lundi 29 juillet 2019

JOHN ZORN / GEORGE LEWIS / DEREK BAILEY - Yankees

On reprend le cycle Tzadik par un disque qui n'est pas du label justement, Zorn n'ayant pas pu récupérer les droits apparemment, ce qui serait le cas pour d'autres ; le disque a vu le jour en 1983 sur le label français de renom Celluloid, puis a connu différents repressages en CD sur différents labels. Un chapitre qui fait une nouvelle référence au sport puisque les Yankees sont l'une des équipes de baseball de NY, les games pièces ayant souvent fait références au sport par le passé ("Pool", "hockey", "golf", "baseball", etc...). On en ai pas loin puisque on assiste ici à une rencontre d'improvisation pure et dure entre trois maitres en la matière. John Zorn était certes un jeunot à l'époque, mais il était d'ailleurs plus reconnus dans la downtown scene comme un improvisateur hors pair plutôt qu'un compositeur reconnus, il a depuis sortis quelques albums pour prouver le contraire. Derek Bailey lui à l'inverse a toujours été reconnus comme un théoricien de la guitare et un fondateur de l'improvisation libre. La rencontre des trois hommes eu lieu à Brooklyn en 1983, et demeure assez fun. Entre la guitare de bailey qu'on connait, les coups de trombone éparse de Lewis et Zorn qui s'éclate avec les duck calls, les verres d'eau et son sax qui parle et échange avec le trombone, c'est un disque sans prétention mais une nouvelle preuve historique du talent de John Zorn. Derek Bailey est décédé en 2005, Mais Zorn n'a pas hésité à rempilé quasi 35 ans plus tard, en compagnie cette fois de Wadada leo Smith, mais toujours avec Georges Lewis (voir la Spectrum serie)

dimanche 28 juillet 2019

JOHN ZORN's BAGATELLES MARATHON (Marseille Jazz des cinq continents, jardins du palais longchamp, 26/07/2019)

Si je peux certes donner mon modeste avis sur quelques disques glaner par çi, par la, je déteste faire les lives reports, je me sens tout simplement mauvais dans cet exercice. De plus, ne vous étonnez pas de commentaires idiots et futiles de ma part, ainsi que du manque de détails ou de ne pas enjoliver le récit, tout ceci est NORMAL ! (don't like it, don't read it !).

Après avoir fait plusieurs dates européennes récentes dont il est d'ailleurs coutumier (le North jazz festival, celui de Vienne, la tuile de la date de Paris qui a été annulé pour au final être déplacé au New morning, petit club de jazz de la capitale, etc...), John Zorn s'offre une excursion dans le sud pour offrir son marathon au festival de Jazz de San Sébastian (dont nous sommes déjà allé) et pour la premier à celui de Marseille dans un cadre magnifique, le palais Longchamp étant un magnifique vestige de la grandeur de Marseille autrefois...

Masada quartet : On prend les même et on recommence ! c'est quasi une tradition que Zorn ouvre ses marathons lui même, en soufflant, postillonnant et couinant comme un furieux. Et comme très souvent, ce sera avec son groupe historique Masada, qui continueront certainement à jouer jusqu'à la mort de l'un d'entre eux. Petit coup de vieux d'ailleurs pour Dave Douglas et Greg Cohen, Joey Baron est toujours aussi fort à la batterie, et leur jazz est toujours aussi magique à entendre, la cohésion de groupe tutoie sans problème l'excellence, et ceux depuis de nombreuses années

Mark Feldman/Sylvie Courvoisier : Comme dans les marathons Book of angels d'il y a une décennie, le duo/couple est placé en seconde place étrangement, comme si qu'il s'agissait d'une requête de leur part (à moins que ce ne soit une volonté de Zorn...). Le couple joue depuis tellement longtemps la aussi, que les quelques titres bagatelles jouaient ici sonnait parfais. Sylvie est toujours aussi bourrine avec son piano (parfois, elle ne joue pas léger, elle tape du poing dessus !) et son mari suit parfaitement derrière. Comme d'habitude serait t'on tenter de dire...

Mary Halvorson quartet : Enfin du sang neuf dans le marathon ! je n'avais jamais vu, ni entendu cette formation que j'ai beaucoup aimé. La formation rythmique était impeccable (un jeune batteur avec Drew Gress, vieux briscard de la downtown...), puis il y avait ces deux guitaristes assez différents dans leur jeu, mais complétement raccord dans les compositions. Mary Halvorson, dans sa petite robe verte, qui jouait de manière très atonale, en suivant attentivement sa partition, et son comparse Miles Okazaki qui lui était en roue libre complète, enchainant les arpèges ultra mélodiques puis de la dissonance totale en partant dans des délires improvisés géniaux et bruitistes à souhait. Et c'était encore pire quand sur le dernier morceau, on lui a laissé une pédale de disto à disposition. Un set entre rigueur jazz et fureur parfois rock, vraiment du plaisir à voir et à entendre...

Erik Friedlander / Mike Nicholas duo : Friedlander était déjà présent sur le book of angels et sur les marathons à l'époque, il rempile une nouvelle fois en s'étant trouvé un pote avec qui jouer. Chamber music belle et virtuose avec deux violoncelles. Un set entier d'une heure serait peut être un peu long, pour une vingtaine de minutes, c'est juste parfait...

Trigger : Zorn y va de sa blague "After the chamber music, we need a Punk band ! What else ?" lors de la présentation du groupe (qu'il fera avec chaque formation). Le groupe le plus jeune de la bande et donc le plus foufou. Ce genre de formation qui insupporte les vieux jazzeux qui ont pris leurs abonnements pour toutes les dates du festival et qui sont la pour le jazz conventionnel. Rien de tout ça ici, plutôt un Math rock bien bien noise et furax, du bonheur pour nous ! Ils ont joués pas mal de titres et ça a décapé les oreilles de l'assemblée. Rien de bien punk dans la musique (aucun groupe punk ne serait capable de jouer de manière aussi technique) mais plutôt dans l'attitude ou le bassiste à cinq cordes remporte la palme, tapant du poing sur sa basse, se roulant par terre ou bien saute à pied joint de manière rageuse sur la scène. Génial !

Craig Taborn solo : Comme Uri caine à l'époque, toujours un set de piano solo. Toujours un petit peu chiant, ça permet de faire un tour pour aller prendre à boire en écoutant au loin...

 John Medeski Trio : le medeski, martin and wood enterré, John Medeski s'est trouvé un nouveau duo pour l'accompagner dans ses pérégrinations zorniennes. Ca sonne comme avant pour le coup ! j'encaisse un petit peu plus son orgue strident cette fois çi. Le gros batteur black Calvin Weston fais le taff comme il faut (solo à l'appuis) et le guitariste est très bon également, L'ensemble sonnait parfois un petit peu funky...

Nova quartet : Je préfére largement John Medeski au piano dans la formation du Nova quartet (rescapé en tant que groupe lorsque ils ont enregistré "Nova express" de Zorn il y a déjà quelques années). Ca joue formidablement bien, c'est juste magnifique. Joey Baron au top avec son jeu de batterie jazzy et souple, mais tout en subtilité. On est content de voir notre copain Trevor Dunn, toujours aussi balèze. Mais la star de cette formation, c'est Kenny Wollesen ("aka le mac Lesgy new yorkais") avec son vibraphone. Il joue de manière virtuose cette instrument, juste un plaisir des yeux à voir...

Gyan Riley/Julian Lage : Je n'ai pas entendu les disques du duo qu'ils ont fait pour John Zorn encore. Mais c'était somme toute très sympathique à écouter en concert. Duo de gratte acoustique, mais qui sonne et joue ultra virtuose, on est loin de la reprise d'oasis bourré un samedi soir. J'ai hâte de découvrir sur disque...

Brian Marsella Trio : Pure formation jazz, on retombe toujours sur les pattes du cadre d'un festival de jazz malgré les digressions, c'est certainement la diversité et la magie Zornienne. Kenny Wollesen repasse à la batterie, et il excelle aussi dans ce rôle (n'oublions pas qu'il a fait de l'intérim pour Masada dans les années 90), Trevor Dunn quitte de plus en plus son carcan rock pour devenir un vrai jazzeux et Brian Marsella est un super pianiste. On l'avait déjà vu dans le cadre du Banquet of spirits (un peu éclipsé par Cyro Baptista), mais il prend ici toute la lumière du trio, et c'est une bête, aucun doute la dessus...

Ikue Mori : l'interrogation de la soirée. Pourquoi ? c'est la question qui nous vient à l'esprit. Le rendu visuel est famélique, et la performance est étrange. On ne sait pas si on aime ou pas, on y trouve un intérêt plus que limité, je vois même pas trop comment elle a pu interprété des partitions du bagatelles. Ces disques m'ont toujours laissé perplexe, et son laptop me laisse un peu de marbre. Zorn l'emmène pourtant quasiment partout, tel un porte bonheur. Ne cherchons pas trop à comprendre, mais après plus de trois heures de concert, elle aura un peu dissipé la soirée (pour être polis...)

Kriss Davis : Heureusement, Kriss Davis reprend le flambeau avec brio pour nous offrir la aussi un pur set de jazz. Kenny Wollesen, Drew Gress et Mary Halvorson sont de retour à la batterie/basse/guitare et jouent incroyablement bien tous ensemble. Et Kriss Davis fait le liant de tout ça en survolant les partitions bagatelles avec son piano. Vraiment un super set de jazz traditionnel...

Peter Evans solo : Avec sa trompette, ses lunettes de soleil et son coté rock star en vacance, Peter Evans nous a servis une prestation costaud ou souffle continu et technique ultra pointue ont cohabité durant 20 minutes. Personnellement, j'ai trouvé ça cool, je sais pas si c'est le cas de tous le monde en revanche...

Asmodeus : Il fallait bien finir ce marathon par une énorme claque. Un trio allait nous la donner. Marc Ribot est dans la place, ça reste le king du game. Trevor Dunn quitte enfin sa contrebasse pour prendre sa basse Fender precision de 1975, et Kenny Grohowski s'assoit derrière le kit de batterie, déterminé à nous prouver que Ches Smith est certes un bon batteur, mais qu'il faut un peu de puissance aussi pour le free rock. John Zorn s'assoit à coté d'eux pour les guider dans les improvisations et dissonances les plus sauvages. Ribot déchire ses cordes, tout comme Trevor qui tape du poing dessus ou utilise un stylet pour faire du slide débridé. Puis Kenny ! mais quel monstre ! Vu son âge, peut être le meilleur batteur de la soirée. Jazzy, rapide, puissant, méchant alternant roulements de dingue et blast beats ultra virulent et étant comme un poisson dans l'eau de cette formation Asmodeus. Un super set pour finir, le public est conquis. Les 29 musiciens reviennent sur scène (quel logistique à chaque fois !). Zorn présente, harangue la foule puis redonne l'ordre à tous les zicos de se rentrer, en bon chef d'orchestre qu'il est. Merci pour cette soirée, Maestro New yorkais...