jeudi 9 mars 2023

JOHN ZORN - The true discoveries of witches and demons

 

Simulacrum, acte 2. Le nouveau trio de rock dur du boss de Tzadik nous avait déjà collé une bonne mandale, la suite de l'année 2015 poursuit son pilonnage dans les règles avec la rudesse du pillard carolingien maillet à la main. Comme si la formule n’était pas assez noisy et frappadingue, John Zorn a l'éprouvante bonne idée de convoquer deux musiciens supplémentaires et pas n'importe lesquels : Marc Ribot et ses solis bourrin ultra dissonant, et Trevor Dunn à la basse, soit l'un des meilleurs bassistes de la scène rock américaine. 10 titres plus tard, on finit absolument sur les rotules. Le math/rock ésotérique de la formation nous en met plein la gueule tout du long, pour notre plus grand plaisir masochiste. Une deuxième guitare apporte plus de textures, plus de jeux barrés avec le clavier, plus de solos un peu fous. La basse de Dunn apporte plus de rondeur à l'ensemble, qui sonne véritablement plus puissant que sur le premier disque. On ne reviendra pas sur le jeu de batterie hallucinant de Grohowski, ni sur la présence essentielle de Medeski et son orgue qui éléve spirituellement le combo, ou Hollenberg qui fait le taff niveau rythmique. "Dark sacrifice" apporte une accalmie malsaine au milieu du déferlement sonore, rappelant ainsi le côté mystique que peut avoir une formation rock dans la tête de Zorn, tout comme l'était Moonchild en son temps. "The true discoveries of witches and demons" est une sacré performance des musiciens présent sur le disque, et une grande oeuvre composé par John Zorn, qui s'est occupé au passage de l'artwork...

mercredi 8 mars 2023

JOHN ZORN - Forro Zinho (Forro in the dark plays Zorn)

Voici encore une collaboration complètement inattendue de la part de John Zorn ! Celui-ci a confié quelques-unes de ses compositions triées parmi ses nombreux projets aux musiciens de Forro in the Dark. Devenus célèbres pour leurs prestations au club new-yorkais Nublu, les sud Américains jouent un mélange fort original de forró, musique traditionnelle brésilienne, de jazz et de rock. Plus de 10 ans après la sortie de leur premier album, le groupe se lance dans le pari osé qu'est celui de la reprise du répertoire de John Zorn. C'est un réel défi de s'attaquer à une telle pointure ! L'album est produit par Jesse Harris que nous avions retrouvé deux mois plus tôt sur l'album live « Song Project » de John Zorn. La musique sud-américaine évoque souvent un ensemble orchestral composé d'une armée de cuivres et d'instruments à cordes et d'un mur de percussions. Or, le collectif Forro in the Dark se veut ici au contraire très épuré : les instruments qui composent le corps de la formation sont la guitare, la percussion et la flûte. Cet habillage réduit à sa plus simple expression permet de mettre en valeur les mélodies composées par John Zorn et d'apprécier au mieux la manière qu'ont les musiciens de se les approprier. Le forró se dessine toujours plus ou moins tout au long de l'album mais ne se fait jamais envahissant. On peut tout de même citer comme exemple typique « Life is Real Only Then When ''I am'' » et son rythme effréné mené à la baguette par une flûte diabolique dont les mélodies gambadent sur le rythme chaloupé de la contrebasse. Dans un même registre l'électrique « Tempo de Festa », l'une des deux seules compositions originales, nous entraîne dans une danse torride des plus déchaînées. Là où le groupe étonne c'est qu'il parvient parfaitement à passer les compositions dans la moulinette de son propre style tout en conservant l'essence même des mélodies. Ainsi, « Sunset Surfer » morceau issu de l'album Radio de Naked City, troque son atmosphère berçante de surf music pour un étrange cocktail où flûte et guitare se côtoient dans une ambiance jazzy soutenue par une basse vivifiante. Le groupe développe des atmosphères toujours singulières qui laissent parfois place à des improvisations de grande qualité marquées par des influences jazz évidentes. Prenons pour exemples le mélancolique « Forro Zinho », ainsi que « Novato », issu de l'album « Alambrah Love Songs », qui sont truffés de soli du plus bel effet. « Shaolin Bossa » fait partie des titres les plus connus de la carrière de Zorn. Issu du 13ème album de la série Filmworks, le morceau original met en scène une bossa acoustique tout à fait classique, si ce n'est que le thème, fort joli soit dit en passant, est interprété par un pipa, instrument à cordes traditionnel chinois. La version du groupe new-yorkais se veut beaucoup moins « zen » ; ses chœurs, ses percussions et son Wurlitzer déguisent les mélodies de couleurs vives sud-américaines tout en prenant soin de conserver cette cadence posée propre au morceau initial. Le Wurlitzer est d'ailleurs aux mains de Marcos Valle, référence brésilienne de la bossa-nova et autres musiques dansantes, invité à l'occasion de l'enregistrement. Forro in the Dark donne un second souffle aux compositions de John Zorn sans tomber dans les nombreux pièges inhérents à la reprise. Les morceaux sont choisis avec discernement et forment un tout équilibré et fluide. De plus, le groupe nous prouve qu'il a plus d'un tour dans son sac en abordant les compositions sous différent styles et varie ainsi les plaisirs. (kronik par le site Nightfall....)