dimanche 15 août 2010

MASADA - Sanhedrin (1994-1997)

Paradoxalement, je n'ai pas grand chose à dire sur ce disque. Tous ceux qui connaissent ce blog aiment John Zorn, et donc apprécient l'un de ses groupes majeurs qu'est Masada (et qui contrairement à d'autre demeure toujours en activité de nos jours et s'est mué en de multitudes différentes formations). La sortie en 2005 de ce magnifique disque était une aubaine pour tous les fervents du Masada songbook premier du nom ; Enfin toutes les chansons inédites qu'on retrouvé sur les lives allaient être disponibles dans un magnifique double album en forme de livre, couvrant les périodes de 1994 à 1997. 29 titres, rien à jeter, c'est du grand art, la quintessence du jazz moderne. Obligatoire d'écoute. Le mot de la fin pour John Zorn

"De 1973 à 1993, mon univers de composition était à prédominance structurel et complexe. Le traditionel concept de mélodie n'était une part importante de mon langage créatif. Début 1993, comme un challenge envers mes compétences de compositeur, j'ai commencé un livre de chansons inspiré par de grands compositeurs comme Ornette Coleman, Burt Bacharach, Thelonious Monk, ou Kurt Weill. La challenge de coupler mon odyssée personnelle juive et mes compétence de saxophoniste ont donné naissance au monde de Masada..."

8 commentaires:

  1. Tiens j'ai jamais écouté celui-là, me disant que j'avais bien d'autres choses à écouter que des albums style "compilations de chutes studio" mais vu la critique jvais m'y pencher !

    PS : Et le DVD "Masada Live at Tonic 1999" il est bon ?

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  2. tu peux t'y pencher, tu sera pas déçus !

    le dvd, je serai un peu moins enthousiaste. J'ai eu du bol de l'emprunter dans la médiathèque de ma ville, tu l'as vu une fois, c'est bon, tu zappes aprés. la manière de filmer était basique, etc...De la à dépenser 25 € pour l'acheter...peut être plus prendre le dvd de Claudia Hermann "12 stories...", il est plus fun...

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  3. Je trouve pesonnellement que "12 Stories" est un film raté.
    On y voit bien évidemment des moments musicaux magnifiques (Cobra avec Susie Ibarra, Chris Speed, etc, Masada, ou Beuysblock, entre autres), les entretiens (bien trop rares, et c'est là le vrai problème) avec Zorn sont intéressants, mais son parti-pris post-adolescent et narcissique d'appréhender l'oeuvre de Zorn par son expérience personnelle de fan est bien trop réducteur pour la complexité de l'oeuvre (trop souvent simplement ramener à Naked City).
    Son savoir et son ouverture (a priori, limités) ne lui permettent pas d'avoir une vision assez large et pertinente de l'oeuvre tentaculaire de Zorn.
    Et franchement, qu'est-ce qu'on en a à faire de la voir peindre (qui plus est mal) et écouter des disques dans son atelier ?!
    Heureusement que la musique sauve une réalise hideuse, issue des clichés les plus éculés de la caricature que l'on se fait dès que l'on prononce les mots école de Beaux-Arts de New-York !

    Mieux vaut se pencher sur son très beau film "Shabbat in Paradise". Ca, c'est un beau documentaire, humble, pertinent et généreux.
    On y va de superbe moments d'Anthony Coleman en studio.
    Il est amusant de voir qu'au début des années 90, Coleman était le fer de lance de la Jewish Music New-Yorkaise. Dans les bonus du DVD, où Zorn, Jon Madif, et d'autres s'expriment, on voit qui dirige ça maintenant !

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  4. 100 % d'accord avec toi sur les clichés des beaux arts quand j'y repense. La fille vaguement punk avec les cheveux bleus, faut voir le truc.

    Aprés, je serais moins vindicatif que toi : le film n'est pas raté, et si il l'avait été, je ne pense pas que Zorn aurait autoriser sa publication. De plus, Je pense que c'est justement cette juxtaposition de travail journaliste/fan qui a plu à ce dernier. Il faut être réaliste : pour explorer l'oeuvre entière de Zorn jusqu'en 2003, il aurait fallu sortir un quadruple dvd ! Donc on peut quand même saluer ce travail de synthétisation, qui a été colossal à mon avis...

    Je salue aussi la prestation d'avoir suivi (ou plutôt tenter) de receuillir des images du saxophoniste sur une période de 10 ans, surtout qu'on se rend bien compte dans le dvd qu'il a une grande méfiance vis à vis des médias, et qu'elle a galéré plus d'une fois pour le filmer. C'est n'empêche l'une des seules qui a fait ça (même si il traine sur le net un documentaire fantastique sur Zorn période 80's ou il parle longuement du disque "Godard/Spillane" (et accessoirement le voir porter un tish agnostic front avec marquer "skinhead" dessus, ce qui m'avais vraiment surpris)

    Tu es super pointu et calé sur l'univers de Zorn (et c'est tout à ton honneur), mais ce documentaire s'adresse autant au fan hardcore qu'au néophyte le plus complet qui ne connait même pas Naked city je pense. Donc je pense que "12 stories" est une oeuvre réussie, même si je peux comprendre la frustration des fans qui pouvait s'attendre à plus (en matière d'images de concerts par exemple)

    j'avais le projet de chopper "shabbat in paradise". Tu as attiser ma curiosité d'un cran. bientôt l'achat je sens...

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  5. Salut pk,

    Sans trop monopoliser le clavier, ni les colonnes de ton blog, je vais expliquer ma critique, en effet radicale, du film.

    Je ne pense pas qu’il aurait fallu un quadruple DVD pour appréhender l’œuvre de Zorn de façon plus large (exhaustivement, c’est une autre paire de manche !). Rien qu’en faisant sauter les superflues introspections de Heuermann, et tout ce qui la concerne elle, il y a du temps à gagner sur le montage du film !

    Je maintiens que ce film est raté pour une chose simple : elle décide de faire un film sur John Zorn, et s’opère dans le film un glissement de sujet, et, elle devient, très vite, le sujet et l’objet principal de son film. Je ne peux accepter et adhérer à ce parti-pris (pour peu que cela en soit un, et pas simplement une mauvaise manie narcissique de créateur inhérente au médium).

    Qu’après on salut le fait d’avoir suivi Zorn durant une dizaine d’années, je respecte la performance, mais cela ne fait pas un film. Sans parti-pris, on se retrouve à enchaîner des plans et des séquences plus ou moins intéressantes les unes après les autres. Quand on n’enfile pas carrément des perles…

    Les choix de réalisation se doivent d'être fait au service du sujet (et par la même du film), dans l'état d'esprit de la disparition du réalisateur au bénéfice des personnages.

    Et trouver constamment, du tournage au montage, l'équilibre parfait entre parti-pris forts et objectivité du traitement du sujet est difficile. Mais c'est là le ciment du documentaire.

    Puis toujours ramener sur le tapis Naked City, et plus précisément « Torture Garden », est fatiguant et réducteur. OK, c’est un super album qui impressionne fortement les premières fois où on l’écoute. Mais pour moi, Naked City sera toujours au summum, d’abord avec « Grand Guignol » (et de très loin), ensuite « Leng Tch’e », puis l’album « Absinthe ».

    Et je t’avoue que si des images de concert m’ont certes manqué, c’est surtout des entretiens sur de vrais sujets que j’aurais aimé voir : ses positions et son travail de composition (il en a forcément un ou plusieurs, comme Messiaen avait ses modes), son inscription magick, « la synthèse alchimique » issue de Harry Smith, « la Structure Ontologique » Foremanienne, « les intuitions hermétiques » héritées de Cornell, bref, ce qui fait que Zorn est Zorn. Et pas des extraits de moments de vie plus ou moins palpitants mais qui ne créent pas, je trouve, de la matière pour raconter 12 histoires (le sous-titre est un mensonge).

    Et pour ce qui est de l’accessibilité, de la facilité d’écoute et d’interprétation, je pense que cette question ne devrait même pas rentrer en ligne de compte pour John Zorn.

    Et sur la publication du DVD, avec l’immense respect que j’ai pour Zorn, on sait qu’il n’y a pas moins objectif que lui lorsqu’il s’agit d’éditer des amis. Certes, il n’édite jamais rien de fondamentalement mauvais, mais il y a des choses particulièrement dispensables (très peu, c’est vrai) inscrites au catalogue de Tzadik. Et je crains que malheureusement ce film en fasse parti.

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  6. P.S. : J’ai en effet vu ce doc passionnant sur Zorn chez lui, s’exprimant sur « Godard/Spillane ». Et surtout on le voit après en train de diriger un super Cobra.
    Au sujet du T-shirt, n’oublions pas que « Pistol Whipping » , sur « Radio » de Naked City, est dédiée à Agnostic Front et Siège.
    Pour ce qui est de l’appellation skinhead, je rappelle juste pour info que les skinheads sont à la base des jeunes issus des quartiers pauvres anglais qui écoute du reggae (apparentés aux rude boys et aux hard mods). Ce n’est que plus tard que c’est opéré un amalgame avec l’extrême-droite et particulièrement le nazisme. Aujourd’hui encore beaucoup de gens leur refusent le droit de s’appeler skinhead. Les vrais skinheads appellent les racistes et les fascistes boneheads. Avec le temps, on a fait la distinction en appelant les skinheads antiracistes redskins.
    Sinon, tu peux trouver sur youtube une vidéo du Sonny Clark Memorial Quartet, avec Wayne Horvitz et Bobby Previte en 4 parties. Je conseille la troisième ( http://www.youtube.com/watch?v=pyz2ShV3mOA&feature=related ), qui est en fait un passage télé (dans un émission improbable à la Sabatier !) de Xu-feng, avec Anthony Coleman, Eugene Chadbourne, Previte, Horvitz, David Williams et Barry Taylor. Superbe et improbable !

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  7. ah ah, y'a matière à débat en tous cas, et c'est plutôt une bonne chose. Je comprend ton point de vue en tous cas...

    Tu as raison en tous cas : Naked city ne se résume pas à Torture garden (qui était une compil' aussi d'ailleurs). Je suis assez d'accord avec toi sur la place importante de "grand guignol" et "absinthe". Et c'est vrai que Zorn n'est pas toujours objectif envers ses amis, je te l'accorde volontiers...

    Je savais pour l'influence récurrente du NYHC, et l'origine de l'appelation Skinhead. Mais en l'occurence, j'ai été surpris de ce tish shirt car Agnostic front a justement un passé trés douteux, ou ils drainaient au CBGB's toutes les racailles de NY pas vraiment super ouvert d'esprit (si vous voyez ce que je veux dire...). Des affiches d'époque que j'ai chez moi l'atteste sans aucun doute. Zorn a du assister à ses shows mid 80's, et a été marqué musicalement et par l'énergie qui se dégager du truc. Mais porter un tish Agnostic de cette époque est en total contradiction avec toute la radical jewish culture qu'il developpera par la suite...

    merci pour le lien

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  8. N'oublie pas que malgré le fait qu'il fasse souvent référence à la culture juive, et aux gens d'orignes juives en règle générale (Walter Benjamin, Sholem Aleichem, Paul Celan, Bruno Schulz, etc), dû à Asher Ginzberg et au sionisme culturel (N.B. : à ne surtout pas confondre avec le sionisme politique !!!), John Zorn a fréquemment fait référence à des gens qui l'ont influencé, malgré leur anti-sémitisme, latent ou affirmé (soit-disant C.G. Jung et Mickey Spillane, mais plus clairement Lovecraft...).
    Toute l'intelligence de l'homme.

    Doit-on détester Céline ou Dali ?

    Garder en mémoire le mariage alchimique comme symbole de l'union des contraires, ou comme dirait Hermès Trismégiste "Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas" (repris des siècles plus tard par André Breton sous la forme "Tout porte à croire qu'il existe un point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et l'avenir, le haut et le bas, le communicable et l'incommunicable cesseront d'être perçus contradictoirement").

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