Histoire de ne pas épuiser une formule jusqu'à la moelle, il y a toujours un guest qui fait son apparition pour apporter une petite coloration différente. C'est cette fois çi Kenny Wollesen et son vibraphone infernal qui s'invite dans la danse.L'instrument et la virtuosité de Wollesen apporte clairement un peu de lyrisme dans ce volume. Comme le dit le OBI de Tzadik : ligne de partition atonal complexe, folie d'improvisation, riffs heavy metal, solos de folie et profond lyrisme se côtoient dans un cocktail détonnant. Honnêment, "The painted bird" est un bon disque de John Zorn avec son groupe coqueluche de l'époque, la pochette est par ailleurs magnifique...
vendredi 15 août 2025
JOHN ZORN - The painted bird
lundi 11 août 2025
JOHN ZORN - Flaga book of angels 27
27eme Volume du bouquin des anges sortis en 2016. "Flaga", Démon avec cette fois çi une forme de volatile. John Zorn a lui même appeler les musiciens pour monter le projet. Craig Taborn au piano gravitait déjà dans le giron de Zorn à cette époque. Idem pour Tyshawn Sorey à la batterie qu'on retrouve sur divers disques de Zorn sur Tzadik ("In the hall of mirrors"). En revanche Christian McBride à la basse fait sa première session pour le sorcier de la downtown scene.
9 titres, enregistré en 1 seul journée le 25 novembre 2015 à NY, ça force toujours le respect, surtout quand on voit le niveau hallucinant des compositions. On a le droit évidemment à un gros jazz en version power trio avec piano, une formule que le boss de Tzadik à tendance à développer de plus en plus ces dernières années. Ca joue de manière dingue, quelques solos bien envoyés, on n'arrive pas trop à déterminer si il y a beaucoup d''improvisation mais on sent avant tout que le trio, accompagné par Zorn aux arrangements, donne tous ce qu'il peut pour donner vie à ces partitions. Gros gros niveau et sympathique volume du book of angels dans le registre jazz...
dimanche 10 août 2025
MAKIGAMI KOICHI - Electric eel
Makigami Koichi, c'est le vieux pote japonais un peu fou des 90's de John Zorn. Ok il en a connus un paquet lorsqu'il séjourné à Tokyo à l'époque, mais ce chanteur hors norme sortira par la suite 3 autres disques pour le label new yorkais, démarrant une relation de confiance avec les années à venir.
Koichi, c'est aussi le pendant japonais de Mike Patton, surtout lorsque ce dernier s'essayait beaucoup aux onomatopées vocaux à l'époque, que ce soit en solo via Tzadik ou avec Moonchild (il semble depuis en nette panne d'inspiration dans ce domaine, voir tout court...). Makigami a du servir de référence pour ce vieux Mike, tant ces acrobaties vocales sont fun et folles. Il est ici accompagné par Anton Bruhin qui joue de "l'electric jew harp". On se sait pas exactement ce que sait mais ça sonne comme une sorte de guimbarde. "L'anguille electrique" est un disque sympa, ludique, évidemment très expérimental, mais qui donne un bon aperçus de l'art un peu fou de Koichi. La rencontre date de 1998...
dimanche 23 mars 2025
ANTHONY COLEMAN TRIO - Sephardic tinge
Seconde référence historique de la Radical Jewish culture sortis en 1995, qui allait donner le ton sur quasi 20 ans de disques divers et variés avec comme point commun l'identité juive.
Pochette Arty comme on l'aime, certainement un resto marquant pour Anthony Coleman et John Zorn, deux amis de longue date qui se sont toujours soutenus l'un l'autre. Le pianiste est apparus sur quelques game pieces de Zorn, tandis que le boss de Tzadik lui offrait l'opportunité de continuer à s'exprimer sur son nouveau label new yorkais à l’époque (Coleman était déja apparus sur le label japonais précédent chapeauté par Zorn, Avant). Ayant grandis dans un quartier doménicain de Brooklyn, le musicien voulais s'éloigner à tous prix du Klezmer, LA musique emblématique de l'identité juive. Il parle dans le livret d'influence cubaine et latine, etc. A l'écoute du disque, on les cherche encore un peu, si on résume en version bête et méchante, il s'agit d'un disque de Jazz en mode trio Piano/Batterie/Basse. Les compositions avaient écrites pour être interprété dans un festival Radical jewish culture, ces festivals même ou Zorn composera son premier disque "Kristalnacht". Pas con, Zorn demande à la section rythmique de son nouveau groupe de Jazz de l'époque, Masada, d'allait aider son vieux pote pour l'enregistrement qui a lieu en décembre 93 et janvier 94. Hors quand tu as Greg Cohen et Joey Baron dans tes rangs, tu sais que l'ensemble va être solide. C'est la cas avec ce cool disque de jazz qui multiplie les ambiances diverses, toujours avec une grande classe. J'ai mis pas mal d'années à me procurer ce disque, je comble les trous petit à petit, et je me suis retrouvé dans l'est village dans les 90's le temps d'une quarantaine de minutes...
samedi 1 mars 2025
ANNIE GOSFIELD - Burnt ivory and loose wires
Premier Album historique d'Annie Gosfield sur la composer serie de Tzadik sortis en 1998. J'avais déjà chroniqué son second disque sortis quelques années après et qui m'avait bien plus. Ce premier disque ne déroge pas de mon sentiment premier. Annie Gosfield a une vision de la musique expérimentale qui me passionne. La musique expérimentale possède un spectre évidemment très large étant donné qu'il n'a pas vraiment de limite dans l'art musical qui repousse les limites. Mais il y a parfois des visions auxquels on n'adhère pas, voir qui peuvent s’avérer carrément irritantes.
La pochette de ce "Burnt Ivory..." donne le ton de ce qui va suivre : un piano explosé, des sonorités hors normes avec Annie qui se place aux claviers "samplés", et toute une bande de musiciens qui l'accompagne pour ce voyage intersidéral (guitare, batterie, percussion, violon). 6 compositions absolument fantastiques, évidemment très difficile à décrire, mais qui mérite clairement le détour. Le dernier titre est un peu plus conventionnel, dure 10 minutes et voit le Rova saxophone quartet le décrypter avec virtuosité. Comme toujours, on saluera la prise de risque de John Zorn à l'époque de sortir sur son label un tel ovni musical, 40eme référence du label et trois ans après sa création...
lundi 17 février 2025
MILFORD GRAVES - Grand unification
Considéré dans la Downtown scene comme l'un des pionniers du free jazz et de l'expérimentation au niveau des percussions, Milford Graves est certainement connus des amateurs de Tzadik pour son duo fait avec Zorn pour ses 50 balais. Un compositeur qui maitrise ses instruments sur le bout des doigts, et qui sait taper n'importe quoi, même ton portefeuille si ça se trouve...
Milford Graves, c'est aussi deux disques sur le composer series, dont voici le premier volume sortis en 1998. Enregistré en total improvisation, en direct live et sans overdub, la performance de plus d'une heure est envoutante. Au départ, on se dit que c'est pas gagné, Milford frappe tout azimuth, n'arrête pas de sortir tout au long du disque des espèces d'incantations, et demeure en roue libre total. Puis au bout d'un moment, à l'instar du Haino Keiji sur la New japan ou "IAO" de Zorn, le rituel hypnotique se met petit à petit en place, et notre cerveau est vite aspiré dans le tourbillon tambourinant mystique. Rien qu'à voir le "kit" de l'américain, on devine et perçoit de multiples sons différents. Les disques de Percussions ne sont pas mes préférés du label mais celui çi fait figure de référence historique pour le label New Yorkais, 3 ans seulement après sa création...
Milford Graves a disparu le 12 février 2021 à l'âge de 79 ans. R.I.P
JOHN ZORN - The hermetic organ St Bart's NYC
L'orgue a été le premier pas de John Zorn dans la musique à l'âge de huit ou neuf ans en 1961 : son affection pour les films d'horreur (particulièrement "le fantôme de l'opéra" de Lon Chaney) le poussera à découvrir de nombreuses découvertes musicales qui serviront d'influences dans ses compositions futures. Ses parents ayant refusé de lui acheter un orgue, il se rendait fréquemment chez des amis qui en avait un chez eux afin de se familiariser avec l'instrument, et un joueur d'orgue de l'église de ses parents dans le queens le laissait parfois improviser sur ce dernier : un instrument d'une puissance incroyable selon Zorn, ou psychédélisme, imagination, magie et mysticisme se couple avec une atmosphère gothique. L'envie de pratiquer l'instrument était belle et bien présente, les occasions un peu moins.
Quatrième volume de "l'orgue hermétique" de Zorn, enregistré le 31 octobre 2015 à NY, à minuit, durant Halloween donc. Le compositeur New Yorkais est particulièrement contant de pouvoir s'exercer sur le plus gros orgue de la grosse pomme, qui laisse une variété de sonorités possibles apparemment bluffante (on parle de 12422 "Pipes" !!). 2 long track de 15 et 25 minutes d'orgue solo, un classique dans le catalogue Zornien...
dimanche 24 mars 2024
PAINKILLER - Zornfest@knittingfactory 3 september 1993
Né le 2 septembre 1953, chaque décennie d'anniversaire de John Zorn est un moment important car cela donne lieu à une série de concerts massifs durant tout le mois de septembre. Les 60th et 70th ont donné lieu a carrément de nombreux shows à travers le monde entier en 2013 et 2023. En 2003, c'est tous le mois de septembre complet qui donné lieu à une série de concerts au Tonic de New York (ouvert entre 1998 et 2007), un club du lower east side qui n'a pas survécu à la gentrification. On retrouve douze volumes de disque sur Tzadik sous l’appellation "50th birthday celebration" (dispo à la lecture). En 1993, il y a eu le 40th birthday celebration durant également le mois de septembre complet, à l'ancienne Knitting factory (celle situé dans l'east village de Manhattan non loin du CBGB, et qui a depuis été délocalisé à Brooklyn) lors d'un "Zornfest" mémorable, mais dont les travaux n'ont malheureusement jamais été publié officiellement...
Il s'agit pourtant certainement du birthday le plus important pour le fondateur de Tzadik : à 40 ans, en pleine force de l'age, il fonde à cette période tous ses projets majeurs dont aucun autre n'aura la même portée historique par la suite. La veille de ce concert de Painkiller ? le 2 septembre 1993, Masada y joue son tout premier concert historique (dispo sur la Archival serie de Tzadik "Masada first live"). Ce live officiel de Masada prouve que ce Zornfest a été enregistré intégralement mais n'a jamais été publié par la suite, peut être que Zorn ne trouvait pas les prestations assez bonnes ? ou peut être des difficultés techniques d'enregistrements ? On ne saura jamais vraiment la vérité. Mais on y retrouvera une première incarnation d'Electric Masada, des lives de Naked city, etc....3 septembre 1993, Painkiller rentre en scène, le vrai trio, avec Bill Laswell et Mick Harris, qui a enregistré seulement peu de temps avant les disques en studio. Une prestation thermo-nucléaire en deux partie (on imagine 8pm et 10pm) absolument dantesque. Le son de ce bootleg est trés correct, on entend bien le public gueuler entre les titres (moins de 50 personnes assurément) donc une prise de son directe, mais une qualité tout à fait honorable, malgrés quelques grésillements et rares micro coupures. Et voila le disque parfait pour faire le lien avec les 5 lives existants de Painkiller (3 japonais, le 50th birthday et le dernier de 2005, voir la section Painkiller du blog). Le trio est en fusion, Laswell est démoniaque, Zorn s'époumone comme un jeune premier, Harris gueule comme un âne, blast comme un vicelard (même si avouons le, c'est le moins bon batteur de Painkiller dans le fond). Pour plus de sauvagerie, Kevin Sharp de Brutal truth vient gueuler en mode grindcore à son tour (!!). Et pour rajouter un peu de folie, Buckethead intervient à la gratte durant le premier set, puis casse sa guitare (C'est Zorn qui l'annonce lui même), mais intervient sur la fin du second set dans un bordel sonore incroyable. Pour tout fan de Zorn, ce live est obligatoire d'écoute et merci à ce bootleg d'exister. Cerise sur le gâteau ? Painkiller livrera un second set le lendemain qu'il me reste à découvrir mais j'en reparlerais assurément
Ps : si quelqu'un connait le planning complet du 40th birthday Zornfest durant le mois de septembre 1993, je suis preneur...
jeudi 25 janvier 2024
TEIJI ITO - King Ubu
dimanche 21 janvier 2024
MASADA - 30th anniversary edition (boxset)
Une forte belle initiative que ce coffret Masada pour fêter les 30 ans du groupe qui avait joué leur premier concert au Tonic à NY en septembre 1993 pour l'anniversaire de John Zorn. Une formation hors du commun que tous les suiveurs de Tzadik connaissent forcément. Certainement l'apogée de la conjugaison du jazz et de la "radical jewish culture", puis qui donné par la suite une tonne de déclinaisons et un nombre incalculable de "Tunes".
Citons en vrac : Différentes nouvelles formations comme le Masada string trio, L'electric Masada, le Bar Kokhba, le new masada quartet. On continue avec un hommage particulièrement fou sur Tzadik pour les 10 ans de Masada ("le 10th year anniversary"), une série de disques Live parue sur Tzadik des meilleurs concerts du quatuor, puis la composition d'une nouvelle seconde série "The book of Angels" (32 volumes à son actif), puis une troisième pour conclure l'héritage de Masada 25 ans aprés intitulé "Book Beri'ah". C'est certes un petit peu compliqué de s'y retrouver quand on démarre avec cet univers aussi vaste, mais il existe même des sites explicatifs bien foutus pour s'y retrouver.
Cette box regroupe donc les 10 premiers disques du groupe enregistré entre février 1994 et septembre 1997 parue à l'époque sur le label japonais DIW, qui comptait en ses rangs le fameux Kazunori Sugiyama qui deviendra par la suite le producteur associé de John Zorn pour toutes les productions Avant (label précédent Tzadik, j'y reviendrai d'ailleurs) et Tzadik, et ceux depuis de nombreuses années. Le label d'origine n'a pas demandé de royalties pour cette box, honorant un contrat qui s'était résumé à une poignée de main il y a plus de vingt ans, la classe japonaise que le saxophoniste ne manque pas de souligner. Le coffret est une superbe aubaine pour ceux qui, comme moi, ne posséder pas (ou peu) les volumes d'origines. Mais il y a tout de même des bonus pour les détenteurs des disques originaux : outre la magnifique box en elle même (bel objet, mais c'est une récurrence sur Tzadik de toute façon), le volume 4 "Dalet" ne comportait que 3 titres à la base (pour 20 minutes de musique) et était offert en cadeau pour les acquéreurs des trois premiers opus. Ce volume a été remplis à foison pour cette anniversaire, avec la présence de deux versions inédites, des prises alternatives et deux répétitions, soit 7 titres supplémentaires en tout pour plus de 50 minutes de musique inédite. N'oublions pas aussi que les fans peuvent se tourner vers la double compilations d'inédits/titres rares "Sanhedrin" parus en 2005 sur l'Archival serie de Tzadik. Le coffret comporte aussi un épais livret remplis de témoignages de John Zorn lui même, Dave Douglas, Greg Cohen (et son anecdote hilarante du restaurant japonais), de quelques artistes Tzadik (Bernstein, London, Goldberg, Trey Spruance dans un long récit, etc) et quelques personnes extérieurs fervent de Masada (journaliste, auteur, etc).
Je ne vais pas m'aventurer dans le descriptif détaillé des disques : l'expérience Masada s'écoute fort, se vit, donne envie de danser, de rire, de se détendre selon les différents "mood" de la plus d'une centaines de titres présent dans ce premier Masada songbook. J'aurais une préférence pour le volume 5 "Hei", mais simplement parce que c'est le seul volume DIW que je possédais auparavant et que j'ai beaucoup écouté, renfermant une place de concert de Masada en 2005 en Italie, soit la première fois ou j'ai vu le combo en concert. Pur nostalgie donc.
Pour terminer sur une note plus polémique, la distribution de cette box a été trés chaotique. De multiples erreurs ont eu lieu, des box qui devait être dédicacé par Zorn sont arrivé chez les auditeurs non signés, etc. Je crois que si je ne l'avais pas réclamé, le distributeur ne m'aurait jamais envoyé mon coffret (un bon pote à moi l'a reçus 3 semaines avant moi, nous vivons à 10 km l'un de l'autre). Et pour cause, ce dernier a fait faillite il y a un mois, laissant une ardoise salé pour le label new yorkais de 70000 $. C'est la seconde fois que ça arrive aprés la faillite de Pledge music il y a 4/5 anspour la distribution de Book Beri'ah qui avait fait un trou financier de 100000 $ à l'époque pour Tzadik. A ce rythme la, les difficultés financières pourraient s'accumuler rapidement, des crowfundings, concerts de soutien auront lieu prochainement pour soutenir le label, et il est vrai que les partenaires selectionnés par John Zorn sont particulièrement foireux. La distribution est désormais assuré par Downtown music gallery, le distributeur US de Tzadik (ils auraient peut être du choisir cette option dés le départ), la box est limité à 1000 exemplaires donc ne traînez pas trop si vous êtes amateurs...