lundi 4 décembre 2023

ALVIN CURRAN - Theme park

 

Apres avoir créer le premier disque estampillé Tzadik de la composer serie en 1995, et avoir sortis un troisième volume en 2004 (regroupant des titres inédits et rares), voici donc le second volume de 1998 enfin chroniqué en ces lieux "Theme park". Pochette mystère et disque qui ne l'est pas moins, le contenu du disque est hautement expérimental, du pur Tzadik dans sa conception. 

"Theme park" est une longue composition de 32 minutes uniquement dédié aux percussions. C'est William Winant, percussionniste reconnus de la west coast qui se colle à la retranscrire de la partition à la réalité auditive. Tout y passe niveau percus et sonorités, j'imagine que le prestation devait être hautement visuelle, on y entend toutes sortes de sonorités improbables et c'est véritablement captivant à suivre, sachant que le compositeur à essayer d’aérer l'ensemble et non pas se contenter d'une virevolte de roulements de batterie continuel (même si il y en a un peu, je vous rassure)

La seconde composition "Charlie's park" est du pur Alvin Curran puisque c'est lui même qui se charge des collages sonores, samples et trituration de bandes magnétiques. Evidemment, l'ensemble sonne ultra bizarre durant 15 minutes, entre bruits de sirènes d'alarme, ambiant déviant, chant mongol traditionnel et cuivre de Charlie Parker déformé. Tout un programme franchement indescriptible mais qui fonctionne pour tout auditeur appréciant la composer serie de Tzadik...   

samedi 21 octobre 2023

JOHN ZORN - Madrigals

 

John Zorn et les voix féminines, c'est un petit plaisir que le boss s’octroie de temps en temps quand l'envie lui prend. On se souvient d'un filmwork qui officiait dans cette veine, certains disques de la composer serie, Shir hashirim qui fut un projet de longue haleine fastidieux à mettre en place, ou alors les deux Book of angels proposait par le quatuor Mycale. Représenté par 6 cantatrices nommée "The sapphites" (dont personnellement je ne connais que Lisa Bielawa qui a sortis un disque sur la composer serie, chroniqué sur ce blog), On est évidemment dans une vision minimaliste, touchant aux textures tonales et atonales, et qui dégage une certaine sensualité logique. Je ne suis pas vraiment fan du genre, mais force de reconnaître qu'il se dégage quelque chose du disque qui dure une quarantaine de minutes. Aussi intéressant, le disque est inspiré du poète et écrivain britannique Percy Bysshe Shelley, figure littéraire du XIXeme siècle qui connaîtra une vie assez débridé dont je vous recommande la lecture sur wikipedia, avec en point d'orgue une mort romanesque noyé en mer lors d'un voyage en voilier improvisé. Certainement une des multiples lectures de John Zorn, jamais avare en référence sur les oeuvres qui ont inspiré sa vision musicale exponentielle... 

dimanche 17 septembre 2023

JOHN ZORN - Cerberus book of angels 26

 

26eme volume du Book of angels sortis en 2015, qui porte cette fois le doux nom du démon Cerberus, qui prend une apparence avec trois têtes de chiens. C'est un nouveau combo qui s'attelle cette fois çi à reprendre le répertoire du boss de Tzadik, Anglais basé à Londres de surcroît et qui réponds au doux nom de The spike orchestra. Un premier disque était déja sortis en 2014 "ghetto" autoproduit et sortis sur leur propre label. 

On ne sait pas trés bien comment l'opportunité s'est faites mais le processus à du ravir John Zorn car jugez plutôt : le Spike Orchestra est un big band de 18 musiciens (!!) ce qui ouvre une voie phénoménale en matière d'arrangements, de compositions et de délires en tous genre. Et c'est d'ailleurs ce qui se passe le long des 10 compositions dédiées à ce volume. Outre les traditionnels basse, guitare et batterie, il y a aussi la présence d'une énorme section de cuivres divers ainsi que du piano et de l'accordéon. Evidemment les premières sonorités luxuriantes nous font penser au big band de Jazz. Mais les compositions de Masada renvoi aussi à un coté Klezmer prononcé, une touche de rock bien sentis, une pointe de psychédélisme, des influences cartoon, etc. Les influences cités sont noble et cohérente, de Duke Ellington à Frank Zappa (certainement la période Wazoo/Waka jawaka), en pensant par l'incontournable Carl Stalling, et plus surprenant John Zorn lui même. C'est donc un bel hommage que le groupe a du se régaler à proposer des arrangements digne de ce nom, sachant qu'il serait jugé par le maître Himself. C'est franchement réussis, grâce à des titres assez longs (pas moins de cinq minutes pour tous, 1 heure de musique), mais qui sont d'une telle richesse à découvrir que ce "Cerberus" passe assez vite. Le volume 24 de Klezmerson marquait déjà une première approche big band du book of angels mais était porté sur un coté latin, la ou le Spike orchestra se tourne plus vers un penchant fanfare des pays d'europe de l'est. Mon titre préféré est le dernier "Labadron", plus psyché et plus sombre, un superbe titre de conclusion pour un chouette volume offert par ces Londoniens qui ne sont pas en manque d'idées...

vendredi 19 mai 2023

JOHN ZORN - Inferno

 

 Inferno est le troisième album du trio Simulacrum, qui retrouve sa forme de trio après l'apparition, sur l'album précédent, de Marc Ribot et Trevor Dunn. Il s'agit de la troisième parution discographique du trio en 6 mois. Le titre fait référence à une œuvre de August Strindberg, qui a inspiré John Zorn pour les compositions de cet album. Inferno propose, comme sur les précédents opus, un mélange de styles (métal, jazz, minimalisme, atonalité, ambient).

La présentation Wikipédia résume parfaitement ce disque que j'ai trouvé sympathique sans se taper le cul par terre non plus. La partie la plus impressionnante du disque reste la fameuse suite "Inferno" longue de 20 minutes, avec une montée progressive fascinante, et qui nous en met plein les oreilles. Pour la suite, Kenny Grohowski est toujours aussi impérial à la batterie, Medeski et Hollenberg font le taff avec leurs instrus respectifs. Le travail de John Zorn à la composition est remarquable, mais on s'habitue aprés toutes ces années à cette complexité musicale, et "Inferno" ne se démarque pas avec évidence d'autres chapitres Zorniens plus originaux. Pochette en mode diablerie, c'est l'enfer musical qui s'offre à vous... 

jeudi 9 mars 2023

JOHN ZORN - The true discoveries of witches and demons

 

Simulacrum, acte 2. Le nouveau trio de rock dur du boss de Tzadik nous avait déjà collé une bonne mandale, la suite de l'année 2015 poursuit son pilonnage dans les règles avec la rudesse du pillard carolingien maillet à la main. Comme si la formule n’était pas assez noisy et frappadingue, John Zorn a l'éprouvante bonne idée de convoquer deux musiciens supplémentaires et pas n'importe lesquels : Marc Ribot et ses solis bourrin ultra dissonant, et Trevor Dunn à la basse, soit l'un des meilleurs bassistes de la scène rock américaine. 10 titres plus tard, on finit absolument sur les rotules. Le math/rock ésotérique de la formation nous en met plein la gueule tout du long, pour notre plus grand plaisir masochiste. Une deuxième guitare apporte plus de textures, plus de jeux barrés avec le clavier, plus de solos un peu fous. La basse de Dunn apporte plus de rondeur à l'ensemble, qui sonne véritablement plus puissant que sur le premier disque. On ne reviendra pas sur le jeu de batterie hallucinant de Grohowski, ni sur la présence essentielle de Medeski et son orgue qui éléve spirituellement le combo, ou Hollenberg qui fait le taff niveau rythmique. "Dark sacrifice" apporte une accalmie malsaine au milieu du déferlement sonore, rappelant ainsi le côté mystique que peut avoir une formation rock dans la tête de Zorn, tout comme l'était Moonchild en son temps. "The true discoveries of witches and demons" est une sacré performance des musiciens présent sur le disque, et une grande oeuvre composé par John Zorn, qui s'est occupé au passage de l'artwork...

mercredi 8 mars 2023

JOHN ZORN - Forro Zinho (Forro in the dark plays Zorn)

Voici encore une collaboration complètement inattendue de la part de John Zorn ! Celui-ci a confié quelques-unes de ses compositions triées parmi ses nombreux projets aux musiciens de Forro in the Dark. Devenus célèbres pour leurs prestations au club new-yorkais Nublu, les sud Américains jouent un mélange fort original de forró, musique traditionnelle brésilienne, de jazz et de rock. Plus de 10 ans après la sortie de leur premier album, le groupe se lance dans le pari osé qu'est celui de la reprise du répertoire de John Zorn. C'est un réel défi de s'attaquer à une telle pointure ! L'album est produit par Jesse Harris que nous avions retrouvé deux mois plus tôt sur l'album live « Song Project » de John Zorn. La musique sud-américaine évoque souvent un ensemble orchestral composé d'une armée de cuivres et d'instruments à cordes et d'un mur de percussions. Or, le collectif Forro in the Dark se veut ici au contraire très épuré : les instruments qui composent le corps de la formation sont la guitare, la percussion et la flûte. Cet habillage réduit à sa plus simple expression permet de mettre en valeur les mélodies composées par John Zorn et d'apprécier au mieux la manière qu'ont les musiciens de se les approprier. Le forró se dessine toujours plus ou moins tout au long de l'album mais ne se fait jamais envahissant. On peut tout de même citer comme exemple typique « Life is Real Only Then When ''I am'' » et son rythme effréné mené à la baguette par une flûte diabolique dont les mélodies gambadent sur le rythme chaloupé de la contrebasse. Dans un même registre l'électrique « Tempo de Festa », l'une des deux seules compositions originales, nous entraîne dans une danse torride des plus déchaînées. Là où le groupe étonne c'est qu'il parvient parfaitement à passer les compositions dans la moulinette de son propre style tout en conservant l'essence même des mélodies. Ainsi, « Sunset Surfer » morceau issu de l'album Radio de Naked City, troque son atmosphère berçante de surf music pour un étrange cocktail où flûte et guitare se côtoient dans une ambiance jazzy soutenue par une basse vivifiante. Le groupe développe des atmosphères toujours singulières qui laissent parfois place à des improvisations de grande qualité marquées par des influences jazz évidentes. Prenons pour exemples le mélancolique « Forro Zinho », ainsi que « Novato », issu de l'album « Alambrah Love Songs », qui sont truffés de soli du plus bel effet. « Shaolin Bossa » fait partie des titres les plus connus de la carrière de Zorn. Issu du 13ème album de la série Filmworks, le morceau original met en scène une bossa acoustique tout à fait classique, si ce n'est que le thème, fort joli soit dit en passant, est interprété par un pipa, instrument à cordes traditionnel chinois. La version du groupe new-yorkais se veut beaucoup moins « zen » ; ses chœurs, ses percussions et son Wurlitzer déguisent les mélodies de couleurs vives sud-américaines tout en prenant soin de conserver cette cadence posée propre au morceau initial. Le Wurlitzer est d'ailleurs aux mains de Marcos Valle, référence brésilienne de la bossa-nova et autres musiques dansantes, invité à l'occasion de l'enregistrement. Forro in the Dark donne un second souffle aux compositions de John Zorn sans tomber dans les nombreux pièges inhérents à la reprise. Les morceaux sont choisis avec discernement et forment un tout équilibré et fluide. De plus, le groupe nous prouve qu'il a plus d'un tour dans son sac en abordant les compositions sous différent styles et varie ainsi les plaisirs. (kronik par le site Nightfall....)

 

vendredi 17 février 2023

JOHN ZORN - Pellucidar (a dreamers fantabula)

4 ans après les chants de Noël, John Zorn se décide en 2015 de re-convoquer les Dreamers en studio pour enregistrer un nouvel album. Retour de Jamie Saft au sein de la formation, lui qui était curieusement écarté du Song project alors que tous les autres membres étaient présent (remplacé par John Medeski), et sa dernière apparition au sein d'un opus du saxophoniste. Sinon, aucun changement notable à l'horizon, toujours cet easy listening envoûtant, savant mélange dixit le obi Tzadik de Soul, surf, jazz, minimalisme, rumba, tango, samba et exotica. Éternel programme. Les 9 titres présents sont evidemment composé sur le rasoir et exécuté avec précision et élégance, lors de sessions assez longue (quasiment tous les titres dépassent les 5 minutes). Alors oui, on ne se lassera des percussions bizarres de Cyro Baptista, du jeu feutré mais pleins de subtilités de Trevor Dunn, du vibraphone espiègle de Kenny Wollesen suivi de prés par le clavier de Jamie saft, Tenu rythmiquement par le métronome Joey Baron, et d'entendre les envolés de guitares de Marc Ribot au plus prés de Hawaï. Et que dire de l'artwork haut en couleur de Chippy ? Un vrai truc de fou. Une vrai réussite et un chapitre vraiment cool de la Archival serie. Zorn, conscient du potentiel commercial, le sortira même en vinyl, mais je n'ai personnellement que la version cd, car le fameux gatefold double LP coûte une bombe...
 

jeudi 5 janvier 2023

JOHN ZORN - The song project Live (at le poisson rouge)

 

Une fois le concept "The song project" enregistré en studio, et puisque qu'il s'agissait à la base d'une idée pour les concerts événements pour ses 60 ans, le projet finit sur les routes. Une grosse poignée ont eu lieu en 2013 en Europe (je vous conseille de consulter le Zornographe pour plus d'infos, tout a du être référencé). Je me suis personnellement rendu à la date de Paris le 7 septembre 2013 et c'était vraiment un bon concert. 

Le groupe de musiciens pour les concerts était le même que pour le studio : Cyro Baptista aux percus, Joey Baron à la batterie, Kenny Wollesen au Marimba, Marc Ribot à la guitare, Trevor Dunn à la basse, soit quasiment tous The dreamers. Seul changement notable, l'absence de Jamie Saft mais qui est remplacé au pied levé par John Medeski à l'orgue, piano et fender rhodes. Sean Lennon toujours absent, les trois autres vocalistes étaient bien évidemment présent pour les interprétations des chansons, et John Zorn à la "conduite d'orchestre". Aprés donc un certains nombres de dates, la dernière a eu lieu le 29 septembre au "poisson rouge", un cabaret dédié au arts à NY, un club pas immense (je n'entend pas plus de 150/200 personnes dans la salle) pour une interprétation live sans faille. Même tracklist dans le même ordre qu'en studio, l'enregistrement et le mixage de Marc Urselli est trés bon, on est nous aussi dans le club au milieu de l'audience. Sortis cette fois en cd dans le même fourreau velours moumoutte côtelé (mais rouge cette fois), il est le compagnon idéal du projet studio ou pour ceux qui n'ont pas de platine. Pas highlights spécifiques durant le concert, il est assez rapide et s'écoute d'un bloc. C'était en tous cas un chouette projet concocté par John Zorn... 

mercredi 4 janvier 2023

JOHN ZORN - The song project

 

La genèse de "The song project" remonte en fait en 2012 lors d'une soirée au Stone, le club de John Zorn dans le downtown de NY. Le trio de Ben Perowsky, Greg Cohen et Rob Burger interpréte en live le disque du boss de Tzadik "Alhambra love songs". Kenny Wollesen est présent dans la salle et présente Jesse Harris au saxophoniste (Ils jouent dans un groupe ensemble depuis 1998) qui est immédiatement séduit par son sourire et son énergie positive. S'en suit une série de repas (un fait concret qui est loin d'être une légende : John Zorn aime bien bouffer dans des bons restos) ou nos deux protagonistes font connaissance et discute de culture en général et passe des bons moments ensemble. Jesse Harris est un bon songwriter : outre composer pour ses disques solos, il a écrit plusieurs albums pour Melody Gardot et a gagné un grammy award pour un disque entièrement écrit pour Norah Jones. Pour fêter ses 60 ans en 2013, John Zorn avait justement eu l'idée de mettre en chansons plusieurs de ses compositions, et apprenant que Harris était habitué d'écrire des lyrics pour des mélodies pré-composés, ils décidèrent de faire un essai, concluant apparemment, ce qui fut le point de départ de The song project. Ironiquement, Jesse Harris mettra en mots deux compositions de l'Alhambra love songs, à la sensibilité jazz assez magnifique, ainsi que deux autres titres (Issues de "The concealed" et de "The dreamers"). Afin d'apporter plus de colorations à un potentiel album, John Zorn décida de taper dans un peu tout son répertoire et de convier d'autres chanteurs : Sean Lennon écrivit un titre (issus de book of angels Lucifer) mais ne put jamais être présent dans le projet (ni studio, ni live). La partie "exotique" sera confié à Sofia Rei issus du groupe Mycale (entre autres) pour apporter une voix féminine (elle s'occupe de deux titres de Filmworks et un de "The gift" aux consonances très latines). Enfin impossible de créer un projet vocal sans que Zorn ne demande à son vocaliste (littéralement) préféré de participer à savoir Mike Patton : Il écrit les lyrics et chante sur un titre de The dreamers (Sur "O'o"), d'un filmworks (ou on retrouve les trois chanteurs ensemble), et s'égosille sur deux titres de Naked city ; un plaisir coupable pour le coup, car ces coups de semonce détonne avec le reste de l'ensemble mais Zorn a toujours eu dans son adn ce coté rock bourrin. L'ensemble du projet et enregistré en studio en 2013 chez Marc Urselli, et à vu le jour sous la d'un coffret vinyle avec velours moumoutte côtelé regroupant six 7" de couleurs du plus bel effet (Bon le pressage a été un peu merdique je trouve, les disques craquent fort mais ce n'est pas la faute de Tzadik je pense). Une fois sortis, John Zorn a eu l'idée et l'envie d'en faire un projet Live...