dimanche 20 décembre 2015

TOSHINORI KONDO - Fukyo

Toshinori Kondo est un trompettiste et musicien de la scène jazz-fusion parmi les plus important de la scène d'avant garde japonaise en activité depuis les années 70. Début de carrière au japon en 1972, son arrivée à NY en 1978 le fait connaître de nombreux musiciens qui deviendront très important par la suite : Tournée avec Eugene Chadbourne, Collaboration avec Peter Brotzman ou Fred Frith, Disques en collaboration avec John Zorn, Fondateur de Praxis et compagnon d'arme de Bill Laswell avec qui il est l'auteur de plusieurs projets. Le trompettiste a également collaborer avec DJ Krush sur un excellent disque de trip-hop downtempo et d'autres artistes issus du milieu électronique. Toujours en activité, Kondo se produit encore au japon sur des dates exceptionnelles, même si il partage son temps entre NY, Tokyo et Amsterdam. En 2005, Zorn le recontacte et lui demande un grand classique Tzadik pour un musicien qui gère beaucoup de collaborations : un disque solo pur et dur. Toshinori s'exécute et nous livre ce "Fukyo" détonnant. Trompette électrique modifiée et variations effectuées avec des pédales d'effets sans aucun overdubs ou retouche studio, voila le programme des 14 titres. Un grand disque dans le style, il y a des titres cosmiques absolument trippant dans cet opus. "Fukyo" nous offre de la trompette comme on l'a rarement entendu, expérimentale et complètement innovante. A découvrir avec fascination...

GROUND ZERO - Null & void

Je ne comprends définitivement pas pourquoi certains Japonais sont aussi fous... Serait-ce leur bouffe ? Le fait d'avoir reçu 2 bombes atomiques aurait-il laissé quelques séquelles irréversibles ? Ou bien possèdent-ils des moeurs insoupçonnées et inavouables susceptibles d'expliquer "ça" ?
"Ca", c'est Null & Void, le deuxième album de Ground Zero, le collectif japonais mené par le tout aussi fantasque que génial Otomo Yoshihide. Si le premier album du groupe posait les fondations d'une musique bruitiste, ultra-violente et complètement barrée (devant autant à Naked City qu'à Painkiller pour ne citer qu'eux), ce deuxième opus, lui, gagne en maitrise et en cohérence ce qu'il perd en violence. Mais attention: en aucun cas cet album n'est plus sain d'esprit ! Bien au contraire...C'est ensuite une avalanche d'idées qui s'abat sur nous, une déferlante de sons plus improbables les uns que les autres. C'est qu'ils sont bien armés les bougres ! Yoshihide fait office de maître à penser distribuant les samples comme certains distribuent les pains. C'est bien simple: entre les samples de films, d'émissions de télé, de radio, qui se croisent, s'entrecroisent, disparaissent et réapparaissent sur d'autres morceaux; c'est à n'en plus savoir où donner de l'oreille. Ajoutez à cela, le saxophone schizophrène, une section rythmique composée d'une batterie et d'une basse martiales au possible et les expérimentations de Yoshihide à la guitare, et vous voilà au sein d'un canevas complexe et mystérieux invraisemblable mais ô combien passionnant. Univers improbable que voilà ! Entre déferlante hardcore ("Null & Void : Right Side"), morceaux zorniens bien classieux comme il faut ("Null & Void : TV-Q Missile") ou bande-son de films étranges et improbables ("International 1" et "International 2"), Ground Zero construit son style, panse les plaies autant qu'il peaufine. Un disque barré à l'extrême comme seul les japonais peuvent en pondre...(Review par x-silence)

COMPOSTELA - Wadachi

Compostela fait partie de ces groupes vraiment singulier et différent qui font les beaux jours de Tzadik. Trio instrumental formé en 1989, un seul album est sortis durant la courte période d'activité du groupe. La mort soudaine du leader Shinoda Masami en décembre 1992 provoqua la dissolution de la formation, et ce sont les deux membres survivants qui travaillèrent avec Tzadik pour sortir cette compilation posthume de 15 titres en 1997 pour une sortie mondiale qui a du certainement faire connaître le groupe au delà des sphères japonaises underground. Le principe de base de la musique, mentionné sur l'obi de Tzadik est la rencontre entre la musique folk de l'Europe de l'est et la tradition japonaise "Chindon" (soit les musiciens de rue habillé en samouraïs ou geishas qui jouent devant les supermarchés ou les pachinko, ces salles de jeux japonaises aux principes absolument incompréhensible...). Avec cette formation un peu improbable (Saxo Alto, Saxo soprano ou Trombone, et Tuba), autant dire que la musique ne ressemble à pas grand chose de commun entendu auparavant. Le tuba renvois effectivement directement à la musique traditionnelle d'Europe de l'est. Et le tout donne un petit coté marche solennelle, rythmique martiale, et hymne funéraire. Il manque peut être un peu de folie tout au long du disque, mais j'imagine que ça fait partie du concept. Un disque dont j'ai du mal à me prononcer au final, sa qualité n'est pas à remettre en cause, mais aurais je envie de le réécouter dans le futur ? Rien n'est moins sur...

dimanche 13 décembre 2015

ZUBI ZUVA - Jehovah

Un peu à l'image du Adami Tomomi royal chorus qui était parus quelques années après ce disque sur la série New japan, voici l'œuvre vocal a cappella barré proposé par l'archipel nipponne. A la tête du trio, Yoshida Tatsuya, la tête pensante brulé de Ruins, groupe complétement fondu que les amateurs du label doivent bien connaître. Tatsuya a l'avantage d'être un bon ami de John Zorn (il a joué de la batterie en intérim pour Painkiller) et lorsque qu'il a proposé en 1996 son side project à moitié fou au saxophoniste, la décision a du vite être prise de sortir ce "Jehovah", par ailleurs seule trace discographique du trio qui prouve le coté "récréation" de l'opus. Le trio a du en effet beaucoup s'amuser à le faire et l'improviser. Le plaisir de l'écoute dépend si on aime les œuvres vocales et si on est d'humeur facétieuse ou non, un coté cartoonesque se dégage clairement de l'ensemble. Alors ça crie, chante, jappe, piaille, ronronne, blablate, chuchote, vocifère, et j'en passe. Il y a un coté organisé lors de certains canons, studieux lors de certaines incantations mystiques, puis parfois un coté bordélique ou l'on croit les trois membres pétaient une pile collective en studio. On ne s'ennuie clairement pas durant le disque, mais je ne pense pas y revenir très souvent dans le temps, peut être la limite des œuvres vocales je trouve. Une chose est sure, la Japon est un pays à part lorsqu'on écoute "Jehovah"...

YASUNAO TONE - Solo for wounded CD

Yasunao Tone est un fondateur du mouvement Fluxus et un compositeur d'avant-garde japonais actif depuis les 60's. Il a sortis peu de disques durant sa carrière, et cet opus sortis sur la New japan en 1997 était seulement son second disque en date. Un disque recommandé par Mike Patton sur le site du label, et complétement improbable dans sa conception : après avoir récupéré tous des séries de compact disques endommagés, il a tenté de récupérer les données de ces derniers et en a extrait le "bruit" typique lors de cette phase. En gros le bruit correspond aussi à celui des modem 56k de l'époque avec son grésillement typique. Puis le compositeur a gardé des tonnes de sample de ces grésillements pour faire un "opéra", comprendre deux longues plages de variantes de grésillements. Honnêtement, c'est archi-pénible et il n'y pas grand chose à sauver de ce "solo for wounded". Un chapitre complétement dispensable de la série...

samedi 12 décembre 2015

PER BLOLAND - Chamber industrial

Jeune compositeur ayant étudié à l'université de Stanford sous l'impulsion de Brian Ferneyhough et de Mark Applebaum, Actuel professeur à l'université de Miami, Per Bloland livre ici son tout premier disque en tant que compositeur et c'est Tzadik qui lui offre l'opportunité. Etant donné la teneur de "Chamber industrial", on se demande vraiment pourquoi il n'est pas parus sur le composer serie, mais peu importe. Le titre de l'opus porte assez bien son nom, cinq longues compositions forme le contenu, et on a ici une classique superposition d'éléments acoustiques et electro-acoustiques. lorsque "Solis EA" démarre avec uniquement des percussions et de l'électronique, des passages drones vrombissants, une atmosphère sombre et des coups de semonces réguliers qui donne l'impression d'écouter du Sunn O))) en version sampling. Pas mal d'instruments sont ensuite présent le long des autres compos : piano, basse, clarinette, flûte, saxophone, string quartet. Mais la base reste avant tout suivis par des percussions rampantes et des passages électroniques un peu déglingués. L'ensemble, sans être d'une grande surprise (La composer serie regorge de ce genre d'approche) est d'une grande cohérence, et on écoute surtout le disque sans s'ennuyer une seconde. Digipack mystère assez classieux pour un disque qui ne l'est pas moins, Per Bloland effectue ses débuts par la grande porte et prouve d'entrée de jeu de larges qualités de compositeur, ce qui en fait un contemporain précieux à suivre dans les prochaines années...

dimanche 6 décembre 2015

DAVID ROSENBOOM - Naked curvature

Vétéran de l'avant-garde américaine depuis plus d'un demi-siècle, DAVID ROSENBOOM a été de toutes les grandes aventures, celle de l'Electric Circus en 1969 comme de celle du Theatre of Eternal Music de LA MONTE YOUNG. Il figurait sur la première version du In C de TERRY RILEY à la fin des années 60, sur le premier album de JON HASSELL (Vernal Equinox), comme sur le Five Compositions d'ANTHONY BRAXTON. Le compositeur revient en 2015 pour un disque complètement improbable sur la série Spectrum, soit l'un des plus active du label Tzadik durant ces deux dernières années, mais dont le ligne éditoriale semble toujours aussi floue. Un peu tout le monde s'y côtoie, c'est assez bizarre, on saluera juste le superbe digipack classieux avec des gravures en relief, mieux foutus que le bête boitier Crystal. Quand on voit tout le plan de la trame sonore de la composition sur la pochette, on sait que va être assez complexe. "Naked curvature" est une composition unique d'une heure, dans la grande tradition de la musique expérimentale. Son approche est unique et innovante : il s'agit d'un opéra pour voix murmurées. S'enchaîne ensuite une longue trame sonore assez folle, inquiétante, sombre, douce et apaisée, facétieuse, cocasse, mystérieuse. Les instruments présents sont la flûte, clarinette, percussions, violon et violoncelle, ainsi que piano, On passe ainsi par tout types d'atmosphère, mais le concept ne s'arrête pas la puisqu'on décèle par dessus de l'électronique discret mais souvent présent exécuté par Rosenboom lui même. Pour finir, trois récitantes murmurent un long texte durant une bonne partie du disque (des textes variées dont un passage de Nietzsche), avec des ambiances et intonations pré-établis, renforçant le coté totalement lunaire du disque. L'ensemble est assez génial : fou, mystérieux, cathartique, hypnotique, les sentiments vont bon train et se multiplient, une heure durant et sans interruption. Aucun doute, David Rosenboom est un grand compositeur de l'avant-garde américaine...

JASON ECKARDT - Subject

Né en 1971, Guitariste de Jazz et de Metal de formation, c'est à la découverte d'Anton Webern que Jason Eckardt décide de se consacrer à la composition contemporaine. Et c'est John Zorn qui lui donne la possibilité de s'exprimer sur la composer serie, pour un disque avec une superbe photo d'archive de la naissance de NY. Les 5 grandes compositions du disque toutes été commissionné par des groupements et fondations dont je vous épargne les détails mais qui prouve du talent du compositeur, qui demeure d'ailleurs professeur dans deux université de New York et de Brooklyn. "Subject" est un string quartet traditionnel et intense, proche des travaux de Zorn dans cette veine. Son inspiration découle des manuels de technique d'interrogatoire développé par la CIA il y a quelques années, ou comment joué sur la manipulation du son et de la lumière pour obtenir des renseignements. Cette composition est une provocation pour l'auditeur qui, sans vouloir le torturer, doit faire réagir. "Paths of resistance", qui propose des techniques étendues à la guitare solo, rappelant également le "Book of heads". "Trespass" est une trame sonore pour 12 musiciens d'une belle richesse, avec de multiples rebondissements au sein des 15 minutes, avec toujours ce coté intense et dramatique récurrent au sein des compositions de grands orchestres. "Flux" est un duo alto flute/violon qui a pour inspiration la puissance de transformation et de régénération de la nature. Enfin, "Tongues" (de 2001) est une pièce dirigé et orchestré par David Fulmer (aussi sur Tzadik) pour instruments Flute, clarinette, violon, guitare et percussions. On y retrouve aussi un soprano pour quelques passages vocals, renforçant le coté mystérieux et mystiques de l'ensemble. Un bon volume diversifié de la composer serie...

JOHN ZORN - Aguares book of angels 23

Après la série sur radical jewish culture qui voyais à l’honneur des disques hommage pour les 10 ans de Masada, voici une nouvelle série d’album hommage ou des groupes reprennent des standards du groupe de Zorn à leurs sauces, puisant dans le répertoire des 300 chansons écrites par Zorn en 2004 ("book of angels") mais que Masada ne garda pas. Un texte d'intro que je garde depuis un moment, mais force de constater que le book of angels est en train de devenir un futur classique, la série ayant démarrer en 2005, et demeure plus que jamais d'actualité 10 ans après...

John Zorn continue de fouiller dans ses archives de partitions, alors qu'il s'est atteler cette année à composer The bagatelles entre Mars et Mai, soit un nouveau répertoire de 300 chansons (!!) qui sera à priori interpréter par des musiciens extérieurs (et dont les premiers traces en live devraient démarrer sous au Stone). Mais pas de perte chez le compositeur new yorkais, il épuisera apparemment le Book of angels jusqu'au bout. Après avoir jeté un coup d'œil au roster du label, ce dernier appelle Roberto Rodriguez, compositeur d'origine cubaine récurrent sur Tzadik, auteur de plusieurs disques fantastiques sur le RJC. Après avoir payé son resto guatémaltèque dans le West village de NY, Zorn donne neuf partoches à Rodriguez, afin qu'il puisse bosser et réarranger les compositions à sa sauce. Un petit tour dans un studio à Tel Aviv en novembre 2013 avec 9 musiciens locaux, et voila "Aguares", 23eme du nom disponible dans nos enceintes. Pour être assez précis dans une éventuelle description, je trouve que ce disque est un bon mix des deux précédents disques du percussionniste. On a donc ici un parfait mix entre la chaleur et la générosité de la Salsa cubaine que Rodriguez affectionne tant, couplé à l'approche lyrique et traditionnel du Klezmer (du moins dans les grands axes). Les 9 titres sonnent vraiment bien, et personnellement, j'aime beaucoup les disques du compositeur, donc je trouve que "Aguares" remplis parfaitement sa fonction de disque aventureux et joyeux à la fois. Il serait très intéressant aussi de découvrir ce disque en live, mais le projet n'est pas d'actualité je pense, mais pourquoi ne pas espérer au détour d'un Masada marathon ?