lundi 29 juillet 2013

TIM SPARKS - At the rebbe's table

Après "Neshemah" et "Tanz", mais avant le dernier en date "little princess" (qui remonte déjà à 2009 cependant), Tim Sparks a sortis un troisième disque en 2002 avec une pochette complètement immergé dans la tradition. On retrouve donc son jeu au picking à la guitare assez incroyable, on se demande réellement si il n'a que dix doigts parfois. Sparks y reprend donc trois titres de Naftule Brandwein (déjà !), des chansons traditionnelles sépharades, hassidiques, yéménites, klezmer, et même une chanson de John Zorn issus du répertoire du premier masada songbook (et repris aussi sur le filmworks IX). Rendez vous pris le 21 janvier 2002 au studio avatar de NY avec Greg Cohen à la basse et Cyro Baptista aux percussions comme lors de "Tanz". Et surprise, john Zorn se pointe également avec Marc Ribot (qui a pris une guitare classique sèche) et Erik Friedlander au violoncelle, les invitant à la session d'enregistrement pour donner plus de corps aux compositions. Avec le toucher de Ribot (qui se distingue en discret mais efficace accompagnateur) et le violoncelle envoûtant et lyrique de Friedlander sur quelques titres, "At the rebbe's table" s'impose en seulement 11 titres comme un des meilleurs volumes proposé par Sparks sur la radical jewish serie, son absence manquait cruellement à ce blog (comme tant d'autres a coup sur, mais j'y travaille...)

lundi 22 juillet 2013

JON MADOF - Zion80

Après une rencontre avec John Zorn au tonic en 2002 (ou il était d'ailleurs très nerveux, il était fan du saxophoniste), Jon Madof s'est ensuite complètement épanouis dans le giron de Tzadik : Trois disques de son trio Rashanim (dont le dernier en acoustique qui était vraiment superbe), un album complet de reprise de Masada (voir la section du 10eme anniversaire), quelques apparitions dans le giron de son chef de label. Mais depuis quelques temps, Jon Madof mûrissait un projet plus ambitieux, dont le résultat est ce disque détonnant. Prenant pour base des chansons du rabbin Shlomo Carlebach (figure de la musique juive hassidique, composant plusieurs milliers de chansons durant les années 60), et au lieu de tomber dans la tradition pure en les reprenant au pied de la lettre, Jon Madof d'y inclure une autre de ses grandes inspirations : l'afro-beat de Fela Anikulapo-Kuti. Qui connaît les disques de cette légende de la musique africaine (j'en ai plusieurs vinyles) sait à quelle point sa musique est absolument géniale et envoutante. Et le jeune guitariste est parvenu à transcender donc 9 superbes chansons en des hymnes afro-beat groovy et dantesque. Il aura fallu d'ailleurs monter tout un groupe, Zion80 (la numérologie étant certainement un hommage supplémentaire à Fela qui l'utilisait aussi pour ces groupes), pour arriver à ces fins, et pas moins de 13 personnes, svp ! On retrouve donc la crème de la downtown scene : Trois guitaristes (Yoshie Fruchter et Aram Bajakian en plus de Madof, folie de riffs), Shanir Ezra à la basse, deux percussionnistes et un batteur excellent, le claviériste de Banquet of the spirits, une section cuivres de cinq musiciens dont Greg Wall et Frank London, et même un guest de Cyro Baptista sur plusieurs titres. Avec un tel line up, pas étonnant de découvrir d'aussi bonnes compositions, parfait mélange entre groove, instants de folie enflammés, improvisations inspirées et technique limpide. Voici donc l'un des premiers disques "d'afrobeat juif" et Jon Madof signe en 2013 un coup de maître impérial, et certainement l'un des disques de l'année sur Tzadik...

mercredi 10 juillet 2013

BESTER QUARTET - The golden land

Le Bester quartet n'aura pas chômé durant ces deux dernières années car après l'apparition de leur premier disque sur Tzadik l'année dernière (voir la kronik correspondante), un second volume pointe déjà le bout de son nez et s'intitule "The golden land". Pas de compositions pures cette fois çi, puisque le disque est intégralement composé de reprises de Mordechaj Gebirtig ; compositeur et poète polonais parmi les plus influent de son temps né le 4 mai 1877 à Cracovie, il représentera l'archétype du compositeur folk yiddish, revendiquant la langue yiddish en lieu et place de l'hébreu, et créant son œuvre principalement soit par révolte envers l'invasion du nazisme durant la seconde guerre mondiale, soit pour redonner de l'espoir face aux percussions que reçoivent les juifs polonais. Il meurt d'ailleurs assassiné dans le ghetto de Cracovie le 4 juin 1942 dans une action antisémite mené par les nazis. Son œuvre reste un immense patrimoine pour le peuple polonais, et c'est à ce titre que Jaroslaw Bester a voulu lui rentre hommage en reprenant 10 compositions d'époque signé de la créativité de Gebirtig (il ne savait pas retranscrire sur partitions ses idées, deux amis à lui s'en chargé). Mission hautement réussi pour le Bester quartet, qui s'agrémente pour le coup de trois musiciens supplémentaires (trompette, violon, et clarinette basse). Toute la tradition yiddish n'en ressort que plus forte, "the golden land" est une œuvre aussi lyrique qu'envoûtante ou les mélodies sont au centre de toutes les attentions. Encore une œuvre majeure de la radical jewish culture. "Le sage, quand il tient sa langue, en dit plus que l'imbécile quand il parle..." (Proverbe Yiddish)

URI GURVICH - Babel

"The storyteller", premier disque du jeune saxophoniste Uri Gurvich sortis sur Tzadik en 2009 est consultable dans la Radical Jewish culture : John Zorn avait accueillis ce jeune virtuose dans son roster et l'aura encouragé avec vigueur (comme il doit le faire avec quasi tous les musiciens d'ailleurs), le poussant ainsi à sortir ce nouveau chapitre intitulé "Babel", avec un très bel artwork mythique de Pieter Bruegel. A l'instar de la forteresse Masada que John Zorn mis en lumière, Gurvich s'est penché sur ce disque sur le mythe de la tour de Babel (signifiant "la porte de dieu"), évoquée dans la Genèse. Après le Déluge, les premiers hommes entreprennent sa construction pour atteindre le ciel, mais Dieu interrompt leur projet qu'il juge trop ambitieux, en brouillant leur langage et en les dispersant sur la terre. Voici donc la principale inspiration pour cet excellent album de jazz que nous offre le saxophoniste : de nouveau entouré par son quartet habituel (le compositeur au saxophone alto, accompagné d'un pianiste, bassiste, et batteur), on signalera aussi un guest récurrent sur les 8 longs titres en la présence de Brahim Fribgane au Oud et autres percussions, donnant une saveur parfois orientale au disque. "Babel" est un excellent album de Jazz. "Qui donne ne doit jamais s'en souvenir, qui reçoit ne doit jamais oublier..." (proverbe hébreu)

vendredi 5 juillet 2013

GABRIELE COEN - Yiddish melodies in jazz

Après un premier disque remarqué sur la Radical jewish culture, Gabriele Coen, saxophoniste de jazz de Rome retente son immersion dans la "jewish experience" suite aux récurrents encouragements de John Zorn de livrer un second disque. On peut d'ailleurs voir une photo du quintet à l'intérieur du livret devant le Stone, le club de Zorn dans l'East village. "Yiddish mélodies in jazz" laisse comme son nom l'indique la part belle aux diverses reprises traditionnelles de la culture Yiddish (avec leurs auteurs comme Mickey Katz, Jack Yellen, Con Conrad, etc...) avec cependant deux compositions de Coen lui même. L'ensemble est évidemment joué avec un énorme feeling jazz, à travers les travaux des combos de jazz Dixieland (Benny Goodman, Billie Holiday, etc...). Pas d'interprétation vocale cependant, uniquement 10 instrumentaux assez long, ou les cinq musiciens se régalent en studio, entre solos impromptus, improvisation contrôlées, technique irréprochable et feeling dans le grand respect de la tradition. Une très belle pochette conclus de nouveau l'ensemble, et nous voici de nouveau face à une superbe œuvre de jazz "made in NY" dont la légitimité sur Tzadik ne faisait pas un plis...

mardi 2 juillet 2013

BESTER QUARTET - Metamorphoses


The Cracow klezmer band a signé parmi les meilleurs disques de la Radical jewish culture de 1997 jusqu'a 2007, date de son split suite au départ de son bassiste. Mais après une petite période de flottement, les trois membres restant décide de remettre le couvert après avoir trouvé un bassiste capable de jouer de la double basse avec un niveau suffisant (ce qui n'a pas du être évident car le combo a une cohésion et une technique très solide). Rebaptisé le Bester quartet (du nom de son leader, qui signe toute la composition et les arrangements lui même depuis leurs débuts), c'est donc assez naturellement que le quartet est revenus dans le giron de Tzadik, Zorn les ayant toujours soutenu depuis le début (n'oublions pas qu'ils avaient signé aussi un volume du book of angels en 2006). Superbe pochette proposé, et une dizaine de titres vertueux et classieusement exécuté. Deux changements notables : l'apparition en guest d'un trompettiste sur quelques titres qui apporte une saveur supplémentaire à certaines compositions, et une approche parfois plus sombre et moins enjoués que le Klezmer classique et dansant des pays de l'est. Pour le reste, on reste dans le même cahier de charges, quoiqu'en dise le titre du disque (même si il y a changement de nom), et autant dire que les fans de Cracow klezmer band seront ravis de ce retour en force !