dimanche 27 octobre 2013

JOHN ZORN - Filmworks XXI

Poursuite rétrospective de la serie des filmworks de John Zorn, débuté en 1986 et se poursuivant inlassablement de nos jours. On retrouve tout cette série dans la archival serie de Tzadik, qui couvre tous les enregistrements que sort le compositeur new yorkais de nos jours. Le Filmworks XXI date également de 2008, ce qui en fait la troisième bande son zornienne cette année la. Un documentaire et un film qui n'ont strictement rien à voir hormis leur relative courte durée, ce qui permit d'enquiller les deux sur un même volume.

John Zorn explique en introduction que même après 15 bandes sons de films déjà faites, les offres sont très aléatoires : il peut se passer plusieurs années sans un seul coup de fils de réalisateurs, puis soudain en recevoir plusieurs d'un seul coup. Ce fut le cas en 2008 puisque 4 offres intéressantes furent aboutis. Maria Beatty est la première à se manifester : la réalisatrice a déjà travaillé avec le compositeur sur deux précédents filmworks (IV et VI, au milieu des 90's), et son nouveau court métrage pour exprimer la sensualité féminine et le contact avec la nature (tourné en France d'ailleurs). Après avoir pensé à plusieurs sortes d'instrumentations (dont du Tabla, idée abandonner au bout d'une semaine, ne trouvant pas de musiciens adéquates), la combinaison se fera donc avec la harpe, la guitare, et le choix en tout dernier lieu de la basse, Shanir Ezra répondant présent le matin même de la session. Carol Emanuel et Marc Ribot complète le line-up, et signe 7 titres brillants et lyriques à souhait. Dans une veine purement easy listening, la musique est pour le coup en phase absolue avec les atmosphères du film, sensuelle, envoûtante, féminine et parfois mystérieuse. Une belle retenue et sensibilité dont fait preuve John Zorn durant ce court set, ayant parfaitement capturé l'esprit du film...


La seconde partie du disque couvre un documentaire sur la restauration du Rijksmuseum à Amsterdam. La production avait contacté Tzadik à la base pour obtenir certains titres en licence du Masada string trio pour pouvoir les utiliser en trame sonore, la réponse de Zorn est souvent la même face à ces requêtes : pour le même prix, il préfère composer une nouvelle bande son : plus stimulant pour la créativité, les musiciens sont payés, de la nouvelle musique est composée, les disques sortent. Un processus qui satisfait tout le monde, et Zorn pense qu'un film original doit posséder sa propre bande son. Le challenge était principalement de capturer une atmosphère du XVIIeme siècle pour renvoyer à un baroque minimaliste, pour obtenir un ensemble cohérent avec l'univers du musée. L'utilisation du clavecin est donc la principale nouveauté pour Zorn ; Il alterne ce rôle avec Uri Caine selon besoin, dont c'est la première incursion dans un filmwork. On retrouve aussi Cyro Baptista et Kenny Wollesen au vibraphone. Dix titres sympathiques avec effectivement une nouvelle sonorité et approche de par le clavecin, Cyro étant toujours au top avec ces percussions fantastiques, notamment sur "architecture"...

samedi 26 octobre 2013

DEVEYKUS - Pillar without mercy

Nouveau venus dans le giron de Tzadik, voici un groupe qui m'a vraiment interpellé avant même sa sortie car la vision proposé m'a franchement intrigué. Dan Blacksberg est la tête pensante du projet, il possède déjà à son initiative plusieurs groupes (Electric Simcha entre autres), mais celui çi risque de franchement marqué les esprits de par son audace et son originalité. Le jeune compositeur découvre la musique juive traditionnelle par le biais de Frank London, que tous les amateurs de Tzadik connaissent bien. Il a alors ensuite l'idée de mélanger le genre avec un autre genre musicale n'ayant pour le coup rien à voir : le Doom metal.
Je connais pour le coup assez bien ce genre, puisque je gravite plus à la base dans une sphère rock. les deux références cités sur la tranche Tzadik (Earth et Sunn O))) ne font pas vraiment de doom-metal (qui est nettement plus rythmique), ils sont les fers de lance de ce qu'on appelle le Drone, style pour initiés basé principalement sur la lourdeur et la vibration de riffs de guitare, utilisant la répétition et la puissance du son pour créer un magma sonore (parfois) destructeur. Dan Blacksberg a donc recruté une formation rock traditionnelle (deux guitares, une basse, une batterie), la touche juive hassidique se fera donc par son intermédiaire via le trombone, joué ici à pleine puissance et qui accompagne toutes les phases des 6 longs titres (hormis quelques passages bidouillages Noisy que ne renierait effectivement pas le duo O'Malley/Anderson). L'ensemble sonne t'il cohérent ? oui. Mille fois même. Jamais on a entendu pareil déluge sonore. La touche juive est noyé au milieu des riffs parfois écrasants proposé par le quatuor. Mais ce disque est un voyage incroyable dans une vision unique. Dan Blacksberg signe donc avec Deveykus (le nom de la formation) un grand disque pour le coup complètement en marge avec la Radical jewish culture (Jamie Saft s'y était essayé avec son "Black Shabbis"). J'ai adoré, et je trouve la pochette superbe et en parfaite adéquation avec la musique proposé, c'est dire !