ou de Frank London, il a aussi participé activement au disque de groupe Zebrina sortis en 2014 sur la radical jewish culture (voir la chronique correspondante). Le bassiste saute le pas avec la création de son propre groupe ou il pourra donner forme à ses propres compositions. Le combo canadien se met alors en place : Batterie, guitare, piano, violon, et Brett à la double basse, formation ultra efficace à cinq membres. Pourquoi efficace ? parce que les compositions présentes sur le disque sont d'une richesse incroyable, on croirait presque qu'il y plus d'instruments, tellement les arrangements sont grandioses. Les 10 titres de ce disque sont tout simplement fantastiques, c'est une vrai bonne surprise, dans un registre ou on attend pas trop le label Tzadik. Le disque donne dans une certaine forme de groove : Soul, Jazz cinématographique, ambiance sombre, ou groove naturellement sensuel. Des titres donnent vraiment le ton et nous séduisent immédiatement tel "All about the starry dark", le mystérieux "Meat for dogs" ou encore le gigantesque "Electric sinner". Dix titres excellents, doté d'une forte composition bien construite, ou chaque musiciens peut s'exprimer à un moment. Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé ce disque. Après avoir été étonné de sa teneur, on se dit que John Zorn n'est pas très loin de ce style avec The dreamers, et qu'on peut comprendre pourquoi il a signé le nouveau projet de Bret Higgins, qui signe haut la main l'un des plus beau chapitre de la série Spotlight....
LES RHINOCEROS - III
Nouvelle charge et cavalcade des rhinocéros, qui semblent parfaitement bien installés dans le giron de Tzadik, la politique du label allant parfaitement à ravir avec le coté excentrique et hors contrôle de la musique du trio de Washington. Une nouvelle fois, le renfort de potes musiciens est à déceler sur quelques titres (clarinette, trompette, sax), renforçant les atmosphères un peu folles de l'opus. Une nouvelle fois, Michael Coltun nous dévoile son sens aiguë de la composition et son coté borderline lorsqu'il s'agit d'offrir un brassage intense, crossover entre du Klezmer, de la noise, de la world music, de l'improvisation, l'ensemble étant accouché sur une grosse base rock. La formule reste sensiblement la même que sur les deux précédents disques, mais elle est tellement étonnante à la découverte qu'il est difficile de s'en lasser. On notera aussi qu'en plus de gros riffs, il y a toujours des petits passages ambiant très subtils, des harmoniques mélodiques recherchées, et que l'ensemble nous parait toujours cohérent, pas le capharnaüm bruitiste qu'on peut redouter dans ce genre de disque. Un troisième chapitre vraiment chouette de la part des rhino, qui effectuent jusqu'ici un sans faute dans leur parcours sur le label. A voir en tournée...
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