mardi 22 novembre 2016

JOHN ZORN - The alchemist

Sous-intitulé “True and Faithful Chronicling of the Esoteric Spiritual Conferences and Concomitant Hermetic Actions performed by Her Majesty's Alchemist Dr John Dee and one Edward Kelley invoking the Nine Hierarchies of Angelic Orders to Visible Appearance, circa 1587”, le 6e quatuor à cordes de John Zorn rend hommage à l’occultiste et alchimiste anglais du XVIe, John Dee aussi appelé Dr DEE, et  s'inspire de ses entretiens avec les Anges par l'entremise d'un medium du nom d'Edward Kelley. Un string quartet exécuté une nouvelle fois avec virtuosité et complexité, qui ravira les fervents de musique classique contemporaine.

Un autre hommage est rendu, pour chœur à trois voix féminins, au site sacré de Newgrange en Irlande, édifié antérieurement à ceux de Stonehenge et celui de de Giseh, pour Amergin l'un des textes celtes les plus anciens connus à ce jour. "Earthspirit" dure une douzaine de minutes. Je ne suis pas fan de cette facette de Zorn, et j'ai trouvé cette composition moins bien aboutis que Shir Hashirim par exemple...

lundi 21 novembre 2016

JOHN ZORN - Psychomagia

Pochette ésotérique pour ce chapitre de John Zorn de 2014, digipack classieux avec des collages de Joseph Cornell à l'intérieur (une influence récurrente), une illustration très "tatouage abstrait" de la part de Zorn lui même, et un hommage appuyé à Lou Reed, puisque le disque lui ai dédié (les deux hommes étaient assez proche). On notera aussi la présence d'un autre ingénieur du son que l'habituel Marc Ursulli, pour un disque enregistrer le 2 et 3 décembre 2013, et mixer par Bill Laswell. Ce chapitre zornien très "Free rock" dans l'esprit tranche un petit peu avec les sorties 2014, et demeure extrêmement revigorant pour ceux qui en avait un peu marre de la "chamber music" trop intello. Retour en grande pompe du quatuor "Abraxas" (du disque du même nom). Shanir Ezra est cette fois çi à la basse pure et dure. Eyal Maoz et Aram Bajakian font un boulot monstrueux aux guitares dans une folie de riffs, un déluge de notes et de solos souvent assez complexes. Puis il y a Kenny Grohowski, le metalleux de la bande, qui est vraiment un batteur monstrueux, alternant feeling jazz et tabasserie rock grossière. La magie du disque vient aussi des nombreux arrangements, les compos démarrant souvent en douceur pour finir dans un tourbillon sonique sans détour par la case départ. John Zorn avait composé le disque expressement pour ces musiciens, en s'inspirant entre autre du cinéaste reconnu Alejandro Jodorowski, et des écrits de Giordano Bruno. "Psychomagia" est une belle offrande de Zorn à son public, et qui touchera particulièrement la tendance rock de son auditoire...

JOHN ZORN - The hermetic organ St. Paul's chapel, NYC

L'orgue a été le premier pas de John Zorn dans la musique à l'âge de huit ou neuf ans en 1961 : son affection pour les films d'horreur (particulièrement "le fantôme de l'opéra" de Lon Chaney) le poussera à découvrir de nombreuses découvertes musicales qui serviront d'influences dans ses compositions futures. Ses parents ayant refusé de lui acheter un orgue, il se rendait fréquemment chez des amis qui en avait un chez eux afin de se familiariser avec l'instrument, et un joueur d'orgue de l'église de ses parents dans le queens le laissait parfois improviser sur ce dernier : un instrument d'une puissance incroyable selon Zorn, ou psychédélisme, imagination, magie et mysticisme se couple avec une atmosphère gothique. L'envie de pratiquer l'instrument était belle et bien présente, les occasions un peu moins. Second volume des aventures du gourou de l'East side à l'orgue. Après les célébrations diverses en concert pour ses 60 ans, un concert gratuit du compositeur à l'orgue était programmé. Comme le premier volume de "The hermetic organ", le second se déroule aussi à la St Paul's chapel de NY : le seul bémol au moment de son arrivé, Zorn n'avait pas été mis au courant que l'orgue devait subir d'importante réparations et rénovation, et la moitié de l'instrument est inutilisable. Au départ déconcerté, le compositeur s'est ensuite dit qu'il s'agissait en fait d'une opportunité de jouer "différemment" et voila le résultat pour nous, auditeurs. Très bon, cathartique et spirituel, comme le premier volume. En revanche, qui aurait deviner à l'écoute l'anecdote ci dessus avec l'instrument ? Pas moi en tous cas...

dimanche 23 octobre 2016

JOHN ZORN - Shir hashirim

Ce projet de John Zorn demeure une petite arlésienne, à savoir qu'on en a beaucoup entendu parlé auparavant, mais qu'il a fallut attendre quelques années avant que ce disque voit le jour. Offrir la vision musical du "cantique des cantiques" écrit par le roi Salomon et reconnu comme les plus anciens versets érotiques jamais crées. Une première live eu lieu à NY en 2008, correspondant à l'anniversaire des 60 ans de l'état d'Israël, avec un quatuor classique Zornien, les chœurs féminins et deux récitants en la personne de Laurie Anderson et Lou Reed (R.i.p). Un second live eu lieu en grande pompe à Paris en 2009 à la cité de la musique avec le Bar Kokhba, toujours les chœurs, et deux nouveaux récitants Clotilde Hesme et Mathieu Amalric. Puis...plus rien jusqu'en 2013, année de la sortie de ce disque. En fait, le disque a été enregistré en septembre 2010 dans la foulée mais n'a vu le jour que quelques années après, sans que l'on sache vraiment pourquoi. Pas d'instrumentations, exit les récitants, John Zorn revient à une formule plus personnelle et favorite, touchant à l'ère médiéval et au madrigal de la renaissance, ainsi qu'au minimalisme du XXeme, la formation 100 % a cappella vocale féminine. Le projet s'est axé autour des 5 voix des deux concerts, qu'on retrouvait déjà sur sa première grande œuvre vocale "Frammenti del Sappho" en 2004 (qu'on retrouve sur le disque "Mysterium" de la composer serie). Une œuvre assez courte (31 minutes) mais majeure dans le genre. Ce "Shir hashirim" est d'une pure grande beauté, et effectivement revenir dans une formation ancestrale uniquement de voix renvois à la spiritualité, l'amour et l'érotisme que Zorn veut mettre en lumière. Le disque est complété par un beau digipack classieux illustrés par des dessins érotiques d'Auguste Rodin, père fondateur de la sculpture moderne... 

JOHN ZORN - In lambeth

Le rappel de Bill Frisell avait été particulièrement une bonne idée de la part de John Zorn : son ancien guitariste de Naked city, associé avec son ancienne compagnon de route Carol Emanuel à la harpe et Kenny Wollesen (lui, récurrent dans le cercle zornien pour le coup) au vibraphone, avaient donné naissance à un superbe premier disque d'easy listening spirituel. Ce que l'on savait moins à l'époque, c'est que les trois musiciens allait devenir l'un des multiples groupes de Zorn (intitulé "The gnostic trio") et que plusieurs chapitres allaient donc voir le jour (en revanche, aucun live ne semble avoir été programmé à ma connaissance). 4 mois seulement après la création de "The mysteries", retour en studio en avril pour le trio, John Zorn avait encore certainement quelques partitions dans le placard qui restaient à mettre sur bande. Hormis la présence d'Ikue Mori sur un des titres avec son laptop, aucun changement notable dans l'instrumentation. En revanche, on reste toujours épaté par la délicatesse et la subtilité des titres, l'association vibraphone, guitare, harpe fonctionne vraiment à merveille. La couverture est issus d'un artiste de Brooklyn, Patrick Jacobs, qui semble être spécialisé dans ce genre de paysages. Les peintures à l'intérieur de disque sont de William Blake, qui est d'ailleurs une nouvelle l'influence essentielle de cet opus, sous intitulé "Visions from the walled garden of William Blake"...

jeudi 15 septembre 2016

JOHN ZORN - The mysteries

Le rappel de Bill Frisell avait été particulièrement une bonne idée de la part de John Zorn : son ancien guitariste de Naked city, associé avec son ancienne compagnon de route Carol Emanuel à la harpe et Kenny Wollesen (lui, récurrent dans le cercle zornien pour le coup) au vibraphone, avaient donné naissance à un superbe premier disque d'easy listening spirituel. Ce que l'on savait moins à l'époque, c'est que les trois musiciens allait devenir l'un des multiples groupes de Zorn (intitulé "The gnostic trio") et que plusieurs chapitres allaient donc voir le jour (en revanche, aucun live ne semble avoir été programmé à ma connaissance). Si "The gnostic preludes" avait été enregistré en décembre 2011, sa suite "The mysteries" a été enregistré pile un an après, durant décembre 2012. Le rapprochement ne s'arrête évidemment pas la, puisque les deux disques ont bien sur de grosses similitudes : même instruments, même sensibilité, même délicatesse d'interprétation, et donc résultat à l'identique : un superbe disque d'easy listening Zornien. Le minimalisme d'apparence se couple avec un incroyable développement des mélodies et de l'harmonie des instruments. On saluera spécialement la performance de Bill Frisell, grand guitariste contemporain moins reconnus que certains de ces confrères comme Fred Frith. Un beau chapitre de l'Archival serie...

lundi 12 septembre 2016

BAR KOKHBA SEXTET - 50th birthday celebration (11)

La série Celebration birthday rend hommage à l’historique performance de John Zorn qui a joué tous les soirs pendant le mois de septembre 2003 (au Tonic à NY) pour célébrer ses 50 ans. Le programme y est impressionnant, tous ces projets de l'époque étant représenté (mis à part Naked city). Je conclus les 50th birthday celebration avec le pavé le plus impressionnant et massif de la série, puisque nous avons affaire à un triple disque dans un gros digipack consistant. Le 12 et 13 septembre 2003 se sont donc déroulé les 4 sets du Bar Kokhba sextet, formation à l'époque vraiment "débutante" : le disque conceptuel "Bar Kokhba" avait bien vu le jour sur la radical jewish culture quelques années auparavant, mais ne demeurait pas vraiment un groupe, plutôt un groupement de musiciens "one shot" en studio (dans lequel on retrouvait d'ailleurs Mark Dresser, David Krakauer et d'autres...). Cette fois, le sextet est vraiment établis, vous le connaissez comme moi, "Lucifer" à l'appui. Les trois soirs retenus sont vraiment magnifique. Technique, échange, cohésion, improvisation. Zorn ne s'est même pas reposé, puisqu'il a "conduit" le sextet tous les soirs. Le section rythmique toujours aussi solide, Ribot et Batista toujours aussi indispensable qu'imprévisible, et les cordes toujours aussi présentes que majestueuses. Au final, un anniversaire vraiment réussis pour John Zorn...

lundi 22 août 2016

YAMATSUKA EYE / JOHN ZORN - 50th birthday celebration (10)

La série Celebration birthday rend hommage à l’historique performance de John Zorn qui a joué tous les soirs pendant le mois de septembre 2003 (au Tonic à NY) pour célébrer ses 50 ans. Le programme y est impressionnant, tous ces projets de l'époque étant représenté (mis à part Naked city). Juste après le duo avec Fred Frith, le second duo de la soirée avait lieu aussi le 15 septembre, mais avec un spécial guest arrivé spécialement de Tokyo, en la personne de Yamatsuka Eye (bizarrement orthographié différemment sur la pochette). Connaissant Zorn depuis son exil au japon en 1986, chanteur allumé des boredoms, hurleur occasionnel dans Naked city, Eye et Zorn ont sortis deux disques studio improbable, dont le second volume a d'ailleurs été enregistré le 7 septembre 2003, un soir ou le Tonic n'avait programmé qu'un string quartet durant son mois "Zorn's birthday". La venue de Eye étant exceptionnelle (il n'aime pas beaucoup bougé du japon), le magicien new yorkais en avait profité à fond. Le disque studio était excellent, le disque live demeure exactement dans la même veine : de l'improvisation improbable pas forcément axé sur le coté noise, pais plutôt sur les ambiances cathartiques. Un technicien est entièrement dévoué aux bidouillages électroniques, Zorn présent au saxo et bruits, Eye chuchote et s'occupe des divers objets certainement à disposition, et l'ensemble improvisée sonne vraiment étrange, mais fascinant en même temps. Fred Frith se joint à la fête sur un titre avec sa guitare. Ceux qui apprécient les volumes "nanninanni" apprécieront pleinement ce chapitre fou-fou de la 50th birthday, et qui gagne haut la main la coupe du disque le plus bizarre de la série...

JOHN ZORN / SUSIE IBARRA / WADADA LEO SMITH - 50th birthday celebration (8)

La série Celebration birthday rend hommage à l’historique performance de John Zorn qui a joué tous les soirs pendant le mois de septembre 2003 (au Tonic à NY) pour célébrer ses 50 ans. Le programme y est impressionnant, tous ces projets de l'époque étant représenté (mis à part Naked city). 22 septembre voit donc la soirée complétement intégralement présente sur ce volume : contrairement à l'intitulé, il s'agit de deux duos différents, le trio n'intervenant que pour le dernier titre de la soirée "Full fathom five" (et qui est excellent). Susie Ibarra démarre la soirée avec Zorn pour un duo batterie/saxophone rudement explosif. Ibarra, ancienne batteuse reconnue de la downtown scene semble moins présente de NY, et demeure discrète niveau actualité. Il n'empêche qu'elle se démène durant une trentaine de minutes pour tenir la chandelle avec son patron de la label qui lui semble disposer à jouer durant toute la nuit. Le changement de musicien ne le démonte d'ailleurs pas, et il reprend de plus belle avec Wadada Leo Smith, trompettiste renommé maitre dans l'art de l'improvisation. Une rencontre historique (à priori, une première) pour deux musiciens qui parlent le même langage : les instruments semblent se parler et communiquer entre eux, un set qui demeure fascinant de bout en bout...

dimanche 7 août 2016

EVAN LURIE - How i spent my vacation

Vétéran de la downtown scene de NY, Membre fondateur des lounge lizards (dans lesquels on retrouve aussi Marc Ribot entre autre et que je vous recommande) et pianiste virtuose, voici la seule incursion notable d'Evan Lurie au sein de Tzadik. C'est donc dans la catégorie des musiques de film qu'on le retrouve, lui qui s'est beaucoup attaché à la composition pour le 7eme art une fois sortis du cadre des Lizards. Cette compilation regroupe 26 titres pour une série de 6 films différents (donc un dirigé par l'acteur reconnu Steve Buscemi) plus un titre inédit pour un projet qui n'a jamais vu le jour. Contrairement aux autres volumes, les compositions sont ici présenté par ordre chronologique selon les films, les atmosphères sont donc clairement définis selon les films, au lieu du mélange traditionnel propre à la série. Une variété de composition qui oscille entre jazz posé, piano solo, musique ambiante pour film dramatique, et groove cinématique. On retrouve beaucoup de musiciens une nouvelle fois, dont plusieurs pensionnaires Tzadik (Ben Perowsky, Steven Bernstein, Greg Cohen, Marc Ribot, etc...). Un volume fort sympathique recommandé pour les amateurs de musique de films au sens noble du terme...

JOHN ZORN / MILFORD GRAVES - 50th birthday celebration (2)

La série Celebration birthday rend hommage à l’historique performance de John Zorn qui a joué tous les soirs pendant le mois de septembre 2003 (au Tonic à NY) pour célébrer ses 50 ans. Le programme y est impressionnant, tous ces projets de l'époque étant représenté (mis à part Naked city). Je ne posséde pas encore tous les volumes de cette série et la remplit dont petit à petit. 8 septembre 2003, double concert avec la relecture du classic guide to strategy (soit Zorn en solo pour l'exploration du saxo alto) et en première partie ce duo avec Milford Graves, pionnier américain du free jazz, batteur ayant révolutionné l'utilisations des percussions dans le jazz débridé. On l'entend de manière phénoménal sur ce live, le batteur exécutant une prestation de haute volée durant une demi heure d'improvisation totale à la batterie, ou strictement rien ne semble pouvoir l'arrêter. Graves se tente même vaguement aux incantations africaines, et ses percussions renvoient indéniablement du coté de l'Afrique. A ses cotés, John Zorn suit au saxo, en bon improvisateur qu'il demeure. Le patron sait être discret par moment, puis s'enflammer par la suite, comme à son habitude. John Zorn et Milford Graves continuent à se produire ensemble de manière épisodique (en 2013 au MoMa notamment) mais nous avons la l'unique trace discographique de ce duo improbable...

MASADA STRING TRIO - 50th birthday celebration (1)

La série Celebration birthday rend hommage à l’historique performance de John Zorn qui a joué tous les soirs pendant le mois de septembre 2003 (au Tonic à NY) pour célébrer ses 50 ans. Le programme y est impressionnant, tous ces projets de l'époque étant représenté (mis à part Naked city). Je ne posséde pas encore tous les volumes de cette série et la remplit dont petit à petit. 4 septembre 2003, Le Masada string trio officie sur scène avec John Zorn comme conducteur, pour l'une des premières apparitions sur disque des musiciens qui nous feront pas moins de deux book of angels par la suite. La cohésion et la virtuosité de Mark Feldman, Erik Friedlander et Greg Cohen n'est plus à prouver dans ce registre : bien qu'ils jouent en l'occurrence à la partition tous les trois, ils le font avec une telle aisance, que le rendu des titres est impressionnant, surtout en concert. Ce disque nous le prouve brillamment. Sortis en 2004, premier volume de douze disques qui fût une série étonnante à l'époque, voila un disque à ranger aux cotés des volume de Masada et de l'Electric Masada...

dimanche 22 mai 2016

FRANK LONDON - The debt

Dés l'ouverture de "The debt" démarre un titre de jazz-funk ultra classieux sobrement intitulé "The groove", composé à la base pour un documentaire qui ne verra jamais le jour, pour 5 minutes vraiment superbes. Mais déjà Frank London, compositeur habitué des rangs de Tzadik (au sein de la RJC), prouve que son talent de composition musicale mérite vraiment d'être exploité. 6 films différents se succèdent, ainsi qu'un grands nombres de musiciens différents, pour évidemment un grand nombre de pièces miniatures radicalement différentes dans leurs constructions et leurs genres musicaux. Frank London exploite donc en premier un groupe exclusivement vocal féminin (et ceux plusieurs années avant le mycale de Zorn qui s'en rapproche), du string quartet traditionnel, de la musique expérimentale SF de haute volée, du jazz avec des arrangements à la Mingus (ou Mark Dresser qui tient la basse est absolument énorme et se retrouve d'un titre gratifié de son nom) avec Frank London et sa trompette sourdine, et une session Jazzy groove latin avec conga, bongo, percussions, cuivres et section rythmique qui déboite. 28 titres, 70 minutes de musique, et unique incursion de Frank London dans la section "film music" qui semble avoir fournis tous ses travaux pour le 7eme art d'un seul bloc, mais dont la cohérence, la diversité et l'habileté à habiller musicalement les films nous séduit amplement. Puis "The groove" est un incontournable...

LOST AARAAFF - Same

Formé le 26 juillet 1970 pour un festival, la formation Lost Aaraaff se terminera aux alentours de 1975/76 dans un complet anonymat, qui perdure d'ailleurs de nos jours, et dont une reformation n'intéresserait pas grand monde, hormis quelques die hard fans obscurs. Premier groupe historique de Keiji Haino, accompagné donc d'un batteur, d'un saxophoniste durant quelques moments, on ne sait pas trop si Haino y joue de la guitare (que l'on entend très peu) ou si c'est lui qui officie au piano durant de très longs passages sur les trois plages présentes sans titres, dont une de 40 minutes. Intégralement improvisé, la musique oscille entre rock expérimental et free jazz, dans la plus pure tradition de folie japonaise. On y découvre surtout pour la première fois un Keiji Haino au chant qui nous sort déjà son empreinte vocale reconnaissable entre milles voix différentes. Et on peut être que même si il s'agit des années 70, âge d'or du psychédélisme musicale, les auditeurs en concert ont du halluciné complet à l'écoute du combo. Il aura fallu cependant de nombreuses années avant que ce disque studio (ou live, on ne sait pas trop) voit le jour sur le label PSF (1991). Il existe aussi de manière avéré un live de Lost Aaraaff (datant de 1971), mais il n'est même pas référencé sur discogs et demeure assez compliqué à trouver...

dimanche 8 mai 2016

MARC RIBOT - Soundtracks II

Sortis en 2003, quelques années après sa première incursion dans la section Film music de Tzadik, Marc Ribot remet le couvert pour un volume dédié au 7eme art, et il n'y en a pas eu de nouveau depuis. c'est certainement très dommage quand on voit la bonne teneur de ce "soundtracks 2". Le disque propose les sonorités de seulement deux films "Joe Schmo" et "The killing zone" mais je ne peux pas vous en dire plus, je n'ai pas eu le temps de me renseigner. En revanche, j'ai beaucoup écouté le disque. Il est très difficile de s'en lasser tant les ambiances sont drastiquement différentes les unes des autres. Il y a de tout : Suspense, thriller, ambiant, science fiction, comédie, et ceux dans beaucoup de styles : jazz, groove, rock, easy listening, et j'en passe. Et c'est vraiment un très bel ouvrage, certainement l'un des meilleurs que j'ai entendu du guitariste, et quand on connais son immense talent, aussi de compositeur donc, ça veut vraiment dire quelque chose. Chaque titres sonnent juste, on sent qu'ils ont le réel potentiel de sublimer chaque scènes des films. Evidemment, un florilège de musiciens s'exécutent, dont un bon nombre qui sont dans le giron de Tzadik (Alex Foster, Roberto Rodriguez, Anthony Coleman, Frank London, Steven Bernstein, Mark Feldman, Peter Scherer, Ned Rothenberg, et plusieurs autres...) pour rendre les titres incroyablement riches. Assurément l'un des meilleur volume de la série...

KEIJI HAINO - 息をしているまま = Keeping On Breathing

Sortis en 1997 sur le label japonais J-Factory, ce disque du démon japonais semble à priori avoir été enregistré en studio, même si il est difficile de faire parfois la différence entre live et analogique dans l'œuvre tentaculaire et folle de Keiji Haino. Le disque n'est pas enregistré en One shot comme cela lui arrive souvent et des plages constituent le disque, même si les coupures et le silence sème parfois le trouble dans le tracklist. Un disque de Haino une nouvelle fois en solo avec sa guitare et sa voix improbable. L'art du génie dérangé dans toute sa splendeur. Un malaise palpable de bout en bout, des accords et de la dissonance sortis de nulle part, et un exutoire auditif ou complaintes, chuchotements, palabres, et hurlements se mêlent dans la seule cohérence de nus enfermer dans un tourbillon noire. Et pour le coup, c'est vraiment une réussite...

dimanche 20 mars 2016

MARC RIBOT - Shoe string symphonettes

Avec tous les filmworks qu'ils avaient enregistré ensemble, il était quasi logique que John Zorn demande à son guitariste fétiche de faire un disque pour son label Tzadik, et en particulier pour la section "Film music". Or il se trouve qu'entre 1991 et 1996, Marc Ribot avait reçus quelques demandes de collaborations pour des films indépendants toujours très obscurs mais réellement présent. "Shoe string symphonettes" est la compilation des titres regroupés sur cinq films différents, avec une bonne poignée de musiciens différents selon les disponibilités et les studios d'enregistrement. On notera donc en vrac les présences de Los postizos (le groupe cubain de Ribot) pour quelques titres d'humeur latine, de la musique de chambre avec atmosphère inquiétante, de la musique baroque et romantique typiquement dans la veine d'une comédie sentimentale. Ribot ne s'est pas trop mis en avant avec ses guitares, laissant la part belle aux Ikue Mori, Greg Cohen, Jill Jaffe, Anthony Coleman, Dave Douglas, et encore de nombreux autres. Et une mention toute spéciale pour "Surf's down", titre de Surf music endiablé sur lequel on retrouve Ribot, Andy Haas au saxo, Cyro Baptista à la batterie et Mr Zorn Himself au saxophone. Un disque vraiment sympa de la part de Marc Ribot, et sa première incursion en son nom sur Tzadik...

KEIJI HAINO - Execration that accept to acknowledge

Un des premiers disques live de Keiji Haino sortis en 1993 sur un label américain, la date du concert étant strictement inconnu. La pochette résume dans le fond assez bien le contenu musical de l'ensemble. Le performer seul, avec sa gratte, son jack torsadé, son ampli et un micro. L'unique morceau de 41 minutes dévoile une guitare en totale distorsion tout le long. Mais une disto réellement sale, Noisy et dissonante à souhait. Quelques moments de silence se font entendre, avant de repartir de plus belle. Puis vient les incantations, voix claire et autres hurlements de harpies habituel du gaillard. Le performance pourrait relever de l'anecdotique si elle durait trois minutes, mais étant donné la longueur de celle çi, Keiji nous botte gentiment le derrière. L'improvisation est excellente et joue sur de bonnes vibrations pour nous tenir attentif jusqu'à la fin...

jeudi 17 mars 2016

KEIJI HAINO / YOSHIDA TATSUYA - Uhrfasudhasdd

Seconde collaboration sur Tzadik entre deux musiciens légendaires de la scène Nipponne plus que dépravé dans sa tête, Keiji Haino (ceux qui savent, savent) et Yoshida Tatsuya (Ruins, Painkiller, etc...). Je ne possède pas encore leur premier opus "New rap", mais étant donné le plaisir coupable et masochiste que j'ai pris à l'écoute de ce disque, vous pouvez être certain que je vais m'empresser de l'acheter. "Uhrfasudhasdd", un titre d'album qui en dit long sur les intentions du duo, sachant que les seize titres ont des noms du même acabits. Le disque démarre sur une complainte habituelle de Keiji avec un petit arpège gentillet, puis c'est le chaos : un déferlement de violence et de folie comme rarement on l'a entendu. Haino reste dans sa zone de confort en jouant de la guitare, flûte, et nous gratifiant de sa voix précieuse. Tatsuya officie à la batterie (évidemment...) mais aussi aux claviers et à la basse. On sent ensuite que le groupe s'est beaucoup amusé en studio, éditant toutes les parties émises, et en les superposant habilement pour faire souvent de vrais bons morceaux de "rock" dira t'on à défaut d'autre chose. Car il est pour sur extrêmement difficile de qualifier une musique aussi indescriptible et barrée. Mais le disque ne ressemble en aucun cas à un brouhaha sonore, on a affaire à une véritable expérience expérimentale ludique et plutôt fun. Yoshida Tatsuya semble tenir la baraque rythmique à flot (quel monstre de précision et de folie !), tandis que Keiji Haino fait du lui même, mais autant dire que le duo fonctionne carrément bien. Au final, une des meilleures collaborations de Tzadik, pas plus, pas moins !

KIKURI (Keiji Haino / Masami Akita) - Pulverized purple

Planquez vos grand-mères ! Les québecois des Disques Victo n’ont rien trouvé de mieux à faire que de réunir les deux japonais fous (pléonasme) sur le même disque ! Plus précisément, c’est sur scène qu’ils les ont réunis, car les musiques concrètes, expérimentales et bruitistes ont la côte chez nos cousins d’outre-Atlantique qui fédèrent ces genres sous la très souple appellation « musiques actuelles ». Une bonne surprise attend les auditeurs masochistes que vous êtes, impatients d’en savoir plus : c’est clairement Haino qui mène la danse comme en attestent les titres incompréhensibles, ce qui rend le tout passablement instable et beaucoup plus chaotique que prévisible et rentre-dedans. Masami semble surtout là pour souligner les démences de son confrère, qu’il s’agisse de passages ambient où Haino maltraite divers instruments à cordes pour des raisons occultes (la séquence hantée de ‘That Which Will Rise…’, mais aussi le début de ‘By Mischance…’), ou de jouer à qui fera le plus de boucan entre la glossolalie possédée, la batterie arythmique et le mur de bruit (le monstrueux ‘Give Me Back…’ qui semble avancer comme un tank à pattes mécaniques dans un tunnel de flammes) ou, surprise, de se mettre derrière les fûts pour un duo de batterie cauchemardesque, ce qui m’amène à parler de l’éponyme ‘Pulverized Purple’ qui mériterait une chronique pour lui tout seul : une demi-heure de doom apocalyptique ionisé à bloc qui décharge son électricité à tout bout de champ, avant de se transformer en harsh-noise rock d’une rare violence, le tout clôturant sur un ouragan infernal avec Haino qui hurle et s’étrangle en premier plan, comme s’il le Diable lui éjaculait sa propre folie en pleine face. On ressort du voyage déconfit, scié, pulvérisé, heureux de savoir que ces deux là sont décidément fait l’un pour l’autre tout en se rassurant qu’ils ne s’invitent pas à notre table. (review par Guts of darkness)

mercredi 16 mars 2016

AMBARCHI / O'ROURKE / HAINO - Tima formosa

Avant la reprise des chroniques de l'œuvre de John Zorn pour bientôt, j'ai décidé de m'atteler auparavant à me pencher sur une autre vision qui me fascine depuis pas mal d'années, un compositeur et musicien hors norme d'origine japonaise qui défie toute classification académique, celle de Keiji Haino. Si la plupart d'entre vous n'y sont pas étranger, c'est qu'il a sortis quelques disques sur Tzadik dans divers projets dont je mettrai un coup de projecteur prochainement. Il a cependant aussi sortis une pléthore de galettes sur de nombreux labels différents, que je ferais découvrir progressivement. En ouverture, cette collaboration de 2010 entre Oren Ambarchi (deux disques TZ sur la radical jewish culture) présent ici à la guitare, Jim O'Rourke (un disque TZ sur la composer serie) qui officie au piano, et Keiji Haino qui exécute seulement les voix et quelques samples et éléments électroniques (voire une flûte stridente par moment). 3 plages, et 1 heure de set enregistré en live et en totale improvisation sur fond de drone bourdonnant, dérive expérimentale prenant, et voix ensorcelante et malsaine. La musique se révèle vraiment cathartique, une récurrente dans l'œuvre de Haino. D'où certainement le titre de "Tima Formosa", qui désigne une colonie d'Hydrozoaires du pacifique. Une très belle collaboration, avec une sympathique pochette signée Stephen O'Malley...

dimanche 13 mars 2016

MOTOR HUMMING - Musical aluminum

Unique disque de ce groupe sortis en 1999 sur la New Japan. Venant droit de la scène de Kansai, Motor humming était un power trio classique qui a donné à l'époque sa vision tout personnelle et japonaise du rock. La tranche Tzadik en rajoute une fois de plus en parlant d'un mélange entre "punk-hardcore, improvisation, metal, funk et fusion" pour un résultat proche de Melt Banana. Or non, ce raccourcis s'avère assez foireux, Motor Humming ne possédant pas du tout la veine furieuse et atomique du groupe de Yasuko et Agata. Idem avec les comparaisons avec Naked city, Ruins ou les Boredoms. Le combo qui ressemble le plus au contenu des 16 titres reste peut être Massacre, avec son Math-rock instrumental complexe et tortueux. Oui, le groupe fait preuve d'une technique imparable, et l'ensemble se révèle dans un esprit cartoon et décalé typiquement japonais. Le trio a vraiment l'air de s'éclater en studio et c'est avec plaisir qu'on découvre leur fusion. Quelques titres trainent sur le net, et vous trouverez "Musical aluminum" pour pas cher et sans grande difficulté, ce volume Tzadik n'ayant pas du être un best seller, on l'imagine. Le petit robot de la pochette est pourtant rigolo...

lundi 7 mars 2016

PETER SCHERER - Cronologia

2eme référence historique de la section Film music de Tzadik sortis en 1996, "Cronologia" est la seule incursion de Peter Scherer sur Tzadik. Né en Suisse, après avoir étudié la composition avec Ligeti et Terry Riley, il débarque à NY au début des années 80 et s'immisce dans la downtown scene de l'époque, faisant de nombreuses rencontres clés. Il a produit plusieurs disques de Laurie Anderson, joué du clavier sur plusieurs disques de Marc Ribot, Bill Frisell, Nana Vasconcelos, David Byrne, Deux Filmworks de John Zorn et même un opus d'Etienne Daho entre autres. Il est le fondateur du groupe Ambitious lovers avec Arto Lindsay, dont les 3 album sont hautement recommandable. Il a assez peu œuvré en solo : Trois bandes sons de films, Deux opus (avec Lindsay et Don Li) et cette œuvre Tzadik dont on devine aisément qu'elle a été la demande de Zorn. "Cronologia" regroupe 13 titres couvrant 4 films différents. L'ensemble demeure assez cohérent et forme un bloc de musique à tendance ambiant. Scherer y officie avec une guitare préparée et un sampler comme unique instrument. Exploration sonique, nappes évasives, sonorités nouvelles, le disque est en tous point séduisant et décline un certain nombres d'atmosphères. On saluera aussi le renfort sur certains titres de Cyro Baptista et Nana Vasconcelos aux percussions et de Zeena Parkins à la Harpe. Peter Scherer a fait preuve à l'époque de sensibilité et c'est une musique subtile qui se dévoile à nos oreilles sur "Cronologia", en faisant un chouette chapitre de la section.

mardi 1 mars 2016

ELLIOTT SHARP - Figure ground

Retour de la section Film Music après 7 ans d'absence, que le temps passe vite. Je reprend le cours de la section en rapport avec la dernière chronique en date, le second disque d'Elliott Sharp "suspension of disbelief" sortis en 2001. Mais un précédent volume avait vu le jour en 1997, certainement l'une des premières incursions de Sharp au sein du label de son pote Zorn. Hélas, en comparaison, "Figure ground" ne fait franchement pas le poids avec son successeur. Couvrant les bandes sons de quatre films différents, la tranche Tzadik nous apprend que le musique présente est aussi excentrique que son compositeur. Mais excentrique est un bien grand mot dans ce cas de figure précis. Mash up vulgaire, ce disque représente une certaine quintessence de tout ce qu'on peut détester dans la musique expérimentale : du bidouillage sans queue ni tête, une trame directrice inexistante, des sonorités parfois intéressantes, mais aussi souvent horripilantes. Une vingtaine de plages sont présentes, certaines parfois assez courte, ou on aperçoit autant de tricotage d'instruments en solo, voir des digressions électroniques pénible. La dernière piste de "Figure ground" qui s'intitule "The salt mines" (couvrant un documentaire traitant de trois prostituées travestis latino et junkies qui vivent dans des camions désaffectés prés des entrepôts de NY ou réside le stockage de sel pour couvrir les rues enneigées lors de l'hiver) relève un peu le niveau sur sept minutes. Mais l'ensemble reste trop faiblard pour en faire un bon disque, tandis que cette section de Tzadik recèle de perles à découvrir...

dimanche 28 février 2016

LIMITED EXPRESS (HAS GONE ?) - Feeds you !

Limited express (has gone ?), un nom barré pour un groupe déjanté, ça se tient. C'est après la découverte d'une démo envoyait par le combo que le trio a été signé par John Zorn, alors en pleine ébullition avec son label à l'époque (certaines sections du label sont un poil "off" à l'heure ou j'écris ces lignes début 2016). Le boss de la downtown scene faisait faire alors ces débuts aux petits jeunes de Tokyo en 2003, mais, fait assez rare pour les projets Tzadik, Limited express existe toujours à l'heure actuel, a sortis une poignées d'opus sur des labels japonais, dont le dernier en 2013. Avec son artwork kawaii, "Feeds you" est mine de rien un sacré petit pavé gentiment jeté avec bonne humeur dans le conformisme musical. J'aurais envie de dire la "faute" à cette approche génialement japonaise, ou le kitsch, la fureur, et le lunaire se télescope dans un maelstrom de décibels. Pour faire assez simple dans la description et les fervents du Japon, ce disque pourrait être une version de Melt banana pop et ludique. Les passages éclairs supersoniques sont présent, la fureur parfois punk-hardcore, les rythmiques dingues avec effets de grattes, la voix cristalline japonaise parfois hurlée (avec alternement chants masculin/féminin), etc...Mais la ou le combo d'Agata et Yasuko reste dans leur penchant extrême, Limited express va un peu plus loin dans le débat, avec des petits cotés "prog-rock", quelques dérives pop, et autres plans incongrus au milieu du rock furax. D'un point de vue technique, les petits jeunes détonnent d'ailleurs car l'ensemble sonne assez précis. Il est de toute façon difficile de décrire un tel disque, avec une haute teneur expérimentale. On passe cependant un excellent moment si on aime cette approche "pays du soleil levant". Zorn avait encore une fois eu le nez fin...

dimanche 21 février 2016

PAINKILLER - The prophecy

La sortie de ce disque était un mini-évènement dans la sphère Zornienne et surtout des fervents de Painkiller : Cela faisait 10 ans qu'aucune sortie du groupe n'avait vu le jour, malgré des concerts livrés occasionnellement. "The prophecy" est d'ailleurs une compilation d'une tournée en Europe qui a eu lieu en 2005 et dont les prises auraient eu lieu à Berlin et à Varsovie (On constate avec malice qu'ils n'ont pas gardé le concert de Paris de 2008 à la cité de la musique qui fût, selon les témoins, une véritable catastrophe). John Zorn est plus que jamais présent en tant que tête pensante détraqué d'un combo qui ne l'est pas moins. En fidèle lieutenant, Bill Laswell, sa basse thermo-nucléaire, ses pédales et son groove démoniaque sont plus que présent aussi, demeurant toujours l'un des meilleurs bassistes à accompagner Zorn (ils se comprennent sans se regarder). Place cependant au petit nouveau, puisque Mick Harris ayant arrêté la batterie durant cette période (et Hamid Drake étant vraiment un guest en One shot), c'est Yoshida Tatsuya (Ruins...) qui remplace au pied levé et l'envie de tout détruire sur son set de batterie. Certes, pas vraiment de blast-beats expéditifs, mais un jeu extraterrestre absolument improbable, qui en fait un des meilleurs batteurs-improvisateurs au monde, mais toujours resté dans l'ombre par un refus quasi viscéral du mainstream musical. Deux titres Free-jazz/Noise se bousculent en intro et outro, 4 minutes en tout mais un massacre auditif dans les règles, ou comment tabasser l'auditoire avec un plaisir quasi-sadique. Entre ces deux titres, "The prophecy", longue tirade de 64 minutes absolument hallucinante. Apparemment un mix des deux concerts, les plus exigeants dénonceront le fait qu'un montage audio peut fausser un peu la donne quand à la performance d'un concert. Mais si on garde à l'idée que ce montage ne concernerait à priori que deux concerts, le titre est tout bonnement renversant. Improvisation totale, passages éclairées, destruction noise, solos démentiels de chacun des trois musiciens, accalmie salutaire, l'ensemble est vraiment du grand art. A juste titre, l'acquisition de ce disque est quasi essentielle si vous aimez le label Tzadik, et on se dit que Zorn devrait plus souvent fouillé ses cartons pour nous sortir une série complète de live de Painkiller et de Naked city...

dimanche 14 février 2016

LARRY OCHS - The fictive five

Larry Ochs, Saxophoniste de renom de la Bay Area, membre fondateur du Rova sax quartet, Amis de John Zorn et fréquent collaborateur de pléthore de musiciens (Terry Riley, Wadada Leo Smith, Fred Frith, etc...). C'est en 2013 lors de sa résidence au Stone de New York que le nouveau quintet se forme avec toute une bande de musiciens venant de la downtown scene, pas vraiment connus dans le giron de Tzadik, mais tous reconnus comme d'excellents improvisateurs. Apparemment, après deux  soirées enthousiasmantes devant un public conquis, le combo à priori intitulé "The fictive five" aurait voulu continuer à se produire en public. Mais Larry Ochs vivant à San Francisco, des problèmes de planning et de logistique sont apparus, empêchant le groupe de jouer ensemble jusqu'à décembre 2014. Mais dans la foulée de la possibilité de se retrouver, une session studio fût réservé le 5 décembre au Eastside sound studio de Marc Ursulli (l'ingénieur du son qui s'occupe de manière quasi attitré de toutes les productions de Zorn ces dernières années) pour mettre le disque en boîte durant une seule journée. Cela peut paraître court, mais devant la teneur fortement improvisé de l'ensemble, il n'y avait pas vraiment besoin de plus, les 4 titres ayant sans aucun doute étant enregistrés en "One shot". Ochs aux saxo Ténor et Sopranino, Trompette, batterie et deux basses dont une parfois préparé. On est dans la grande tradition des combos free-jazz, même si le résultat se porte vraiment plus sur l'improvisation. Trois longues suites au programme (plus un quatrième de 4 minutes), interaction totale entre les musiciens, solos en cascades, accalmies salutaires, déchaînement de tous le monde ensemble, c'est du grand art dans l'improvisation, avec une performance qui devait certainement être aussi visuelle. Après quelques collaborations éparses, la première incursion de Larry Ochs au sein de Tzadik sur la série Spectrum détonne et impressionne l'auditeur...

dimanche 7 février 2016

BRET HIGGINS' ATLAS REVOLT

Bret Higgins est loin d'être un étranger du label Tzadik : fréquent collaborateur de Ben Goldberg, de David Buchbinder ou de Frank London, il a aussi participé activement au disque de groupe Zebrina sortis en 2014 sur la radical jewish culture (voir la chronique correspondante). Le bassiste saute le pas avec la création de son propre groupe ou il pourra donner forme à ses propres compositions. Le combo canadien se met alors en place : Batterie, guitare, piano, violon, et Brett à la double basse, formation ultra efficace à cinq membres. Pourquoi efficace ? parce que les compositions présentes sur le disque sont d'une richesse incroyable, on croirait presque qu'il y plus d'instruments, tellement les arrangements sont grandioses. Les 10 titres de ce disque sont tout simplement fantastiques, c'est une vrai bonne surprise, dans un registre ou on attend pas trop le label Tzadik. Le disque donne dans une certaine forme de groove : Soul, Jazz cinématographique, ambiance sombre, ou groove naturellement sensuel. Des titres donnent vraiment le ton et nous séduisent immédiatement tel "All about the starry dark", le mystérieux "Meat for dogs" ou encore le gigantesque "Electric sinner". Dix titres excellents, doté d'une forte composition bien construite, ou chaque musiciens peut s'exprimer à un moment. Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé ce disque. Après avoir été étonné de sa teneur, on se dit que John Zorn n'est pas très loin de ce style avec The dreamers, et qu'on peut comprendre pourquoi il a signé le nouveau projet de Bret Higgins, qui signe haut la main l'un des plus beau chapitre de la série Spotlight....

LES RHINOCEROS - III

Nouvelle charge et cavalcade des rhinocéros, qui semblent parfaitement bien installés dans le giron de Tzadik, la politique du label allant parfaitement à ravir avec le coté excentrique et hors contrôle de la musique du trio de Washington. Une nouvelle fois, le renfort de potes musiciens est à déceler sur quelques titres (clarinette, trompette, sax), renforçant les atmosphères un peu folles de l'opus. Une nouvelle fois, Michael Coltun nous dévoile son sens aiguë de la composition et son coté borderline lorsqu'il s'agit d'offrir un brassage intense, crossover entre du Klezmer, de la noise, de la world music, de l'improvisation, l'ensemble étant accouché sur une grosse base rock. La formule reste sensiblement la même que sur les deux précédents disques, mais elle est tellement étonnante à la découverte qu'il est difficile de s'en lasser. On notera aussi qu'en plus de gros riffs, il y a toujours des petits passages ambiant très subtils, des harmoniques mélodiques recherchées, et que l'ensemble nous parait toujours cohérent, pas le capharnaüm bruitiste qu'on peut redouter dans ce genre de disque. Un troisième chapitre vraiment chouette de la part des rhino, qui effectuent jusqu'ici un sans faute dans leur parcours sur le label. A voir en tournée...

dimanche 3 janvier 2016

FRICTION - Zone tripper

Reck fait partie de ces musiciens japonais un peu moins connus que certaines icones nippones emblématiques (Haino Keiji, Merzbow, Yamatsuke Eye...) mais son CV parle pour lui. Après avoir créer le groupe 3/3 en 1971, Reck et son saxophoniste Chico décide partir à NY dans les 70's ou ils deviendront des figures emblématiques de la NY No wave punk scene originelle. Après avoir fondé Teenage Jesus and the jerks avec Lydia Lunch, ils seront parmi les membres fondateurs du groupe The contorsions qui sera par la suite dirigé par James Chance. Deux combos effectivement légendaire de la scène naissante et bouillonnante de NY. Ils tirent leurs révérences et reviennent au Japon en 1978 pour former Friction. Un premier album voit le jour en 1980, puis d'autres disques dans les années qui suivent. Les Line up évoluent considérablement, tous axés autour de Reck, bassiste déjant' et indétrônable frontman de la formation. "Zone tripper" s'articule donc autour de 13 titres compilés principalement composés et enregistrés en 1995 avec un power trio basse, guitare, batterie. Il s'agit du premier disque du groupe à sortir hors du Japon et de connaître une sortie et renommée mondiale. Pochette mystère qui semble avoir changé avec le temps (la première nous montre une espèce de statue, aucune idée pourquoi un tel changement). Chant japonais sur fond de Synth-punk ultra jouissif. Honnêtement, ce disque ne respire pas par son coté avant-gardiste, il s'agit avant tout de bon gros rock, avec un gros coté punk par moment, et effectivement un petit coté noise, principalement par rapport à la production un peu "lo-fi" de ce "Zone tripper". Quelques remix bien sentis un poil electro-indus, mais on retiendra surtout ces séries de riffs assez géniaux qui nous dévoile un disque pas très courant sur Tzadik, à l'esprit punk-rock sauvageon. La diversité, il n'y a que ça de vrai...